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Peu de princes sont arrivés au trône avec une plus haute réputation; militaire dans sa jeunesse, ensuite premier ministre de Léon X il avait su gagner l'affection des Florentins ses compatriotes, qu'il gouvernait depuis plusieurs années avec une puissance presque absolue. On connaissait son application et son aptitude au travail, on savait qu'il n'avait aucun des goûts dispendieux de son cousin. Rome célébra son avénement avec la joie la plus vive, et ce fut cinq ans après (en 1527) qu'elle devait être réduite au dernier degré de misère par un pillage qui dura sept mois.

dès

Clément VII avait beaucoup d'esprit et manquait tout à fait de caractère. Or nous avons vu dans notre révolution que, que les circonstances politiques deviennent difficiles, l'esprit est ridicule, c'est la force de caractère qui décide de tout.

Sous le règne de Clément VII, la guerre cessa enfin en Italie après l'avoir ravagée pendant trente années. C'est dans ses champs fertiles que l'Espagne et la France avaient trouvé commode de se battre pour la décision de leur querelle. Depuis, ce sont les Pays-Bas qui ont servi de champ de bataille à l'Europe. L'Italie aurait facilement réparé les ravages de la guerre, mais en 1530 Charles-Quint lui ôta toute liberté. La monarchie, non pas la monarchie noble et belle dont nous jouissons, grâce à la charte de Louis XVIII, mais la monarchie la plus jalouse, la plus étroite dans ses vues, la monarchie la plus avilissante, s'établit à Florence, à Milan et à Naples. L'ennemi le plus à craindre aux yeux de chacun de ces petits princes italiens qui ont régné de 1530 à 1796, c'était un homme de mérite. La musique seule, qui n'est pas séditieuse, trouva grâce à leurs yeux.

De petits tyrans, tels que ce Baglioni, qui régnait à Pérouse quand Raphaël étudiait sous Pierre Vanucci, furent remplacés par des princes tels que les derniers Médicis. Ces êtres igno

bles, appuyés de l'immense pouvoir de Charles-Quint, n'eurent plus besoin ni du talent de négocier ni de celui de se battre. Leur seule affaire fut de persécuter les gens d'esprit. Ils furent secondés par Rome, qui avait enfin compris le danger de l'examen personnel et des doctrines de Luther.

Depuis 1530 et la prise de Florence par les troupes de Clément VII, tout homme qui annonça un talent un peu vigoureux fut tôt ou tard puni par la mort ou la prison: Giannone, Cimarosa, etc. Voyez même dans la Biographie Michaud, si jésuitique, la platitude complète des Médicis, qui, jusqu'en 1730, ont avili cette ville célèbre, qui, à l'avénement de Clément VII, passait pour la plus spirituelle d'Italie.

L'établissement des gouvernements tout à fait réguliers jeta une masse énorme de loisir dans la société.

Les citoyens qui ne pouvaient plus s'occuper des intérêts de la patrie devinrent de riches oisifs cherchant à s'amuser. Toute noble ambition fut ôtée à l'homme riche et noble. Le pauvre cherchait à s'enrichir; le riche à se faire marquis; l'artiste voulait créer des chefs-d'œuvre; mais, encore une fois, quel mobile restait-il à l'homme riche et noble?

De là l'avilissement de cette classe 1.

Clément VII, après avoir semé les germes de tous ces malheurs, mourut enfin en 1534. Il avait survécu à sa réputation, et sentait profondément le mépris que Rome, Florence et toute l'Italie avaient pour lui. Il ne sut pas mépriser le mépris et en

mourut.

Alexandre Farnèse, qui prit le nom de Paul III, fut élu le 12 octobre 1534. Vous avez remarqué son magnifique tombeau dans Saint-Pierre. Ce prince voulut donner un trône à ses enfants; sa famille n'était pas sans illustration.

1 Voir le caractère du marquis romain dans l'Aĵo nell'imbarazzo du comte Giraud, et dans les comédies de Cherardo de' Rossi.

Propriétaire du château de Farnetto, dans le territoire d'Orvietto, elle avait produit dans le quinzième siècle quelques condottieri distingués. Paul III avait un fils naturel, PierreLouis, le plus débauché des hommes, connu par la mort du jeune évêque de Fano. Cet homme infàme régnait à Plaisance lorsqu'il y fut assassiné dans son fauteuil, le 10 septembre 1547, par les nobles de la ville révoltés de ses excès.

Paul III mourut le 10 novembre 1549, d'un nouveau chagrin que lui causa sa famille. Il avait nommé plus de soixante-dix cardinaux ; cette précaution le servit bien. Par reconnaissance, son successeur, qui prit le nom de Jules III, fit restituer Parme à Octave Farnèse, dont le fils, Alexandre Farnèse, est ce grand général, digne rival de Henri IV.

Paul III fut le dernier des papes ambitieux, Jules III ne songea qu'aux plaisirs. Il aimait un jeune homme qu'il fit cardinal à dix-sept ans, sous le nom de Innocenzio del Monte. (Si le lecteur est las de cette chronique, il peut sauter quelques pages et passer à l'article du brigandage, page 218. J'ai voulu éviter des recherches ennuyeuses aux voyageurs.)

DES PAPES, APRÈS LE CONCILE DE TRENTE.

A Jules III, mort en 555, et à Marcel II, qui ne régna que vingt-deux jours, succéda Jean-Pierre Caraffa, Napolitain. Agé de quatre-vingts ans lors de son élection, il prit le nom de Paul IV; ce prince avait compris le danger que Luther faisait courir à l'Église. Ce grand homme était mort en 1546, mais non pas brûlé comme Savonarole. On ne verra plus désormais sur la chaire de saint Pierre de pontifes voluptueux comme Léon X, ou ambitieux dans l'intérêt temporel de l'Église, comme Jules II. On trouvera désormais à Rome du fanatisme, et au besoin de la cruauté, mais plus de scandale.

Paul IV est l'un des fanatiques les plus impétueux et les plus singuliers qui aient paru dans le monde. Depuis qu'il était pape, il se croyait infaillible, et était sans cesse occupé à examiner s'il n'avait pas la volonté de faire brûler tel ou tel hérétique. Il craignait de se damner en n'obéissant pas à la partie infaillible de sa conscience. Paul IV avait été grand inquisiteur. Par un hasard bizarre et favorable à ces historiens fatalistes aux yeux desquels les hommes ne sont que des nécessités, Philippe II et Paul IV commencèrent à régner en même temps.

A ce vieillard singulier succéda, en 1559, Pie IV, de a maison Médicis de Milan. Pie V et Grégoire XIII, qui vinrent après, ne songèrent, comme Pie IV, qu'à comprimer l'hérésie. Gré goire XIII eut le plaisir de voir la Saint-Barthélemy et en fit rendre grâces à Dieu 1.

Les livres protestants de cette époque sont pleins de recherches curieuses sur les premiers siècles du christianisme et l'origine du pouvoir des papes. Les protestants citent sou

vent ce vers:

Accipe, cape, rape, sunt tria verba papæ.

Leurs livres sont remarquables par le bon sens, et fort supérieurs sous ce rapport aux ouvrages papistes. Les libéraux actuels sont les protestants du dix-neuvième siècle; l'esprit général des écrits des deux époques est le même: moquerie plus ou moins spirituelle des abus que l'on veut renverser, appel au bon sens individuel, colère des faibles du parti contre les forts qui sont à l'avant-garde, etc., etc.

Félix Peretti est le seul homme supérieur qui ait occupé la

1 Adriani, lib, XXII, p. 49; Davila, liv. V, p. 273; de Thou, lib. LIII, p. 632.

chaire de saint Pierre depuis que Luther a fait peur aux papes. Ce que ce prince a fait en cinq années de règne est incroyable; c'est qu'il était venu de loin au trône. Vous vous rappelez le magnifique tableau de M. Schnetz (au Luxembourg à Paris). Une devineresse prédit à la mère de Félix Peretti, alors occupé à conduire un troupeau de porcs, qu'un jour il sera pape. Il régna du 24 avril 1585 au 20 août 1590.

Sixte-Quint commença par réprimer le brigandage; à la vérité, dès qu'il fut mort, les brigands reprirent possession de la campagne de Rome. Comme tous les princes qui se sont bien acquittés de leur premier devoir, la justice, il fut exécré de ses sujets. Il avait senti que, pour arrêter la main d'un peuple passionné, il faut frapper son imagination par la promptitude du supplice. Six mois après le crime, les peuples d'Italie regardent toujours comme une victime l'homme qu'on mène à la mort (mais je vais passer à Genève pour un homme cruel el barbare).

Vous avez été étonné, en parcourant Rome, de la splendeur et du nombre des monuments de Sixte-Quint. N'oubliez pas que c'est lui qui fit construire, en vingt-deux mois, la voûte de la coupole de Saint-Pierre.

On lui doit les deux ou trois statuts qui ont retardé la décadence morale de l'État romain. Il établit qu'à l'avenir il n'y aurait jamais plus de soixante-dix cardinaux, et que quatre seraient toujours pris parmi les moines. Cet arrangement a suppléé, pendant le dix-huitième siècle, à l'étiolement et à la faiblesse croissan 'e de la noblesse italienne. Il a valu à l'Église Ganganelli et Pie VII, le seul souverain qui ait su résister à Napoléon.

En 1829, les cardinaux qui font le plus d'honneur au sacré collége, sont moines (les cardinaux blancs, M. Micara, etc.). « C'est en suivant les intrigues des bourgeois de mon quartier,

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