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Lacaille, l'œil puissant de l'équatorial trouverait à s'ouvrir en paix !

Plus d'une fois déjà cette ressource a été mise à profit; qui ne sait ce que les savants américains ont réalisé à Aréquipa sous le ciel idéal du Pérou? Mais l'expédient n'est pas de ceux que l'on renouvelle tous les jours, et tant qu'il restera des observateurs dans nos régions moins fortunées, ils se heurteront à ces multiples et inévitables difficultés. Leur situation est celle d'un général en face d'une ville assiégée dont les remparts résistent à tous les assauts; il n'a qu'un parti à prendre : bloquer la place et attendre qu'elle désarme. C'est ce qu'ont fait nos savants auteurs : « Ils ont laissé le temps travailler pour eux (1).

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Un dernier mot touchant la genèse des planches de l'Atlas.

Obtenus au foyer du grand équatorial coudé, les clichés originaux devaient être amplifiés pour livrer à la science tous les documents qu'ils recélaient. Sur ces images directes, merveilles de finesse et fruits d'un travail prodigieux, le diamètre lunaire atteint dix-huit centimètres environ il fallait aller au décuple et plus loin encore. En conséquence, les plaques primitives furent soumises par régions à des agrandissements considérables; de lå de grandes diapositives que l'héliogravure Fillon a reproduites avec une rare fidélité. Ce sont les planches de l'Atlas.

Ni corrections, ni retouches. Les chefs-d'oeuvre qu'elles nous mettent sous les yeux, sont dus aux rayons lumineux seuls. Réfléchis une première fois sur l'écorce lunaire, une seconde fois sur le miroir extérieur de l'équatorial coudé, concentrés par son puissant système optique, brisés une troisième fois à la base de son axe polaire, ils ont fini par atteindre la glace sensible et y

(1) Atlas lunaire, fasc. II.

tracer une première image; épuisés par l'effort, ils s'en sont tenus là. Mais d'autres leur ont succédé. Filtrant à travers la plaque plongée dans le rayonnement vif d'une lampe de Cance, ceux-ci ont divergé en tous sens pour aller former, sur une nouvelle couche sensible, l'image agrandie du cliché primitif. Eux aussi se sont éteints, leur besogne achevée. Il a fallu, pour le troisième stade d'opérations, faire appel à d'autres ouvriers, non moins actifs et aussi habiles, qui se sont chargés de buriner dans le métal, d'une manière définitive, ce que les premiers n'avaient fait que modeler à la hâte dans l'épaisseur des couches gélatineuses.

II

L'œuvre de MM. Loewy et Puiseux se présente sous forme d'une série de mémoires accompagnés chacun de planches tirées en héliogravure.

Les planches se divisent en cartes d'ensemble et en cartes régionales; la reproduction placée en tête de cet article donne une idée des premières. Elles présentent les images focales, sans agrandissement aucun, et ont pour but principal de faciliter les études comparatives caractère variable du relief, tendance des cratères aux alignements, distribution inégale des teintes. A ce dernier point de vue surtout leur utilité est manifeste. La photographie, si serviable aux astronomes depuis que ceux-ci ont su gagner ses bonnes grâces, parvient ici à se surpasser elle-même; on ne lui demande que d'enregistrer, telles quelles, les teintes du sol lunaire; elle va plus loin, et, en les exagérant légèrement, rend les oppositions plus tranchées et, du coup, le cliché plus parlant.

Chacun des fascicules de l'Atlas s'ouvre par une de ces images d'ensemble; admirables productions pour lesquelles M. Loewy a imaginé l'appellation paternelle de « mes

petites lunes. La série des petites lunes sera-t-elle longue? Nous l'espérons. Toujours est-il qu'à l'heure présente trois d'entre elles déjà ont vu le jour. Nous les présenterons au lecteur dans la langue naïve et pittoresque du grand Hévélius.

Il y a d'abord la luna dimidiata, c'est celle que nous avons reproduite. Le second fascicule nous offre la luna in orbem insinuata; et quant à la petite lune si délicate du troisième, trop âgée pour être encore la corniculata, trop jeune pour être déjà la luna lunata, elle doit correspondre, ou peu s'en faut, à la falcata d'Hévélius, la « faucille d'or " des poètes. Une gracieuse dentelle de cratères éclairés en adoucit le terminateur, et ses cornes étincelantes, albicantia cornua, sont un véritable semis de points brillants. - Nous avons la certitude que MM. Loewy et Puiseux tiendront à compléter le cycle et nous conduiront ainsi doucement jusqu'à la luna senex, sans oublier, en cours de route, la gibba, la gibberosa et le plenilunium.

Beaucoup plus nombreuses que les cartes d'ensemble, planches-titres des différents fascicules, les cartes régionales forment le fond même de l'Atlas. Leurs dimensions considérables (48 x 58 cc.) ont conduit à un format d'un maniement nécessairement peu commode (feuilles de 60 x76 cc.). L'image directe y est reproduite avec un agrandissement variable, compris entre 8 et 16. Il en résulte que le diamètre lunaire correspondant oscille lui-même entre 1,26 et 2,70.

Bien des cartes sont agrandies à une échelle voisine de ce dernier chiffre c'est dire équivalemment que la seconde d'arc s'y trouve représentée par une longueur d'un millimètre environ. Théoriquement parlant, le pouvoir séparateur de l'objectif a atteint tout objet auquel pareil agrandissement assigne un diamètre supérieur à 4/10 de millimètre. Pratiquement, il faut en rabattre un peu l'épreuve sur papier ne peut valoir absolument

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l'épreuve sur verre, les transformations successives amenant toujours la perte de minimes détails. M. W. Prinz de l'Observatoire royal de Belgique, tout en prodiguant ses éloges à l'Atlas de Paris qu'il appelle une véritable œuvre d'art, a formulé un desideratum relatif au sujet qui nous occupe : il eût souhaité voir, au bas des planches, une échelle graduée avec des subdivisions correspondant au diamètre des objets appartenant réellement à la surface lunaire. « L'utilité de cette ajoute est évidemment discutable, conclut M. Prinz; cependant, j'ai commis la même omission et j'ai eu lieu de le regretter plusieurs fois (1). "

Le rôle utile de cette échelle se trouve néanmoins suppléé dans une certaine mesure par les « Tables de défauts » dont l'Atlas fait suivre chaque carte. Qu'une tache de la couche gélatineuse s'imprime contre le mur central de Licetus, qu'un fil vienne ramper sur les flancs des monts Riphées, ou, d'aventure, tente une traversée de la mer des Pluies, aussitôt l'errata graphique le classe, le signale, le détermine, et voilà le péril conjuré.

Quant à la diversité des échelles d'agrandissement, elle peut surprendre au premier abord, car l'uniformité en pareille matière semble de nature à supprimer les réductions et les calculs qu'elles entraînent. Mais l'avantage n'est qu'apparent; en réalité, rien ne peut dispenser de recourir au calcul, dès qu'il s'agit de comparer entre eux des clichés pris à des dates différentes. La raison en est simple. La Lune titube; et ses titubations ou librations engendrent là-haut des perspectives perpétuellement variables ou amènent des raccourcis dont il serait plus que téméraire de ne tenir aucun compte.

Nous parlions, il y a un instant, du format considérable des planches de l'Atlas. En fait, cet inconvénient se trouve levé en bonne partie, grâce à une heureuse initiative prise

(1) CIEL ET TERRE, 1897, p. 422.

l'an dernier par la Société belge d'Astronomie : la publication d'une réduction de l'Atlas de Paris.

Cette réduction, publiée dans le BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BELGE D'ASTRONOMIE, a été encouragée et recommandée par MM. Loewy et Puiseux eux-mêmes. Elle est destinée. à étendre à un plus grand nombre d'observateurs le bénéfice du travail considérable que représente l'édition originale, et s'adresse, dit le BULLETIN, « aux simples amateurs qui y trouveront des indications précises, autant qu'aux astronomes de profession qui en feront le vademecum de leurs observations lunaires. Il va sans dire que la discussion approfondie ou l'interprétation décisive d'objets signalés comme nouveaux ou variables exigera toujours le recours aux grandes planches.

Les cartes d'ensemble sont les mêmes dans les deux Atlas; les cartes régionales ont été ramenées aux deux cinquièmes et habilement tirées en phototypie. L'épreuve ci-jointe représente une de ces réductions à réseau si serré qu'on y retrouve sans peine la presque totalité des détails visibles sur l'original. Elle nous a été obligeamment communiquée par M. F. Jacobs, président de la Société belge d'Astronomie. Nous lui en exprimons ici toute notre reconnaissance.

Quittons un instant les cartes et les planches pour jeter un regard sur les fascicules explicatifs qui leur font cortège aussi bien aurons-nous à y revenir, ou plutôt à passer des uns aux autres, car les deux parties de l'oeuvre se complètent mutuellement l'atlas est muet sans les notices, les notices sont lettre morte sans l'atlas.

Méthodes, perfectionnements, essais tentés dans diverses directions, telle est la matière des pages qui servent d'introduction. Nous leur avons fait de larges emprunts dans la première partie de cette esquisse; elles sont intéressantes d'ailleurs à plus d'un titre. Mille détails ont dû être arrêtés, changés, réétudiés; mille difficultés d'exécu

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