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L'état actuel de la société à Paris n'admet pas les travatix qui exigent de la lenteur et de la patience. Je ne sais si c'est la raison pour laquelle les gravures de MM. Anderloni, Garavaglia, Longhi, Jesi, l'emportent sur les nôtres.

Rien n'est peut-être plus agréable dans un voyage que l'étonnement du retour. Voici les idées que Rome nous a données à Paris.

Nos compagnes de voyage ne peuvent concevoir que l'on ne fasse pas un portique de huit colonnes dans le genre de celui du Panthéon de Rome, pour cacher la vilaine porte du Louvre et ses œils de bœuf du côté des Tuileries.

Elles ne comprennent pas que nos architectes soignent si peu dans leurs édifices la ligne du ciel (le contour qui se détache sur le ciel). Pour supprimer la vue hideuse des cheminées, il suffirait, en laissant l'élévation de l'intérieur telle qu'elle est, de multiplier les façades par vingt et un vingtièmes.

Tous nos palais plus bas que les maisons voisines leur semblent plats.

Les magnifiques colonnes de la Bourse, qui conduisent à une salle formée d'arcades et de simples piliers, leur paraissent un contre-sens plaisant.

Pourquoi ne pas planter les quais de distance en distance? pourquoi dans cent ans d'ici ne pas couper en deux ou trois endroits la terrasse du bord de l'eau aux Tuileries? En dehors du jardin royal on aurait trois collines avec des échappées de vue sur la Seine. Le talus planté de ces collines descendrait jusqu'au fleuve.

A Rome, choqués par quelque crime ou délit, nous disions souvent: «Pourquoi ne pas établir notre Code civil, des administrations raisonnables à la française? » etc. De retour à Paris, nous voyons les embellissements qui auront lieu d'ici à cent ans; si toutefois les économies du budget et la tristesse répu

blicaine ne paralysent pas tout ce qui dans les arts s'élance au delà de la peinture de portrait ou de la statue pour le tombeau d'un éloquent député.

6 janvier 1829. Je viens de montrer Rome à un jeune Anglais de mes amis qui arrive de Calcutta, où il a passé six ans. Son père lui a laissé dix mille francs de rente, et il était déshonoré auprès de ses amis de Londres, parce qu'il annonçait l'intention de vivre en philosophe avec cette petite somme et sans rien faire pour augmenter sa fortune. Il a fallu partir pour les Indes ou s'exposer au mépris de toutes les personnes de sa connaissance.

Il m'a présenté à M. Clinker; c'est un Américain fort riche qui a débarqué il y a huit jours à Livourne avec sa femme et son fils. Il habite Savannah et vient voir l'Europe pendant un an. C'est un homme de quarante-cinq ans, de beaucoup de finesse, et qui ne manque pas d'un certain esprit pour les choses sérieuses.

Depuis trois jours que je le connais, M. Clinker ne m'a pas fait une question étrangère à l'argent. Comment augmentet-on sa fortune ici? Quand on a des capitaux inutiles dans l'industrie qu'on a entreprise, quelle est la manière la plus sûre de les placer? Combien en coûte-t-il pour avoir un bon état de maison? Comment faut-il s'y prendre pour n'être pas imposed upon (attrapé)?

Il m'a parlé de la France. « Ce que j'entends dire, monsieur, est-il vrai? Serait-il possible qu'un père ne fût pas le maître absolu of his own money (de son propre argent), et qué votre loi le forçât à en laisser une certaine part à chacun de ses enfants? »

J'ai montré à M. Clinker les articles du Code relatifs aux testaments. Son étonnement a été sans bornes; il répétait tou

jours: « Quoi! monsieur, vous frustrez un homme du droit de disposer de son propre argent, de l'argent qu'il a gagné ! »

Toute cette conversation avait lieu en présence des plus Deaux monuments de Rome. L'Américain a tout examiné avec ce genre d'attention qu'il eût donné à une lettre de change qu'on lui aurait offerte en payement; du reste il n'a absolument senti la beauté de rien. A Saint-Pierre, pendant que sa jeune femme, pâle, souffrante et soumise, regardait les anges du tombeau des Stuarts, il m'expliquait la manière rapide dont les canaux se font en Amérique; chaque riverain soumissionne la partie qui traverse sa propriété. « La dépense définitive, ajoutait-il d'un air de triomphe, est souvent inférieure à celle du devis! >>

Enfin, de la conversation de ce riche Américain, il n'est jamais sorti que ces deux paroles de sentiment: « How cheap! how dear! Combien cela est bon marché! combien cela est cher! » M. Clinker a réellement un esprit fort subtil, seulement il parle par sentences comme un homme accoutumé à être écouté. Ce républicain à beaucoup d'esclaves.

Suivant moi, la liberté détruit en moins de cent ans le sentiment des arts. Ce sentiment est immoral, car il dispose aux séductions de l'amour, il plonge dans la paresse et dispose à l'exagération. Mettez à la tête de la construction d'un canal un homme qui a le sentiment des arts: au lieu de pousser l'exécution de son canal raisonnablement et froidement, il en deviendra amoureux et fera des folies.

J'ai accompli un devoir en passant trois jours avec le riche Américain; la société de cet homme m'avait profondément attristé. Pour jouir des contrastes, je l'ai présenté à monsignor N***. Ces deux hommes s'abhorrent.

M. Clinker est venu de New-York à Livourne et de Livourne à Rome avec un jeune Péruvien qui arrivait de Smvrne. Un

riche Français donna, il y a un an, un bal magnifique à Smyrne; un grand seigneur turc, ami du Français, y vint; le Français, à la fin du bal, lui demandant son avis, le Turc parut surpris de trois choses.

« Comment, mon ami, dansez-vous vous-même, lorsque, riche comme vous l'êtes, vous pouvez payer des gens pour danser à votre place? Je ne vous croyais pas si riche. Parmi les femmes qui sont ici, quatre-vingts peut-être sont fort jolies et doivent vous avoir coûté bien cher. >>

Le Turc pensait que toutes les femmes qu'il avait vues paraître appartenaient à son hôte; il le croyait si bien, qu'il lui dit, en forme d'avis : « Quelques cajoleries que me fissent mes femmes, je ne souffrirais jamais qu'elles parussent avec des robes aussi décolletées. »

Ce matin nous avons rencontré à la villa Ludovisi, vis-à-vis la sublime fresque du Guerchin, M. Constantin, le célèbre peintre en porcelaine. C'est l'homme de ce temps qui a le mieux connu Raphaël et qui l'a le mieux reproduit.

(A notre retour en France, nous venons de voir, à Turin, chez M. le prince de Carignan, douze admirables copies sur porcelaine de tout ce que Florence a de plus beau. Le portrait de Léon X par Raphaël, la Poésie de Carlo Dolci, la Vénus du Titien, le Saint Jean dans le désert (probablement esquissé d'après la figure d'un jeune nègre), nous ont semblé au-dessus de tous les éloges. M. Constantin ne donne dans aucune des petitesses modernes : il ose être simple.)

12 janvier 1829. Un Allemand de nos amis s'occupe d'un ouvrage qui me fait trembler pour la gloire de tous les prétendus savants qui parlent de Rome, M. Von S** a fait la liste de toutes les ruines qui existent à Rome et dans la campagne à dix lieues de distance dans tous les sens.

Il va transcrire en entier à la suite de ces noms tous les passages des auteurs anciens qui s'y appliquent évidemment. Il place dans une seconde division, qu'il imprime avec un autre caractère, les passages des auteurs anciens dont les rapports avec telle ruine peuvent être contestés.

Dans une troisième division, il résume en peu de mots les opinions de Nardini, Venuti, Piranesi, Uggeri, Vasi, Fea, etc., etc., etc.

Enfin il propose ses conjectures, basées presque uniquement sur le texte des auteurs anciens, les médailles, les copies des monuments (par exemple, l'arc de triomphe de Bénévent, copie de l'arc de Titus au Forum, détruit par M. Valadier).

Le livre dont je parle, exécuté en conscience, exigera un travail de plusieurs années. On verra combien est borné le nombre des raisonnements plausibles que l'on peut faire sur les choses anciennes de Rome. Cet ouvrage changera l'aspect de la science vers 1835.

J'ai cherché à énoncer sur les monuments de Rome l'opinion la plus probable en 1829, qui sera peut-être renversée en 1839.

Je vais présenter au lecteur, à propos du temple de Mars hors des murs, un exemple du travail qui a été fait sur beaucoup de monuments, mais par malheur avec une bonne foi souvent douteuse. Trop souvent les savants se volent entre eux, et, pour devancer un rival, publient ou démentent une conjecture avant de s'être environnés de toutes les preuves que pourraient fournir les auteurs anciens. Je m'abstiens de citer des exemples vivants.

Quelle fut la situation du temple de Mars hors des murs? Ce temple fut non-seulement hors des murs, mais voisin de la porte Capène. « Extra urbem, prope portam, » dit Servius. Cette porte fut à peu près d'un mille plus rapprochée du Capi

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