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je me charge de la cerimonia. - Qui? moi! à la comtesse Pescara? répond le jeune homme en rougissant, oh! non, je n'y pense pas du tout! Quel enfantillage! Je suis sûr du contraire, vous en mourez d'envie, allons, venez avec moi. >>

-

Le jeune homme, par timidité, résiste et s'éloigne. Le pauvre patito va rendre compte de sa mission, et on lui dit qu'il n'est qu'un sot et un maladroit.

Un instant après, dans une porte où la foule se pressait, la comtesse Pescara donne un petit coup d'éventail sur l'épaule de Vitaliani, et lui dit avec un charmant sourire : « Vous êtes présenté. Quoi, madame! dit Vitaliani en rougissant. — Je désire vous voir dans ma société, venez chez moi demain à deux heures. >>

Le feu monte au visage du jeune homme, il ne trouve rien à dire, salue gauchement et s'éloigne. Il ne dormit pas de la nuit, et arriva plus mort que vif au rendez-vous du lendemain. On prévoit le dénoûment; de sa vie Vitaliani n'avait été aussi heureux. Le soir, ivre de bonheur et de joie, il rencontre madame Pescara au théâtre; il veut l'aborder, elle répond à peine, et par quelques mots insignifiants. Le lendemain il la retrouve dans une soirée nombreuse, elle a l'air de ne le plus connaître. Le surlendemain elle ne le connaît absolument pas et demande tout haut: « Quel est donc ce grand jeune homme blond qui me regarde sans cesse? Je ne l'ai vu nulle part, il sort sans doute du collége? »

Le prince don C. P. soutient que ces traits-là sont fort rares à Rome, où ils nuiraient à la réputation d'une femme. Cet aimable jeune homme veut connaître la France et l'effet d'un gouvernement représentatif; il me consulte sur le projet de venir habiter pendant un an une petite ville du Midi. « Vous vous y ennuierez à périr, et ne trouverez pas un salon ouvert. Il n'y a plus de société; le Français, qui aimait tant à parler et

à dire ses affaires, devient insociable. Si vous trouvez un homme très-poli et liant, remarquez qu'il a plus de cinquante

ans.

« Les destitutions du ministère Villèle ont rompu toute société à Cahors, à Agen, Clermont, Rhodez, etc. Peu à peu, la peur de perdre sa petite place a porté le bourgeois à rendre plus rares ses visites à ses voisins, il va même moins au café. La crainte de se compromettre fait que le Français de trente ans passe ses soirées à lire auprès de sa femme. On vous prendra pour un espion; votre séjour fera la nouvelle du pays, peut-être serez-vous insulté. Le Français n'est plus ce peuple qui cherchait à rire et à s'amuser de tout.

« Les salons de Paris seraient aussi froids et aussi ennuyeux que ceux de province; mais 1o le médecin, le peintre, le député, y arrivent pour avancer leur fortune et faire du charlatanisme; 2o on y apprend des nouvelles ; 3° les hommes que réunit une grande ville au nombre de plus d'un demi-million sont forcément moins bêtes et moins méchants. Vous trouverez trop souvent dans nos petites villes le désir de thésauriser inspiré par la peur de l'avenir et l'impossibilité de dépenser son revenu avec agrément.

A Dijon, ville de gens d'esprit, j'ai remarqué qu'on ne reconnaît la supériorité d'un homme célèbre né à Dijon que lorsqu'on est bien sûr qu'il n'a plus de petits-fils ou de cousins qui pourraient tirer vanité de sa réputation. Au lieu de gaieté et de la soif de s'amuser, vous trouverez en France de l'envie, de la raison, de la bienfaisance, de l'économie, beaucoup d'amour pour la lecture. En 1829, les petites villes les plus gaies et les plus heureuses sont celles d'Allemagne qui ont une petite cour et un petit despote jeune. >>

23 décembre 1828. Nous sortons de l'Académie d'ar

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chéologie qui se réunit près du palais Farnèse. Ces gens-ci ne sont pas intrigants; on voit qu'ils travaillent leurs ouvrages et non pas leurs succès. Ce dont ils parlent, ils l'ont étudié sérieusement, chacun suivant les forces de son esprit. Les savants de Romé vivent seuls; mais aussi, soustraits à la plaisanterie par leur vie solitaire, dès qu'un fait leur convient, ils le regardent commé prouvé. Je leur croirais volontiers un tact extrêmement fin pour ce qui concerne le style en architecture. La forme des lettres d'une inscription leur montre tout de suite qu'elle est de tel ou tel siècle.

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Chaque jour l'on découvre ici quelque monument. Hier on trouvé, près du tombeau de Cecilia Metella, la pierre tumulaire d'un colonel de cavalerie, mort à dix-neuf ans sous les premiers empereurs. Trois membres de l'Académie sont allés ce matin descendre dans la fouille, et ce soir ont fait un rapport sans goût ni grâce, mais fort substantiel. Un ou deux des savants derrière lesquels nous étions assis ont tout à fait la mine de charlatans de place, défaut qui, chez les dentistes, par exemple, n'exclut nullement la plus grande habileté. — Terreur d'un savant qui critiquait devant nous une opinion qu'on sait protégée par le pape régnant; mais, en revanche, ton méprisant et indécent avec lequel on parle du pape dernier mort, ne l'appelant jamais que par son nom de famille Chiaramonti.

Le séjour à Rome fait naître le goût pour l'art; mais les dispositions naturelles ou l'esprit d'opposition lui donnent souvent une direction singulière. Ainsi, trois d'entre nous qui, avant le voyage de Rome, ne régárdaient pas un tableau, soutiennent avec feu que Rubens est le premier des peintres, et que sir Thomas Lawrence fait mieux le portrait que le Morone, le Giorgion, Paris Bordone, Titien, etc.

Sir Thomas Lawrence sait donner aux yeux une expression sublime, mais toujours la même; les chairs de ses visages ont

l'air molles et tombantes. Il dessine d'une manière trop ridicule aussi les épaules de ses portraits. A mon gré, rien ne fait aleux connaître un homme qu'un portrait d'Holbeir voir au ouvre le simple profil d'Érasme.

On parle souvent, quand on est à Rome, des visites des barbares qui sont venus la ravager et détruire les monuments romains. Cette idée, comme tout ce qui n'est pas net, tourmente l'imagination. Malgré la crainte de faire un trop gros volume, je place ici le commencement d'un article sur les barbares. La plupart avaient la bravoure et la liberté, et de grands restes des mœurs décrites par Tacite dans sa Germanie.

1. Alaric, roi des Goths, prend Rome l'an 410. C'est Paul Diacre qui raconte cette invasion, liv. XII. Cherchez le récit original qui n'est pas long et qui a été défiguré par les savants.

L'armée d'Alaric ne resta dans Rome que trois jours; les ravages furent plus grands dans la campagne que dans Rome même. Alaric plaça son camp dans le voisinage de la porte Salara, la dévastation s'étendit vers Baccano et Monterotondo.

Après qu'Alaric fut mort à Cosenza, les Goths revinrent à Rome, menés par leur nouveau roi Athaulf. Tout le pays, sur la route de Terracine à Rome par les montagnes, fut ravagé.

2. En 424, Genseric, roi des Vandales, entra dans Rome, qui ne se défendit pas. Il n'y resta que quinze jours. (Voir Paul Diacre, liv. XV.) Genseric emporta tout ce qu'il put en statues et objets d'art. Les supplications du pape saint Léon eurent un grand succès auprès de lui; mais tout le plat pays entre Rome, Naples et la mer, fut mis à feu et à sang.

3. En 472, Ricimer, roi des Goths, entra dans Rome qui fut pillée; beaucoup de maisons furent brûlées. (Paul Diacre, liv. XVI.) Ricimer arriva par Civita-Castellana et Sutri.

4. De 520 à 530, Odoacre, roi des Hérules, ravagea deux fois la campagne de Rome. La première, quand, après l'abdication d'Augustule, il vint prendre possession de Rome; la seconde, quand, fuyant Théodoric, roi des Ostrogoths, qui l'avait battu près d'Aquilée et de Vérone, Ronie refusa de lui ouvrir ses portes. (Paul Diacre, liv. XVI.)

5. En 527, Vitigès, roi des Goths, assiége Rome, que Bélisaire dé

fend pendant un an, et que le barbare ne peut prendre; il s'en venge en ordonnant à ses troupes d'anéantir dans la campagne de Rome tout vestige de civilisation. Il prit à tâche de faire détruire les monuments et aqueducs qui se trouvaient sur la voie Appienne, de Rome à Terracine. (Paul Diacre, liv. XVII.)

6. De 546 à 556, Totila, roi des Goths, acheva la ruine des environs de Rome. Après un siége de plusieurs mois il entra dans Rome par la porte d'Ostie; il était arrivé par Palestrina et Frascati. Il eut le projet de raser Rome. (Voir Muratori, tome III; Procope, liv. II; Paul Diacre, liv. XVII.)

7. Enfin les Lombards achevèrent la désolation de la campagne de Rome, et firent plus de mal à eux seuls, disent les historiens contemporains, que tous les barbares qui les avaient précédés. Ils vinrent la première fois en 593, et la seconde longtemps après, en 755, sous leur roi Astolphe. (Voir Muratori, tom. III, p. 96 et 177; Baronius, historien vendu à la cour de Rome, tom. X.)

Nous arrivons à l'histoire plus compliquée des invasions de l'empereur Henri IV, de Robert Guiscard et des Sarrasins. Sur toutes ces choses, cinquante pages des auteurs originaux en apprennent plus que cinq cents lues dans les écrivains modernes, presque tous vendus au pouvoir ou à un système.

25 décembre 1828. Nous sommes allés ce matin, pour la dixième fois peut-être, à la messe papale; c'est comme la réception du dimanche aux Tuileries. On célèbre cette messe à la chapelle Sixtine, quand le pape occupe son palais du Vatican; et à la chapelle Pauline, quand Sa Sainteté habite le Quirinal. Cette messe a lieu tous les dimanches et jours de fête, et, quand le pape se porte bien, il n'y manque jamais. Le Jugement dernier de Michel-Ange occupe le mur du fond de la chapelle Sixtine, grande comme une église. Les jours de chapelle papale, on cloue contre cette fresque un morceau de tapisserie qui représente l'Annonciation de la Vierge par le Barroche; c'est devant ce morceau de tapisserie qu'est placé l'autel. Assurément rien d'aussi barbare n'a lieu en France. Le pape entre par le fond de la chapelle et s'assoit à la gauche

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