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montés sur une maison de bois, échouèrent sur les récifs et leur enseignèrent à faire des croix pour se soustraire aux dangers, et à se couper les cheveux en couronne ; mais au bout de quelque temps, comme les naufragés voulaient imposer leurs coutumes étrangères, on les tua par surprise. A l'appui de ce récit, les indigènes montrèrent une haute croix de bois (1), élevée à l'endroit où s'étaient établis les étrangers, ainsi que des clous et une ancre en mauvais état (2). En 1530, Nuño de Guzman étant à Xalisco vit arriver des membres d'une tribu que l'on appela Provincia de los Frailes, parce qu'ils se rasaient la tête en forme de couronne (3). Cette mode, loin d'être un caprice passager ou d'avoir été adoptée pour la circonstance, devait être invétérée puisqu'elle se perpétua dans le pays, tandis qu'il n'y en a pas trace dans d'autres contrées évangélisées à la même époque. Vers le milieu du xvIe siècle, le P. Francisco Lorenzo trouva dans les montagnes, non loin de la Valle de Banderas, une tribu que l'on appela les Frères (los Frailes), parce que ses membres portaient, au-dessus des oreilles, de grandes couronnes circulaires et ouvertes comme celles des moines (4). A quelque distance de là, sur les montagnes du littoral, habitaient des ennemis de cette tribu qui furent appelés les Couronnés (Coronados), parce qu'ils avaient, comme les autres, la tonsure coronale, mais faite

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(1) Cette tradition fait pendant à l'histoire du Papa Quetzalcoatl, que ses ennemis expulsaient, tout en voulant s'approprier les arts, les sciences et les autres bienfaits de la civilisation qu'il leur avait fait connaître (Sahagun, Hist. gen. L. III, ch. 13, p. 218 de la trad franç). Beaucoup d'entre eux conservèrent par superstition, comme de puissantes amulettes, la croix, certaines parties du costume, la barbe et la tonsure, que les superstitieux regardaient comme les causes de la supériorité des blancs.

Alegre, op. cit., t. I,

(2) M. de la Mota Padilla, op. cit., pp. 182-187; pp. 201-202; Diccionario universal de historia y de geografia, Mexico, in-4°, t. IV, 1854, p. 384; supplém. t. II, 1856, pp. 636-638.

(3) 5e Relation anonyme de l'expédit. de Nuño de Guzman en Nouvelle-Galice, dans COLECCION DE DOCUMENTOS PARA LA HISTORIA DE MÉXICO, édit. par J. G. Icazbalceta, t. II, 1866, in-4o, p. 445.

(4) Torquemada, Mon. ind. L. XXI, ch. 6, p. 618 du t. III.

II. SERIE. T. XVI.

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d'une manière différente (1).

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Un de leurs villages était Chocala, où l'on signala des crucifix entaillés sur les rochers (2). C'est évidemment aussi par esprit d'imitation que leurs voisins, les Indiens d'Amaxocotla, suppléaient à la barbe que leur avait refusée la nature en se fixant autour de la bouche un double rang de fils d'or, d'argent ou de cuivre, que les missionnaires firent ôter et convertirent en dix-sept clochettes (3). Des personnages ornés ou plutôt défigurés par ces barbes postiches sont représentés sur diverses stèles de Copan en Honduras (4).

On pourrait penser que ces imitateurs avaient pris pour modèles, non pas les anciens Papas Gaëls ou les autres Blancs précolombiens, mais bien les Espagnols. Cette opinion, qui a été réfutée par Clavigero (5), doit être écartée pour les imitations qui ont été constatées dès l'arrivée des premiers explorateurs. Quant aux constatations faites plus tard, au XVII ou XVIIIe siècle, quoique plus douteuses, il était bon de les rapporter, puisqu'elles prouveraient, tout au moins, que des tribus jusqu'alors soustraites, pour le reste, à l'influence des Européens, les imitaient pourtant en certains cas, comme nombre d'auteurs assurent que l'avaient fait pour le Papa Quetzalcoatl aussi bien ses ennemis que ses disciples et leurs descendants (6).

(1) Id., ibid., p. 618.

(2) M. de la Mota Padilla (qui se référait à des auteurs du commencement du XVIIe siècle), op. cit., pp. 184-185; Alegre, op cit., t. I, pp. 202-203; --- BOLETIN DE LA SOCIEDAD DE GEOGRAFIA, Mexico, sér. II, t. III, pp. 277-280 (cité par M. Orozco y Berra, Historia antigua y de la conquista de México, t. II, 1880, pet. in-4°, pp. 345-346).

(3) Torquemada, Mon. ind. L. XXI, ch. 6; t. II, p. 620.

(4) Stephens, Incidents of travel in Central America, t. 1, pp. 432154, 156.

(5) Storia della California. Venise, 1780, in-8° (Extr. dans le t. VIII notes, pp. 102-103 du t. VIII des Ant. of Mex. de Kingsborough ; trad. dans La Contrefaçon du Christianisme, pp. 141-142).

(6) Sahagun, Hist. gén., L. III, ch. 13, p. 218 de la trad. franç. ;- Motolinia, Hist. de los Indios, p. 12 de l'édit. d'Icazbalceta ; - D. Duran, Hist.

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Dans une localité du grand isthme américain, aux environs de Tehuantepec, où il y a tant de vestiges de l'évangélisation précolombienne, on voyait sur un haut rocher une image existant de temps immémorial « et représentant au naturel un frère dominicain avec sa couronne de cheveux et, à ses pieds, une Indienne couverte d'une grande pièce d'étoffe, comme une mante, et dans l'attitude de la confession. Les Indiens lui apportaient des offrandes, et ils dirent aux premiers religieux qui leur parlèrent de confession que cette figure en était la représentation. Le P. Gregorio Garcia qui rapporte le fait (1) n'admet pas que ce groupe fût un jeu de la nature; il aime mieux croire que c'était l'oeuvre d'un ancien missionnaire. Il appelle ce confesseur Fray Peña (Frère Rocher), traduction espagnole du nom Zapotec Guixepecocha (Prédicateur du Rocher) (2). - La croix de Huatulco, érigée à 80 kilomètres au sud-ouest de Tehuantepec, passait pour avoir été apportée par un vieillard de race blanche, vêtu du costume que l'on attribue aux apôtres, tunique longue avec ceinture et manteau, chevelure et barbe longues (3). : Ce vieillard, costumé comme les apôtres, avait, selon la légende, laissé l'empreinte de ses mains et de ses pieds

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de las Indias, t. II, p. 198, et J. De Tovar, Origen de los Indios, p. 81 (tous deux cités dans notre mém. sur La Contrefaçon du Christianisme, pp. 134 135); —Torquemada, Mon. ind., L. III, ch. 7, pp. 255 du t. I et L. IX, ch. 31, p. 221 du t. 11 (Voy. le passage trad. plus loin, p. 102-103).

(1) Predicacion del Evangelio en el Nuevo Mundo viviendo los Apostoles. Baeça, 1628, in-80, L. V, ch. 10 (Extrait dans le t. VIII notes, p. 49 des Ant. of Mex. de Kingsborough).

phète.

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(2) C'est du moins ainsi que M. Martinez Gracida (El rey Cosiyoeza. Mexico, 1888, in-8°, pp. 72, 163 et 175) explique ce mot qu'il décompose en Guixe mont, pe apocope de penne = homme; coo qui émet, qui arrange; cha, aphérèse de ticha parole, et qu'il rend par Mont du proIl se pourrait aussi que Guixe rappelât le lac Guixa, qui sépare le San-Salvador du Guatemala, où apparut d'abord ce vieillard, vêtu d'une longue robe bleue et coiffé d'une mitre (Brasseur de Bourbourg, Hist. des nations civilisées du Mexique et de l'Amérique centrale, t. II, p. 81; - H. H. Bancroft, The native races, t. III, p. 484, et t. V, pp. 609-610). (3) Fr. de Burgoa, Geografica descripcion de la parte septentrional del polo artico de la America. Mexico 1674, in-fol., t. II, part. II, ch. 69.

sur le haut pic de Cempoaltepec, situé à une centaine de kilomètres au nord de Tehuantepec (1). Dans ce même pays des Mixtecs, le grand-prêtre « portait par-dessus ses vêtements une chape comme celle dont nous nous servons au chœur, dit le P. J. de Torquemada (2).

Les Papas ou prêtres des Totonacs, chez qui l'on a déjà signalé tant de ressemblances avec les peuples chrétiens, avaient également avec ceux-ci des analogies de costume. Leurs prêtres étaient vêtus « de manteaux noirâtres et très longs avec capuce, comme en portent les Dominicains et les chanoines à qui ils ressemblaient » (3). D'après une description plus détaillée, ces Papas avaient pour vêtements des manteaux noirâtres en forme de drap de lit, des robes descendant jusqu'aux pieds, et des espèces de capuchons ressemblant à ceux de nos chanoines, tantôt plus courts comme ceux des Dominicains, tantôt plus longs et descendant jusqu'à la ceinture ou jusqu'aux pieds » (4). - Chez les peuples de langue nahua, on se représentait le premier des Papas (Quetzalcoatl) comme vêtu d'une soutane de moine avec un manteau parsemé de croix rouges » (5).

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Chez les Huastecs, qui sont une fraction des Totonacs, les femmes riches portaient, au lieu de la camisole incomplètement fermée ou uipilli des Mexicaines, une chemise sans bras, cousue comme un sac, avec trois trous pour passer la tête et les bras. On donnait à ce vêtement fait comme

(1) Id. Op. cit., t. II, part. II, ch. 70; - Gr. Garcia, op. cit., L. V, ch. 10. (2) Mon. ind., L. IX, ch. 28, p. 217 du t. II. Elle était de coton blanc et couvrait tout le corps comme une aube, dit le P. A. Davila Padilla, qui ajoute que c'était une imitation de l'ephod des Lévites (Historia de la provincia de Santiago de México, L. 11, ch. 90, p. 803 de l'édit. de Madrid, 1596, in-4°).

(3) Bernal Diaz del Castillo, Verdadera historia de los sucesos de la conquista de la Nueva-España, édit. de Vedia. Madrid, 1862, in-8°, ch. 14, p. 12.

(4) Id., ibid., ch. 52, pp. 45-46 de l'édit. Vedia; p. 125 de la traduction du Dr Jourdanet.

(5) Relat. de la conquête du Mexique, par Andrés de Tapia, dans la 1re COLECCION d'Icazbalceta, t. II, p. 574.

du filet le nom caractéristique de camitli (1), dans lequel on reconnaît la désinence nahua tli et un radical exotique, soit le gaëlique caimis (génitif caimse), soit le cymrique camse, ou bien un des termes correspondants en basse latinité camisia, camix ou camsile (2) (chemise). Camitli était l'ancienne forme nahua de ce mot; après l'arrivée des Espagnols, on leur emprunta l'expression camisa, qui signifiait tout à la fois chemise et aube.

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Les indigènes regardaient comme de sûrs indices ethnologiques les ressemblances de costume que l'on vient de signaler: les insulaires de Haïti identifiaient avec les Espagnols les gens habillés (3) que d'antiques traditions annonçaient comme futurs maîtres de leur île. De même, une tradition mexicaine représentait comme blanc et barbu un homme vêtu comme les Papas du pays (4), qui vint chez eux en 1384, c'est-à-dire précisément au temps où le navigateur frislandais, d'après la relation des frères Zeno (5), visita la zone tropicale de l'Amérique du Nord. Dans une prédiction placée au temps de l'avant-dernier roi des Quichés, en Guatemala, les futurs conquérants du pays sont désignés comme des hommes armés et vêtus des pieds à la tête (6). On pourrait signaler beaucoup d'autres analogies entre les vêtements

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(1) Sahagun, Hist. univ. L. X, ch. 29, p. 313 du t. VII de Kingsborough ; p. 669 de la trad. franç.

(2) Du Cange, Gloss. med. et inf. latinitatis, édit. Favre, t. II, pp. 53 et 54.

(3) Fr. Roman Pane, Antiq. des Indiens, à la suite de la Vie de Christophe Colomb, par son fils Fernando, trad. en italien par Uloa (Venise, 1571); trad. en franc. par Brasseur de Bourbourg, à la suite de Rel. des choses de Yucatan de Diego de Landa, p. 457. — Cfr. B. de las Casas, Apolog. hist., ch. 167, extr. à la suite de son Hist. de las Indius, édit. de Madrid, t. V, p. 475. Voy. aussi le passage du P. Duran cité plus loin, p. 104, note 1. (4) El año de 1384, vino un hombre blanco con barbas y vestido como papa de la manera de esta tierra, al parecer sacerdote (Merced de H. Cortes, pp. 9-10 du t. II de la 1re COLECCION d'Icazbalceta).

(5) E. Beauvois, Les voyages transatlantiques des Zeno (dans MUSEON de Louvain, t. IX, no 4, août 1890, pp, 467-469).

(6) Ximenez, Origen de los Indios, cité par Orozco y Berra, Hist. ant. de la conq. de México, t. II, p. 240.

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