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du Professeur James Ward,au nom de l'Université de Cambridge, l'autre du R. P. David Fleming, représentant le Ministre-Général de l'Ordre des Franciscains.

Au lunch qui fut donné par Merton College, sous la présidence du Warden, le bibliothécaire de la Bodléienne rappela les encouragements que Roger Bacon reçut du Pape Clément IV.

C'est peut-être, pendant qu'il était légat du Saint-Siège, en Angleterre, de 1263 à 1265, que le Cardinal Guy de Foulques, d'origine française et grand ami des sciences, connut Bacon, apprécia ses travaux et s'intéressa aux réformes qu'il préconisait dans les études ecclésiastiques, l'enseignement de l'écriture sainte et la prédication.

Devenu pape sous le nom de Clément IV, en 1265, l'ancien légat fit remettre à son protégé une lettre datée du 23 juin 1266, dans laquelle se lisent ces lignes « Nous vous mandons et par rescrit apostolique,

enjoignons telle est notre volonté de nous adresser le plus tôt possible, nonobstant toute défense de n'importe quel prélat et toute Constitution de votre ordre, l'ouvrage que, établi dans un moindre office, nous vous avions prié de remettre à notre cher fils Raymond de Laon. Vous n'oublierez pas de nous indiquer par une missive les moyens à employer pour remédier à cette triste situation que vous nous avez fait connaître, et cela sans retard et en tenant la chose aussi secrète que vous pourrez ».

Bacon s'était done recommandé à la bienveillance du pape. Cette lettre si amicale et si pressante lui donna de nouvelles ardeurs au travail.

Pour y satisfaire, il écrivit l'Opus majus, son œuvre principale, qui fut portée au Saint Père par Jean de Paris ou Jean de Londres, le disciple préféré de l'auteur. Bientôt après, craignant que les graves occupations du Pontife ne lui laissent pas le temps de lire un aussi fort volume, il lui en adresse une sorte de résumé, l'Opus minus et, la même année, l'Opus tertium qui devait être, pour les deux ouvrages précédents, ce que le second avait été pour le premier, à la fois un résumé et un complément. C'est dans l'Opus tertium qu'il faut chercher les plus précieux renseignements sur la biographie de Bacon.

Clément IV mourut le 29 novembre 1268. Trois années seulement d'un règne très encombré d'affaires politiques ne lui ont pas permis de tirer parti des idées de Bacon sur la réforme des

études ecclésiastiques; mais il n'est pas interdit de penser qu'on s'en soit inspiré plus tard (1).

Après le discours de M. F. Madan, le bibliothécaire de la Bodléienne, M. G. Picavet prit la parole au nom de l'Université de Paris; et le Chancelier de l'Université salua les délégués étrangers. Ce fut M* Ratti, délégué de la bibliothèque du Vatican, qui répondit le premier. Dans son discours, qu'il fit en latin, il annonça la découverte récente d'un nouveau manuscrit de Bacon.

Le Comte d'Haussonville et M. Henneguy, membres et représentants de l'Institut et du Collège de France, le R. P. David Fleming, au nom de l'Ordre Franciscain, et le Professeur James Ward pour l'Université de Cambridge, parlèrent ensuite. Enfin, Sir Osler remercia, au nom des invités, le Warden et les Fellows de Merton College.

Parmi les visiteurs, les uns assistèrent aux Romanes lectures sur la théorie atomique, données par Sir J. J. Thompson; d'autres se rendirent à la Bodléienne où le bibliothécaire avait exposé les ouvrages imprimés ou manuscrits de Bacon; ceux-ci comprenaient le manuscrit de l'Opus majus, de Opus tertium des fragments de l'Opus minus, ainsi que d'autres pièces fort intéressantes, entre autres le curieux traité De retardandis senectutis accidentibus.

La fête prit fin par une garden-party, dans les jardins du Wadham College.

La Clarendon Press a publié le memorial de ce septième centenaire. Parmi les études qu'il contient, nous signalons celle, sur la Vulgate latine, due à S. É. le Cardinal Gasquet.

Nous souhaitons que ces fètes d'Oxford stimulent les chercheurs à compléter, par de nouvelles trouvailles, ce que nous · possédons déjà des œuvres de Bacon, à en tirer parti pour l'histoire des sciences au XII siècle, et à éclaircir les points encore obscurs de sa vie tourmentée. Puissent-elles se couronner, comme on nous le fait espérer, par une édition des Opera omnia digne de leur auteur.

(1) Voir Catholic Encyclopædia, New-York, t. XIII, article Roger Bacon (P. Witzel).

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Nous ne parlerons pas de la philosophie de Roger Bacon; nous renvoyons le lecteur à un maitre, M. M. De Wulf, dans son Histoire de la philosophie médiévale (1).

Le grand public ne connait guère Roger Bacon que pour avoir vu son nom accolé à quelques découvertes retentissantes. Les pages qui vont suivre n'ont d'autre but que de rappeler ces rapprochements et la valeur que leur attribuent ceux qui les ont pesés.

Le nom du moine anglais est souvent mis en parallèle avec celui du moine allemand, Berthold Schwartz, quand on parle de l'invention de la poudre à canon.

Il serait vraisemblablement oiseux de rechercher le nom du personnage qui aurait réalisé le premier, d'un seul coup et de toutes pièces, cette découverte. Elle est l'oeuvre collective de nombreux chercheurs de compositions incendiaires, et le résultat de multiples tâtonnements. Ce qui est intéressant, et ce qui fut parfois mis en question, c'est de savoir si Roger Bacon a connu la composition de la poudre à canon.

On n'a pas fixé avec certitude l'époque à laquelle vivait Schwartz. L'année 1354 est souvent donnée comme date de son invention; mais il paraît certain que l'Angleterre fabriquait la poudre dès 1344, et qu'on usait du canon en France, en 1338, à Florence en 1326, etc.; on parle d'un manuscrit de 1325, De officiis regum, où l'on pourrait voir la représentation d'un canon. On avait done, avant 1354, non seulement inventé la poudre, mais reconnu sa force d'expansion et le moyen de l'utiliser pour lancer un projectile. C'est de cette dernière invention que certains érudits ont fait honneur à Schwartz. Il est vraisemblable, en effet, que ces deux découvertes, celle de la poudre et celle du canon, soient distinctes et même très distantes l'une de l'autre; il conviendrait en tous cas de reculer la date de 1354, attribuée à l'invention quelle qu'elle soit, du moine allemand.

Une chose est certaine, c'est que cette invention de Schwartz n'est pas celle de la poudre. Une communication de

(1) Volume VI du Cours de philosophie publié par l'Institut philosophique de l'Université de Louvain, quatrième édition, 1913, pp. 487-496.

M. Duhem à l'Académie des Sciences (1), a tranché la question: un siècle avant Berthold Schwartz, Roger Bacon connaissait la composition de la poudre à canon.

On nous permettra de reproduire ici cette communication de M. Duhem; elle encouragera les chercheurs, auxquels les écrits de Bacon réservent sans doute plus d'une trouvaille intéressante.

«Le beau manuscrit conservé à la Bibliothèque Nationale sous le n° 10246 (fonds latin) provient de la bibliothèque de Louis XIV. Il contient une série de pièces sur diverses Sciences, toutes copiées à Naples, en la seconde moitié du xve siècle, par Arnaud de Bruxelles.

» L'une de ces pièces a été transcrite par le copiste, comme il nous l'apprend lui-même, d'après un manuscrit en mauvais état et dont la fin manquait. Terminée le 14 décembre 1476, cette copie s'étend du fol. 186 recto au fol. 226 recto; elle occupe donc 81 grandes pages.

» L'Ouvrage qu'elle reproduit porte le titre Liber tertius Alpetragii. In quo tractat de perspectiva. De comparatione scientiae ad sapientiam. De motibus corporum cœlestium secundum ptolemeum. De opinione Alpetragii contra opinionem ptolemei et aliorum. De scientia experimentorum naturalium. De scientia morali. De articulis fidei. De Alkimia.

>> Ce titre, qui est en même temps un sommaire, est fort exact, sauf en ce qui concerne le nom de l'auteur. L'écrit en question n'est nullement de l'astronome arabe Al Bitrogi (Alpetragius); une bonne partie de cet écrit est consacrée à une comparaison entre le système astronomique d'Al Bitrogi et le système de Ptolémée. Une lecture, même superficielle, de l'Ouvrage révèle aussitôt qu'il est de Roger Bacon; les indications que l'auteur donne lui-même, à maintes reprises, nous apprennent en outre qu'il est un fragment de l'Opus tertium.

>> Ce fragment n'a aucune partie commune avec le fragment considérable de l'Opus tertium que I.-S. Brewer a publié à Londres, en 1859, dans le volume intitulé: Fr. Rogerii Bacon Opera quaedam hactenus inedita. Dans l'ouvrage complet, il prenait place, médiatement ou immédiatement, après le fragment publié par Brewer, auquel il renvoie à plusieurs reprises... >>

En attendant qu'il puisse publier le Liber tertius Alpetragii, avec les données que l'on peut tirer de ce document pour

(1) COMPTES RENDUS, tome CXL, 1908, séance du 27 janvier, p. 156.

l'histoire des Sciences au XII siècle, M. Duhem lui emprunte ce renseignement :

«La pièce nouvelle fixe la réponse à une question souvent débattue Bacon connaissait-il la composition de la poudre à canon? Dans l'Opus majus, il parlait d'une poudre explosive qui se formait au moyen du salpêtre. Dans le De mirabili poteslate artis et naturae, publié en 1542, à Paris, par Oronce Finée, parmi d'autres énigmes alchimiques, il enseigne en ces termes (fol. 52) un moyen d'imiter le tonnerre et les éclairs: « Salis petrae luru vo po vir can utri et sulphuris », ce qui veut dire, paraît-il, salispetræ carbonum pulvere et sulphuris (1); mais le livre édité par Oronce Finée n'est qu'une reproduction très fautive de la lettre De secretis operibus artis et naturae et de nullitate magiae, dont Brewer a publié le texte dans l'Ouvrage déjà mentionné; or ce texte correct parle bien (p. 536) de la poudre explosive, mais n'indique nullement, même sous forme d'énigme, quelle en est la composition; il est donc permis. de suspecter l'authenticité de la formule donnée en De mirabili potestate.

» Au contraire, le texte que nous avons étudié ne nous permet plus de douter que Bacon n'ait connu la poudre à canon. Au recto du folio 213, sous ce titre : De la poudre des Lombards, il reproduit ce qu'il a dit dans l'Opus majus des propriétés explosives de cette poudre ; mais il nous apprend en outre qu'elle est connue dans les diverses parties du monde, et qu'elle se compose de salpêtre, de soufre et de charbon de saule : « exemplum » est puerile de sono et igne qui fiunt in mundi partibus diversis » per pulverem salis petræ, et sulphuris, et carbonum salicis ».

» Le rapprochement des termes dont Bacon se sert pour décrire les effets de la poudre explosive en la lettre De secretis operibus naturæ, en l'Opus majus et en l'Opus tertium montre qu'il s'agit bien, dans ces trois écrits, de la même poudre. Or la

(1)« Émile Charles, Roger Bacon, sa vie, ses ouvrages, ses doctrines, 1861, p. 299. » - Dans le De secretis operibus artis et naturae, imprimé à Hambourg en 1618, on lit (chap. 11): « Item ponderis totum 30 sed tamen salis petrae luru vopo vir can utri et sulphuris ; et sic facies tonitruum et coruscationem, si scias artificium. Videas tamen utrum loquar aenigmate aut secundum veritatem. » Quelques auteurs ont voulu lire : luru mope can ubre, anagramme de pulvere carbonum. H. W. L. Hime, Gunpowder and Ammunition, 1904, interprète ainsi l'énigme : «Salis petrae r(ecipe) VII part(es), V nov(ellae) corul(i) V et sulphuris » : prends sept parties de salpètre, cinq de jeune coudrier, et V de soufre. The Encyclopaedia Britanica, eleventh edition, au mot Gunpowder.

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