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disait le cardinal d'Ossat, que j'ai appris la politique. » « J'ai eu plus à faire pour devenir provincial de mon ordre que pour monter sur le trône, disait un pape moine. »>

La vigueur du caractère de Sixte-Quint, et la grandeur de ses entreprises, font lire avec plaisir l'histoire de sa vie par un nigaud nommé Ciccarelli. Si, à Rome, vous trouvez la prima sera longue (on appelle ainsi la soirée de sept à neuf), lisez Cic-carelli avant d'aller chez les ambassadeurs.

Urbain VII, Grégoire XIV, Innocent IX, ne régnèrent que quelques mois, et ne songèrent qu'à supprimer l'hérésie. Ils avaient raison; le péril était imminent. Tous les genres de misère, secondés par une administration absurde comme à plaisir, détruisaient rapidement la population de l'État romain. Les impôts les plus onéreux, les monopoles les plus ruineux, étaient parvenus à faire regarder le travail comme la plus sotte des duperies.

Il n'y eut plus d'industsie : la force du gouvernement opprimait les sujets sans les protéger; l'administration voulut se mêler du commerce des blés, et bientôt on eut la famine, suivie, comme à l'ordinaire, d'un typhus meurtrier. La peste de 1590 et 1591 enleva dans Rome soixante mille habitants; plusieurs villages des États du pape sont restés depuis absolument déserts. Alors les brigands triomphent, les soldats du pape n'osent plus leur résister; la Rome de 1595 est déjà celle de 1795.

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Pendant le premier siècle de ce gouvernement ridicule, de 1595 à 1695, les papes ont lutté d'absurdité; quand le mal a été connu, de 1695 à 1795, ils n'ont pas eu la force de volonté nécessaire pour le réparer.

1 Aujourd'hui, en Italie, un voyageur est bien plus alarme et harcele par la police que par les voleurs (1829).

DU BRIGANDAGE.

Voici l'origine du brigandage. Vers 1550, les habitants des États du pape se souvenaient encore des républiques italiennes, des mœurs qu'elles avaient établies, et enfin de l'usage où chacun était de défendre ses droits par tous les moyens. (Il n'y avait que vingt ans que Charles-Quint avait détruit toute liberté. 1530.) Les mécontents se réfugiaient dans les bois: pour vivre, il fallait voler; ils occupèrent toute la ligne de montagnes qui s'étend d'Ancône à Terracine. Ils se glorifiaient de combattre le gouvernement méprisé qui pesait sur les citoyens. Ils regardaient leur métier comme le plus honorable de tous, et ce qu'il y a de singulier et de bien caractéristique, c'est que ce peuple, rempli de finesse et d'élan, qu'ils rançonnaient, applaudissait à leur valeur. Le jeune paysan qui se faisait brigand était bien plus estimé des jeunes filles du village que l'homme qui se vendait au pape pour être soldat.

Cette opinion publique à l'égard des brigands, qui scandalise si fort les pauvres Anglais malades et méthodistes, tels qu'Eustace, etc., a été créée par l'absurde administration des papes qui ont régné depuis le concile de Trente.

En 1600, les brigands formaient la seule opposition.

Leur vie aventureuse plaisait à l'imagination italienne. Le fils de famille endetté, le gentilhomme dérangé dans ses affaires, se faisaient un honneur de prendre parti avec les brigands qui parcouraient les campagnes. Dans l'absence de toute vertu, lorsque des fripons sans mérite se partageaient tous les avantages de la société, eux du moins ils faisaient preuve de courage.

La ligne d'opérations des brigands s'étendait ordinairement de Ravenne à Naples, et passait par les hautes montagnes

d'Aquila et d'Aquino, à l'orient de Rome. Alors comme aujourd'hui, elles étaient couvertes de forêts impénétrables et fréquentées par de nombreux troupeaux de chèvres qui font la base de la subsistance des brigands. (Voir un tableau de M. Schnetz, le Pecorajo égorgé pour n'avoir pas voulu donner un chevreau aux brigands. Moeurs de 1820.) Depuis 1826, les brigands ont disparu par les soins de M. le cardinal Benvenuti. Mais, avant celle époque, un paysan des environs de Rome avait-il éprouvé, de la part d'un grand seigneur ou d'un prêtre puissant quelque injustice trop irritante pour ses sentiments, il prenait la macchia (littéralement il prenait la forêt), il se faisait brigand.

Sous les papes bigots dont nous esquissons le gouvernement, bien plus absurde que celui des rois leurs contemporains, il arriva quelquefois que de grands seigneurs se mirent à la tête des brigands, et soutinrent une guerre réglée contre les troupes du pape. Les vœux des peuples étaient pour eux. Alphonse Piccolomini et Marco Sciarra furent les plus habiles et les plus redoutables parmi ces chefs de l'opposition, assez semblables à nos chouans. Piccolomini désolait la Romagne; Sciarra l'Abbruzze et la campagne de Rome. Tous deux commandaient à plusieurs milliers d'hommes qui se battaient parce qu'ils le voulaient bien, et parce que la vie de brigand leur semblait plus supportable que celle de paysan. Sciarra et Piccolomini fournissaient des assassins aux gens riches pour les vengeances privées. Souvent un seigneur, fidèle en apparence au gouvernement du pape, était en secret d'accord avec eux.

La sensation actuelle est tout pour un Napolitain; la religion parmi eux ne consiste qu'en pratiques extérieures, elle est encore plus séparée de la morale qu'à Rome, aussi trouveraiton qu'à Naples, dès 1495, il y avait en corps nombreux d'assassins de profession, que le gouvernement enrôlait dans les

grandes extrémités, et qu'il ménageait toujours. Comme le pain quotidien des brigands de la campagne de Rome était pris chez les paysans, il devint bientôt impossible d'habiter les fermes isolées. Les brigands surprenaient, pour les piller, les villages et les petites villes. Ils s'approchaient même des grandes, et en tiraient de fortes sommes, ordinairement demandées par l'intermédiaire de quelque moine. Si les bourgeois ne payaient pas, ils voyaient de leurs fenêtres incendier leurs moissons et leurs maisons de campagne1.

Ainsi la dépopulation de la campagne de Rome fut commencée par les pillages des barbares 2, elle fut continuée par les guerres civiles des Colonna et des Orsini sous Alexandre VI, et enfin achevée par le règne des brigands de 1550 à 1826.

La haine profonde que toutes les classes ressentirent pour le despotisme espagnol, importé par Charles-Quint dans la terre de la liberté, est l'origine de ce respect pour le métier de brigand, si profondément imprimé dans le cœur des paysans d'Italie.

Par l'effet du climat et de la méfiance, l'amour est tout-puissant chez ces gens-là; or, aux yeux d'une jeune fille des environs de Rome, surtout dans la partie montagneuse vers Aquila, le plus bel éloge pour un jeune homme est d'avoir été quelque temps avec les brigands. D'après cette manière de penser, pour peu qu'un paysan éprouve de malheur dans ses affaires, ou soit poursuivi par les carabiniers, à la suite de quelque rixe, il ne lui semble nullement infâme de se faire voleur de grand chenin et assassin. Les idées d'ordre et de justice qui, depuis le morcellement des biens nationaux, sont

1 Vita di Gregorio XIII, par Ciccarelli, p. 300. Galuzzi, Histoire de Toscane, liv. IV, tom. III, p. 273.

2 Voir Micara, Des moyens de rétablir la campagne de Rome. Ronie, 1826.

au fond du cœur du paysan champenois ou bourguignon, semblerait le comble de l'absurdité au paysan de la Sabine. Voulez-vous ici être opprimé par tout le monde et détruit? soyez juste et humain.

Ce furent aussi les Espagnols qui importèrent en Italie 1 usage qui, après les brigands, choque le plus les voyageurs moroses que l'Angleterre verse sur le continent. Je veux parler des cavaliers servants ou sigisbées.

Vers 1540, immédiatement après les mœurs décrites par Bandello, évêque d'Agen, on trouve que toute femme riche doit avoir un bracciere pour lui donner le bras en public quand son mari est occupé de ses fonctions civiles et militaires. Plus ce braccière est d'une famille noble et distinguée, plus la dame et le mari sont honorés.

Bientôt, dans les familles bourgeoises, une femme trouva plus noble d'être accompagnée, pour aller à la messe ou au spectacle, par un autre homme que son mari. Les gens puissants payaient ce bracciere en l'avançant dans le monde ; mais comment pouvait payer le petit bourgeois? Deux amis convenaient en se mariant d'être réciproquement les braccieri de leurs femmes.

Vers 1650, la jalousie espagnole avait réussi à donner aux maris italiens toutes ses idées chimériques sur l'honneur. Les voyageurs de cette époque remarquent que l'on ne voit jamais de femmes dans les rues. L'Espagne a nui à l'Italie de toutes les façons, et Charles-Quint est un des hommes dont l'existence a été le plus fatale au genre humain. Son despotisme dompta le génie hardi, enfanté par le moyen âge.

L'amour s'empara bien vite de l'usage des sigisbées ou cavaliers servants, qui a duré jusqu'à Napoléon. Il établit, à Milan et à Vérone, de grandes maisons d'éducation pour les jeunes filles, sur le modèle de celle de madame Campan. Sa sœur, la

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