rencontrer la suivante, on pourra réduire ledit diamètre sans modifier aucunement le travail dû à la pesanteur.

Mais, si le diamètre est assez grand pour que la roue porte à la fois sur deux aspérités, ses descentes et par suite ses ascensions sont inférieures à la hauteur de celles-ci; et l'on trouve aisément que la descente est égale au sinus verse de l'arc égal à la moitié de celui que sous-tend la corde passant par deux obstacles consécutifs, ce qui conduit, dans les cas ordinaires, à un résultat voisin de la loi de Dupuit.

On voit combien la théorie de M. de Mauni s'éloigne de celle de Dupuit. Celui-ci, en effet, s'appuyait sur la différence des actions moléculaires exercées par le sol sur la roue, en avant et en arrière du point de contact. Quelque anathème que lance notre auteur contre la notion" scolastique, des forces moléculaires, cette conception de Dupuit nous paraît, en principe, tout à fait rationnelle; mais il se pourrait bien que, surtout sur un terrain assez ferme, ce fût la théorie de M. de Mauni qui fournît la majeure partie de la résistance réelle.

Nous avons insisté un peu sur le point de l'ouvrage qui nous a paru le plus profondément étudié; mais il y aurait encore bien des choses à y signaler, notamment en ce qui concerne l'influence de la vitesse, celle des frayés et de la suspension, la supériorité des bicyclettes sur les grands cycles, etc.

Plus d'un point soulèvera sans doute la discussion et c'est ce que doit désirer M. de Mauni; car ces questions sont encore trop mal connues pour qu'une solution puisse s'imposer sans difficulté. En terminant, nous exprimerons le vœu que l'auteur poursuive ces expériences où il nous paraît avoir déjà montré beaucoup de sens pratique et d'esprit scientifique.

TRAITÉ THÉORIQUE ET PRATIQUE DES MOTEURS A GAZ ET A PÉTROLE ET DES VOITURES AUTOMOBILES, par AIMÉ WITZ, t. III, in-8o de 600 pages. Paris, E. Bernard et Cie, 1899.

Pour tenir tous ceux qui s'occupent des moteurs à gaz au courant des développements incessants et continus de ces moteurs, M. Witz vient de publier un troisième volume de son ouvrage,

relatant les principaux progrès réalisés pendant les quatre dernières années.

Dans le chapitre premier, "Histoire des moteurs à gaz,,, l'auteur fait la synthèse des idées qui paraissaient prévaloir lors de l'Exposition d'Anvers, en 1894. Il constate que les constructeurs de moteurs à gaz tendent vers un type commun, mieux agencé qu'autrefois, dessiné avec plus d'art, construit avec plus de soin, moins bruyant, etc.

A l'Exposition de Bruxelles, en 1897, on retrouve la même uniformité de concept; seuls les moteurs Letombe à double effet et à surcompression, et les moteurs Polke avec mécanisme à double vis hélicoïdale présentaient quelques nouveautés.

Dans le même chapitre, M. Witz parle des concours qui ont été organisés dans le courant de l'année 1894 à Meaux, à Cambridge et à Berlin, dans le but de mettre en relief les progrès réalisés dans la construction des moteurs à pétrole; il signale ensuite le moteur Diesel, paru en 1897, et l'emploi des gaz des hauts fourneaux qui marque un nouvel ordre de choses gros de conséquences.

Le chapitre II est consacré à la classification des moteurs.

Le chapitre III traite des combustibles. Sans revenir sur les considérations générales et sur la théorie exposées dans les tomes I et II, l'auteur les complète en relatant et en discutant les travaux faits récemment sur cette question.

Ce chapitre renferme une étude très détaillée des gaz des hauts fourneaux, des vapeurs d'alcool et du gaz acétylène qu'on a essayé, sans succès, de brûler dans les moteurs à gaz. On y trouve aussi la description des principaux types de nouveaux gazogènes inventés depuis 1894 dans le but de pouvoir employer d'autres combustibles que l'anthracite du pays de Galles dont le prix de revient est trop élevé.

Dans le chapitre IV, " Théorie générique des moteurs à gaz „, M. Witz expose sous une forme différente la théorie qu'il a présentée dans le premier volume et qui est devenue classique; elle est complétée par une étude sur les effets d'inertie. Cette dernière nous paraît trop élémentaire pour que le lecteur puisse saisir l'influence des effets d'inertie sur les trépidations qu'il faudrait éviter surtout dans les automobiles. Nous aurions voulu que l'auteur eût montré comment on peut équilibrer les forces d'inertie.

Le chapitre relatif à la théorie expérimentale des moteurs à gaz „ est surtout intéressant par les résultats des nombreux

essais qu'on y trouve. L'auteur insiste sur les expériences qui confirment sa théorie expérimentale; peut-être aurait-il pu tenir compte, dans une plus large mesure, des recherches de M. Slaby.

Le chapitre VI, intitulé " Essais des moteurs,, est un des plus importants de l'ouvrage. Il débute par la description du calorimètre Junckers servant à déterminer le pouvoir calorifique des gaz et des combustibles liquides; vient ensuite la description de quelques freins d'application récente ainsi que de modifications apportées à plusieurs indicateurs. Ce chapitre se termine par l'énumération des résultats de vingt-cinq essais faits sur des moteurs de types différents.

Pour donner une idée de l'importance des chapitres " Monographie des principaux moteurs à gaz, et monographie des principaux moteurs à pétrole,, il suffit de faire remarquer qu'ils ont pour objet l'étude détaillée de plus de 100 moteurs.

Le neuvième chapitre, " Éléments de construction des moteurs,,, signale un certain nombre de perfectionnements de détail, inventés pendant les dernières années et qui ont contribué à améliorer le fonctionnement des moteurs. Ce sont surtout les carburateurs et les vaporisateurs des moteurs à pétrole qui attirent l'attention des inventeurs; on prend tous les jours de nouveaux brevets et l'on invente des dispositifs nouveaux. Tous ces dispositifs ne présentent pas des innovations essentielles ou des perfectionnements remarquables, mais il s'y présente des modifications de détail souvent intéressantes et qui pourront contribuer à faire découvrir enfin des appareils de carburation opérant un mélange intime du combustible avec le comburant et ne s'encrassant jamais.

Le dernier chapitre est consacré à la plus neuve et la plus attrayante des nombreuses applications des moteurs à pétrole à l'automobile.

L'automobilisme est à l'ordre du jour; il est devenu de la science, du métier, mais aussi, hélas ! du snobisme. Il est intéressant de rechercher comment l'invention est née et comment elle s'est développée; ce qu'elle est devenue et comment elle l'est devenue; ce qu'elle est et ce qu'elle peut devenir. Son passé, son présent et son avenir méritent d'arrêter l'attention des penseurs. C'est la triple question que l'auteur étudie avec l'indépendance d'un homme qui n'a ni cheval ni voiture automobile

Nous avons essayé de donner, par ce qui précède, une idée du contenu du nouveau volume de M. Witz. La science et la

haute compétence bien connues du savant professeur de Lille. nous dispensent d'insister auprès de nos lecteurs sur la valeur de l'ouvrage, qui est certainement l'un des plus importants de ceux qui ont paru sur la question.

N. S.

VI

MACHINES Frigorifiques, production et application du froid ARTIFICIEL, par H. LORENZ; traduit de l'allemand par P. PETit et J. JAQUET. Un vol. in-8° Paris, Gauthier-Villars et fils.

L'ouvrage de M. Lorenz est un guide pratique excluant tout développement mathématique, et dont la lecture ne suppose presque aucune connaissance spéciale. Chaque question est envisagée à un point de vue purement pratique et économique; les avantages et les inconvénients des agents frigorifiques ainsi que des différents dispositifs de compresseurs et de moteurs, sont exposés avec une compétence et une impartialité bien rares.

Le premier chapitre comprend l'étude des propriétés des agents frigorifiques les plus employés (NH, CO, SO2) et leur comparaison au point de vue du travail consommé pour une puissance frigorifique donnée. Comme l'auteur ne veut faire usage d'aucune formule mathématique, il rassemble dans ce chapitre, en un certain nombre de tableaux, des chiffres de nature purement théorique ainsi que de nombreux résultats fournis par l'expérience, nécessaires à la compréhension des phénomènes étudiés. Plusieurs exemples numériques montrent l'application des résultats obtenus à la solution élémentaire des problèmes pratiques les plus importants.

La construction des compresseurs fait l'objet du deuxième chapitre; on y passe en revue les divers systèmes en discutant leurs avantages et leurs inconvénients au point de vue pratique.

Les chapitres III et IV comprennent, dans le même ordre d'idées, l'étude des condenseurs, des réfrigérants et des appareils permettant la réfrigération des liquides. On y trouve en particulier la discussion des appareils à détente directe et de ceux qui utilisent, comme agent intermédiaire, une solution saline, ainsi que l'indication des meilleures proportions de sel à employer.

Le cinquième chapitre se rapporte à la réfrigération de l'air; il présente de l'intérêt non seulement pour les brasseries, mais pour les abattoirs, les glacières, les laiteries, etc. Des plans d'installation complètent les descriptions.

Le sixième chapitre traite de la production artificielle de la glace, soit pour les besoins industriels soit pour la consommation. On y trouve des considérations sur les meilleurs dispositifs à utiliser pour l'économie de la fabrication et pour la valeur hygiénique du produit.

Le dernier chapitre traite de la production et de l'utilisation des températures extrêmement basses.

Ajoutons que l'ouvrage, qui comprend 131 figures et une bibliographie complète sur la question de la production du froid, se vend au prix relativement bas de 7 francs.

Le livre de M. Lorenz comble une véritable lacune. La plupart des ouvrages traitant des machines frigorifiques n'envisagent que le côté théorique du problème et ne sont pas à la portée des personnes qui ne possèdent pas de sérieuses connaissances en thermodynamique.

M. Lorenz, au contraire, n'envisage que le côté pratique et économique; il sera lu avec fruit et par l'ingénieur qui voudrait compléter les études théoriques qu'il a faites sur les machines. frigorifiques, et par l'industriel qui désirerait acquérir la notion exacte de ces machines dont l'importance augmente tous les jours.

En lisant l'ouvrage avant d'acheter une machine, le chef d'industrie pourra faire un choix réellement raisonné et adopter en connaissance de cause le meilleur système et la meilleure construction.

N. S.

VII

THE PRINCIPLES OF STRATIGRAPHICAL GEOLOGY by J. E. MARR. F. R. P. Un vol. in-16 de 1-304 pp. Cambridge, 1898.

Ce volume fait partie d'une collection de traités sur les sciences physiques et naturelles, publiés par des professeurs de l'Université de Cambridge. L'objet de l'ouvrage est d'exposer d'une manière succincte le but que poursuit le géologue strati