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des frères et des sœurs, et tout cela, afin phétie ne soit pas accomplie.

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Rien n'est plus simple que l'essai d'argumentation de M. Renan sur ces trois points considérables de l'histoire de Jésus. Voyez ce qu'il fait pour une de ces graves questions. Au lieu de discuter les généalogies telles que nous les donnent saint Matthieu et saint Luc, et qui établissent la filiation de David jusqu'à Jésus, il les déclare, sans preuve, entièrement fictives, et réserve la question en ces termes, qui méritent d'être cités : « Le titre de fils de David fut le premier que Jésus accepta, probablement sans tremper dans les fraudes innocentes par lesquelles on chercha à le lui assurer. La famille de David était, à ce qu'il semble, éteinte depuis longtemps.... Il est vrai, ajoute une note, que certains docteurs tels que Hillel, Gamaliel, sont donnés comme étant de la race de David.... Mais ce sont là des allégations très-douteuses.... » Pourquoi cela? La seule raison, c'est que si la famille de David avait formé un groupe distinct, on l'aurait vue figurer dans les luttes du temps. Mais elle y fit assez bonne figure à ce qu'il semble, puisque Jésus était de cette race, et que M. Renan n'a démontré à cet égard qu'une chose, son désir qu'il en fût autrement'.

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1. Si la nature toute philosophique de ce livre nous permettait d'insister sur les détails, nous aurions aimé à saisir sur le fait la méthode de M. Renan et à contrôler ses assertions avec les textes qu'il cite lui-même, pour montrer les conséquences inattendues qu'il en tire. A ceux qui seraient curieux de poursuivre cette vé

Cette méthode a son contre-coup dans le style. On peut en juger d'après les phrases que nous venons de citer et qui sont comme tissues de mots restrictifs probablement, à ce qu'il semble, il est vrai que, on est porté à croire, etc., etc.... En face des

rification dans le détail, nous recommanderons de la faire notamment en ce qui concerne la naissance de Jésus à Nazareth, sa famille, ses prétendus frères, la supériorité de Jean reconnue par Jésus, le baptême chose secondaire pour Jésus, et les points capitaux de la doctrine qui finissent par disparaître ou se fondre dans de perpétuelles équivoques de mots ou d'idées.

Quelques exemples, pris dans les premières pages du livre, suffiront: 1o« Jésus naquit à Nazareth,» nous dit M. Renan, qui se refuse absolument à croire qu'il ait pu naitre à Bethleem. Il nous renvoie, pour les preuves, à Matthieu, XIII, 54 et suiv.; à Marc, vi, 1 et suiv.; à Jean, 1, 45-46.

On devrait croire, tout naturellement, qu'il est dit, dans ces passages, que Jésus naquit à Nazareth. Or, dans saint Matthieu et saint Marc il est dit, aux endroits indiqués, que Jésus retourna dans sa patrie, εἰς τὴν πατρίδα αὐτοῦ (entendu de Nazareth). Or la patrie n'est pas tant le pays où l'on est né accidentellement que le pays du père, le pays où l'on a été élevé. On ne dirait pas d'un fils de Français né à Rome, que Rome est sa patrie. Dans saint Jean, il est dit: Jésus de Nazareth, fils de Joseph. Nous venons de dire à quoi se réduit cette appellation.

2o Les prétendus frères de Jésus.... (voir la longue suite des citations, p. 23). L'objection est vieille et depuis longtemps réfutée. M. Wallon, dans une note de son excellent livre De la croyance due à l'Évangile, a résumé toute la discussion sur ce point. Il n'y a plus à y revenir, si l'on n'apporte pas d'argument nouveau. Il est établi surabondamment que ces prétendus frères de Jésus : Jacques, Joseph, Simon et Jude, sont les fils de Cléophas et d'une autre Marie. Qu'est-ce donc que des frères qui ont un père et une mère différents? Tout au plus des fils de frères ou de sœurs; c'est à quoi se réduit cette parenté.

Ce passage du livre de M. Renan est un de ceux où se montre le mieux le caractère de sa critique. Il pose l'objection et il admet immédiatement la réponse. Ceux qu'on donne comme frères sont des cousins. Mais où sont donc les vrais frères? Les voici sans

textes les plus positifs, qui mériteraient au moins l'honneur d'une discussion, quand on n'a à leur opposer qu'un sentiment, un instinct du goût, ou bien une des règles de la narration classique, il faut bien s'attendre à ce que l'argument ne paraisse pas

doute

Les vrais frères de Jésus n'eurent d'importance, ainsi que leur mère, qu'après sa mort; » et on nous renvoie aux Actes (1, 14), où l'on ne trouve encore que l'expression fratres Domini, entendue de ceux des parents qui n'étaient pas rangés parmi les douze apôtres.

M. Renan continue: Ses sœurs se marièrent à Nazareth (Marc, vi, 3). » C'est encore un passage de saint Marc, déjà cité par M. Renan, Nonne hic est faber filius Mariæ, frater Jacobi et sorores ejus hic nobiscum sunt, » et c'est toujours la même réponse à faire à la même objection.

Jésus, dit encore M. Renan, avait des frères et des sœurs dont il semble avoir été l'aîné. » Et il cite Matth., 1, 25. Que dit ce texte? Et non cognoscebat eum donec peperit filium suum primogenitum. » M. Renan, qui cite si complaisamment le Talmud, ignore-t-il la loi de Moïse? Le titre de premier-né n'impliquait point qu'on eût ni frères, ni sœurs; il se donnait à celui qui, ouvrant le sein de la mère, devait à ce titre être consacré à Dieu (voy. Exod, XIII, 3). D'où la présentation dans saint Luc (11, 22 et 23).

A la page 134, M. Renan nous dit : « Il est remarquable que sa famille lui fit une assez vive opposition et refusa nettement de croire à sa mission. » Et aux textes on cite Matthieu, XIII, 57; Marc, vi, 4; Jean, vir, 3 et suiv.

Saint Matthieu et saint Marc, aux endroits indiqués, ne parlent que des habitants de Nazareth. Saint Jean parle des frères de Jésus; mais les textes cités ailleurs par M. Renan prouvent qu'une partie de la famille de Jésus croyait en lui dès le commencement. La mère de Jésus était bien de sa famille. D'ailleurs il y a parmi les apôtres, trois de ses cousins: Jacques, Simon et Jude. M. Renan le dit plus bas (p. 153), en atténuant ce qu'il a dit à la page 134. Il eût été plus simple, l'erreur une fois reconnue, de supprimer le premier passage.

3o Le baptême, une chose secondaire aux yeux de Jésus. Je ne sais, en vérité, ce que M. Renan fait de saint Matthieu (xxvIII,

décisif au lecteur. On entoure donc l'hypothèse hostile de toutes les formes et de tous les tours de phrase par lesquels la pensée peut se limiter, s'atténuer, se faire petite pour trouver plus facile accès dans l'esprit du lecteur. Il faudrait être bien exigeant pour n'être pas touché de tant de réserve.

Il en résulte un grave inconvénient. Dans cette Vie de Jésus, on ne sort pas de l'à-peu-près. Tout le livre repose sur ce principe : les Évangiles ne sont pas authentiques, mais ils le sont à peu près. Tout le livre démontre cette thèse : Jésus n'est pas Dieu, n'est pas fils de Dieu, mais en un sens, il l'est à peu près. Je sais bien quel culte ces beaux esprits, ces raffinés de l'école critique ont voué à la méthode délicate des approximations. La couleur est toujours fausse, parce qu'elle est trop crue; elle blesse ces yeux délicats qui n'acceptent que la nuance. Affirmer est d'un pédant. Ils n'affirment donc jamais;

19) Euntes ergo docete omnes gentes, baptizantes eos in nomine Patris, » et de saint Marc (xvi, 16): Qui crediderit et baptizatus fuerit, salvus erit, » et de saint Jean (III, 3): « Nisi quis renatus fuerit ex aqua et Spiritu Sancto non potest introire in regnum Dei. » Ajoutez toutes les pratiques des apôtres (voy. les Actes et les Épitres); quel texte peut autoriser un critique à dire que le baptême est une chose secondaire aux yeux de Jésus? Il est vrai que M. Renan a la ressource de dire que ni les Évangélistes ni les Apôtres n'ont compris Jésus-Christ.

On pourrait poursuivre longtemps ce travail de vérification. Nous arriverions toujours au même résultat. Les textes n'embarrassent guère M. Renan. Quand un texte s'oppose par quelque point à l'humeur particulière ou à la grande thèse du critique, on le déclare accessoire, secondaire, ou faux, ajouté après coup. C'est l'unique procédé de démonstration.

ils ne disent pas la chose s'est passée ainsi; mais seulement la chose a dû se passer ainsi. Tant pis pour ceux qui ne sentent pas le charme des négations discrètes, des sous-entendus, des réticences! Tant pis pour ceux qui voudraient arriver à quelques conclusions définitives, à des raisons péremptoires. L'artiste n'accordera rien de pareil à ces brutales exigences.

Tout cela prête à des équivoques d'idées qui, en pareille matière, sont graves. Mais n'est-ce pas un art, après tout, de se tenir dans un vague sublime, embrassant divers ordres de vérité? Personne ne pratique mieux cet art que M. Renan. Nous ne l'en féliciterons pas. Quand il nous parle du Royaume de Dieu, du sentiment filial que l'homme ressent sur le sein du Père, de la Religion pure, de Dieu, assurément ces mots ont, sur ses lèvres, le même son que sur les lèvres du genre humain; mais ont-ils le même sens dans sa pensée? Qui pourrait le croire? Pourquoi donc s'en sert-il avec une sorte d'affectation? Pourquoi ce langage mystique, attendri jusqu'à la fadeur, quand on vient détruire les illusions métaphysiques ou religieuses que ces mots ont mission de représenter dans le monde? Serait-il donc vrai qu'il y eût, comme le dit quelque part M. Renan, des malentendus féconds?

« Il est vrai, disent les amis de M. Renan, que dans ses expressions, dans les tours et les détours de sa pensée religieuse, il y a des indécisions, des ambiguïtés même. Mais on devrait respecter en elles

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