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II

LES COMBUSTIBLES AUX ÉTATS-UNIS

II. - LE PÉTROLE (1)

Si déjà avant la guerre, la lutte était engagée entre le charbon et le pétrole, depuis l'armistice le champ et l'acharnement de la lutte ne connaissent plus ni trêves ni limites. La pénurie et le haut prix du charbon en Europe, les progrès de l'aviation, les services rendus par les automobiles pendant la guerre et la multiplication rapide de ces véhicules depuis quatre ans ont donné au pétrole une vogue extraordinaire qui a poussé prospecteurs et ingénieurs à en intensifier la production et à en faciliter l'emploi. Au premier rang des producteurs, et de loin et depuis toujours, les États-Unis n'ont qu'une crainte : l'abondance de leurs réserves est-elle assurée ? Les appréciations de leurs spécialistes et géologues sur l'importance de ces réserves sont loin d'être précises et concordantes et les richesses en huile que renferme le sous-sol de leurs concurrents sont aussi imparfaitement évaluées.

Hérodote, paraît-il, aurait déjà connu les puits de pétrole de la Perse; en tout cas, ces souvenirs classiques n'étaient pas présents à la mémoire des paisibles fermiers de la région de Titusville, au N.-O. de la Pensylvanie. Ils avaient bien remarqué que des matières huileuses apparaissaient de temps à autre à la surface du sol; mais ils se bornaient à les recueillir telles quelles plutôt par curiosité que pour l'usage. En 1859, un d'eux, nommé Drake, entreprit le forage d'un puits et arrivé à 22 m. de profondeur, au lieu de l'eau qu'il cherchait, tomba sur une nappe d'huile.

Désolé, il ne comprit pas qu'il avait la richesse sous la

(1) Cfr. REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES, janvier 1922; avril 1922.

main; ce n'est qu'un peu plus tard que furent reconnues les propriétés de ce liquide gluant, salissant et puant. Les environs boisés et pittoresques de Titusville, où les habitants des fermes clairsemées menaient une existence si calme, furent transformés et envahis par les chercheurs d'huile et leurs « derricks ». Depuis lors, la fièvre du pétrole a sévi presque continuellement aux États-Unis avec ses alternatives de déclin et de recrudescence.

Si beaucoup de capitalistes ont réalisé de belles fortunes dans cette industrie, il y a peu de genres d'affaires dans lesquels de plus grandes sommes d'argent aient été perdues. Que de puits considérés comme fabuleux n'ont eu qu'une existence éphémère ! La découverte du pétrole dans une région y provoque toujours un « boom » et en peu de temps la valeur des terrains augmente dans des proportions américaines. L'esprit de spéculation qui tente la foule est habilement exploité par des brasseurs ou des lanceurs d'affaires et témérité, naïveté, ignorance, amour du lucre et du risque amènent des catastrophes.

De 1859 à 1920, les États-Unis ont produit, en chiffres ronds, de 8 à 9 milliards d'hectolitres de pétrole. A partir de 1875, leur production double environ tous les 10 ans :

1875 12.500.000 barils (1) 1885 22.000.000

1895 53.000.000

1903 100.000.000

1910 218.000.000

1920 443.000.000

1921 470.000.000 barils.

Depuis plusieurs années, leur quote-part annuelle dans la production mondiale n'est pas inférieure aux deux tiers, malgré le nombre croissant de rivaux, malgré l'apparition du Mexique dont la production toute récente était déjà en 1919 supérieure à celle de la Russie de 1916.

De 1857 à 1916, les États-Unis ont fourni 60 % de la production mondiale, la Russie 27 %, le Mexique et les Indes Hollandaises chacun 2.5 %, la Roumanie et la Galicie chacune 2%. Depuis 1916, la situation est devenue trop

(1) Le baril contient officiellement 42 gallons ou 160 litres ; en fait, cette mesure est dépassée,

anormale en Russie, Roumanie et Galicie, pour qu'on puisse prolonger jusqu'en 1920 la période de comparaison.

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La production mondiale de 1920 atteint 684 millions de barils. Dans ce total la part des

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Le pétrole qui à ses débuts est resté assez longtemps un produit dont l'Est, avait le monopole naturel, comme celui du charbon, est actuellement la richesse de l'Ouest, du Centre, du Sud des États-Unis. Sa répartition est plus large que celle de la houille. On peut ramener à cinq les grandes zones pétrolifères et plusieurs d'entre elles ont successivement occupé le premier rang.

Le bassin apalachien est le plus ancien, et jusqu'en 1875, pendant 16 ans, il fut le seul qui alimentât le marché national; à partir de 1887 sa quote-part descend à 90 %, elle tombe à 50 % en 1901 et à 6 % environ actuellement. Il s'étend du Nord au Sud le long du flanc occidental de la chaîne des Alleghanys, de l'État de New-York à celui d'Alabama, et ne dépasse pas vers l'Ouest le centre de l'Ohio. Le rôle de la Pensylvanie y a été prédominant

pendant de longues années, mais les mais les nouveaux puits de la Virginie occidentale et plus récemment ceux du Kentucky ont maintenu la production. En 1920, elle atteint 30.000.000 de barils, chiffre de 1905, dont 8.700.000sont fournis par le Kentucky, 8.000.000 par la Virginie, 7.500.000 par la Pensylvanie. De tous les pétroles américains, c'est celui dont les prix sont les plus élevés, parce qu'il est le plus apprécié ; il ne contient ni soufre ni asphalte, il est le plus riche en huile d'éclairage et légères.

essences

L'Ohio occidental et l'Indiana forment le bassin de Lima-Indiana, exploité depuis 1886 et auquel on peut rattacher l'Illinois, leur voisin; ces trois États constituent le groupe du Nord. L'importance de Lima-Indiana a passé de 4 % en 1886 à 41 % en 1896, son maximum; sa chute rapide l'a ramené à 1,5 %; ce recul ne tient pas seulement aux progrès des autres zones, mais aussi à l'appauvrissement de la région. Son huile est fortement sulfureuse; ce qui rend le raffinage difficile. Grâce à l'Illinɔis, aussi en recul, mais dont la production en 1920 atteint 10.700.000 barils, soit à peine la moitié de son rendement en 1913, mais le triple du Lima-Indiana, le groupe du Nord se maintient.

L'huile de l'Illinois est de meilleure qualité, elle contient asphalte ou paraffine dans des proportions très variables, mais rarement assez de soufre pour exiger un traitement spécial.

Le troisième groupe se subdivise comme le précédent et comprend avec le « Mid-Continent >> ou région centrale formée du Kansas, de l'Oklahoma et de la plus grande partie du Texas, le « gulffield » ou zone côtière englobant la Louisiane et le reste du Texas. Le Centie, mis en valeur depuis 1889, a vu son importance et sa quote-part croître sans cesse et par bonds; elle atteignait 24 % en 1913, 45 % En 1916, 55 % en 1920 et même 62 % si l'on y ajoute la production du Golfe. Ces progrès tiennent surtout à la richesse extraordinaire de l'Oklahoma et du Texas. Grâce à leur énorme rendement (Oklahoma: 105.700.000 batils en 1920; Texas 96.000.000; Kansas, 38.500.000), les États-Unis conservent leur prépondérance sur le marché

du pétrole, mais leur production a changé de caractère : ces pétroles sont surtout à base d'asphalte, riches en huiles lourdes de chauffage et de graissage. On rencontre cependant dans le Centre, mais non dans la zone du Golfe, les deux extrêmes au point de vue de la teneur en soufre et en asphalte. L'importance de cette zone est de date récente. En 1907, l'Oklahoma et le Kansas réunis ne donnent que 45.000.000 barils, et 144.000.000 en 1920. Le Texas passe par bonds de 11.000.000 en 1908, à 96.000.000 en 1920. La présence du pétrole dans le sous-sol de la Louisiane était connue depuis 1872, mais aucune tentative d'exploitation n'avait été faite jusqu'en 1901, année de la découverte du fameux puits de Beaumont (Texas). Lorsqu'on passe par les vastes plaines de la Louisiane méridionale, la géologie de cette région semble à première vue remarquablement simple, mais les sondages ont montré que les roches dans lesquelles on trouve le pétrole sont tordues en forme de vastes dômes. Les terres d'alluvion qui composent la couche supérieure très unie du sol cachent des roches sousjacentes qui ont été fortement tourmentées par des mouvements anciens; c'est dans ces couches ou à proximité que se rencontrent soufre, sel et pétrole.

Dans la zone des Rocheuses, l'on compte jusqu'à présent cinq États dont le sous-sol contient du pétrole, le Colorado, le Montana, l'Utah, le Nouveau-Mexique, le Wyoming, mais en fait, un seul d'entre eux, le Wyoming, retient l'attention. Depuis 25 ans, le Colorado et l'Utah livraient quelques rares barils, quand le Wyoming, dont l'extraction n'atteint que 22.000 barils en 1909, dépasse le million et demi en 1912, et 17.000.000 en 1920. Au centre de la région montagneuse et minière, il touche à l'Idaho riche en plomb, à l'Utah et au Montana connus pour leur cuivre.

Le long du Pacifique, dans la moitié Sud de la côte californienne, les gîtes de pétrole répondent aux charbonnages de l'extrémité Nord du Washington. Connue dès 1886 pour sa zone d'huile du comté de Ventura, la Californie resta longtemps au nombre des petits producteurs 300.000 barils en 1890, 4.000.000 cn 1900. Mais depuis quinze ans, ses progrès ont été très rapides; elle lutte avec l'Oklahoma pour le premier rang, sa production oscillant autour de

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