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tion ont été les tombeaux de beaucoup de renommées. Si M. Dillon eût grossi la liste des naufrages qu'elles ont vu faire, il aurait complété la démonstration de l'insuffisance de l'éducation et des occupations des ecclésiastiques pour les rendre propres aux affaires publiques. Les mêmes hommes qui sur leur terrein avaient brillé dans les assemblées du clergé, n'ont pu proférer une parole dans cette assemblée. M. Dulau, archevêque d'Arles, avait fourni sa carrière d'agent du clergé avec la plus grande distinction: il ne put pas soutenir la tribune, et ne l'affronta qu'une fois; et néanmoins ce prélat dont la vie avait été si vertueuse, et dont la mort fut si héroïque, était doué de beaucoup de talens, et pourvu de vastes connaissances; mais elles ne portaient pas sur les objets qui vinrent en discussion. On parlait à ces hommes de choses. qu'ils ne savaient pas, et sur lesquelles ils n'avaient point de provisions faites d'avance. Ils ressemblaient aux chevaliers, lorsqu'avec leurs lances ils rencontrèrent des fusils. C'est ce qui réduisit à un si petit nombre les membres du clergé qui parurent avec éclat dans l'assemblée. Ils avaient perdu terre en en

trant dans la discussion de l'ordre social ou politique(1); ils savaient très-bien autre chose, mais ils ignoraient celles-là, et c'étaient celles qu'alors il importait de savoir. Tel est le résultat inévitable d'une éducation et d'occupations qui n'ont qu'un but unique, fixe et déterminé, il est vrai, mais très-restreint dans son étendue, on sait très-bien cela, mais aussi ne sait-on que cela? arrive un déplacement, on ne sait plus rien. Le clergé de l'assemblée constituante, comme les nobles du côté droit, n'eut jamais ni chefs ni plans, et n'était pas susceptible d'en avoir. Ceux qui parlaient parmi eux, le fesaient pour leur compte propre, jamais en vertu d'un concert ou d'un plan. Il ne fut jamais possible de les tenir ensemble pendant quatre jours. J'ai assisté à une réunion, en 1789, au mois de novem

(1) Je suis la preuve de ce que j'avance. Quinze années d'éducation ecclésiastique ne m'avaient rien appris de ce que l'on traitait dans l'assemblée; j'y apportai de bonnes intentions, mais une ignorance politique complette il fallut recommencer l'éducation à trente ans. Je me tûs dans tout le cours de l'assemblée, qu'aurai-je pu dire? je ne savais pas.

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bre, dans laquelle il fut convenu d'essayer du silence, et de livrer le côté gauche aux divisions que l'absence de toute opposition de notre part ne pouvait manquer d'y produire. Le lendemain les parleurs montèrent à la tribune deux ou trois fois. On tenta des réunions publiques annoncées à grand bruit : cela n'était bon qu'à se faire lapider, ce qui ne manqua pas d'arriver. Dans les temps de parti, ces réunions ne sont permises qu'à ceux qui tiennent le haut du pavé. Le côté droit s'opposait en vociférant, en opposant des outrages à des injustices et à des violences; n'osant protester ouvertement, il déclinait le principe d'autorité de l'assemblée lorsqu'il lui était contraire, il le réclamait lorsqu'il lui était favorable; chevaleresque et intolérant, sortant sans réflexion, rentrant sans dignité, incapable de se discipliner, plein d'honorables sentimens et d'inconvéniens en affaires. Les curés étaient impropres à les traiter. Arrachés à leurs habitudes, étrangers à la vie de Paris, fatigués de la longueur des séances, de la prolongation de la session, d'écouter ce qu'ils n'entendaient pas, ils ne pouvaient manquer de former des auxiliaires faibles pour la cause

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qu'ils soutenaient d'atursavec la plus grande rectitude d'intentions. La longueur des séances contrariait les habitudes de toute leur vie, de manière à les faire sortir de l'assemblée aux heures auxquelles la mêlée devenait la plus chaude alors rien ne pouvait les retenir. Il en était de même pour les nobles, dans la belle saison rien ne les eût empêché d'aller à la campagne tous les samedis. Le côté opposé, qui le savait, attendait ces absences pour porter ses coups. C'est ainsi que presque tous les nobles du côté droit, partis de Paris le samedi soir du jour où l'on supprima la noblesse apprirent le lundi suivant, à leur retour, l'échec que leur absence avait permis de faire éprouver à leurs titres et à leur blason. Ce corps était ingouvernable, et l'exemple qu'il a laissé prouve que, dans la direction des affaires publiques, l'habileté doit servir de compagne et d'auxiliaire à la vertu. Il y avait beaucoup de cette dernière dans le côté droit, mais bien peu de la première. On disait que si le côté gauche faisait bien le mal, le côté droit faisait mal le bien.

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CHAPITRE XXII.

Clergé depuis la déportation jusqu'à la restauration religieuse. Trois clergés. Sermens.

Par la déportation et le serment de l'assemblée constituante il se trouva trois clergés deux au dedans, un au dehors; et, pour compléter l'imbroglio, les deux clergés du dedans ne s'entendaient point entr'eux, mais un des deux s'entendait avec le clergé du dehors. Des machines disposées dans un sens aussi contraire ne peuvent pas jouer, aussi le désordre était fort grand.

L'émigration, comme j'ai déjà eu lieu de le dire, avait forcé la déportation par les dangers auxquels la correspondance établie entre la conduite, les intérêts, les sentimens et les vœux des prêtres et des nobles exposaient les premiers. Lorsque de toute part on court aux armes et que l'on égorge, que peuvent faire ceux qui n'ont point d'armes, et qui sont évidemment dévoués au sacrifice. Or, tel était alors l'état des prêtres. Le 10 août on com

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