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Chocs en Médecine et en Biologie

Un professeur, parlant à ses élèves du mystère de la Trinité, usa si bien de l'analogie et de la comparaison qu'un de ses auditeurs, un peu naïf, s'écria : « Ah! je comprends maintenant la Sainte Trinité ! »

Notre esprit aime, en effet, la comparaison imagée et c'est ce qui explique la vogue si grande à l'heure actuelle du mot « choc ou shock ».

Choc, cela fait image on croit voir d'emblée ce qui se passe dans un panier d'œufs qui a recu un choc. Le mot imagé a du bon c'est l'épingle qui fixe l'insecte sur le carton; la comparaison est utile, à faible dose et de bonne qualité, mais leur inconvénient à tous deux est de faire croire que l'on a compris, de satisfaire la curiosité de savoir, et d'arrêter l'esprit sur le chemin de la connais

sance.

Le mot est à la mode : Choc nerveux, choc opératoire, choc traumatique, choc anaphylactique, choc hémoclasique, choc-émotion, et j'en oublie, toutes ces expressions se retrouvent maintenant au courant des lectures.

Je voudrais donner aux lecteurs de la REVUE, des clartés, pas plus, sur ces questions du plus haut intérêt scientifique et même pratique. Ces pages n'étant pas écrites pour les personnes initiées, j'ai laissé de côté toute érudition bibliographique, et je n'ai nullement cherché à être complet. Il faudra sans doute toute la bienveillance du lecteur pour penser que j'ai été intéressant.

Définition. - Comme le mot Choc, au sens ordinaire, implique l'idée d'instantanéité, puis de trouble et de secousse dans l'objet choqué, ainsi le Choc biologique comprend la réaction, soudaine ou très rapide, de l'organisme vivant à une cause non moins soudaine et rapide qui vient le troubler. Les actions lentes ne produisen1 pas de choc et il est remarquable combien facilement le corps les supporte, en s'y accomodant, en s'y adaptant.

Injectors dans une veine une solution donnée : si nous procédons lentement, rien ne soulignera l'opération et l'orgarisme s'en accommode aisément. Agissons 1apidement et nous provoquons un choc, c'est-à-dire une réaction brutale, vive, qui trahit l'intolérance du corps, par impossibilité de s'adapter si vite à un nouvel état de choses.

Si j'exerce sur ma joue une pression forte, très forte même mais lente et progressive, j'irai loin dans la tolérance. Au contraire, si la pression est forte, mais vive et instantanée, cela devient une gifle, un coup de poing, et la réaction locale sera vive également, sans parler de la réaction morale !

Les chocs biologiques dont nous allons parler ici, sauf le premier, sont des réactions, des révoltes à l'entrée brutale dans l'organisme, ou mieux dans le sang, de produits anormaux par la qualité ou par la quan'ité. Ces réactions se caractérisent par des symptômes trahissant une atteinte profonde des grands appareils organiques et en particulier ceux qui commandent la circulation, la respiration. Rappelons que ces grands postes de commandement » sont le cerveau, le bulbe et le système nerveux dit du grand sympathique. Celuici a pour ainsi dire ses racines dans la moelle, le cerveau et le bulbe, et se distribue, telle une inextricable liane, à tout le corps.

Choc cranio-cérébral. — Éliminons d'abord les phénomènes de choc les plus connus, ceux du choc cérébral

par coup porté sur le crâne. De ce choc sur le crâne, tout le monde sait les conséquences, depuis les classiques trente-six chandelles jusqu'à la perte de connaissance et la mort, en passant par l'étourdissement avec ou sans paralysie des membres. La mort peut être foudroyante comme la cause : ainsi fait le maillet qui écrase le front du boeuf! Procumbit humi Bos..

Mais sans aller si loin, si nous prenons le cas moyen, nous trouvons comme signes la pâleur de la face, la lenteur du pouls, l'irrégularité de la espiration, c'està-dire les troubles des grandes fonctions annoncés.

Ici, l'explication est relativement simple.

La force vive du coup, de la chute, a dépassé la résistance du crâne. La paroi osseuse s'est laissé déprimer et la force vive s'est propagée aux organes nobles : cerveau et bulbe, logé dans la boîte crânienne. Notre regretté collègue, le Dr Duret, a eu le grand mérite de montrer la part qui revient, dans le mécanisme de ces lésions, au liquide céphalo-rachidien. Entre le crâne et le cerveau, il y a un faible espace que remplit une lame de liquide céphalo-rachidien, qui forme aux orgar es com me un coussin protecteur. Mais, comme ce liquide est incompressible, il transmet au cerveau et au bulbe les pressions qu'il reçoit, et si celles-ci sont instantanées, elles meurtrissent instantanément ces organes nerveux, avec toutes les conséquences que nous connaissons.

Tel est le mécanisme de ce Choc cérébral et surtout bulbaire.

Il est admis sans susciter autre discussion que sur des détails qui ne nous intéressent pas ici.

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Chocs nerveux. Mais on observe souvent en médecine et en physiologie, à la suite de telle ou telle cause, des accidents qui ont tout ou partie des symptômes du choc cérébral et bulbaire. En vertu de notre penchant pour l'analogie, on leur a donné également le rom de

Choc, et comme on a pensé que le système nerveux y était pour beaucoup, on l'a baptisé du nom de nerveux. Choc nerveux ! Ces deux mots ont, depuis, caché bien des erreurs et abrité beaucoup de savante ignorance! Voyons-en quelques exemples. Il en est d'historiques. En voici un qui n'est pas d'hier. Sophocle meurt subitement en apprenant qu'il a obtenu la couronne olympique Choc nerveux ! Pitt fait de même en apprenant le résultat de la bataille d'Austerlitz: Choc nerveux! On meurt de peur, on meurt de douleur, voire de plaisir :

Moi seule en être cause et mourir de plaisir,

dit l'imprécante Camille, dans Horace !

On a même créé le mot Émotion-choc. Ce mot plaît à celui qui pense à un colis de porcelaine manié par un employé, mais cela n'explique rien.

Jusqu'ici tout est ou semble être d'origine psychique et ne fait que montrer l'intime rapport du moral avec le physique. Faisons un pas de plus. Sur la peau d'une malade pusillanime, un chirurgien trace avec son doigt le trajet de l'incision qu'il va faire : Mort subite !

Dans un simulacre d'exécution par la guillotine mauvaise plaisanterie - des jeunes gens tracent sur le cou d'un camarade une incision circulaire avec le doigt : Mort subite. Mélange de psychique et de sensation.

Sur l'abdomen d'un lapin, je donne un coup sec avec une règle Mort subite. Choc nerveux réflexe, dit le physiologiste, et, pour vous convaincre, il vous dira que ce n'est qu'un cas particulier des phénomènes d'inhibition.

Intervenons maintenant par une véritable opération. Le broiement des nerfs, la contusion d'organes très sensibles provoque facilement une réaction de l'ordre des états de choc. Combien de fois n'entendons-nous pas dire dans ces cas: La douleur m'a été au cœur !

preuve que le système nerveux qui va au cœur ou dans cette région, a été vivement impressionné.

On a encore appelé choc nerveux la dépression qui suit la manipulation des viscères abdominaux ou leur mise à l'air durant un temps trop prolongé. On devinait les nerfs de l'intestin irrités par ces manœuvres et l'on disait que le système nerveux central, le Bulbe, devait en être « choqué » par voie réflexe.

Avançons dans cette voie, mais que le lecteur veuille bien remarquer le pas que nous allons faire. Nous allons pour ainsi dire franchir le Rubicon, on dirait, er Géométrie, le Pont aux Anes !

Nous voici dans une série de faits longtemps qualifiés de << Choc nerveux » et l'on verra l'erreur qu'entretenait cette dénomination commode.

Un homme' est

Choc dans les plaies et broiements. renversé par une locomotive. On le relève, les cuisses écrasées, pâle, sans connaissance, le pouls petit. Il se refroidit rapidement, une sueur visqueuse couvre son front Choc nerveux, dit-on. Le broiement des nerfs, la douleur, l'émoi, l'angoisse, tout semble confirmer ce diagnostic banal et, de fait, rien ne s'oppose à ce que l'on qualifie de choc nerveux ce tableau.

Mais assez rapidement le blessé se remet. On le réchauffe, on le ranime par des moyens appropriés, la connaissance revient...

On se rassure du côté de l'état général, on reprend espoir le grand danger est écarté ; celui de l'état local n'est rien auprès du premier.

Mais voici que, quelques heures plus tard, le malade est repris d'accidents plus effrayants que les premiers. Il pâlit davantage, son pouls file et devient imperceptible, la tension artérielle baisse. Les traits se tirent, le nez se pince, la parole se fait lente et difficile, l'esprit s'alourdit et semble s'obnubiler et la mort survient au milieu

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