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faits vers la religion. Il était infiniment cu rieux d'observer comment on allait procéder. La cruelle fille d'Henri VIII, la reine Marie avait employé le fer et le feu pour défaire l'ouvrage de son père, heureuse que la mort ne lui donnât pas le temps de ressentir les effets de son imprudence. Jacques II avec ses jésuites et sa présomptueuse tyrannie, pour avoir bravé l'esprit de l'Angleterre, s'était fait chasser. Renverser un culte établi est une grande affaire: le relever après sa chûte peut n'en être pas une moindre. Voilà celle qui pesait sur le premier consul. Jeune, élevé dans les camps, succédant à un temps d'irrévérence religieuse; étranger aux questions de cette nature, n'ayant jamais approché des prêtres et de leurs débats, nourri au milieu des scènes qui avaient amené d'abord la dépréciation, ensuite la destruction du culte catholique, sa position était singulière et difficile ; il s'était proposé à lui-même la solution d'un problême dont les élémens lui étaient inconnus. C'est ce qui l'absout de la faute immense qu'il fit alors, et que depuis il s'est reprochée si amèrement, Il avait commencé avec le plus judicieux

discernement, il finit par un acte d'aveugle. La plus magnifique occasion de s'affranchir à jamais de toute contestation religieuse s'offrait à lui; il fut entraîné par la routine dans les voies où il devait les rencontrer toutes. Comment cela se fit-il? Comment un homme d'un génie si transcendant, d'un coup-d'œil si juste et si prompt, dont la force consistait en partie à ne rien voir et à ne rien faire comme les autres, qui venait de prendre la route du Saint-Bernard pour arriver à Marengo, comment, dis-je, un pareil homme a-t-il repris l'ornière tracée par François Ier, en ne consultant ni lui-même ni son temps, et en renonçant à tous les avantages de gloire et de tranquillité que les circonstances venaient, pour ainsi dire, mettre à ses pieds? Je vais tâcher de l'expliquer.

La restauration religieuse faisant partie de la restauration politique, dut être conçue et dirigée sur le même plan: il ne pouvait pas y avoir à la fois deux plans agissant en sens contraires. Depuis dix ans, on ne travaillait qu'à diviser; alors on ne travailla qu'à réunir. Un systême dit de fusion fut adopté et maintenu dans toutes

les parties. Il était le seul raisonnable, car, avec des exclusions ou des préférences, la division était maintenue, et c'était là qu'était le mal. Cette première partie fut admirablement conduite. Les fruits ne se firent pas attendre ; par suite de cette sage combinaison, trois mois après le 18 brumaire, la France n'était plus reconnaissable. Le clergé était fort divisé les restés, les rentrés étaient opposés aux constitutionnels. Ceux-ci avaient des appuis dans les chefs de la révolution : ils pouvaient en trouver dans les intérêts créés par elle. Une seule maladresse de la part de leurs ennemis, et ils étaient fort riches en ce genre, pouvait les perdre. Les mots de dime, de restitution, d'ancien ordre, des reprochesou des exigeances mal placés suffisaient pour les compromettre. Il n'en fallait pas davantage; on l'a yu au 20 mars. D'un autre côté, les prêtres constitutionnels occupaient les édifices religieux, exerçaient le culte officiel. C'est dans cet état que le premier consul trouva les choses et ce clergé. Que faire...? le brusquer, l'éliminer? élever au-dessus ou bien à côté de lui ceux qui croyaient avoir le droit de s'en plaindre, peut-être même

de lui adresser des reproches ? le livrer aux vents opposés des doctrines contraires, faire deux églises et deux clergés? Tout cela était directement contraire au but que l'on se pro posait, celui de la réunion. Effacer toutes les nuances, réunir les parties divergentes en un seul corps était bien plus sage, et c'est ce que l'on fit. Je sais que dans cette restauration on s'est attaché à ne voir et montrer que l'intérêt personnel de son auteur; cela est commode et abrège beaucoup les frais de la reconnaissance : mais quand on se fait ingrat par système, on s'expose à voir la bienfaisance tarir par principes. L'église ne demanda pas à Constantin pourquoi il se faisait chrétien.

à ne

Ici l'éloge doit s'étendre et se partager sur plusieurs têtes. Rendons à la fois hommage au chef de l'église et au clergé constitutionnel, et que ce rapprochement ne choque point, car quiconque a contribué à la paix, en mérite. Le pape apporta dans ce plan de rapprochement des esprits, et de l'effacement du passé, tout ce qui était propre à accélérer et à cimenter ce désirable résultat. Bien éloigné de ces maximes de rigorisme qui

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n'invoquant que les vengeances de l'église, et qui dans leurs provocateurs annonçaient aussi peu d'esprit que de charité, ce pontife plein de mansuétude étendit également. son manteau sur les plaies de tous ses enfans, leur ouvrit tous les trésors d'indulgence dont il tenait les clefs, et remettant au ciel et au temps tout ce que l'un et l'autre avaient vu et souffert, il ne s'occupa que de réunir tous les esprits et tous les coeurs dans le service commun de l'église, et dans le maintien de la paix. Quels anathèmes auraient pu faire autant de bien ? Quelle main armée d'une imprudente sévérité aurait pu guérir autant de blessures? Et comment, après tout ce qui s'était passé, oser appliquer ces lois rigoureuses destinées pour les temps calmes, qui laissant à l'homme la pleine disposition de ses facultés, lui laissent avec elle la pleine disposition de ses actions, et l'entière responsabilité qui en est la suite. Loin, loin cette vertu insociable et sauvage qui ne sait rien accorder à l'humanité, qui ne veut pardonner qu'avec des flétrissures ou des humiliations, qui exige de même de l'homme suspendu sur un abîme, et de l'homme re

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