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Paul IV est l'un des fanatiques les plus impétueux et les plus singuliers qui aient paru dans le monde. Depuis qu'il était pape, il se croyait infaillible, et était sans cesse occupé à examiner s'il n'avait pas la volonté de faire brûler tel ou tel hérétique. Il craignait de se damner en n'obéissant pas à la partie infaillible de sa conscience. Paul IV avait été grand inquisiteur. Par un hasard bizarre et favorable à ces historiens fatalistes aux yeux desquels les hommes ne sont que des nécessités, Philippe II et Paul IV commencèrent à régner en même temps.

A ce vieillard singulier succéda, en 1559, Pie IV, de a maison Médicis de Milan. Pie V et Grégoire XIII, qui vinrent après, ne songèrent, comme Pie IV, qu'à comprimer l'hérésie. Gré goire XIII eut le plaisir de voir la Saint-Barthélemy et en fit rendre grâces à Dieu 1.

Les livres protestants de cette époque sont pleins de recherches curieuses sur les premiers siècles du christianisme et l'origine du pouvoir des papes. Les protestants citent sou

vent ce vers:

Accipe, cape, rape, sunt tria verba papæ.

Leurs livres sont remarquables par le bon sens, et fort supérieurs sous ce rapport aux ouvrages papistes. Les libéraux actuels sont les protestants du dix-neuvième siècle; l'esprit général des écrits des deux époques est le même: moquerie plus ou moins spirituelle des abus que l'on veut renverser, appel au bon sens individuel, colère des faibles du parti contre les forts qui sont à l'avant-garde, etc., etc.

Félix Peretti est le seul homme supérieur qui ait occupé la

↑ Adriani, lib, XXII, p. 49; Davila, liv. V, p. 273; de Thou, lib. LIII, p. 632.

chaire de saint Pierre depuis que Luther a fait peur aux papes. Ce que ce prince a fait en cinq années de règne est incroyable; c'est qu'il était venu de loin au trône. Vous vous rappelez le magnifique tableau de M. Schnetz (au Luxembourg à Paris). Une devineresse prédit à la mère de Félix Peretti, alors occupé à conduire un troupeau de porcs, qu'un jour il sera pape. Il régna du 24 avril 1585 au 20 août 1590.

Sixte-Quint commença par réprimer le brigandage; à la vẻrité, dès qu'il fut mort, les brigands reprirent possession de la campagne de Rome. Comme tous les princes qui se sont bien acquittés de leur premier devoir, la justice, il fut exécré de ses sujets. Il avait senti que, pour arrêter la main d'un peuple passionné, il faut frapper son imagination par la promptitude du supplice. Six mois après le crime, les peuples d'Italie regardent toujours comme une victime l'homme qu'on mène à la mort (mais je vais passer à Genève pour un homme cruel el barbare).

Vous avez été étonné, en parcourant Rome, de la splendeur et du nombre des monuments de Sixte-Quint. N'oubliez pas que c'est lui qui fit construire, en vingt-deux mois, la voûte de la coupole de Saint-Pierre.

On lui doit les deux ou trois statuts qui ont retardé la décadence morale de l'État romain. Il établit qu'à l'avenir il n'y aurait jamais plus de soixante-dix cardinaux, et que quatre seraient toujours pris parmi les moines. Cet arrangement a suppléé, pendant le dix-huitième siècle, à l'étiolement et à la faiblesse croissan 'e de la noblesse italienne. Il a valu à l'Église Ganganelli et Pie VII, le seul souverain qui ait su résister à Napoléon.

En 1829, les cardinaux qui font le plus d'honneur au sacré collége, sont moines (les cardinaux blancs, M. Micara, etc.). « C'est en suivant les intrigues des bourgeois de mon quartier,

disait le cardinal d'Ossat, que j'ai appris la politique. » « J'ai eu plus à faire pour devenir provincial de mon ordre que pour monter sur le trône, disait un pape moine. >>

La vigueur du caractère de Sixte-Quint, et la grandeur de ses entreprises, font lire avec plaisir l'histoire de sa vie par un nigaud nommé Ciccarelli. Si, à Rome, vous trouvez la prima sera longue (on appelle ainsi la soirée de sept à neuf), lisez Cic-carelli avant d'aller chez les ambassadeurs.

Urbain VII, Grégoire XIV, Innocent IX, ne régnèrent que quelques mois, et ne songèrent qu'à supprimer l'hérésie. Ils avaient raison; le péril était imminent. Tous les genres de misère, secondés par une administration absurde comme à plaisir, détruisaient rapidement la population de l'État romain. Les impôts les plus onéreux, les monopoles les plus ruineux, étaient parvenus à faire regarder le travail comme la plus sotte des duperies.

Il n'y eut plus d'industsie : la force du gouvernement opprimait les sujets sans les protéger; l'administration voulut se mêler du commerce des blés, et bientôt on eut la famine, suivie, comme à l'ordinaire, d'un typhus meurtrier. La peste de 1590 et 1591 enleva dans Rome soixante mille habitants; plusieurs villages des États du pape sont restés depuis absolument déserts. Alors les brigands 1 triomphent, les soldats du pape n'osent plus leur résister; la Rome de 1595 est déjà celle de 1795.

Pendant le premier siècle de ce gouvernement ridicule, de 1595 à 1695, les papes ont lutté d'absurdité; quand le mal a été connu, de 1695 à 1795, ils n'ont pas eu la force de volonté nécessaire pour le réparer.

1 Aujourd'hui, en Italie, un voyageur est bien plus alarme et harcele par la police que par les voleurs (1829).

DU BRIGANDAGE.

Voici l'origine du brigandage. Vers 1550, les habitants des États du pape se souvenaient encore des républiques italiennes, des mœurs qu'elles avaient établies, et enfin de l'usage où chacun était de défendre ses droits par tous les moyens. (Il n'y avait que vingt ans que Charles-Quint avait détruit toute liberté. 1530.) Les mécontents se réfugiaient dans les bois: pour vivre, il fallait voler; ils occupèrent toute la ligne de montagnes qui s'étend d'Ancône à Terracine. Ils se glorifiaient de combattre le gouvernement méprisé qui pesait sur les citoyens. Ils regardaient leur métier comme le plus honorable de tous, et ce qu'il y a de singulier et de bien caractéristique, c'est que ce peuple, rempli de finesse et d'élan, qu'ils rançonnaient, applaudissait à leur valeur. Le jeune paysan qui se faisait brigand était bien plus estimé des jeunes filles du village que l'homme qui se vendait au pape pour être soldat.

Cette opinion publique à l'égard des brigands, qui scandalise si fort les pauvres Anglais malades et méthodistes, tels qu'Eustace, etc., a été créée par l'absurde administration des papes qui ont régné depuis le concile de Trente.

En 1600, les brigands formaient la seule opposition.

Leur vie aventureuse plaisait à l'imagination italienne. Le fils de famille endetté, le gentilhomme dérangé dans ses affaires, se faisaient un honneur de prendre parti avec les brigands qui parcouraient les campagnes. Dans l'absence de toute vertu, lorsque des fripons sans mérite se partageaient tous les avantages de la société, eux du moins ils faisaient preuve de courage.

La ligne d'opérations des brigands s'étendait ordinairement de Ravenne à Naples, et passait par les hautes montagnes

d'Aquila et d'Aquino, à l'orient de Rome. Alors comme aujourd'hui, elles étaient couvertes de forêts impénétrables et fréquentées par de nombreux troupeaux de chèvres qui font la base de la subsistance des brigands. (Voir un tableau de M. Schnetz, le Pecorajo égorgé pour n'avoir pas voulu donner un chevreau aux brigands. Mœurs de 1820.) Depuis 1826, les brigands ont disparu par les soins de M. le cardinal Benvenuti. Mais, avant cette époque, un paysan des environs de Rome avait-il éprouvé, de la part d'un grand seigneur ou d'un prêtre puissant quelque injustice trop irritante pour ses sentiments, il prenait la macchia (littéralement il prenait la forêt), il se faisait brigand.

Sous les papes bigots dont nous esquissons le gouvernement, bien plus absurde que celui des rois leurs contemporains, il arriva quelquefois que de grands seigneurs se mirent à la tête des brigands, et soutinrent une guerre réglée contre les troupes du pape. Les vœux des peuples étaient pour eux. Alphonse Piccolomini et Marco Sciarra furent les plus habiles et les plus redoutables parmi ces chefs de l'opposition, assez semblables à nos chouans. Piccolomini désolait la Romagne; Sciarra l'Abbruzze et la campagne de Rome. Tous deux commandaient à plusieurs milliers d'hommes qui se battaient parce qu'ils le voulaient bien, et parce que la vie de brigand leur semblait plus supportable que celle de paysan. Sciarra et Piccolomini fournissaient des assassins aux gens riches pour les vengeances privées. Souvent un seigneur, fidèle en apparence au gouvernement du pape, était en secret d'accord avec eux.

La sensation actuelle est tout pour un Napolitain; la religion parmi eux ne consiste qu'en pratiques extérieures, elle est encore plus séparée de la morale qu'à Rome, aussi trouveraiton qu'à Naples, dès 1495, il y avait n corps nombreux d'assassins de profession, que le gouvernement enrôlait dans les

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