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Soleil, et il n'existe qu'en vertu des principes posés par le novateur. Il échappe d'ailleurs, ainsi que l'Antichthone - pour des raisons que nous indiquerons plus loin à toutes nos observations.

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Ce soleil invisible pour nous occupe, immobile, le centre du monde. Autour de lui tourne, d'occident en orient, d'un mouvement uniforme et sur une orbite circulaire dont le plan se confond à peu près avec celui de l'équateur céleste, l'Antichthone, autre création de l'imagination de Philolaüs.

Vient ensuite la Terre. En quittant le centre du monde, elle est devenue une planète qui tourne, comme toutes les autres, autour du feu central, d'occident en orient, d'un mouvement uniforme, sur une trajectoire circulaire embrassant l'orbite de l'Antichthone et se développant dans le plan de l'équateur.

Plus haut, la Lune, le Soleil, les cinq planètes, rangées dans l'ordre adopté par Pythagore, effectuent leurs révolutions propres circulaires et uniformes, d'occident en orient, non plus autour de la Terre, mais autour du feu central qui a pris sa place au centre du monde.

Au delà de ces astres errants, se déploie la sphère des étoiles fixes, centrée elle aussi sur le feu central, et non pas immobile, comme il semblerait qu'il faille s'y attendre, mais entraînée, par la sphère du feu éthéré qui la surmonte et entoure l'univers, dans une révolution d'ensemble, uniforme, s'effectuant très lentement de l'orient vers l'occident, et insensible pour nous.

Les astres invisibles et le mouvement insensible de la sphère des étoiles fixes déparent manifestement ce système astronomique, aussi étranger à celui de Pythagore qu'à celui de Copernic, puisque ni la Terre, ni le Soleil n'y sont immobiles au centre des révolutions célestes. Mais on trouve, dans son développement, des vues originales et ingénieuses qui auraient pu être fécondes et n'ont pas été inutiles.

Tirée de son immobilité, la Terre accomplit en un jour sa révolution. Si nous n'apercevons, au cours de ce voyage, ni le feu central, ni l'Antichthone, c'est que l'hémisphère terrestre que nous habitons est invariablement tourné vers le dehors de l'orbite, et que la planète sœur circule, elle aussi, autour du même foyer, dans le même sens que la Terre, dans le même temps et de façon à laisser toujours, entre elle et nous, l'épaisseur du globe; nous dirions aujourd'hui que la Terre et l'Antichthone ont toujours la même ascension droite.

Mais ces conditions imposent à la Terre, outre sa révolution diurne, une rotation de même durée et de même sens; en d'autres termes, son mouvement dans l'espace. doit être celui que nous savons aujourd'hui appartenir à la Lune. Philolaus s'est rendu compte de cette conséquence de son hypothèse; en cela il s'est montré plus clairvoyant qu'Aristote, qui niera plus tard la rotation de la Lune sur elle-même parce qu'elle nous présente toujours la même face. D'ailleurs, les anciens pythagoriciens attribuaient aux astres errants une rotation sur eux-mêmes; Philolaüs a certainement accepté cette opinion ; il pouvait donc supposer très logiquement que la Terre, devenue une planète, ne faisait pas exception.

Dès lors le mouvement diurne, d'orient en occident, de la Lune, du Soleil, des planètes, du ciel tout entier n'est plus qu'une apparence due à cette rotation diurne de la Terre sur elle-même; et la succession du jour et de la nuit s'explique aisément, si l'on fait abstraction des complications qu'introduit la révolution diurne de notre globe. Si Philolaus donne par surcroît une circulation réelle, d'orient en occident, au ciel tout entier, ce n'est pas, comme le crut un instant Boeckh, pour expliquer la précession des équinoxes, qu'Hipparque fut le premier à constater, mais vraisemblablement parce que les prémisses mystiques du système le commandaient son auteur y avait bien mis dix astres principaux, dont un immobile,

le feu central; il voulait y mettre aussi dix révolutions, ni plus ni moins.

Encore fallait-il expliquer pourquoi ce dixième mouvement ne tombait pas sous l'observation. Rien de plus simple il nous échappe parce que la Terre elle-même, l'Antichthone et tous les astres visibles pour nous sont emportés, sans préjudice de leurs mouvements propres, dans cette lente révolution de l'univers; ou bien encore, ce qui est moins heureux, parce que la révolution et la rotation de la Terre, s'accomplissant en un temps un peu plus court que celui que nous appelons jour », cette révolution générale, à laquelle la Terre et l'Antichthone seules ne participent pas, ramène pour nous une même étoile au même point du ciel exactement dans le temps que mesure le jour. C'est, de fait, entre ces deux opinions que semblent s'être partagés les disciples de Philolaüs.

Pour la Lune, le Soleil et les cinq planètes, il n'y a rien à changer à l'ordre et à la nature de leurs révolutions propres elles restent telles que Pythagore les avait expliquées, avec cette seule différence qu'au lieu de se faire autour de la Terre immobile, elles s'exécutent autour du feu central, et en enveloppant l'orbite de notre planète.

Quant au problème soulevé par les inégalités, les stations et les rétrogradations des planètes, on n'a aucune preuve que Philolaus s'en soit préoccupé : il le laisse donc au point où l'avait laissé Pythagore.

S'il convient de louer le novateur d'avoir osé lancer la Terre dans l'espace, malgré son immobilité apparente, et d'avoir compris qu'il est possible que ce soit son mouvement de rotation que nous voyons dans la révolution diurne du ciel, il faut le blâmer d'avoir traduit son hypothèse dans une conception qui la hérisse de difficultés.

La plus grave résulte des effets de parallaxe considérables que la révolution diurne de la Terre aurait dû produire et qui se seraient manifestés surtout dans le mouvement apparent de la Lune. On ne manqua pas de la

soulever et d'y insister. Philolaüs et ses partisans auraient pu chercher à diminuer la difficulté en supposant très petits, relativement aux distances de la Lune et des corps célestes visibles pour nous, les rayons de l'orbite de notre planète et de l'Antichthone. Ils auraient pu dire aussi que ces effets de parallaxe étaient noyés dans les inégalités dont ils laissaient à leurs successeurs le soin de débrouiller les lois. Mais ils se contentèrent, semble-t-il, d'affirmer qu'ils étaient insensibles pour nous; était-ce plus difficile à admettre que l'existence d'astres invisibles et de la rotation insensible de la sphère des étoiles fixes?

Nous avons peu de chose à dire des valeurs que Philolaus aurait assignées aux rayons des orbites planétaires. Si nous représentons par le rayon de la sphère du feu central, les termes suivants de la progression géométrique 1, 3, 9, 27,... 59 049, mesureraient les rayons des orbites de l'Antichthone (3), de la Terre (9), de la Lune (27),... Le nombre 59 049, assigné au rayon de la sphère des étoiles fixes, vaut 6 561 fois 9, ou le rayon de l'orbite de la Terre. Pour passer des distances relatives aux distances absolues, nous devrions connaître la valeur attribuée par Philolaus au rayon du feu central; nous l'ignorons.

Ce qui est certain, c'est qu'il admettait que deux planètes, situées à des distances différentes du centre de leurs mouvements, pouvaient exécuter, en des temps égaux, leurs révolutions circulaires et uniformes, puisqu'il donne la même période à l'Antichthone et à la Terre. Mais en cela, il ne s'écartait pas des vues de ses prédécesseurs qui avaient admis pour Mercure et Vénus des distances différentes correspondant à des révolutions zodiacales de même durée moyenne; il croyait d'ailleurs avec eux, qu'une grande différence entre les rayons des orbites entraînait une durée de révolution croissant avec ces rayons, puisqu'il avait adopté le même ordre d'éloignement des planètes que les premiers pythagoriciens.

Ses idées sur le rôle du Soleil et l'origine de la lumière et de la chaleur dans l'univers, sont du domaine de la pure fantaisie. Il eût dû logiquement placer cette source dans le feu central, principe suprême du gouvernement du monde. Mais les phénomènes protestaient contre cette conséquence des prémisses philosophiques de son système. La chaleur et la lumière nous sont trop manifestement départies par le Soleil, pour qu'on puisse songer à en placer ailleurs le foyer. Philolaus parvint cependant à innover. Il fit de l'astre du jour une sphère solide et transparente, sans chaleur et sans lumière propre, chargée de recueillir en tous sens et de distribuer dans toutes les directions le rayonnement du feu éthéré dont la sphère entourait le ciel des étoiles fixes et enveloppait le monde. Notre radieux Soleil devenait ainsi une vulgaire lentille, filtrant des rayons qui ne lui appartenaient pas et obéissant très mal aux lois de l'optique.

Philolaüs se montre à l'égard de la Lune beaucoup plus conservateur. Il en fait un corps solide et obscur, semblable à la Terre, éclairé comme elle par le Soleil artificiel, avec un certain concours du feu central, et comme elle aussi portant ombre.

Ces mêmes principes avaient logiquement conduit Anaxagore à la première explication correcte des éclipses et des phases de la Lune; elle avait été admise par les pythagoriciens, et Philolaüs a eu le bon esprit de n'y rien changer. Pour lui, comme pour ses prédécesseurs, les phases de la Lune sont dues aux positions variables de la Terre par rapport à l'hémisphère lunaire éclairé à chaque instant par le Soleil: il pouvait le soutenir, dès lors qu'il avait déclaré insensibles pour nous les effets de parallaxe dus à la révolution de notre globe. Il ajoutait que le reflet du feu central, dont la Lune nous renvoyait les rayons très affaiblis par la distance, se trahissait dans le phénomène que nous appelons la lumière cendrée. Si celle-ci brille encore aujourd'hui, bien que les astronomes

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