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seule propriété du gyrus; cette région est encore capable de modifier les actes moteurs, de les arrêter par exemple, ou bien encore de les faciliter La curieuse fonction d'arrêt ou d'inhibition comme on l'appelle fut attribuée au gyrus par Bubnoff et Heidenhain en 1881. Ils annoncèrent que de faibles excitations électriques de la zone motrice suspendaient la contraction d'un groupe de muscles, les extenseurs des doigts, par exemple, qu'une plus forte excitation de la même région avait mis en mouvement. En 1884, Brown-Séquard (1) confirmait le phénomène : « Toute faradisation de la zone motrice déterminant du mouvement, cause simultanément de l'inhibition dans nombre de parties de l'encéphale et de la moelle »; la même annér (2), il constatait que la zone motrice pouvait à son tour être arrêtée dans son activité par des irritations provenant d'autres régions du cortex cérébral, au point de perdre complètement sa puissance motrice, et il recherchait dès ce moment la nature exacte et le siège de ce mécanisme inhibiteur dont il a accumulé de nombreux exemples.

Ce fut Sherrington qui démontra nettement que tout acte moteur provoqué par une excitation du gyrus était accompagné du relâchement du groupe de muscles antagonistes. En expérimentant sur le singe, il constata que l'excitation d'un endroit précis qui produisait le mouvement d'un segment de membre, l'extension du coude, était accompagnée d'un relâchement du muscle biceps; cette diminution de la tonicité musculaire est facilement perçue par la palpation et, dès que cette expérience fut instituée, elle attira vivement l'attention des observateurs. <«< Celui qui à Cambridge a été témoin de l'expérience de Sherrington montrant l'effet relâchant qu'accompagne l'excitation du muscle antagoniste a enrichi son expérience

(1) Brown Séquard, C. R. BIOL., 7 mai 1884. (2) Brown Séquard, C. R. BIOL., 10 mai 1884.

pour toujours. Je sens encore le triceps du singe se fondre pour ainsi dire entre les doigts, au moment que le biceps se contracte »> (1). Sherrington étendit l'étude de ce phénomène à tous les muscles des membres et des yeux et lui donna le nom d'innervation réciproque des antagonistes. C'est un des plus curieux mécanismes nerveux que la physiologie ait le mieux pénétrés au cours de ces dernières années.

Une autre propriété modificatrice du mouvement appartient aussi au gyrus, c'est le pouvoir d'augmenter l'activité d'autres régions de l'axe cérébro-spinal, pouvoir dynamogénique de Brown-Séquard (2).

Exner (3) a bien mis en évidence ce phénomène dans une expérience sur la zone motrice du lapin; après avoir observé qu'une excitation périphérique du tégument d'une patte était trop faible pour produire des contractions réflexes de ce membre dans les muscles du pouce, il constata qu'une excitation simultanée, et inefficace par elle-même de la zone corticale de ce muscle, pouvait produire un mouvement, lorsqu'on la combinait avec la première excitation périphérique. Les deux irritations produites séparément n'agissaient pas, mais lorsqu'elles étaient effectuées en même temps, elles avaient un résultat ositif; la secousse réflexe était facilitée par l'influx nerveux venant du cerveau. L'action dynamogénique est la dernière propriété qu'on puisse attribuer à la zone motrice, dans l'état actuel de nos connaissances.

Nous avons passé en revue les différentes méthodes expérimentales utilisées pour l'étude des fonctions motrices du cerveau.

L'excitation électrique du cerveau a déterminé le siège exact des centres moteurs ; on peut se demander si

(1) Hamburger, Discours d'ouverture du Congrès international de Physiologie. Groningue, 1913.

(2) Brown Séquard, C. R. Soc. BIOL., 1887, p. 261.

(3) Exner, PFLUGERS ARCH. 18. 487, 1882.

IVe SÉRIE. T. II.

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l'excitant volontaire n'utilise pas encore d'autres régions qui ne seraient pas excitables par l'électricité. La méthode de l'ablation confirme la méthode de l'excitation et, chez les animaux présentant dans la région motrice un mélange d'éléments moteurs et sensibles, l'expérience de l'anémie renforce nos connaissances en prouvant l'existence séparée des éléments moteurs et sensibles.

Enfin, l'extirpation de la zone motrice, en mettant en évidence les phénomènes de suppléance attire l'attention sur le rôle important des centres sous-corticaux, dont l'étude est à peine ébauchée actuellement.

Les méthodes de recherches que possède la science ne nous ont pas permis d'aller plus avant dans l'étude expérimentale des fonctions mctrices du cerveau.

G. BATTEZ,

Agrégé de Physiologie

Prof. à la Faculté libre de Méd. de Lille.

(1)

Sciences et métaphysique

Dans le domaine des idées notre vingtième siècle se dégage du pesant matérialisme que lui a légué le dixneuvième. Ce matérialisme s'était autrefois développé avec les progrès remarquables de la science expérimentale. Aussi n'est-il pas étonnant que le monde des savants soit aujourd'hui le dernier touché par le nouveau courant. Trop nombreux sont encore ceux qui se méfient de la philosophie pure ou métaphysique. Beaucoup même sont convaincus que la Vérité sort exclusivement des laboratoires. « La métaphysique serait un pur verbiage, amusement des esprits neufs ».

Eh bien non... Il est possible à l'homme d'atteindre d'autres vérités que les trouvailles du savant. Bien plus, c'est parce qu'il est capable de métaphysique, que l'homme peut élaborer la science. Nous allons tâcher de montrer comment, outre la science, la métaphysique s'impose. Nous préciserons leurs domaines respectifs. Puis nous verrons comment ces deux aspects du savoir se compénètrent et se complètent; comment la métaphysique permet d'expliquer et de juger la science.

La science répond à la question : « Qu'est-ce que le monde ? » en répondant à cette autre : « Comment faut-il imaginer le monde ? »... Entendons-nous. Cela ne veut pas dire que la science soit uniquement affaire d'imagina

(1) En parlant de sciences, nous avons surtout ea vue les sciences physico-chimiques. Pourtant, moyennant quelques précisions de détail, les idées fondamentales de notre essai valent pour toute science positive.

tion; elle est avant tout travail d'intelligence. Elle exprime ses résultats en termes de pensée abstraite, en des concepts généraux. Mais ces concepts, d'une part, elle les détermine uniquement par l'étude des phénomènes sensibles qu'ils embrassent, et d'autre part, elle ne leur demande que de fournir la clef permettant de retrouver et de prévoir les phénomènes. Nous expliquerons cela plus à fond dans la suite. Bornons-nous pour le moment à constater que tel est bien l'objet de la science.

Esquissons la suite de ses démarches. Le savant commence par ouvrir grandes, les portes de ses sens, puis pour suppléer à l'insuffisance de ceux-ci, il se construit d'ingénieux appareils qui centuplent leur acuité ou qui lui en créent en quelque sorte de nouveaux. Il observe le monde dans ses moindres détails. Les observations sont généralement guidées par un but entrevu, un pressentiment à vérifier. Mais schématisons et laissons cette première démarche à ce qu'elle a de spécifique. Voici l'imagination enrichie d'un opulent butin de phénomènes. Le savant peut rebâtir le monde avec ces matériaux, il peut l'imaginer; il ne sait pas encore comment il doit le faire.

Car son intelligence a conscience, même avant que les sens lui aient indiqué des consécutions et des groupements constants, que des unités, des nécessités dominent les phénomènes fluents et dispersés; unités et nécessités que l'intelligence n'a pas à y mettre suivant son bon plaisir, mais qu'elle doit accepter de la réalité. Le grand labeur du savant sera précisément de les reconnaître afin de pouvoir réédifier le contenu imaginatif comme il doit l'être, et non plus au hasard des associations. Dans un tableau du monde, les mêmes matériaux pourraient être mis en œuvre par l'artiste et par le savant; mais comme ils seraient différemment groupés, inégalement charpentés !

L'unité et la nécessité organisatrices, le savant les exprime ordinairement par des lois. Les phénomènes y sont fonction de l'espace, du temps, d'autres phénomènes.

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