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ornée plus tard par Eugène IV et Alexandre VI; Pie IV fit exécuter le beau sofite doré; Sixte V décora la façade latérale, dont le double portique, fort joli, fut élevé sur les dessins de Fontana; Innocent X, en 1650, mit la grande nef dans l'état où nous la voyons aujourd'hui, d'après les dessins du Borromini, cet architecte baroque. En creusant les fondations, on reconnut que ce lieu n'était pas compris dans l'enceinte de Servius Tullius.

Clément XI embellit cette basilique; et enfin Clément XII fit élever la façade, fort admirée de son temps (1730), et qui nous semble assez mauvaise. Ce pape avait de l'argent; on lui proposa de faire le quai du Tibre, de la porte du Peuple au pont Saint-Ange; il aima mieux embellir sa cathédrale.

La façade principale a cinq balcons; c'est de celui du milieu que le pape donne la bénédiction. Quatre colonnes et six pilastres d'ordre composite forment cette façade; elle est couronnée par onze statues que l'on aperçoit fort bien des loges de Raphaël, au Vatican, à trois quarts de lieue d'ici; c'est la plus grande longueur de la Rome habitée.

On a placé dans le portique inférieur une mauvaise statue de Constantin, enterrée par suite des désastres que Rome éprouva depuis cet empereur, et que l'on a retrouvée dans ses Thermes, au mont Quirinal. La grande porte de bronze fut enlevée à l'église de Saint-Adrien, dans le Forum, et transportée ici par ordre d'Alexandre VII. C'est l'unique exemple qui nous reste des portes quadrifores des anciens.

En entrant dans cette basilique réellement fort grande, on remarque qu'elle est divisée en cinq nefs séparées par quatre files de pilastres; ces pilastres cachent les colonnes qui existaient avant le Borromini. Ils sont cannelés et d'ordre composite. Au milieu de chacun des pilastres de la grande nef, il y a une niche ridicule, garnie d'une statue colossale plus ridicule

encore. Ces niches sont ornées chacune de deux jolies colonnes de vert antique. Les statues, qui ont quatorze pieds cinq pouces de proportion, représentent les Apôtres; les sculpteurs sont: Rusconi, Legros, Ottoni, Maratti. Les moins mauvaises statues sont celles de Saint Pierre et de Saint Paul, par Monnot; au-dessus il y a des bas-reliefs en stuc, et, plus haut, des tableaux de forme ovale, par les meilleurs peintres du temps: André Proccacini, Benefial et Conca, qui ont représenté Daniel, Jonas, Jérémie et les autres prophètes. Il valait mieux sans doute placer ici des copies des prophètes sublimes que Michel-Ange a peints à la Sixtine; mais en Italie on veut toujours du neuf, et l'on a raison : c'est ainsi que les arts sont maintenus vivants.

Après Racine et Voltaire, la tragédie française ne fût pas tombée où nous la voyons si chaque année, à quatre époques déterminées, les comédiens avaient été tenus de donner une tragédie nouvelle.

C'est à Saint-Jean-de-Latran que l'on voit la dernière belle chapelle qu'ait produite la religion chrétienne, telle qu'on l'entend depuis le concile de Trente. Il ne faut pas espérer de trouver ici la simplicité touchante des premiers siècles du christianisme, ni la terreur de Michel-Ange. La chapelle Corsini est la première à gauche en entrant; c'est une des plus riches de Rome; elle me semble plus jolie et moins belle que les chapelles de Sainte-Marie-Majeure. Placée à Paris, à Saint-Philippe-du-Roule, elle nous rendrait fous d'admiration. Cette chapelle fut élevée par ordre de Clément XII, Corsini (1735), sur les dessins de Galilei, architecte florentin, qui la décora d'un ordre corinthien et la couvrit en entier de marbres précieux.

Il faut se faire ouvrir la jolie grille qui la sépare de l'église; une mosaïque copiée du Guide vaut la peine d'être vue de

près; elle represente saint André Corsini; l'original est au palais Barberin. Le tombeau à gauche en entrant est celui de Clément XII, qui s'est fait placer dans cette belle urne de porphyre qui était abandonnée sous le portique du Panthéon, d'où l'on a conclu, avec la logique ordinaire des savants antiquaires, qu'elle avait renfermé les cendres de Marcus Agrippa.

Le monument à droite est celui du cardinal Neri Corsini, oncle du pape. On voit ici plusieurs statues et bas-reliefs qui montrent l'état déplorable où les arts étaient tombés à Rome pendant le siècle qui sépare la mort du Bernin de l'apparition de Canova (1680-1780).

La coupole est enjolivée de stucs et autres ornements dorés; le pavé de marbre est charmant; enfin rien ne manque à cette chapelle que le génie dans les artistes; je n'y vois de beau que l'urne antique.

La chapelle ovale qui vient après est celle des Santori; le Christ de marbre est d'Étienne Maderne. On voit le tombeau du cardinal Casanatta; c'est ce bon cardinal qui laissa sa bibliothèque au public et en confia la garde aux inquisiteurs (les dominicains de la Minerva). La statue de son tombeau est du célèbre M. Legros, comme on dit à Rome.

On remarque dans la grande nef le tombeau en bronze de Martin V, et, dans la nef à droite, le portrait de Boniface VIII, que l'on croit du Giotto et qui me semble fort bien. Ce pape est représenté entre deux cardinaux, publiant sur le balcon de l'église le premier jubilé de l'année sainte, en 1300. Le grand autel est surmonté d'un ornement gothique. Là, parmi les re liques les plus célèbres, on conserve les têtes des apôtres Saint Pierre et saint Paul 1. Au fond de l'église, on voit des

Voir l'excellent voyage de Misson; c'est un Lyonnais protestan

mosaïques fort anciennes, puisqu'elles remontent au temps de Nicolas IV.

Il y a dans la croisée à gauche un bel autel du Saint-Sacrement, remarquable surtout à cause de quatre colonnes de bronze doré, cannelées et d'ordre composite; on dit qu'elles ont appartenu au temple de Jupiter Capitolin, et qu'elles furent faites par Auguste avec le bronze des éperons des vaisseaux égyptiens, on voit autour de l'autel des statues de marbre. L'Ascension au-dessus fut peinte par le chevalier d'Arpin, qui a son tombeau ici près, vis-à-vis celui d'André Sacchi, autre médiocrité.

Les quatre docteurs de l'Église sont de César Nabbia. L'orgue est très-beau, et soutenu par deux magnifiques colonnes cannelées de jaune antique. En sortant par la porte du nord, à l'extrémité de la nef de droite, on passe devant la statue de Henri IV, qui a l'air tout mélancolique de se voir en un tel lieu. Vous savez que le roi de France est chanoine de SaintJean-de-Latran; son ambassadeur ne manque pas de venir ici tous les ans, le jour de Sainte-Luce, je crois; sa voiture est accompagnée de plusieurs autres et marche au petit pas. A cette occasion tous les Français sont convoqués. M. le duc de Laval mettait beaucoup de grâce et de simplicité dans ces sortes de cérémonies.

Le peuple romain, fort moqueur, prétend qu'en 1796 c'était la république française, une et indivisible, qui était chanoine de Saint-Jean-de-Latran. Ces fonctions, ridicules aujourd'hui, faisaient l'occupation du beau monde de Rome au dixseptième siècle, quand l'Espagne était riche. Les Espagnols et

qui voyageait en 1680 et prend au sérieux les miracles et les reliques. On trouve dans son livre le caractère exact et la logique impitoyable des savants du dix-septième siècle. Là est le bon sens.

les Romains eux-mêmes y portaient beaucoup de sérieux et de magnificence. Qu'est-ce qu'un grand seigneur sans les dorures, les coureurs, les voitures, le faste et toute cette magnificence ruineuse qui lui vaut le respect de son voisin? Il n'y a plus de grands seigneurs qu'en Angleterre; mais ils sont sérieux, sournois, et surtout moins galants que les seignours romains du dix-septième siècle.

Le chemin qui mène de Saint-Jean-de-Latran à Sainte-Marie-Majeure est en ligne droite : sa position élevée fait qu'il n'y a jamais de boue; il n'est point à la mode; enfin il réunit toutes les conditions pour offrir une promenade charmante au galop. On loue à Rome de fort bons petits chevaux trèsmalins.

Avant de monter à cheval, nous avons jeté un coup d'œil sur la Scala Santa, formée par vingt-huit marches de marbre blanc, c'est le propre escalier de la maison de Pilate à Jérusalem; Jésus-Christ l'a monté et descendu plusieurs fois. On y voit toujours des fidèles qui montent sur leurs genoux. Sixte-Quint fit placer sur la plate-forme de cet escalier la chapelle domestique des papes, qui était auparavant au palais de Saint-Jean-de-Latran. On trouve sur la façade latérale du petit bâtiment de la Scala Santa, vers la route de Naples, une mosaïque célèbre qui remonte à saint Léon III. J'avoue que je n'y vois rien que de médiocre; en revanche, la vue dont on jouit de ce lieu est admirable. C'est un paysage du Poussin : une campagne magnifique et sérieuse, ornée de ces ruines grandioses que l'on ne rencontre que dans les environs de Rome.

On se reprocherait de quitter Saint-Jean-de-Latran sans jeter un coup d'œil sur l'obélisque; c'est le plus grand qu'on connaisse, il a quatre-vingt-dix-neuf pieds sans la base et le piédestal. Theutmosis, roi d'Égypte, le dédia au soleil dans

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