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et le goût normand. A peine ce style est-il né, que l'on voit bâtir la cathédrale de Coutances. Je crois que l'on peut avancer que Rome n'a rien en style gothique.

Les plus beaux monuments gothiques que je connaisse en Angleterre sont l'abbaye de Westminster, à Londres, fondée sur les ruines d'un ancien temple d'Apollon en 914, et la cathé– drale de Salisbury, commencée en 1220.

La cathédrale de York, brûlée en 1828, avait été rebâtie en 1075.

Longueur du bâtiment, cinq cent quarante-deux pieds anglais; largeur à l'extrémité orientale, cent cinq pieds; à l'autre extrémité, cent neuf pieds; hauteur de l'église, quatrevingt-dix-neuf pieds. La plate-forme de la grande tour est à deux cent treize pieds de terre. Une fenêtre à l'extrémité du chœur a soixante-quinze pieds anglais de hauteur sur trentedeux de large; elle est entièrement garnie de verres de cou leur.

Nous avons remarqué au dôme de Milan une fenêtre à peu près semblable, à l'orient, vers la Corsia de' Servi.

Un des monuments les plus singuliers de l'Europe est la cathédrale de Cordoue, ancienne mosquée appelée Mezquita. Elle fut élevée, en l'année 792, par le roi Abdérame; elle a cinq cent trente-quatre pieds de long et trois cent quatrevingt-sept de large. Cette église est partagée en dix-neuf nefs par mille dix-huit colonnes, dont les plus grandes ont onze pieds trois pouces de hauteur et les plus petites sept pieds seulement.

en

L'Escurial, commencé en 1557, a la forme d'un gril, l'honneur de Saint-Laurent. La façade principale n'a que cinquante et un pieds huit pouces d'élévation sur six cent trentesept pieds de longueur.

L'Alhambra de Grenade, ancienne forteresse arabe, ren

ferme un palais des rois maures. La Cour des Lions a cent pieds de longueur sur cinquante de large; elle est entourée d'une galerie soutenue par des colonnes de marbre blanc ac couplées deux à deux et trois à trois.

Saint-Denis, près Paris, construit en 1152 par Suger, a trois cent trente-cinq pieds de long sur quatre-vingt-dix de hauteur. La colonne de la grande armée, place Vendôme, a cent trente-six pieds de haut. Tâtonnements étranges lors de la construction, terminée le 15 août 1810.

Sainte-Geneviève ou le Panthéon fut commencée en 1763 par Soufflot. La coupole a soixante-huit pieds de diamètre; elle est entourée de trente-deux colonnes de trente-quatre pieds de haut. Le point le plus élevé de Sainte-Geneviève est à deux cent trente-sept pieds du pavé.

La cathédrale de Reims, l'une des plus belles églises de France, bâtie en 840, a quatre cent trente-pieds de longueur et cent dix pieds d'élévation. Saint-Pierre a cinq cent soixantequinze pieds de long et quatre cent huit pieds de haut.

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14 juin 1828. Le premier mérite d'un jeune peintre est de savoir imiter parfaitement ce qu'il a sous les yeux, que ce soit la tête d'une jeune fille ou le bras d'un squelette. C'est avec ce talent qu'il pourra parvenir à copier exactement la tête idéale de Tancrède pleurant la mort de Clorinde ou celle de Napoléon à Sainte-Hélène regardant la mer. C'est son imagination qui créera le modèle qu'il doit copier, si toutefois, après avoir appris les parties matérielles de son art, la couleur, le clair-obscur et le dessin, il se trouve avoir une âme qui lui fournisse des sujets. Si cette âme l'entraîne à peindre des scènes trop au-dessus de la teneur prosaïque de la vie de tous les jours, on louera peut-être son tableau sur parole, mais très-peu de gens en sentiront réellement le mérite.

Les marchands hollandais, le duc de Choiseul, ministre de Louis XV, et des milliers d'amateurs payent au poids de l'or un tableau représentant une grosse cuisinière ratissant le dos d'un cabillaud, pourvu que ce tableau réunisse les trois parties matérielles de la peinture. Les formes énormes des Nymphes de Rubens (Vie de Henri IV au Louvre), les figures souvent insignifiantes, du Titien font la conquête des hommes un peu moins dépourvus d'âme. Enfin, les trois quarts des voyageurs français se trouveraient bien en peine d'avoir un têteà-tête avec une des Madones de Raphaël; leur vanité souffrirait étrangement, et ils finiraient par la prendre en guignon; ils lui reprocheraient de la hauteur et s'en croiraient méprisés.

Quant à tous les tableaux de Raphaël dont le sujet n'est pas une jolie femme, les Parisiens arrivant à Rome n'ont pour eux que de l'estime sur parole; et, si le culte du laid triomphe tout à fait en France, ce peintre sera aussi méprisé dans quatre-vingts ans qu'il l'était il y a quatre-vingts ans.

Si le jeune peintre dont je parlais a beaucoup d'esprit et d'imagination, mais ne possède pas le sine qua non de son art, la couleur, le clair-obscur et le dessin, il fera de jolies caricatures comme Hogarth, dont personne ne regarde les tableaux une fois qu'on a saisi l'idée ingénieuse qu'ils sont destinés à présenter au spectateur.

La civilisation étiole les âmes. Ce qui frappe surtout, lorsqu'on revient de Rome à Paris, c'est l'extrême politesse et les yeux éteints de toutes les personnes qu'on rencontre.

Je faisais ces réflexions ce matin en accompagnant plusieurs jeunes femmes dans les ateliers de MM. Agricola et Cammucini. Le premier fait d'assez jolies imitations de Raphaël. Il ravale ce grand homme au niveau de notre tiédeur actuelle, en ôtant toute énergie à ses figures de Madones. Sans

aucun doute, une tête de femme de M. Agricola plaisait beaucoup plus ce matin que la plus belle Madone de Raphaël, tant l'énergie, quelque mitigée qu'elle soit par l'expression de la piété la plus tendre, est antipathique au dix-neuvième siècle.

M. Cammucini est un homme fort adroit, qui fait de grands tableaux de trente pieds de long, tels que la Mort de Virginie, la Mort de César, etc. Ces grandes toiles n'apprennent rien de nouveau et ne laissent aucun souvenir. Cela est correct, convenable et froid, absolument comme les poêmes à grandes marges que Paris voit prôner tous les hivers. Le bon public ne sait quoi y blâmer.

M. le chevalier Cammucini a le talent assez commun de faire d'excellentes copies. Lorsque les victoires de l'armée d'Italie enlevèrent à Rome la Déposition de Croix si énergique de Michel-Ange de Carravage, en vingt-sept jours seulement M. Cammucini en fit une copie admirable pour le matériel de l'art, et qui n'affaiblissait pas trop l'expression des passions. Je louerai avec plaisir les dessins de M. Cammucini, d'après des figures isolées de Raphaël; ils annoucent réellement beaucoup de talent.

En sortant du magnifique atelier de ce peintre, nous sommes allés chez M. Finelli, sculpteur, place Barberini. Sa Vénus sortant de l'onde est une bien jolie chose, et a obtenu un succès réel auprès de nos compagnes de voyage si jolies elles-mêmes. La sculpture est un art sévère, et qui est loin de plaire au premier abord; depuis quelque temps nos compagnes de voyage ont surmonté ce premier mouvement d'antipathie. M. Finelli a beaucoup d'imagination, sous ce rapport c'est un véritable artiste.

Nous n'avons pu résister à l'envie de revoir la villa Ludovisi, dont nous étions tout près; nous sommes descendus ensuite à la villa Borghèse, où l'on nous a montré les nouvelles

acquisitions du prince. Le soir nous avons eu un bal charmant; il y avait des jeunes gens fort aimables, plusieurs étaient Allemands et les autres Russes. Ceux qui ont le moins de succès dans ce moment sont les Anglais; leur timidité souvent gauche trouve le moyen d'être offensante. L'un d'eux, horriblement triste, et prenant tous les événements de la vie du mauvais côté, a vingt-cinq ans et vingt-cinq mille louis de rente; il est d'ailleurs fort bel homme: il étalait ce soir un immense col de chemise en toile fort grosse. Ces deux ridicules l'ont perdu auprès des dames. Charmante figure de madame la marquise Florenzi de Pérouse; elle avait pour rivale miss N***, qui arrive de l'Inde.

15 juin. Toute l'Europe envie les éléments du bonheurTM réel que la France possède. L'Angleterre elle-même est bien loin de l'état de prospérité dont, si nous n'étions pas un peu fous, nous saurions jouir. Parce qu'un lieutenant d'artillerie est devenu empereur, et a jeté dans les sommités sociales deux ou trois cents Français nés pour vivre avec mille écus de rente, une ambition folle et nécessairement malheureuse a saisi tous les Français. Il n'est pas jusqu'aux jeunes gens qui ne répudient tous les plaisirs de leur âge, dans le fol espoir de devenir députés et d'éclipser la gloire de Mirabeau (mais on dit que Mirabeau avait des passions, et nos jeunes gens semblent être nés à cinquante ans). En présence des plus grands biens, un bandeau fatal couvre nos yeux, nous refusons de les reconnaître comme tels, et oublions d'en jouir. Par une folie contraire, les Anglais, réellement condamnés à un malheur inévitable par la dette et par leur affreuse aristocratie, mettent leur vanité à dire et à croire qu'ils sont fort heureux.

Le bon sens italien ne peut pas comprendre notre étrange folie. Les étrangers voient le résultat total de ce qui se passe

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