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les soldats n'en ont pas été la proie, sans doute ; mais il suffit, pour expliquer l'événement, que plusieurs l'aient ressentie. L'hallucination n'a pas été générale d'emblée, mais elle s'est communiquée comme par enchantement, elle s'est généralisée par sympathie et par entraînement. Le diable a pris aux yeux de plusieurs la forme d'un chien noir, et tous l'ont vu sous cette forme simple, dont la perception est commune. L'hallucination était des plus faciles, et sa répétition montre bien qu'elle était en pleine harmonie avec l'état psychique des soldats.

Le P. de Bonniot ne peut nier qu'il y ait eu là une véritable hallucination, mais il ne la tient pas pour naturelle et la croirait volontiers provoquée par le diable. « Ce chien, écrit-il, qui au même moment saute sur huit cents poitrines dans diverses chambres (1), cette épouvante qui saisit à la même minute tant d'hommes endormis, sont des signes certains que le phénomène dont parle le D' Parent était purement subjectif. Les officiers n'ont rien vu, sinon leurs soldats qui s'enfuyaient en criant ; ils ne devaient pas voir autre chose. Mais, bien que subjectif, ce phénomène n'était pas un simple cauchemar. Brierre de Boismont (2) l'explique par la fatigue, la chaleur et quelque gaz nuisible». C'est une manière de dire qu'on ne sait pas ce que c'est. L'hypothèse du cauchemar revient à supposer que huit cents imaginations, qui se donnent libre carrière chacune de son côté, comme cela a lieu pendant le sommeil, se rencontrent toutes, deux fois à la même minute (3), reproduisant exactement le même fantôme. Huit cents soldats, qui tirent à volonté dans un champ de manoeuvres, n'opéreraient pas une plus grande merveille, s'ils déchargeaient leur arme deux fois

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(1) Tous ces détails ne sont pas établis dans la narration du Dr Parent, et le P. de Bonniot ne fait pas état de la panique qu'a provoquée le cauchemar de quelques-uns.

(2) Op. cit., pp. 281 et suiv.

(3) Notre auteur fait erreur, la première hallucination ayant eu lieu à minuit, et la seconde vers une heure du matin.

seulement en vingt-quatre heures et avec tant d'ensemble qu'on n'entendît qu'un seul coup. Un principe incontestable, aussi bien dans les sciences d'observation qu'en métaphysique, c'est que des effets identiques demandent une cause identique. L'imagination de 800 individus est essentiellement variée et capricieuse; elle n'a donc pas pu enfanter la même image dans chacun d'entre eux. Admettre le contraire, c'est se jeter dans l'absurde par peur du merveilleux. Ce qui établit naturellement un commencement d'unité entre plusieurs imaginations, c'est l'instinct de sympathie; quand cet instinct ne peut s'exercer, ou l'harmonie n'existe pas, ou elle provient d'une cause extérieure qui sait mettre en œuvre les ressorts de l'imagination (1).

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Le recours au diable pour expliquer les faits extraordinaires est grave et dangereux : il nous paraît ici absolument inutile pour rendre raison de l'hallucination collective. L'explication naturelle du phénomène n'a rien d'absurde ni de contradictoire. Sans doute, à l'état vigil, l'imagination est en puissance de raison, et l'esprit n'est pas disposé à accepter sans contrôle, à subir docilement les entraînements ou les illusions des sens. Mais le cauchemar dont il est question se rattache à l'état morphéique, et le P. de Bonniot ne voit pas que cette circonstance est capitale et suffit à tout expliquer.

Dans le sommeil normal (2), l'attention disparaît et la sensibilité n'obéit plus à une règle supérieure; mais l'imagination ne se donne pas libre carrière, comme l'affirme notre auteur: elle se nourrit des souvenirs du passé et surtout des impressions de la veille. Le merveilleux agencement des images au cours du rêve n'est pas livré à l'arbitraire ni au caprice de l'imagination: il dérive du mécanisme cérébral et se rattache aux sensations domi

(1) Op. cit., pp. 101-102.

(2) Cf. Dr Surbled. Le Sommeil; Téqui.

nantes qu'a éprouvées le dormeur à l'état vigil. Cette vérité est encore plus manifeste dans le cauchemar qui s'alimente presque exclusivement d'impressions vraies exagérées par le trouble encéphalique.

Tout le monde sait, par expérience, le retentissement marqué et comme fatal qu'exercent sur le rêve les souvenirs les plus récents, surtout quand les faits observés ou entendus ont mis en mouvement l'imagination et remué la fibre sensible. Les histoires de revenants, racontées au coin du feu pendant les longues veillées d'hiver, ne manquent pas leur effet dans la nuit des dormeurs ; et la plupart disent au réveil qu'ils ont vu en rêve des personnages fantastiques, des scènes dramatiques et invraisemblables, fruit naturel et évident des récits entendus avant de se mettre au lit. Quelques-uns, plus nerveux, sont violemment agités et arrivent au cauchemar.

C'est ainsi que peut légitimement s'expliquer l'hallucination collective du régiment de la Tour d'Auvergne. Ces huit cents hommes, épuisés par la fatigue et la chaleur, ont été fortement remués, captivés, suggestionnés en quelque sorte par les histoires de revenants qu'on leur a contées. Ils étaient braves, mais crédules. A peine endormis, ils sont tombés dans le rêve, qui s'est généralement nourri du diabolisme redouté et qui a abouti chez un certain nombre à un même cauchemar, à une hallucination identique. L'imagination étant montée et tendue vers un même objectif, il n'y a rien d'étonnant à ce qu'une même image ait surgi dans les différents cerveaux. Dire le contraire, c'est se jeter dans l'absurde, par amour du merveilleux. Désireux de fixer les bornes précises de l'hallucination, le P. de Bonniot a formulé la proposition suivante :

Une représentation sensible qui se trouve à la fois et de tout point identique en deux ou plusieurs individus, si elle n'a pas été préparée par la perception antérieure du même type, ne saurait être une hallucination.

On peut s'autoriser de cette rigoureuse proposition

pour contredire son auteur, et affirmer que les soldats d'Italie ont véritablement subi une hallucination collective. Ils n'avaient jamais vu le diable, mais ils avaient tous observé bien des fois des chiens noirs; et c'est pourquoi leur cauchemar a incarné le démon, objet du rêve, sous la forme d'une perception ancienne et commune.

La proposition du P. de Bonniot - est-il besoin de le dire? garde toute sa force vis-à-vis des prétentions exorbitantes des savants qui ont un parti pris décidé contre le surnaturel et osent traiter d'hallucinations certaines apparitions merveilleuses dont notre époque a été favorisée.

L'hallucination collective est possible et, quoique rare, a été observée: voilà tout ce que nous prétendons. Il est, et il sera toujours facile, à la lumière de la raison et de la science, de distinguer radicalement des hallucinations les apparitions d'ordre surnaturel et divin, qui présentent des caractères spéciaux et nettement tranchés.

L'intervention de Dieu se reconnaît à des signes qui ne trompent pas. Ses ennemis seuls sont capables de la mettre en doute, mais ils sont trop ignorants pour savoir que le miracle est en soi une œuvre naturelle. Pour Dieu, il n'y a ni préternaturel, ni surnaturel. Qu'il suscite une image dans notre rétine ou qu'il place dans notre champ visuel un fantôme animé ou non, le miracle n'en est pas moins certain. C'est donc en vain que des matérialistes à courte vue s'ingénient à faire prendre les apparitions pour des hallucinations.

La puissance du Créateur est souveraine. Inclinons-nous devant elle, et avouons humblement que notre science est faible, courte et bornée autant que l'oeuvre de Dieu est grande et admirable.

D' SURBLED.

LES BOISSONS SPIRITUEUSES

AU POINT DE VUE DE L'HYGIÈNE

La consommation abusive des spiritueux produit des effets désastreux sur la santé, la moralité et la fortune publiques. Le mal préoccupe à juste titre les hygiénistes et les sociologues, et partout l'on voit les gouvernements s'attacher à la recherche de moyens de combattre efficacement le fléau de l'alcoolisme.

En Belgique, dès 1887, la Commission du Travail publia un mémoire sur la question de l'intempérance. En 1896, une commission spéciale, instituée pour l'étude de cette question, adressa un rapport à M. le ministre de l'Agriculture et des Travaux publics. A la même époque, le Service de santé et d'hygiène publique, ainsi que le Conseil supérieur d'hygiène, élaborèrent un projet de règlement sur le commerce des spiritueux, en exécution de la loi relative aux falsifications des denrées alimentaires. L'an dernier, M. le ministre d'État Le Jeune a déposé au Sénat un projet de loi tendant à l'adoption de diverses mesures destinées à prévenir et à réprimer l'abus des boissons fortes; et, dans le courant de la dernière session, la Chambre des Représentants a été saisie d'une proposition de loi sur la restriction progressive de la fabrication et de la consommation des boissons alcooliques distillées.

Le présent travail est un résumé succinct des principales données et considérations développées dans ces

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