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qui en émane; il veut qu'elle soit une conquête de l'observation. Comment, par exemple, à son avis, eston parvenu à reconnaître que la planète Saturne est froide? « Voici comment les anciens astrologues ont prouvé que cette étoile est froide : en certaines années, ils ont vu que le Soleil, alors qu'ils le savaient dans le signe du Cancer, brûlait les terres moins que de coutume; comme ils savaient, d'ailleurs, que cela ne pouvait provenir de la nature du Soleil, ils se sont enquis de la planète qui était dans le même signe que le Soleil; trouvant que c'était Saturne, ils ont dit qu'en Saturne, était une cause de froid. »

Ainsi mises en évidence, les qualités physiques des planètes donnent l'explication des autres propriétés que les astrologues ont attribuées à ces astres; ils ont dit, par exemple, que Saturne était une planète nuisible. « C'est à cause de sa froideur qu'elle est dite nuisible (1) ».

Les fables des païens sur ces planètes divinisées ne sont que symboles des qualités physiques dont elles sont douées : « On dit (2) que Mars est le Seigneur des combats, parce qu'il confère chaleur et sécheresse, qualités d'où provient le courage; ce sont, en effet, les tempéraments chauds et secs qui sont courageux. » C'est, de même, parce qu'elle communique la chaleur unie à l'humidité que Vénus est dite déesse de la volupté, car les voluptueux sont de tempérament chaud et humide.

(1) Philosophicarum et astronomicarum institutionum, Guilielmi Hirsangiensis olim abbatis, libri tres. Basilea excudebat Henricus Petrus, Mense Augusto, Anno MDXXXI. Lib. I De Stella nociva, et Saturno falcigero, p. 36. — Venerabilis Bedæ Elementorum Philosophiæ libri quatuor, lib. II. [VENERABILIS BEDÆ OPERA. Accurante Migne, t. I (PATROLOGIÆ LATINE, t. XC), col. 1115]. Honorii Augustodunensis De Philosophia Mundi libri quatuor. Lib. II, cap. XVII: De Saturno. [HONORII AUGUSTODUNENSIS OPERA. Accurante Migne (PATROLOGIÆ LATINÆ, t. CLXXII) col. 62].

(2) Hirsangiensis, lib. I. De Marte tertio planetarum, p. 36. Beda, lib. II, col. 1145.- Honorius, lib. II. cap. XIX: De Marte; col. 63.

Ainsi réduite par Guillaume de Conches à n'être qu'une Astronomie physique, l'Astrologie abandonne toute prétention à la divination de l'avenir; en fait, le Περὶ διδαξέων ne renferme pas la moindre allusion aux horoscopes et aux autres pratiques de l'art judiciaire ; la prétendue science des généthliaques demeure entièrement exclue de l'encyclopédie scientifique composée par le maître chartrain.

Cet exemple nous montre clairement que la raison des Chrétiens d'Occident, ou, du moins, des plus instruits d'entre eux, échappa à l'emprise de la superstition astrologique, tant qu'elle demeura étrangère à la Science du monde hellène et du monde musulman.

Il en fut autrement à partir du moment où les traducteurs eurent commencé de révéler à la Chrétienté latine ce qu'on pensait chez les Arabes.

La pensée des sages de l'Islam, en effet, était toute embrumée de rêveries astrologiques; l'Astrologie s'insinuait partout, aussi bien dans les systèmes des philosophes que dans les calculs des Astronomes; à dire vrai, les systèmes des philosophes semblaient avoir pour principal objet d'assurer les principes de l'Astrologie, et les instruments, les canons, les tables des Astronomes tendaient uniquement à rendre possibles et aisées les opérations de cet art.

Ces doctrines dont l'art généthliaque semblait le couronnement, envahirent, au XIIe siècle, les écoles chrétiennes d'Occident. Avant que ce siècle fût au milieu de son cours, Hermann le second adressait à Robert de Rétines sa traduction abrégée de l'Introductorium in Astronomiam où Abou Masar avait exposé tous les principes essentiels de la fausse science astrologique.

L'Astrologie, telle que la présentait Abou Masar, n'invoquait plus le fatalisme rigide et absolu dont se réclamaient les doctrines des Stoïciens et des Chal

déens; elle ne supposait plus le déterminisme, négateur de toute liberté, dont s'indignaient les Pères de l'Eglise. Albumasar, nous l'avons vu (1), admettait qu'il y eût, parmi les choses à venir, des effets contingents, dont la production ou la non existence résulterait du choix de notre libre arbitre. A la vérité, sur ce choix même que nous accomplissons librement entre deux futurs contingents également possibles, les étoiles ne sont pas dépouillées de toute influence, mais cette influence ne s'exerce que d'une manière indirecte; les astres ont le pouvoir de modifier l'harmonie qui existe entre le corps et l'âme de l'homme et, par là, d'incliner l'âme à choisir dans tel sens plutôt que dans le sens opposé; d'ailleurs, cette influence indirecte, il semble bien que notre astrologue la regarde comme limitée; il la tient pour capable de solliciter notre décision; il ne paraît pas croire qu'elle suffise à la derminer entièrement.

Ainsi définie, l'Astrologie n'avait plus rien qui s'opposât essentiellement aux enseignements de l'Église catholique; les docteurs chrétiens pouvaient l'admettre ou, tout au moins, la tolérer; c'est, nous le verrons, ce qu'ont fait la plupart d'entre eux.

En revanche, lorsqu'Abou Masar, non content d'avoir posé les principes de la Science astrologique, passe en revue les principales applications qu'on en peut faire à la prévision des événements futurs, il lui arrive d'apporter des affirmations ou des conjectures dont les croyants de toute religion, et donc, en particulier, les Chrétiens pouvaient, à juste titre, s'inquiéter.

C'est qu'en effet des évènements que l'astrologue a le pouvoir de prédire, Abou Masar n'exclut pas, bien au contraire, la naissance ou le déclin des religions; bien souvent, dans ses écrits, il prend soin d'affirmer

(1) Voir: Le Système du Monde, Première Partie, Ch. XIII, § XIV; t. II, pp. 373-376.

que tel phénomène astronomique annonce les changements des sectes religieuses, permutationes et vices

sectarum.

Il est, par exemple, un phénomène céleste auquel tous les astrologues arabes attribuaient, dans leurs pronostics, une extrême importance; c'est la conjonction de Saturne et de Jupiter avec la tête du Bélier. Le Liber de proprietatibus elementorum, que le Moyen Age attribuait fort naïvement à Aristote, entretenait déjà ses lecteurs des graves conséquences des conjonctions en général, et de cette conjonction-là en particulier (1). Parlant de ceux qui croient à une lente permutation des continents et des océans, l'auteur du Livre des éléments écrivait :

« Ils admettent que les évènements qui se produisent sur la terre ont pour cause le mouvement des corps célestes, de l'élément noble qui est l'orbe, et ce qui découle de ces corps; car ceci est l'agent qui opère en toutes choses.

» Ainsi, prétendent-ils, le déluge qui a eu lieu sur la terre n'a pas eu d'autre cause que la conjonction. des étoiles [errantes] dans le signe des Poissons; le vent qui, dans Hadramoth, a fait périr les nations a été produit par la conjonction qui s'est faite dans le signe des Gémeaux; la conjonction qui a eu lieu dans le signe de la Vierge est la seule cause de la peste qui a désolé la terre de Lamen; il en est de même des autres événements qui surviennent au moment des rassemblements d'étoiles et des conjonctions...

» Les années de stérilité et les années d'abondance proviennent uniquement de la permutation des étoiles

(1) Aristotelis Liber de proprietatibus elementorum (cité d'après les ARISTOTELIS OPERA que termine le colophon suivant: Impressum (sic) est præsens opus Venetiis per Gregorium de Gregoriis expensis Benedicti Fontanæ Anno salutifere incarnationis domini nostri MCCCCXCVI. Die vero XIII Julii. Fol. 366 (marqué 466), vo. et fol. 367 (marqué 467), ro.

[errantes], d'un signe à l'autre, au-dessus des sept climats.

» La mortalité qui fait disparaître les nations et les vacances des royaumes se font au moment de la conjonction de deux des planètes, savoir de Saturne et de Jupiter. C'est lorsqu'elles passent d'une triplicité à une autre qu'adviennent les grands accidents. »

Abou Masar partage toutes les croyances des astrologues dont parle le Livre des éléments; s'il est un phénomène céleste dont il attend les effets les plus considérables, c'est, assurément (1), « la conjonction des deux planètes supérieures, c'est-à-dire de Saturne et de Jupiter, « au point équinoxial mobile du printemps, conjonction qui se reproduit toutes les 960 années solaires. » Or, « pour le temps de la conjonction des deux planètes supérieures dans le Bélier (2), se trouve annoncé le commencement de quelqu'une des choses universelles, d'une secte ou d'une autre chose semblable ».

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Mais Albumasar ne se contente pas de ces indications générales; il va plus loin; il précise et détaille.

<<< Certains astrologues, écrit-il (3), ont dit que l'intervalle de temps au bout duquel la fortune passe d'une secte à une autre secte comprend dix révolutions de Saturne... Ils prétendent, en effet, que la permutation de Saturne se produit lorsque dix révolutions de cet astre sont accomplies. » Tous les 290 ans, donc, doit se produire quelque grand changement dans la

(1) Albumasar de magnis conjunctionibus: annorum revolutionibus : ac eorum profectionibus : octo continens tractatus. Colophon : Opus albumazaris de magnis coniunctionibus explicit feliciter. Impressum Venetijs Mandato et expensis Melchiorem (sic) Sessa. Per Jacobum pentium de Leucho. Anno domini 1515. Pridie kal. Junii. Tract. I, differentia I, fol. sign. Aiii, ro. (2) Albumasaris, Op. laud., Tract. I, diff. I, fol. sign. Aiiii, ro.

(3) Albumasaris. Op. laud., Tract. II, diff. VIII, fol. précédant de deux rangs le fol. sign. D, vo, et fol. précédant immédiatement le fol. sign. D, ro.

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