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agitation. Le choix qu'on allait faire devait décider qui l'emporterait, du parti libéral, soutenu par Consalvi, ou du parti ultra, conduit par le cardinal Pacca. Consalvi n'était pas un homme d'une assez grande hauteur d'esprit et de caractère pour donner des institutions libérales au peuple romain, et rendre impossible la révolution qui menace Rome et tous les trônes de l'Italie. Il n'osa pas faire du sacré college un corps éclairé, capable de conduire l'Église dans une direction conforme à l'esprit du dix-neuvième siècle. Consalvi fut seulement un homme de vues sages et modérées, armé d'une volonté constante et d'une adresse parfaite. Son libéralisme relatif était cependant assez prononcé pour étonner les Romains, qui sont en arrière de deux siècles sur l'Angleterre et la France; mais à Bologne, à Forli et dans d'autres villes de la Romagne, cù il y a plus de lumières, son administration était jugée avec moins de faveur. Maintenant on le regrette.

<< Pendant la durée du conclave, l'attention du peuple romain fut singulièrement divisée : les habitants de Rome crurent un instant qu'ils étaient conquis par les Autrichiens. Rien ne prouve davantage l'absence de popularité du gouvernement sacerdotal que l'espèce de satisfaction avec laquelle cette nouvelle fut apprise, malgré l'avarice connue de l'Autriche, les persécutions qu'elle exerce contre les carbonari1, et l'antipathie des Italiens pour les dominations étrangères. Voici ce qui avait donné lieu à cette étrange rumeur.

« Un capitaine autrichien, qui allait rejoindre l'armée d'occupation à Naples avec cent cinquante recrues, entra à Viterbe le 15 septembre. Ce capitaine, ravi du bon marché du

1 Vers l'an 540 avant Jésus-Christ, Pythagore fonda des sociétés secrètes dans ce qu'on appelle aujourd'hui le royaume de Naples. Ces sociétés secrètes produisirent des troubles dont ses disciples furent les victimes.

vin, avait bu si immodérément ce jour-là, qu'il s'enivra, et ses hommes en firent autant. Pendant cette débauche, il apprit que le pape était mort, et que le trône pontifical était vacant. Cette idée fermenta dans sa tête, tellement que, lorsque la garde de la porte de Viterbe demanda : « Qui vive? » il répondit qu'il venait prendre possession de l'État de l'Église, au nom de S. M. François II, empereur romain. Les soldats du pape se gardèrent bien de faire aucune résistance; et le capitaine se dirigea vers la place d'armes de Viterbe avec son monde. Il y reçut des billets de logement comme de coutume; les soldats s'enivrèrent encore davantage chez leurs hôtes, et ne pensèrent plus à leur conquête: mais le gouverneur de Viterbe avait dépêché un courrier à Rome pour y porter celle nouvelle. En moins d'une heure elle se répandit dans toute la ville, et ses habitants crurent que Rome allait encore devenir le siége de l'Empire. Le jour suivant, à quatre heures de l'après-midi, lorsque le capitaine autrichien entra dans Rome, par la porte du Peuple, avec sa petite troupe, une foule immense s'était rassemblée sur son passage, malgré les protestations de l'ambassadeur d'Autriche. Même dans l'intérieur du conclave, cette nouvelle acquit quelque crédit, et l'on croit fermement que, si la légation autrichienne avait eu l'esprit de profiter du moment, l'archiduc Rodolphe eût été élu ce jour-là; ou tout au moins elle aurait pu sans peine faire élire quelque cardinal allemand ou lombard. Le nouveau pape aurait nommé tout de suite une trentaine de cardinaux dévoués à l'Autriche, et l'élection de l'archiduc eût été certaine au premier conclave. Ce qu'il y aurait eu de plus singulier dans cette victoire, c'est qu'elle eût été le résultat des propos d'un officier subalterne et de quelques soldats dans l'ivresse. Ce capitaine, qui eût pu faire un pape si l'ambassadeur de son souverain l'eût secondé fut mis aux arrêts.

« Je vous ai déjà dit que les cardinaux français, qui croyaient tout conduire, et s'en vantaient hautement, étaient au contraire complétement pris pour dupes. Ce fut au point qu'ils n'apprirent que la majorité des suffrages devait se fixer sur le cardinal Severoli que lorsque le cardinal Albani prononça le veto de l'Autriche. Leur légèreté avait d'ailleurs vivement offensé la fierté des membres italiens du sacré collége.

<< L'anniversaire d'une solennité de famille, dans la maison de Bourbon, a lieu vers la mi-septembre. Le matin de cette fête, l'un des cardinaux français dit au sacré collége : « Si Vos << Éminences choisissaient ce jour pour élire le nouveau pape, << cela ne pourrait être que très-agréable au roi mon maître.>> Vous ne sauricz vous faire une idée de l'indignation que produisit ce propos. Le pouvoir de la tiare a beaucoup déchu, mais les formes de la cour de Rome sont éternelles; et ces formes annoncent toute la supériorité qu'elle s'attribue sur les autres couronnes. Cette proposition singulière blessait profondément la fierté de la pourpre romaine, au moment même où elle exerçait sa plus imposante prérogative, celle de donner un chef à la chrétienté. Aujourd'hui même, ce propos n'est pas encore oublié à Rome, et je l'ai entendu citer plus d'une fois.

<< Telle est, mon cher ami, l'histoire de l'élévation du cardinal Annibal della Genga au trône pontifical. Le pape Léon X, qui mourut au milieu de ses généreux efforts pour avancer la civilisation de l'Italie, donna un fief aux ancêtres du marquis della Genga, qui étaient alors de simples gentilshommes de la petite ville de Spolette. Le nom de Léon XII, pris par le cardinal della Genga, est une marque de gratitude envers les Médicis, auteurs de la fortune de sa famille. Le pape Léon XI était un Médicis aussi bien que Léon X; mais il est fort peu connu, attendu qu'il n'a régné que vingt-sept jours.

« Vous vous étonnerez sans doute, avec votre candeur pro

testante, de tant d'intrigues ourdies dans une assemblée qui a la prétention d'agir sous l'inspiration du Saint-Esprit. Quand on en parle aux catholiques, ils répondent que les voies de Dieu sont impénétrables, et qu'il fait concourir à l'exécution de ses grands desseins jusqu'aux faiblesses et aux passions des hommes.

« Léon XII est un homme de beaucoup d'esprit, il a les manières d'un diplomate. Ce prince s'est acquis des droits au respect de ses contemporains, par la sagesse avec laquelle il a étouffé dans leur germe les troubles naissants de l'Église de France. Cet homme, si sage dans ses relations avec les puissances étrangères, a été d'un ultracisme, suivant moi, bien impolitique dans son administration intérieure. En défendant les spectacles et les autres amusements pendant l'année du ju– bilé, il avait fait un désert de Rome. J'occupais alors un vaste et délicieux logement qui me coûtait vingt écus par mois, et qui maintenant m'en coûte quarante-huit. L'argent qu'ils tirent du loyer de leurs maisons est à peu près l'unique source de revenu des pauvres habitants de Rome. Aussi cette mesure rendit-elle d'abord très-impopulaire le gouvernement de Léon XII. Je suis persuadé qu'à cette époque, si François Ier, roi de Naples, qui est fort aimé à Rome, eût voulu s'en emparer, il aurait pu le faire, avec ou sans l'agrément de la SainteAlliance et sans tirer un seul coup de canon.

« Alb. RUB. >>

20 octobre 1828.-Nous n'avons joui de Rome, depuis notre retour de Naples, que parce que nous voyons dans chaque monument de la Rome des papes le vestige de quelqu'un des événements que je vais rappeler en peu de mots.

Un des plus grands malheurs de l'Italie, et peut-être du monde, c'est la mort de Laurent de Médicis, le modèle des

usurpateurs et des rois. Il mourut à Florence en 1492, à peine âgé de quarante-quatre ans. Ce fut un grand prince, un homme heureux et un homme aimable; il sut contenir l'esprit inquiet des républicains de Florence, plutôt à force de finesse qu'en abaissant trop le caractère national. Il avait horreur, comme homme d'esprit, des plats courtisans qu'il aurait dû récompenser comme monarque. Il adorait l'antiquité, out lui en semblait charmant, même ses erreurs et ses fautes. Telle fut la disposition de tous les hommes supérieurs de ce pays, depuis Pétrarque et le Dante jusqu'à l'invasion du despotisme espagnol, en 1530. Laurent le Magnifique a été peint en pastel (avec des couleurs fausses, qui exagèrent le brillant et ôtent la grandeur) dans l'ouvrage de M. Roscoë. I jouait bien moins la comédie que ne le croit l'auteur anglais, qui en fait un prince moderne qui veut être à la mode. Laurent de Médicis passait sa vie avec les hommes supérieurs de son siècle, dans ses belles maisons de campagne des environs de Florence. Il aima le jeune Michel-Ange, le logea dans son palais et l'admit à sa table. Souvent il le faisait appeler pour jouir de son enthousiasme, et lui voir admirer les statues antiques et les médailles qui lui arrivaient de la Grèce ou de la Calabre.

Cette première éducation explique la hauteur de caractère que l'on remarque dans la vie et dans les ouvrages de MichelAnge.

Léon X fut fils de Laurent le Magnifique; mais son autre fils, Pierre, qui lui succéda, fut un sot, et se fit chasser de Florence. De ce moment, conserver la liberté fut le premier inté rêt pour les Florentins, et Rome devint la capitale des arts, comme Paris l'est aujourd'hui de la civilisation de l'Europe.

Les papes qui n'avaient pas à trembler pour leur autorité ont fait exécuter les plus grands travaux de peinture, de sculp ture et d'architecture des temps modernes. Nous arrivons à

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