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préméditation apparente qui n'est qu'une production de la conscience pathologique du malade. Parfois le malade exécute son acte tranquillement, en combinant sa préparation avec une sage lenteur; tel ce malade cité par Magnan qui fit une tentative de suicide pendant une crise d'épilepsie psychique: il planta un clou sur le palier, alla chercher une corde; puis, montant sur une chaise, il se mit la corde au cou et renversa la chaise. Dans d'autres cas, le malade choisit son moment, se livre à plusieurs poursuites, abandonnant une victime pour une autre, jusqu'à ce qu'il cède à son impulsion (Legrand du Saulle).

2. L'absence de motif et de préméditation constitue un des traits caractéristiques de l'impulsion épileptique, qui est, en général, un acte inattendu, inexplicable, survenant inopinément. Mais la crise d'épilepsie psychique, tout comme la crise convulsive, peut être provoquée par une cause irritante quelconque telle qu'une discussion, une rixe, une contrariété. Et comme l'acte suit de près la cause qui l'a provoqué, il semble que le malade a obéi à un mobile, que l'action incriminée est motivée et qu'on se trouve en présence d'un acte où la volonté intervient. Seulement, dans la plupart des cas, les autres circonstances de l'acte incriminé permettent de rapporter celui-ci à l'affection dont le sujet est atteint.

D'ordinaire l'impulsion épileptique, étant soudaine et immotivée, se produit en dehors de toute préméditation. Souvent même l'action incriminée se trouve en contradiction avec la manière de penser et d'agir de celui qui l'a exécutée. Pourtant, dans certains cas, l'épileptique met automatiquement à exécution des actes dont l'idée préexistait, mais que le malade n'exécuterait pas si l'état morbide ne survenait pas. Dans ces conditions, pour un observateur non prévenu, la préméditation paraît exister. Or il n'en est rien. Que l'acte accompli soit conforme à des sentiments exprimés par le sujet en possession de lui-même, ou qu'il soit la continuation d'un acte que le sujet accom

plissait au moment où s'est déclarée la crise impulsive, dans les deux cas le malade réalise des idées qu'il avait pu avoir dans des dispositions tout à fait autres (Parant). De nombreuses observations, publiées par divers auteurs, montrent que l'influence de sentiments intenses, comme la vengeance et la haine, peut persister au moment des troubles psychiques transitoires de l'épileptique et déterminer l'exécution d'actes criminels qui ne se seraient certes pas produits si le malade était resté maître de lui (Féré, Gowers, Echeverria, Sighele, Legrand du Saulle, ArdinDelteil, etc).

Il peut même arriver que l'idée de l'acte accompli n'ait pas existé avant la crise psychique et que la préméditation s'accomplisse dans l'état épileptique ; il faut que celuici envahisse lentement le sujet pour que cette préméditation apparente, accomplie dans l'état morbide, puisse s'observer. Gowers et Clourton ont cité chacun un fait de ce genre il s'agissait dans les deux cas d'un malade. ayant pour le médecin une vraie affection, mais qui, dans l'état épileptique, éprouvait pour lui une vive antipathie. On le trouva un jour occupé à confectionner une arme, de concert avec un autre aliéné, pour en frapper le médecin. La crise passée, l'épileptique ne se souvenait plus de rien.

3. L'impulsion épileptique est caractérisée par la soudaineté, l'instantanéité. Telle est la règle générale, à laquelle il y a cependant quelques rares exceptions. Tissié, Régis ont publié l'histoire de malades qui réussissaient à supprimer parfois leur crise par la volonté ou par une impression sensorielle violente. Le malade de Gal sentait également approcher sa crise, et avait suffisamment conscience de l'impulsion qui le dominait pour exiger que son entourage prit les précautions nécessaires pour l'empêcher de nuire. Mais, encore une fois, les cas de ce genre sont tout à fait exceptionnels.

4. Lorsqu'au cours d'un trouble psychique transitoire

l'épileptique est entraîné à des actes de violence, il déploie souvent une force considérable. Il se rue sur sa victime avec une brutalité inouïe, s'acharne sur elle et réduit en pièces les objets qui lui tombent sous la main. On dirait que sa vigueur est centuplée. En même temps se manifeste parfois un besoin de marcher qui entraîne le malade vers d'autres lieux, où il peut commettre d'autres meurtres. Parfois, au contraire, son acte accompli, le meurtrier s'endort aux côtés de sa victime.

5. L'épileptique criminel, dans la majorité des cas, ne prend aucune précaution pour s'assurer l'impunité. Il accomplit son crime au grand jour, en présence de témoins, et ne se cache pas après le méfait. Mais si l'état épileptique se prolonge, sous l'empire de sa seconde conscience, le malade peut chercher à dissimuler son crime et se livrer à des actes dont le but apparent semble être d'en faire disparaître la trace; dès que la crise est finie, cette dissimulation n'est plus recherchée (Ardin-Delteil). Dans ces conditions, les autres caractères de l'acte incriminé permettent d'établir sa véritable nature.

A ce point de vue, le cas Barbier, publié par Wise, est des plus instructifs. Après avoir mortellement blessé son ami et la femme de celui-ci au cours d'une impulsion plutôt calme, on le vit réunir un tapis de foyer, un coussin et un autre objet, les arroser d'huile et y mettre le feu; puis, après s'être assuré que le feu prenait, sortir en ayant soin de fermer la porte. Toutefois les autres circonstances du crime montraient à toute évidence que l'inculpé, épileptique avéré, avait agi sous l'influence d'une impulsion épileptique. Malgré le témoignage de neuf médecins aliénistes d'une compétence reconnue, Barbier fut condamné à mort par le jury de l'État de New-York. Nul doute que cette condamnation ait frappé un véritable aliéné.

6. L'état de la conscience et du souvenir est, en général, caractéristique dans l'impulsion irrésistible des épileptiques. Avant tout, il importe d'observer que l'état de la

conscience doit être nettement distingué de l'état du souvenir. En effet, on peut parfaitement avoir plus ou moins conscience d'un acte au moment où on l'exécute et en perdre ultérieurement le souvenir. Lorsque l'inconscience existe, la perte du souvenir en dérive fatalement ; mais parce que le souvenir d'un acte est perdu, on ne peut nullement en inférer que cet acte était inconscient.

Lorsque le souvenir de l'acte est conservé, c'est que la perte de connaissance a été incomplète et que la conscience. a pu exercer son contrôle. Lemoine, Ball, Hennocq et d'autres ont, en effet, publié des cas où le malade pendant l'accès (convulsif ou psychique) répondait aux questions qu'on lui posait et, une fois la crise passée, se rappelait tous les détails de celle-ci. Ces cas sont exceptionnels, et certains auteurs hésitent même à admettre leur nature épileptique.

J. Voisin, entre autres, a émis l'opinion que quand le souvenir d'un délire est très exact après un accès convulsif, il faut faire intervenir, dans un grand nombre de cas, la dégénérescence mentale. Il a cité l'observation d'une malade épileptique présentant un délire qu'elle se rappelle, un délire qu'elle ne se rappelle pas. Chaque accès délirant dure plusieurs jours et s'accompagne de manifestations convulsives.

Chez d'autres malades, l'activité mentale consciente est incomplète, le souvenir laissé par l'accès impulsif plus ou moins vague. Le sujet répond aux questions, sans que ses paroles soient toujours justes; il peut prononcer des paroles se rapportant à l'acte qu'il faisait au moment de sa crise impulsive. La crise passée, il se rappelle vaguement ses paroles, parfois même n'en a plus gardé le moindre souvenir.

Les variations de la mémoire au cours des troubles psychiques transitoires ont été soigneusement étudiées dans ces derniers temps par divers observateurs (Féré, Ball, Séglas, Tamburini, etc.). Ardin-Delteil, dans un tra

vail récent(1), a bien exposé l'état actuel de cette question. Nous nous bornerons à résumer, d'après cette étude, les faits que l'on peut considérer actuellement comme acquis à la science.

Dans la grande majorité des cas d'impulsions épileptiques, la perte de la connaissance est complète, le souvenir est anéanti: il y a amnésie primitive. Mais la conscience peut être plus ou moins bien conservée pendant la crise, comme nous venons de le voir; dans ces conditions, l'ictus épileptique, bien qu'insuffisant à produire la perte de connaissance, peut néanmoins être assez violent pour détruire, au moment du retour à soi, les images plus ou moins nettement perçues par la conscience pendant la crise. Cette variété d'amnésie, qui se rencontre fréquemment dans l'épilepsie psychique, a reçu le nom d'amnésie secondaire.

L'amnésie, au lieu de survenir au moment où le sujet reprend connaissance, peut ne se produire que plus tard. Pendant un temps plus ou moins long, le malade se souvient de ce qui s'est passé durant le paroxysme pour l'oublier complètement plus tard. Cette amnésie retardée a une grande importance au point de vue médico-légal, comme nous le montrerons tout à l'heure.

Chez certains malades, la perte du souvenir consécutive à la crise porte sur des faits antérieurs à la crise et accomplis en pleine conscience. C'est l'amnésie rétrograde dont on a publié divers exemples remarquables (Alsheimer, Séglas). Cette amnésie ne porte pas seulement sur les faits accomplis pendant l'aura prémonitoire, mais sur une période de plusieurs heures ayant précédé l'accès ; elle peut même englober des périodes de plusieurs jours et de plusieurs semaines.

De même l'amnésie, développée au cours de la perte de connaissance, peut porter sur les faits qui ont suivi le

(1) L'épilepsie psychique. Paris, 1898; pp. 46 et suivantes.

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