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même par des rapports quantitatifs fondamentaux, spécifiques. Une forme accidentelle, une qualité passagère introduit à son tour de nouveaux rapports qui la caractérisent. Les faits confirment ces vues scolastiques. Les diverses substances ont leur poids moléculaire déterminé. Un son peut s'identifier par un nombre donné de déplacements d'air, dans un temps donné. Les couleurs ont, le long du spectre normal, une position chiffrée. La lumière dans certaines conditions réalisées, par exemple, au cours des expériences d'interférence manifeste des localisations et des périodicités intrinsèques. Le savant s'efforcera de faire le système du monde en n'utilisant que son aspect quantitatif. Il rapprochera des phénomènes très divers pour les sens, tels que la chaleur, la lumière, les rayons X, parce qu'il y découvre des analogies quantitatives. Il se méfie de la qualité, qui, nous l'avons vu, est partiellement subjective, tandis que la quantité, imposée par la dispersion matérielle tant des corps que de l'organe du sens, marque un élément commun au sujet et à l'objet : l'objectif et le subjectif s'y recouvrent. De plus, ses manifestations l'espace et le temps, sont conditions à priori de l'expérience ce sont les seuls éléments qu'on ne peut en abstraire. Mais surtout, l'organisation du monde basée sur l'aspect quantitatif des phénomènes peut s'unifier indéfiniment. Il est théoriquement possible d'arriver à reconstituer le tableau quantitatif du monde, en le supposant composé d'éléments identiques suffisamment petits, doués de mouvements et par là de forces.La substance et l'activité seraient alors représentées uniquement par des combinaisons de l'espace et du temps. Mais les théories mécaniques ne sont pas arrivées à ce dernier terme de leur évolution souvent encore, elles englobent de la qualité, et de toutes façons s'étendent à des domaines restreints.

Remarquons que cette unification à laquelle tend la théorie scientifique, bien que guidée par l'unité foncière

de l'être, est toute différente de l'unification réalisée en métaphysique. La métaphysique hiérarchise l'être. Faisant participer le multiple à l'un, elle ramène la multiplicité à l'unité dans la mesure où l'exige et le permet l'ensemble des données de notre conscience. Elle affirme une réelle dualité entre l'Être parfait et les êtres limités ; mais elle ne comprend ceux-ci que dans la dépendance de Dieu.

La science, elle, unifie le type en morcelant davantage encore les réalisations. Elle unifie moins les êtres que leur représentation. Et comme c'est l'être qui nous intéresse, elle ne peut parvenir à une systématisation du monde qui satisfasse pleinement notre intelligence.

Nous ne discuterons pas la valeur objective ou seulement organisatrice des hypothèses et des théories. La REVUE en a récemment entretenu ses lecteurs en plusieurs articles signés d'auteurs compétents (1).

Mais, qu'elles soient objectives ou non, les théories n'entrent dans la science qu'en empruntant une valeur à la métaphysique. Elles organisent en délimitant des substances et en déterminant leurs causalités nécessaires. Si même elles ne découvrent pas celles qui de fait composent le monde, elles disent : « Voici un système heureuses si elles pouvaient ajouter que ce système est le seul de substances et de causes qui rendrait compte des constatations actuelles de l'expérience et qui permettrait de la prévoir ».

!

Si formaliste qu'il soit, le savant ne peut donc nier l'objet de la métaphysique sans renoncer à sa science.

La science se demande comment il faut imaginer le monde comment imaginer, car elle s'occupe du sensible; comment il faut l'imaginer, car le sensible n'est

(1) A. Witz, Le conflit sur la valeur des théories physiques. Janvieravril 1920.

V. Schaffers, S. J., Pierre Duhem et la théorie physique. Janvier 1922.

que la manifestation d'un réel absolu atteint par l'intelligence. Nous reconnaissons cependant, que le savant est très exposé à dédaigner la métaphysique, et cela par déformation professionnelle. Son attention se porte sur la représentation il y puise ses matériaux et c'est elle qu'il reconstruit. Il a raison, c'est ainsi qu'il doit faire. Il suit la voie propre à la science, dans la poursuite de la vérité. C'est depuis que la science suit fidèlement cette voie qu'elle marche avec sécurité d'un pas sans cesse accéléré, qu'elle découvre de nouvelles et de nouvelles régions. Mais, comme le voyageur se laisse charmer par les dehors, par les attraits du paysage et les commodités du chemin, sans songer à la place, dans l'univers, du globe qui les porte, ainsi le savant ne démêle plus le fond intime des choses et de ses propres méthodes.

Son intelligence organise; cette organisation s'impose avec une telle évidence qu'il ne remarque plus les problèmes qu'elle pose. Il croit avoir tout dit en disant : « J'organise ceci ou cela; le monde est ceci ou cela ». Oui, mais vous organisez, mais le monde est, et dans l'un comme dans l'autre de ces deux mots se trouve implicitement incluse toute la métaphysique.

PR. COLMANT, S. J.

VARIÉTÉS

I

LES THÉORIES D'EINSTEIN EXPOSÉES

PAR JEAN BECQUEREL

La sorte de fascination exercée sur le grand public par les idées d'Einstein, même confusément entrevues, a fait éclore une multitude d'exposés variés s'efforçant de rendre intelligible le sens de la nouvelle doctrine pour des lecteurs ne possédant qu'un minimum d'initiation scientifique, voire totalement étrangers à l'usage du langage symbolique de l'analyse mathématique. Mais il n'est pas bien sûr que ces tentatives, si estimables qu'elles soient, aient pleinement atteint leur but et que l'intelligence de ces idées nouvelles, qui, il faut bien le dire, choquent violemment a priori nos habitudes d'esprit, ait effectivement pénétré dans la masse du public non pourvu d'éducation mathématique suffisamment avancée.

Suivant la spirituelle remarque de M. Émile Picard, il est plus facile, pour arriver à la pleine compréhension des théories einsteiniennes, d'apprendre les mathématiques que de s'en passer.

D'autre part, les mémoires ou ouvrages relatifs à la matière dus à des physiciens-mathématiciens de profession, ne sont abordables que pour les spécialistes.

Entre ces deux extrêmes, il y avait place pour un exposé relativement simplifié par rapport aux travaux magistraux qui ont fondé la nouvelle doctrine, mais s'adressant toute

fois résolument à ceux-là seulement qui entendent le langage mathématique.

C'est un tel exposé que M. Jean Becquerel a été amené à composer pour les élèves de l'École Polytechnique et qui a fourni la matière de l'excellent volume que vient de publier (1) ce savant distingué par qui, pour la quatrième fois, le nom de Becquerel se trouve inscrit dans les annales de la physique.

Il nous a semblé qu'un résumé de cet exposé pouvait n'être pas dépourvu d'intérêt pour des lecteurs possédant une certaine initiation mathématique, à qui il pourra servir d'introduction à la lecture de l'ouvrage même de M. Becquerel. Il n'est pas mauvais, avant d'aborder l'étude détaillée de notions aussi foncièrement nouvelles, d'en avoir une vue d'ensemble permettant, au fur et à mesure que l'on avance dans cette étude, de savoir à peu près où l'on va.

Le point de départ de la révolution opérée par Einstein tient dans la reconnaissance de ce fait que toutes nos observations sont fondées sur la constatation d'événements définis par quatre paramètres (qu'on peut appeler des coordonnées) dont trois se rapportent à l'espace et un au temps. Une analyse très délicate, due à M. Langevin, des notions de temps et d'espace (2), a permis de discerner que l'idée de temps absolu est fondée sur la notion de solide indéformable pouvant servir à propager instantanément un signal. Cette notion entraîne celle de simultanéité absolue de deux événements et d'intervalle de temps absolu entre deux événements.

La notion d'espace absolu dérive de la même idée de solide parfait ou de l'invariance de forme des figures géométriques. Si deux événements sont simultanés, leur distance dans l'espace est indépendante du système de référence; c'est cette condition d'invariance qui définit le groupe de transformations de la géométrie, et l'application des formules du groupe de Galilée (concernant les mouvements rectilignes

(1) Le principe de relativité et la théorie de la gravitation; un vol. in-8o de 342 pages. Paris, Gauthier-Villars, 1922. Il convient de ne pas confondre cet ouvrage avec l'opuscule beaucoup plus élémentaire donné par l'auteur sur le même sujet, dont une analyse a été donnée dans la livraison de juillet 1922 de la REVUE (p. 152).

(2) BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ PHILOSOPHIQUE (Janvier 1922) et, dans la collection SCIENTIA: L'évolution de l'espace et du temps (1911.

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