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croire à autre chose qu'à lui-même, qu'à son esprit, qu'à ses idées, qu'à ses sentiments et à ses sensations. L'étrange égoïsme dans lequel l'enferme cette philosophie le pétrifie et l'éteint... S'il est reconnu que la métaphysique n'est pas en mesure d'offrir à l'esprit moderne des garanties suffisantes de vérité, il vaut mieux alors renoncer à la poursuite des problèmes dont elle s'occupe et en décourager les bons esprits. Mais que l'on conserve la métaphysique, non-seulement dans le passé, mais encore dans l'avenir, uniquement pour ménager à la critique le plaisir d'étudier, de décrire, de classer les rèves, les observations, les vains systèmes de l'esprit, voilà ce que je ne puis admettre. Passe encore pour l'histoire, bien que ce soit en diminuer singulièrement l'intérêt. Mais l'histoire d'une science sans objet n'est pas chose assez sérieuse pour se continuer indéfiniment. Si la métaphysique n'est qu'un jeu de logique, il appartient au XIXe siècle d'en clore la tradition. Qu'on ne nous parle donc plus de Dieu, ou qu'on nous en parle comme d'une vérité absolue, non d'une simple idée. Je sais que la philosophie allemande a trouvé moyen d'identifier l'être des choses avec la pensée. Qu'on s'explique alors, et qu'on nous montre clairement que le mystérieux noumène n'existe que dans notre esprit1.

C'est en ces termes décisifs qu'un esprit vigoureux, habitué à aller jusqu'au terme de ses idées, somme la philosophie critique de conclure. Ce parti pris de négations discrètes, mêlées à propos d'affirmations bien vite retirées, est insoutenable à la raison. Il faut sortir de ces perpétuels sous-entendus, de ces réticences naïves ou calculées, de ce mélange d'adoration mystique et de sceptique hardiesse. La logique le veut. Oui, mais on ne peut sortir de là

1. M. Vacherot, la Métaphysique et la Science.

que par une négation complète ou par une affirmation définitive dont une intelligence trop raffinée s'effraye et qui, d'ailleurs, aurait le grave inconvénient d'enlever à la pensée du critique ces teintes mystérieuses où il se complaît. On perdrait quelques-uns des avantages de ce charmant esprit sceptique ou ému à ses heures, littéraire et poétique toujours, si habile à montrer tour à tour et à voiler ses conclusions, à promettre et à refuser son dernier mot, à exciter la curiosité, à la passionner par cette attente que l'on fait renaître sans cesse et que l'on trompe toujours. La logique somme la philosophie critique de conclure. Mais nous ne croyons pas être un grand prophète en annonçant qu'elle ne conclura pas. S'il était permis de sourire en aussi grave matière, je dirais volontiers que cette jeune école est née pour jouer au milieu de nous les grands rôles de la coquetterie. Elle aime le demijour de la pensée et cultive mieux que personne l'art des demi-promesses. C'est la Célimène légèrement mélancolique de la philosophie. Que ce soit là son charme et sa condamnation.

CHAPITRE III

L'ÉCOLE CRITIQUE. M. RENAN

(SUITE)

LA VIE DE JÉSUS

CHAPITRE III.

L'ÉCOLE CRITIQUE. M. RENAN

(SUITE.)

LA VIE DE JÉSUS.

I

L'école critique et spécialement sa méthode théologique, la notion, de plus en plus réduite, qu'elle nous donne de Dieu, tout cela serait incomplétement connu, si l'on négligeait d'étudier les applications. de cette méthode à la critique des Origines du Christianisme dans le livre le plus populaire de M. Renan, la Vie de Jésus.

Nous ne tiendrons aucun compte d'un préjugé fort répandu qui prétend interdire ces sortes de questions à tout profane, c'est-à-dire à tout écrivain non initié aux mystères sacro-saints des langues Sémitiques et de la littérature Talmudique, aux derniers secrets de l'exégèse allemande, non plus qu'aux pro

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