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et l'ont mis à même de reconnaître ces courbes dans les orbites planétaires.

On ne veut voir dans l'enchevêtrement des sphères, des épicycles et des excentriques de l'explication géométrique ancienne qu'un mécanisme grossier, sans beauté et sans vertu, et on lui oppose volontiers l'interprétation mécanique de Newton, sans toujours ajouter que la loi si simple et si féconde de l'attraction universelle, qui explique tout, reste elle-même inexpliquée.

Non; les efforts tentés par les astronomes de l'antiquité ne furent ni si maladroits, ni si stériles: ils sont dignes de la curiosité de tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de l'esprit humain en quête de la vérité scientifique. Si j'osais dire qu'ils méritent l'admiration au même titre que les travaux des modernes, pour avoir surtout perfectionné l'art d'inventer, on m'accuserait peut-être d'exagération ; les géomètres cependant m'y encourageraient, et les historiens sérieux de l'astronomie n'y contrediraient pas.

Leur opinion est fondée sur une étude minutieuse de tous les documents que nous a laissés l'antiquité sur la science du ciel. Il a fallu, pour les interpréter et rapprocher leurs témoignages, se livrer à un travail ardu que pouvaient seuls entreprendre avec succès des écrivains. érudits, joignant à la science des mathématiques et de l'astronomie la connaissance approfondie des langues anciennes et le sens des recherches historiques. Il s'en est rencontré heureusement d'admirablement préparés, qui ont fait de cette étude l'œuvre scientifique de leur vie.

Le dénombrement de leurs livres et de leurs mémoires occuperait ici trop de place et serait inutile à notre sujet (1). Nous n'entreprenons pas d'envisager ces recher

(1) Nous nous bornerons à indiquer ici les travaux principaux que nous avons utilisés.

A. Boeckh, De Platonico Systemate cœlestium Globorum et de vera indole astronomia philolaicæ, in-4°, Heidelbergæ, 1810; réimprimé dans ses Gesammelte kleine Schriften, t. III (Reden und Abhandlungen),

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ches dans leur ensemble; encore moins d'entrer au détail de leur analyse. Nous voulons simplement dégager de tout échafaudage technique et grouper, dans une rapide synthèse, les principales conclusions et les conjectures les mieux fondées relatives à l'un des aspects les plus intéressants de l'astronomie grecque le développement de l'idée qu'elle s'est faite de l'ordonnance des mouvements dans notre système planétaire, depuis l'avènement de l'École pythagoricienne, jusqu'à la consécration de l'hypothèse géocentrique et de la théorie des épicycles dans l'œuvre d'Hipparque et de Ptolémée.

in 8o, Leipzig, 1866.

Untersuchungen ueber das kosmische System

des Plato, in-8°, Berlin, 1852.

Th. H. Martin, Mémoires sur les hypothèses astronomiques des plus anciens philosophes de la Grèce, étrangers à la notion de la sphéricité de la terre (MÉM. DE L'INST. NATIONAL DE FRANCE, ACADÉMIE DES INSCRIPT. ET BEI LES-LETTRES, t. XXIX, 2e partie, p. 29). Histoire des hypothèses astron. grecques qui admettent la sphericité de la terre (IBID. t. XXIX, 2o partie, p. 305). — Mémoire sur l'histoire des hypothèses astronomiques chez les Grecs et les Romains (IBID. t. XXX, fre partie, p. 1). Mémoire sur les hypotheses astronomiques d'Eudoxe, de Callippe, d'Aristote et de leur École (IBID. t. XXX, 1re partie, p 153). Mém. sur l'histoire des hypotheses astron. chez les Grecs et les Romains (IBID. t. XXX, 2e partie, p. 1). Les sections consacrées à Pythagore et à Philolaüs ont été publiées également dans le BULLettino di BiblIO. GRAFIA E DI STORIA DELLE SCIENZE MATEMATIChe e fisiche (B. Boncompagni), t. V, 1872. pp. 99 et 127.

G. Schiaparelli, Opinioni e ricerche degli Antichi sulle distanze e sulle grandezze dei Corpi Celesti, loro idee sull' estensione dell' Universo visibile (MEM. DEL R. ISTITUTO LOMBARDO, t. X).- Precursori di Copernico nell' Antichità (MEM. DEL R. ISTITUTO LOMBARDO DI SC. E LETTERE, t. XII); reproduit dans les PUBBLICAZIONI DEL R. OSSERVATORIO DI BRERA IN MILANO, no III (1873); traduit en allemand par Max. Curtze, Die Vorläufer des Copernicus in Alterthum, dans ALTPREUSSISCHE MONATSSCHRIFT, 1. XIII; tiré à part Leipzig, 1876. Li Sfere omocentriche di Eude so, di Callippo e di Aristotele (MEM. DEL R. IST. LOMBARDO, t. XIII); reproduit dans les PUBBLICAZIONI DEL R. OSSERVAtorio di Brera, no JX ; traduit en allemand par W. Horn, dans ABHANDLUNGEN ZUR GESCHICHTE DER MATHEM., Leipzig, 1877. · Origine del Sistema planetario eliocentrico presso i Greci (MEM. DEL R. IST. LOMBARDO, t. XVIII, 1898).

P. Tannery, Note sur le système d'Eudoxe (MÉM. DE LA SOC. DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATUR. DE BORDEAUX, 2e série, t. I, 1876). Seconde note sur le système astron. d'Eudoxe (IBID. 2e série, t. V. 1882, 2e cahier). Recherches sur l'Histoire de l'Astronomie ancienne, in-8°, Paris, Gauthier-Villars, 1893.

Sans nous départir de la vérité historique, nous espérons justifier le titre de ces pages Pour l'astronomie grecque.

I

VUES PYTHAGORICIENNES

et

Né à Samos, dans le premier quart du vi° siècle avant notre ère, Pythagore vint en Italie, à l'âge de 40 ans, fonda à Crotone une corporation dont l'influence politique et religieuse fut considérable. Après la mort de son chef, vers la fin du vie siècle, les attaques violentes auxquelles elle fut en butte, la désorganisèrent peu à peu et amenèrent finalement sa destruction, vers le milieu du ve siècle, par le meurtre d'un grand nombre de ses membres. Les survivants prirent la fuite et, en se répandant dans diverses contrées de la Grèce, disséminèrent les doctrines philosophiques et scientifiques que Pythagore et ses premiers disciples avaient transmises seulement par l'enseignement oral.

Pour les anciens eux-mêmes, les seuls pythagoriciens dont les doctrines fussent connues, par des ouvrages authentiques, étaient postérieurs à la dissolution de la corporation. La légende, qui se plaît souvent à travestir l'histoire, se chargea d'exposer les doctrines des pythagoriciens plus anciens dans des ouvrages fabriqués sous leurs noms, bien des siècles après eux, et où l'on ne peut puiser qu'avec beaucoup de discernement. Ces circonstances ont rendu difficile à la critique moderne le triage de la vérité et de la rêverie si malencontreusement confondues. Elle y a réussi cependant sur bien des points.

Parmi les philosophes grecs, antérieurs à Pythagore, aucun n'a considéré la Terre comme sphérique. Vers le milieu du ve siècle, les pythagoriciens sont à peu près les

seuls à admettre cette sphéricité, et l'antiquité s'accorde à voir dans cette notion un des dogmes de leurs doctrines scientifiques. Sous l'enveloppe des mers et des continents, ils plaçaient le feu central d'Hestia, et ils donnaient le nom d'antichthones aux régions opposées à celles que nous habitons, ou à nos antipodes.

Tout autorise à croire que les pythagoriciens furent également les premiers à tenter une interprétation géométrique des mouvements des astres. Ils croyaient, en dehors de toute démonstration, à l'harmonie de l'univers et à la simplicité de ses lois; et l'histoire nous montre l'imagination et la géométrie très étroitement unies dans toutes leurs doctrines scientifiques et, en particulier, dans leurs vues astronomiques.

Il est malaisé de deviner l'ordonnance systématique et régulière des cieux; le problème qu'elle soulève est indéterminé, et l'on pourrait prouver que sa solution est arbitraire. Pour en dégager une, il faut nécessairement procéder par tâtonnements et partir d'hypothèses. La première qui s'impose porte sur le choix d'un système immobile auquel on rapportera les mouvements que l'on veut décrire et expliquer.

Les anciens pythagoriciens supposèrent que la sphère terrestre, de toutes parts semblable à elle-même, était immobile au centre de l'univers. Les apparences suggéraient ce choix sans l'imposer; leurs successeurs le comprirent, car nous verrons tantôt l'immobilité de la Terre au centre du monde contestée au sein même de leur École. Obligés dès lors comme nous le sommes d'expliquer la régularité du mouvement diurne apparent qui emporte les étoiles fixes toutes ensemble, sans changer leurs positions relatives, ils se rallièrent à l'idée venue de Chaldée, au vre siècle avant notre ère, adoptée par les physiologues d'Ionie et qui ne rencontrait plus aucun contradicteur sérieux, de la rotation du ciel, comme d'une

pièce solide, autour de pivots fixes. La simplicité de cette explication est manifeste, et on avait, pour l'adopter, l'excellente raison de son accord incontestable avec les données de l'observation immédiate.

Elle supposait, entre les étoiles fixes, des liens invisibles les enchaînant entre elles et formant de leur ensemble un système invariable. Dès lors, dans l'impossibilité où l'on était alors de mesurer la distance à la Terre d'une quelconque de ces étoiles, il était légitime de les supposer toutes situées sur une même surface, et très naturel de supposer cette surface sphérique. En effet, puisque le ciel doit avoir une forme, dans l'hypothèse de l'immobilité de la Terre, et qu'il n'y a aucune raison pour en choisir quelque autre que la sphère, celle-ci s'impose comme répondant suffisamment à l'apparence de la voûte céleste et parce qu'elle a, sur toutes les autres, le grand avantage de la simplicité et de la cornmodité au point de vue mathématique ; y renoncer eût été compliquer à plaisir et sans utilité, voire même rendre impossible, la solution du problème que l'on s'était posé donner une interprétation géométrique des mouvements des astres, qui suffise à expliquer simplement ce que chacun voit par lui-même quand il regarde le ciel, mais sans s'élever jusqu'à la prétention d'enseigner ce qui se passe réellement dans le monde.

On imagina donc le ciel sphérique et on le fit tourner de l'orient vers l'occident, d'un mouvement de rotation uniforme autour d'un axe fixe passant par le centre de la Terre, supposée elle-même immobile au centre de l'univers. Remarquons que ces deux notions de la sphéricité du ciel et de sa rotation d'une pièce, très intimement liées entre elles, devinrent dès lors nécessaires à la représentation subjective des phénomènes célestes; elles ne deviendront inutiles, toutes deux à la fois, que le jour où l'on expliquera le mouvement diurne par la rotation de la Terre de l'occident vers l'orient.

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