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puissants et de sources de froid plus intenses. Ces expériences ne restèrent pas longtemps confinées dans les laboratoires : dès 1835, Thilorier, sans en modifier la méthode, donnait aux appareils de Faraday des proportions quasi industrielles et les employait à la liquéfaction de l'acide carbonique en grande quantité. Aujourd'hui, grâce aux travaux postérieurs de Faraday, à l'habileté et à la persévérance de savants tels que MM. Cailletet, Raoul Pictet, Wroblewsky et Olzewsky, et le professeur Dewar, il n'existe plus de gaz permanents: tous ont été réduits à l'état de liquides stables. Annoncer qu'on verrait l'atmosphère se précipiter en gouttelettes et en givre, et qu'on mettrait l'air liquide en bouteilles eût été, il y a vingt ans, traité de rêverie; c'est un fait aujourd'hui qui a passé des laboratoires dans les conférences de vulgarisation et dans l'industrie : les puissantes machines de Linde, idéal de simplicité, font couler l'air à flots, à l'ébahissement des spectateurs et au profit de la science, car ces brillantes conquêtes ont trouvé les applications les plus inattendues. Il faut savoir gré à M. Cauro d'avoir si bien réussi à condenser, dans un livre de quelques pages, l'exposé complet de l'état actuel de cette intéressante question, au double point de vue des méthodes et des applications.

L'ouvrage que nous présentons aux lecteurs de la REVUE n'est, à proprement parler, ni un Manuel destiné à l'enseignement, ni un Traité savant de la liquéfaction, surchargé de formules et destiné aux initiés. C'est plutôt un livre de bonne et sérieuse vulgarisation, s'attachant à la description des faits, à l'exposé et à la classification des méthodes et au détail des applications avec une rigueur scientifique qui ne se dément nulle part et s'allie partout à la clarté.

L'auteur consacre un premier chapitre aux propriétés géné rales des gaz et des liquides; de nombreux diagrammes donnent très heureusement une forme sensible aux abstractions de la théorie. La notion capitale du point critique nous paraît particulièrement bien exposée. Quelques lecteurs regretteront peutêtre de ne pas rencontrer dans ce chapitre, sinon l'examen appro fondi, du moins un exposé succinct des hypothèses émises depuis Cagniard de Latour jusqu'à Battelli relativement à l'état des corps au point critique (1); on conçoit cependant très bien que

(1) On trouvera cet exposé dans un Bulletin de Physique du R. P. J. de Joannis, S. J., intitulé: Hautes et basses températures. ÉTUDES RELIGIEUSES, PHILOSOPHIQUES, HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES, 15 août 1893.

He SERIE. T. XVI.

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cette discussion, quoique intéressante, ait été écartée pour l'accueillir dans son livre, M. Cauro eût dû élargir le cadre qu'il s'est tracé. Après avoir demandé à la théorie les conditions qu'il faut réaliser pour faire passer un gaz à l'état liquide, l'auteur en déduit les méthodes de liquéfaction, qu'il groupe d'une façon parfaitement rationnelle d'après les principes dont elles dérivent. L'exposé des huit méthodes principales l'amène tout natu rellement à décrire les appareils que leur application suppose et a fait inventer; il termine ce second chapitre par quelques indications sur la conservation des gaz liquéfiés.

Passant ensuite du laboratoire à l'usine, M. Cauro nous présente, dans une description sommaire, quelques types d'appareils industriels : la machine à absorption de Carré, les machines à compression de Linde, de Pictet, de Hall, et la machine à chlorure de méthyle de Douane que le bon marché actuel du chlorhydrate de triméthylamine a rendue décidément pratique. Avant d'aborder l'aperçu historique qui fait l'objet du chapitre IV, nous rencontrons, traitée avec détail, la question des récipients à gaz liquéfiés : l'importance de cette question ressort des applications nombreuses que les sciences et l'industrie font aujourd'hui de ces gaz, soit par l'utilisation directe du liquide, soit pour la production du froid.

Ces applications sont d'une étonnante variété; leur seule énu mération suffit à remplir le cadre d'un dernier chapitre. Le côté utilitaire des choses est une question obsédante pour certains esprits: M. Cauro désire les satisfaire pleinement. Il leur rappelle la découverte du néon, du crypton et du métargon, gaz que la Chimie se reconnut impuissante à séparer et que la liquéfaction permit aux physiciens d'isoler par la distillation fractionnée. Quant au froid obtenu par les gaz liquéfiés, il a déjà considérablement développé la chimie des basses températures; il permet à la brasserie d'arrêter et de diriger le développement des fermentations et constitue un des meilleurs agents de conservation des substances alimentaires. Il est aussi un auxiliaire très efficace dans le forage des puits de mine en terrains aquifères inconsistants; etc.

Des notes, qui terminent l'ouvrage, rappellent brièvement des expériences importantes de Cagniard de la Tour, d'Andrews, de Drion et d'Amagat, et donnent les points critiques et les points d'ébullition sous la pression atmosphérique des gaz liquéfiés.

A. G.

IV

LA PSYCHOLOGIE NATURELLE, par le Docteur W. NICATI. Un vol. in-18 de xx11-423 pages de la Bibliothèque des Sciences contemporaines. Paris, Schleicher frères, 1898.

Dans l'article sur la lumière et les couleurs publié ici même en avril dernier, nous avons mentionné, d'après une étude insérée dans les ARCHIVES D'OPHTHALMOLOGIE, la théorie des couleurs du Dr Nicati. Nous ne connaissions pas alors un ouvrage, où cet auteur avait récemment développé la même théorie en l'entourant d'une foule de considérations qui, pour être souvent contestables, n'en méritent pas moins de fixer l'attention.

Ce traité de psychologie, que nous allons examiner rapidement, débute par une étude de la psychologie sensorielle dans la couleur, étude remplissant plus de 150 pages. Sans nous astreindre à en faire un résumé régulier, nous signalerons les idées qui nous ont le plus frappé.

On se souvient peut-être que, généralisant d'une façon hâtive quelques résultats de l'observation, nous avions été porté à considérer la couleur comme ayant un caractère absolument relatif, mais que quelques expériences instituées pour vérifier cette hypothèse nous en avaient bientôt détourné. Nous avions trouvé ensuite, spécialement dans les travaux de Charpentier et de Parinaud, la confirmation complète du résultat négatif de nos expériences. Or, le Dr Nicati soutient précisément cette thèse que nous avions abandonnée; la justification qu'il prétend en donner nous paraît des plus inexactes. Il prétend, en effet, que, dans le Jaboratoire de photographie, la sensation de couleur rouge ne tarde pas à s'effacer. Or, si elle s'atténue tant que nous ne regar. dons que les objets qui nous entourent, résultat tout naturel de la loi générale d'après laquelle une excitation sensorielle de faible variation cesse d'être remarquée, il n'en est plus du tout de même lorsqu'on vient à regarder le verre par lequel pénètre la lumière dans le laboratoire alors, quel que soit le temps depuis lequel on s'y trouve, la couleur rouge apparaît avec toute son intensité.

Sur un autre point, nous serions bien porté à être d'accord avec le Dr Nicati, qui, comme les peintres, adopte pour couleurs fondamentales le bleu, le jaune, et le rouge. Il y a là un phénomène subjectif incontestable, bien que certains auteurs soutien

nent que la sensation du vert n'a rien de commun avec celles du bleu et du jaune, mais notre auteur ne donne pas plus que tout autre une explication de ce privilège de certaines radiations, et les partisans de la triade violet, vert, rouge peuvent faire valoir qu'il est plus vraisemblable d'adopter trois couleurs embrassant la totalité de l'échelle spectrale.

Le Dr Nicati a, d'ailleurs, ce qu'il faut pour être peintre impressionniste, se montrant extrêmement sensible aux nuances produites par les variations de l'intensité lumineuse et par tous les effets de contraste. "Qu'est-ce qui donne, dit-il, leur charme aux levers et aux couchers du soleil ? Ce n'est pas seulement la coloration plus prononcée; ce n'est pas non plus la seule présence d'ombres plus longues; c'est, avant tout, le changement gradué de l'intensité lumineuse. Par lui et grâce aux nuances ou changements de teinte qu'il provoque, le thème est modifié d'instant en instant, non seulement en valeur, mais aussi en teinte (p. 66). „

Au point de vue du mécanisme physiologique, ce qui nous a le plus intéressé, comme n'étant pas counu de nous, c'est le rôle de l'épithélium. En arrière de la rétine se trouvent de grandes cellules noires de pigment dont la base postérieure repose sur l'enveloppe de l'œil et dont la base antérieure est en contact avec les cônes et les bâtonnets, par l'intermédiaire d'un puissant chevelu de plasma pigmenté.

Ce chevelu présente des mouvements très curieux. Si, en effet, on sacrifie deux animaux, dont l'un avait la face exposée à une vive lumière et dont l'autre était maintenu dans l'obscurité, on constate, quand on détache leurs rétines, que celle du premier est toute noire, extérieurement, des cellules épithéliales qui y adhèrent, tandis que l'autre en est absolument dépouillée, l'épithélium restant attaché au fond de l'œil. Si, d'ailleurs, on fait l'examen microscopique de deux yeux tels que les précédents, en fixant les éléments au moyen d'acide osmique, on constate que, dans la rétine obscure, le chevelu est massé en boules contre les cellules épithéliales, tandis que, dans la rétine éclairée, les cônes et les bâtonnets baignent de toute la longueur de leurs tiges terminales dans l'épaisseur du chevelu.

Ces mouvements épithéliaux, découverts par Boll en :877, paraissent expliquer le phénomène d'éblouissement qu'on éprouve en sortant brusquement de l'obscurité la lumière, trouvant les bâtonnets libres, est diffusée de l'un à l'autre, ce qui empêche la netteté des perceptions, tandis que, dans l'œil

adapté à la lumière, les bâtonnets sont plongés dans une gangue noire empêchant la diffusion.

Le Dr Nicati attribue, d'ailleurs, un rôle de premier ordre à l'épithélium: il en fait le lieu de transformation de la lumière en excitation nerveuse. Un premier argument est tiré de la topographie de la rétine: ainsi que nous l'avions fait remarquer dans notre article sur la lumière et les couleurs, les cônes et bâtonnets, terminaisons nerveuses, ont le dos tourné à la lumière, et leur face est par suite dirigée vers l'épithélium, ce qui semble indiquer que leur excitation vient de celui-ci. Certains mollusques, il est vrai, ont leurs terminaisons nerveuses placées à la surface antérieure de la rétine; mais ces yeux n'en présentent pas moins du pigment dans le voisinage immédiat des bâtonnets. On a, d'ailleurs, une vérification de l'hypothèse dans les phénomènes qui accompagnent le décollement de la rétine: ce décollement, qui se produit entre l'épithélium et les terminaisons nerveuses, est accompagné d'une diminution d'intensité de la sensation, et cette diminution varie en même temps que la distance entre les deux membranes.

Notre intention n'est pas d'étudier la psychologie à laquelle sert de base l'important travail spécial dont nous venons d'indiquer quelques points; mais nous signalerons la terminologie toute particulière, qui vient ajouter à l'obscurité assez générale du style du Dr Nicati. Le terme ÉMOTION est synonyme de variation électrique (p. 203), et l'INTELLIGENCE est le choix ou la distribution de l'onde émotionnelle entre les voies de la pensée (p. 239). L'intelligence rétinienne donne un exemple caractéristique de cette terminologie. On se souvient que, pour le Dr Nicati, les différents courants électriques nés dans l'épithélium sont triés, suivant leur intensité et leur tension, par les fibres nerveuses qui font suite au plexus basal où aboutit le neurone initial. Ces fibres constituent donc l'organe de l'intelligence rétinienne. Dans la rétine des oiseaux, où des globes absorbants, teintés de diverses couleurs, sont interposés entre les bâtonnets et la lumière, ces globes constituent de même un organe de triage, c'est-à-dire d'intellection.

Sans insister davantage, nous signalerons, comme méritant d'être étudié de près, un rapprochement détaillé entre les impressions d'ordre acoustique et celles d'ordre lumineux (pp. 373-388).

G. LECHALAS.

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