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ont fait s'effondrer l'édifice des conceptions naïves de leurs devanciers.

Aux morphologistes qui avaient fourni des matériaux friables, revient l'honneur d'en avoir reconnu la fragilité et de les avoir remplacés. Au début de cette causerie nous avons signalé quelques genres typiques en les décrivant autant ou plutôt aussi peu qu'il était utile, pour faire comprendre qu'ils aient servi de fondement aux généralisations théoriques. Reparlons-en pour montrer combien l'étude plus précise qu'on en a faite, et elle est encore bien incomplète, a modifié leur signification.

Les Amibes d'abord. On a observé chez elles des noyaux apparemment fort simples et des divisions nucléaires où l'on croyait ne voir qu'un étirement suivi de bipartition : en réalité il y a chez les amibes des mitoses fort complexes, mais ce qui est plus troublant, c'est qu'il y a une variété énorme de types mitotiques suivant les formes étudiées (1). Des observations d'un autre ordre ont montré que ce que l'on considérait il y a peu d'années comme une espèce fixe d'amibe n'est dans bien des cas qu'un stade dans l'évolution d'une espèce à aspects variés successifs; pour n'en signaler qu'un exemple, il semble bien (2) que la grande Amoeba proteus, à nombreux pseudopodes épais et obtus, évolue en donnant de toutes petites amibes globuleuses à large pseudopode lobé (forme A. guttula) qui donnent des amibes à nombreux pseudopodes rayonnants grêles (forme A. radiosa), qui à leur tour donnent des amibes à pseudopodes aigus (forme Dactylosphaerium), qui enfin restituent la forme proteus primitive. En d'autres cas la forme Amibe n'est qu'un stade de l'évolution d'espèces très diverses, Myxomycètes, Foraminifères, etc.; en d'autres cas encore des amibes se transforment sous

(1) Dobell, A. P. K. (1914) et The Amoeba living in man. London, 1919.

(2) Hausman, BIOLOGICAL BULL., 38 (1920).

les yeux de l'observateur et deviennent des organismes flagellés (Valhkampfia), de sorte que ces espèces suivant le stade envisagé présentent les caractères considérés comme essentiels pour différencier deux des grands embranchements des protistes.

L'ancienne unité du genre Amibe n'est dès lors plus soutenable et bien rares sont les espèces nettement définies il est même permis de dire qu'aucune espèce n'est connue dans la totalité des stades de son évolution. C'est ainsi que le problème de la reproduction sexuée des amibes n'est définitivement résolu pour aucune espèce; les processus de fécondation sont décrits de façons si diverses et si disparates que, ou bien il faut admettre l'existence de plusieurs types de sexualité, ou bien il faut, avec un scepticisme prudent, hésiter à en adopter définitivement un seul.

L'Euglène est et reste spécifiquement mieux définie que l'Amibe. Mais la connaissance que l'on en avait se développe et les incertitudes persistent. Les divisions. nucléaires y sont plus compliquées et en même temps. moins aberrantes (1) que l'on n'avait cru; quant au cycle de l'espèce et en particulier aux phénomènes de fécondation supposés devoir exister, ils restent énigmatiques.

Les Ciliates ont livré aux morphologistes matière à préciser bien des descriptions, mais c'est peut-être pour eux que les révisions, les bouleversements des notions acquises furent le moins profonds : il en résulte que les problèmes posés par la complexité de leur appareil nucléaire et par leur processus sexuel particulier restent ouverts et que, actuellement, on les étudie comme un groupe à part, non pas sans connexions mais à connexions indéfinissables avec les autres organismes. On s'abstient des comparaisons hâtives et c'est là chose sage.

(1) Tschenzoff, ARCHIV FÜR PROTISTENKUNDE, 36. 1916; Dehorn, ARCH. ZOOL. EXP. ET GÉNÉRALE, 1920.

Nous avons cité plus haut un quatrième exemple de protistes le Plasmodium; en ce qui concerne ce genre, les investigations progressives des morphologistes se sont arrêtées. C'est qu'un obstacle insurmontable malheureusement fort fréquent dans le domaine de la protistologie résulte de l'extrême petitesse de l'objet ; impossible d'analyser ses détails cytologiques. La déformation propre aux morphologistes, dont le rôle est de décréter: «cela, je le vois, donc cela est », les conduit trop facilement à décréter aussi : « je ne vois rien, donc il n'y a rien ». Dire que les processus cytologiques indiscernables dans les Plasmodium y sont rudimentaires, serait bien imprudent; nous pouvons même affirmer que ce serait erroné car, bien que n'y voyant rien, nous pouvons soupçonner ce qui s'y passe, et cela en observant des espèces voisines, moins petites et partant moins impénétrables. L'étude des Hæmoproteus et des Hæmogregarina, qui ont avec les Plasmodium des affinités indiscutables, révèle chez ces espèces une organisation cytologique compliquée il n'est pas imprudent de supposer qu'une organisation comparable, quoique modifiée, existe invisible chez les Plasmodium. On peut même, sans crainte de se tromper, affirmer que ces derniers, trop petits pour être convenablement analysés, dérivent d'ancêtres plus volumineux. Sous ce rapport ce sont des dégradés ou des régressés, et cela n'implique pas la signification de dégénérés ou de fin de race, car nul ne pourrait imaginer ce que leur descendance éventuelle réserve d'espèces peut-être plus petites et plus énigmatiques encore. Mais c'est là de la phylogénie, nous y reviendrons plus loin.

Cet aperçu, beaucoup trop succinct, de ce que l'on connaît touchant quatre types, montre d'une part comment, malgré les difficultés de l'investigation, les infiniment petits nous livrent peu à peu leurs secrets, et d'autre part combien les données acquises sur eux sont incomplètes, laissant persister de nombreuses obscurités qui voilent les aspects les plus essentiels à leur compréhension.

Cet aperçu donnerait une fausse idée du labeur immense fourni par les chercheurs, si nous ne répétions avec insistance qu'il n'évoque que peu d'exemples parmi les milliers d'espèces connues et les centaines d'espèces analysées et étudiées : il donnerait surtout une fausse idée de l'ensemble des protistes, si nous n'ajoutions expressément que ces milliers d'espèces révèlent une indicible variété de formes et parfois une extrême complication de structure.

De la variété de formes il est impossible de donner une idée sans faire des protistes une étude développée ; de la complication de structure on pourrait tout au moins se rendre compte en considérant quelques exemples. Il existe, classés dans le même embranchement que les Amibes (les Rhizopodes), de nombreuses espèces de Radiolaires qui pour maintenir la masse visqueuse de leur protoplasme sont pourvues d'un appareil de soutien, d'une espèce de squelette en silice, remarquable par sa régularité, sa constance et sa finesse; on n'exagérerait rien en comparant son architecture délicate à celle des plus hardies charpentes. L'appareil de soutien est plus facilement analysable, mais sa complication ne le cède probablement en rien, chez le Radiolaire, à celle des systèmes locomoteurs et assimilateurs, à celle des processus nucléaires, et l'organisme apparaît comme un microcosme déconcertant.

Citons encore, classés dans le même embranchement que les Euglènes (les Flagellates), des espèces de Polymastigina et d'Hypermastigina (1) où non seulement l'appareil locomoteur se complique jusqu'à être composé de centaines de flagelles, avec un appareil basal corrélativement aussi complexe, mais où encore certaines espèces forment ce que l'on pourrait appeler des colonies unitaires, sans cloisonnement, dans lesquelles on retrouve,

(1) Kofoid et Swezy, UNIVERSITY CALIFORNIA PUBLICATIONS. Zoology. 20. 1919, et autres.

cinquante ou cent fois répétés, les systèmes qui constituent les individus uninucléés.

Bref, des données fournies par l'observation des protistes il faut retenir que le monde des infiniment petits est infiniment varié ; que plus on précise les observations, plus on se heurte à des énigmes et plus les interprétations simplistes apparaissent insuffisantes et croulent ; qu'enfin certains crganismes montrent une structure extrêmement compliquée, alors que d'autres cachent sans doute leur complication sous une simplicité purement apparente.

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Mais les découvertes des morphologistes, qui montrent que là où on avait cru à la simplicité se placent des processus extrêmement complexes, font réfléchir les phylogénistes. Si les protistes ne sont pas des organismes simples, y a-t-il lieu de les considérer comme primitifs ? Et voilà qu'ils s'aperçoivent que pour résoudre le problème il suffit de préciser ou de ramener à sa juste valeur l'idée de phylogénie, déformée parce que trop vulgarisée. Dire que les protistes sont les ancêtres des métazoaires ou des métaphytes, est une proposition qui paraît exacte en un sens, mais qui, d'après la façon de l'entendre, et on l'entend généralement fort mal peut être absclument fausse. Changeons les termes pour nous faire mieux comprendre. On dit généralement que les reptiles sont les ancêtres des mammifères; celui qui interpréterait cette phrase en croyant que les mammifères ont eu parmi leurs ascendants un serpent, un crocodile, ou une tortue, se ferait évidemment de l'évolution une idée aussi fausse que naïve; mais si l'on comprend que parmi les ascendants des mammifères il y eut un animal ou des animaux qui n'avaient encore aucun des caractères propres aux mammifères et qui, sans en avoir les spécialisations, était du type reptilien, on a grandes chances de ne pas se tromper. Ces animaux ont évolué l'un d'eux a donné, ou plusieurs ont donné, d'une part les souches

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