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Curie. A la suite de leurs premiers travaux, une puissante Société de produits chimiques offrit aux savants la main-d'œuvre et le matériel indispensables; le professeur Suess, de Vienne, leur fit envoyer, par le Gouvernement autrichien, la pechblende nécessaire à la continuation de leurs travaux. Des dons anonymes, des prix divers encouragèrent M. et Mme Curie dans leur œuvre difficile.

La féconde collaboration des deux savants fut malheureusement interrompue par la mort brutale de Pierre Curie, écrasé, le 19 avril 1906, par un camion lourd (1). Depuis lors, Mme Curie continue seule ses travaux (2).

Elle a quitté son modeste laboratoire primitif et dirige à l'heure actuelle, à Paris, l'Institut du Radium ouvert rue Pierre Curie et entre enu à frais communs par l'Université de Paris et l'Institut Pasteur.

de pechblende et départit la masse en 8 à 10 groupes chimiques. Loin de se prévaloir de cette collaboration, Bémont avec une touchante simplicité laisse aux Curie tout le mérite de la découverte, déclarant qu'il avait été heureux de rendre à P. Curie un de ces petits services comme on s'en doit entre collègues.

(1) Pierre Curie, fils d'un médecin, était né à Paris en 1859. Il était attaché comme professeur à l'École municipale de Physique et de Chimie industrielle de la Ville de Paris. En 1903 il reçut la médaille Davy, une des plus hautes récompenses de la Société Royale de Londres. La même année le prix Nobel lui fut attribué en partage avec sa femme et avec Becquerel. En 1904 on créa pour lui à la Sorbonne une chaire de Physique générale et on y adjoignit un laboratoire dont, quelques mois après, Madame Curie fut nommée chef des travaux. Il fut nommé membre de l'Académie des Sciences en 1905. Pierre Curie était un homme d'une grande simplicité et d'une grande modestie. Indifférent aux distinctions honorifiques récompensant ses travaux, il acceptait volontiers prix et subventions, les considérant comme d'utiles contributions à son œuvre scientifique.

(2) L'Institut du Radium comprend deux laboratoires autonomes, mais travaillant en collaboration étroite. Le Pavillon Curie est rattaché à la Chaire de Physique générale de la Faculté des Sciences. Madame Curie y a pour collaborateur le professeur Debierne.

Le Pavillon Pasteur s'occupe, sous la direction du professeur Regaud, des applications biologiques et médicales.

IVe SÉRIE. T. II.

2

On se souvient qu'en 1921, une Américaine, Madame Melonay, vint rendre visite à Mme Curie, et fut stupéfaite d'apprendre qu'elle avait à sa disposition un seul gramme de radium pour poursuivre ses travaux ! A son retour aux États-Unis, elle ouvrit une souscription et recueillit parmi les femmes d'Amérique les fonds nécessaires pour offrir à Mme Curie un second gramme de radium. Ce royal cadeau fut exceptionnellement remis « à la plus grande femme de France » par le Président des États-Unis luimême (1).

Terminons cette première partie en insistant sur les circonstances heureuses qui favorisèrent la géniale inspiration de Mme Curie. Elle hérita de son père le goût du laboratoire; son union avec Pierre Curie fit vivre auprès d'elle un homme auteur d'une instrumentation particulièrement précieuse pour ses recherches. Pierre Curie luimême dut à ses travaux faits en collaboration avec son

frère, la réalisation du quartz piézo-électrique Quant à Henri Becquerel, il doit aux travaux de son père (2) d'avoir choisi les sels d'uranium pour essayer de répondre expérimentalement à l'interrogation posée par Poincaré. Ce dernier fut en quelque sorte l'animateur de la découverte de la radio-activité, provoquée par une simple

(1) Il est de tradition que le Président des États-Unis ne doit pas remettre à la Maison Blanche des cadeaux faits par la nation. Mac Kinley refusa de remettre à Dewey l'acte de propriété qui lui fut offert par la nation américaine en reconnaissance de ses services, et le Président Wilson ne consentit pas à remettre au général Pershing l'épée d'honneur qui lui fut offerte par la nation américaine à son retour de la campagne de France.

(2) Les Becquerel se signalent depuis quatre générations par leurs remarquables travaux. Antoine-César Becquerel, né en 1788, mourut en 1878. Alexandre-Edmond Becquerel vécut de 1820 à 1891. Antoine-Henri Becquerel, né en 1852,est mort en 1908. Comme son père et son grand-père, il fut membre de l'Institut. Il laisse actuellement un fils, Jean, marchant sur ses traces. Ancien élève de l'École Polytechnique, il est titulaire au Muséum d'Histoire naturelle de la Chaire occupée par son père et son grand-père

association d'idées, rendue possible par la trouvaille de Roentgen.

Dans le domaine scientifique « tout n'est point dit » et l'on ne vient jamais trop tard, mais trop tôt quelquefois.

Et ce champ ne se peut tellement moissonner

Que les derniers venus ne trouvent à glaner.

Bien au contraire, celui qui récolte n'a pas toujours fait les semailles et le fécond labeur de tous favorise l'éclosion des grandes découvertes.

II. LES PROPRIÉTÉS DU RADIUM

Après avoir exposé l'histoire de la découverte du radium, examinons les propriétés de ce merveilleux produit. Nous interrogerons successivement le chimiste et le physicien.

Le chimiste va nous répondre avec sécheresse.

Le radium est un métal proche parent du baryum. De tous les corps radio-actifs, il est le seul qui soit isolé et caractérisé par son spectre et par son poids atomique.

Son spectre a plusieurs lignes bien définies; 2 particulièrement sont caractéristiques, l'une de longueur d'onde 3649, l'autre de longueur d'onde 3814.

Le poids atomique égale 226.

Le radium existe à l'état de sels, sels qui sont plus ou moins riches en radium métallique :

Le carbonate de radium contient 79 % de radium métall.

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encore une opération complexe, légitimant le prix élevé (1) atteint par ce produit. La quantité de radium extraite, variable suivant la richesse du minerai, est environ la milliardième partie des produits mis en œuvre. Précisons par les chiffres empruntés à Muguet (2) : Dix milligrammes de radium sont extraits de 4000 tonnes de minerai. On utilise pour le traitement: 8000 litres d'eau, 1900 kg. de produits chimiques. On grille le minerai avec du carbonate de soude, on lave à l'eau, on traite par l'acide sulfurique étendu. L'urane se dissout, les substances radio-actives précipitent, et sont soumises à divers traitements. On obtient finalement un précipité de carbonate de baryum et de radium. Le produit est transformé en chlorure. La première opération est terminée.

Une tonne de minerai donne environ 8 kg. de chlorure de baryum radifère, produit 60 fois plus radio-actif seulement que l'uranium. Pour obtenir un produit actif (le radium est environ 2 000 000 de fois plus actif que l'uranium), il faut séparer le radium du baryum. On me à profit la différence de solubilité des deux sels. Si l'on fait cristalliser la solution, les cristaux qui se forment les premiers sont plus riches en radium que les chlorures restant dans l'eau mère. Ces cristaux sont recueillis et dissous et la solution laisse déposér des éléments encore plus riches en radium que ceux de la première opération. Grâce à des cristallisations successives et multiples, on obtient le sel de radium à l'état pur.

En 1919, Madame Curie a réussi à isoler le radium métallique en décomposant par l'électrolyse avec une cathode de mercure et une anode en platine une solution de chlorure de radium pur. Elle obtint ainsi un amalgame

(1) On trouve actuellement le bromure de radium hydraté à 750 fr. le milligramme, ce qui porte à 1400 fr. le milligramme de radium métallique.

(2) Revue Scientifique, 1915, pp. 622-625.

de radium, c'est-à-dire une combinaison de radium et de mercure. Cet amalgame, distillé dans l'hydrogène pur, laisse comme résidu le radium. C'est un métal s'altérant à l'air libre et noircissant rapidement. Il adhère fortement au fer, détermine sur papier blanc un noircissement analogue à la brûlure, décompose l'eau, se dissout en grande partie en laissant un résidu noirâtre, soluble presque totalement dans l'acide chlorhydrique étendu d'eau.

Il y aurait certainement plus à dire sur la chimie du radium, mais nous craignons d'entrer dans des détails trop techniques et nous avons hâte d'interroger maintenant le physicien. Il nous racontera le roman du radium.

Nous disons « roman », tant sont merveilleuses et inattendues les propriétés de ce métal prodigieux, dont les manifestations méritent presque le nom de manifestations vitales. La métaphore n'est pas trop hardie pour un produit dont nous verrons la naissance, la vie, la mort et dont nous étudierons la généalogie et la lignée.

LES MANIFESTATIONS VITALES DU RADIUM. Nous entendons par manifestations vitales du radium, les phénomènes extérieurs par lesquels il nous révèle son existence. Le radium est à la fois source de chaleur, de lumière et d'électricité.

Le radium est une source de chaleur, sa température marque 3o de plus que celle des corps environnants. Il est facile de mettre le phénomène en évidence. On verse dans un tube à essai un peu de chlorure d'éthyle, corps entrant en ébullition à basse température. On échauffe le tube avec les mains et bientôt le liquide se met à bouillir. Si on l'abandonne alors à la température de la salle, l'ébullition s'arrête. A ce moment, laissons descendre dans le liquide un tube de radium, le liquide dont la température est proche de l'ébullition recommence à bouillir. Le phénomène s'arrête dès qu'on retire le radium et l'on répète à volonté l'expérience.

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