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qui a eu la gloire de lui donner naissance, le système métrique s'impose, en effet, peu à peu aux nations civilisées, qui le rendent obligatoire ou au moins le tolèrent et se préparent à l'accepter définitivement (1).

En attendant qu'il soit devenu universel, le système métrique est déjà international. Depuis 1875, en effet, ce caractère lui a été reconnu par une Conférence diplomatique et, depuis lors, une institution internationale, neutre et permanente, veille à la conservation des prototypes et étudie toutes les questions relatives à l'extension et au perfectionnement du système métrique.

Les faits principaux qui ont marqué la fondation et l'adoption du système de mesures dont nous sommes redevables au génie de la France, sont généralement oubliés ou même ignorés ; à l'occasion du centenaire de sa création, il ne sera peut-être pas sans intérêt de les rappeler.

Après un court aperçu historique, qui me permettra d'évoquer les noms des savants qui ont présidé à son établissement, je rappellerai brièvement les circonstances qui ont amené sa consécration officielle comme système international, et je terminerai en examinant la valeur scientifique des prototypes, au triple point de vue de leur réalisation matérielle, de leur exactitude et de leur relation à une grandeur naturelle bien définie, la longueur d'onde d'une lumière déterminée.

Les anciennes mesures françaises établies par Charle

(1) Le système métrique est seul légal dans les pays suivants: Allemagne, République Argentine, Autriche-Hongrie, Belgique, Brésil, Espagne, France, Italie, Mexique, Pays-bas, Pérou, Portugal, Roumanie, Serbie, Suède et Norwège, Suisse, Venezuela, dont la population totale s'élève à 252 millions d'habitants.

Il est légal, concurremment avec d'autres systèmes, en Bolivie, au Chili, en Colombie, en Égypte, aux États-Unis de l'Amérique du Nord, dans la GrandeBretagne et en Irlande, au Japon, et aux Indes Néerlandaises, pays ayant une population totale de 190 millions d'habitants.

Il est partiellement légal ou toléré pour certains usages en Danemark, en Russie et dans les Indes Anglaises, qui comptent ensemble 397 millions d'habitants.

magne, le pied de roi et la livre esterlin, avaient subi de telles transformations sous le régime féodal, qui permettait à chaque seigneur de modifier les unités de mesure suivant ses intérêts, qu'il était devenu presque impossible de se reconnaître au milieu de la multiplicité des types employés dans les diverses provinces de la monarchie française. Une bonne partie de la vie des commerçants, disait l'un d'eux sous le règne de Louis XIV, s'écoule sans savoir comme il faut la science des poids et mesures (1).

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A diverses reprises, le gouvernement central avait cherché à dissiper la confusion et à unifier les mesures employées dans le commerce; et les États généraux, depuis 1560, avaient mis plusieurs fois au nombre de leurs vœux cette transformation. Mais la réalisation sérieuse d'une réforme de ce genre réclamait autre chose que le bon vouloir de l'autorité : il fallait des savants capables de la préparer.

Le 8 mai 1790, sur la proposition de Talleyrand, l'Assemblée nationale formula un décret reconnaissant la nécessité de rendre uniformes les poids et mesures pour toute la France, et indiquant en même temps l'unité naturelle à choisir pour constituer la base fondamentale du nouveau système. En voici un extrait: «Le Roi (Louis XVI) est supplié d'écrire à S. M. Britannique et de la prier d'engager le Parlement d'Angleterre à concourir avec l'Assemblée nationale à la fixation de l'unité naturelle des mesures et des poids, afin que sous les auspices des deux nations, des Commissaires de l'Académie des Sciences puissent se réunir en nombre égal avec des membres choisis de la Société royale de Londres dans le lieu qui serait jugé respective ment le plus convenable pour déterminer à la latitude de 45° ou toute autre latitude qui pourrait être préférée, la

(1) Voyez au sujet de la diversité des mesures et des inconvénients qui en résultaient, l'Histoire économique de la propriété, des salaires, des denrées,... par M. le Vicomte G. d'Avenel; Introduction, pp. xvII et suiv.

ongueur du pendule et en déduire un modèle invariable our toutes les mesures et pour les poids.

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L'idée de faire choix d'une grandeur du monde physique our constituer l'unité fondamentale d'un système rationel de mesures, s'était naturellement présentée à l'esprit le tous les hommes de sciences qu'avait préoccupés l'étalissement d'un pareil système. Déjà en 1670, l'abbé Mouon concevait le plan d'un système décimal de mesures de ongueur, et préconisait comme unité, la longueur de l'arc errestre correspondant à une minute de grand cercle. Cependant, comme à cette époque on croyait à l'invariabilité absolue, sous toutes les latitudes, de la longueur du pendule simple battant la seconde, c'est généralement cette longueur qu'on proposait pour unité. Huygens faisait remarquer que le tiers de la longueur du pendule à secondes, qu'il appelait pied horaire, pourrait constituer une mesure universelle, puisqu'elle était susceptible d'être reproduite dans tous les temps et dans tous les lieux (1). Picard, Bouguer, La Condamine professaient la même opinion. En 1751, La Condamine formulait même une proposition précise. Ayant égard à la variation de longueur que subit le pendule à secondes avec la latitude variation démontrée dès les dernières années du XVIIe siècle il proposait de reproduire sur un étalon en pierre avec la devise: Mensurae naturalis exemplar utinam et universalis, la longueur du pendule battant la seconde à l'équateur; un pareil choix, disait-il, écarterait toutes les objections que pourraient soulever les susceptibilités nationales contre l'adoption d'une mesure

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(1) Tunc accepta mensura distantiae a puncto suspensionis ad centrum oscillationis penduli simplicis, eaque, si recursus singuli scrupula secunda valeant, in tres partes divisa, faciunt hae singulae longitudinem pedis, quem Horarium vocavimus, quique hoc pacto non solum ubique gentium constitui possit, sed et venturo aevo redintegrari, adeo ut et moduli pedum omnium aliorum semel ad hunc proportionibus suis expressi certo quoque in posterum cognosci possint. Horologium oscillatorium, 4, prop. 25. Paris

unique (1). Brisson, en 1790, faisait une proposition analogue et demandait à l'Académie de prendre pour unité de longueur celle du pendule qui bat les secondes à Paris (2).

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Le choix du pendule semblait donc tout indiqué aux réformateurs de l'Assemblée nationale. Il est probable que si le désir qu'ils avaient exprimné de voir l'Angleterre prêter sa collaboration à la France se fût réalisé, le mètre eût été rattaché à la longueur du pendule à secondes; c'est, en effet, à cette unité naturelle que les Anglais ont ramené plus tard leur étalon de longueur, le yard. Malheureusement, les circonstances ne permirent pas au gouvernement anglais d'accepter l'invitation qui lui était adressée, et la France dut entreprendre seule l'édification du nouveau système de mesures; seule aussi elle en a récolté la gloire. On ne saurait trop déplorer l'abstention forcée ou volontaire de l'Angleterre, car si ces deux puissantes nations avaient uni leurs efforts, le système métrique décimal serait aujourd'hui, et depuis longtemps, d'un usage universel.

Le pendule ne devait pas avoir l'honneur d'être l'unité fondamentale du système métrique. La Commission de l'Académie, chargée d'élaborer le projet d'organisation, renonça à en faire le témoin naturel de l'étalon de longueur et arrêta son choix sur une grandeur déduite des dimensions mêmes du globe. Les membres de cette Commission étaient Borda, Lagrange, Laplace, Monge et Condorcet; on ne pouvait songer à discuter les avis de savants aussi illustres ils furent, de fait, adoptés sans opposition par le pouvoir législatif.

Les considérations qui fixèrent le choix des commis

(1) Mesure des trois premiers degrés du méridien dans l'hémisphère austral, p. 5. Paris 1751.

(2) MÉM. DE L'ACADÉMIE, 1788, p. 722. La longueur du pendule battant la seconde à Paris est de 0,99396 (Defforges, 1890); en l'adoptant pour unité fondamentale du système, on ne se serait donc pas écarté beaucoup, pratiquement, de l'état de choses actuel

saires de l'Académie sont, les unes d'ordre pratique, les autres d'ordre théorique; ce sont celles-ci qu'il importe de retenir. Les commissaires rejetèrent le pendule, parce que la détermination de sa longueur renferme un élément tout à fait arbitraire, la division du jour en 86 400 secondes, et parce que son adoption fait intervenir, dans la détermination de l'unité de longueur, deux considérations qui lui sont étrangères, celle du temps et celle de l'intensité de la pesanteur.

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Comme l'a justement remarqué M. Wolf (1), le premier de ces motifs a peu de valeur et est d'ailleurs éliminé par les commissaires eux-mêmes. De même que la véritable unité, dans l'esprit des fondateurs du système métrique, est la distance du pôle à l'équateur, de même on pourrait dire que l'unité, dans le système du pendule, est la longueur du pendule idéal qui ferait une oscillation en un jour sidéral (ou en un jour moyen), intervalle de temps tout à fait naturel, au moins aussi invariable que la longueur du méridien, et plus facile à obtenir à un haut degré d'approximation. L'unité réelle est ensuite une fraction arbitraire (36400) de cette longueur totale, tout comme le mètre est une fraction arbitraire du quart du méridien.

» La deuxième raison a une valeur réelle au point de vue philosophique, et elle explique pourquoi on n'a jamais adopté l'unité proposée par Picard. » M. Wolf ajoute cette réflexion : « La connaissance plus parfaite que nous avons aujourd'hui des difficultés considérables que présente la détermination de la longueur du pendule, ne permettrait pas de songer à cette unité, si l'on avait à choisir un nouveau système de mesures. » Remarquons cependant que le pendule présente un avantage précieux sa longueur est déterminée sur place et en n'importe quel lieu;

(1) Mémoires sur le pendule publiés par la Société française de Physique. Introd., p. XXII.

Ile SERIE. T. XV.

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