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par une kinase il fait sa proie d'un substrat inerme ou désarmé.

Avouons-le, cette schématisation nous paraît, en ce qui concerne la kinase, fort hasardée. En effet, si la kinase est un activateur du zymogène ou un sensibilisateur du substrat (ce qui revient au même dans le cas présent), elle n'est pas cependant l'élément spécificateur de la réaction, à l'inverse de ce que semble être l'ambocepteur. Et la réaction zymotique n'est pas non plus spécifiée par le complexe : substrat + kinase, à la façon dont, selon Bordet, la réaction immunisante serait spécifiée par le complexe : antigène + sensibilisatrice. Ici, la réaction est spécifiée, des avant l'entrée en scène de la kinase, par la diversité spécifique des zymogènes, du complément donc. C'est du moins ce qu'il est permis de conclure des recherches de Bayliss et Starling sur la spécificité des sucs de sécrétine. L'adaptation spécifique des sucs pancréatiques se fait, d'après eux, dans la glande même, donc dans le zymogène, sous l'influence de ce substitut du substrat alimentaire que sont les sécrétines (1). Le terrain de comparaison de la kinase. avec l'ambocepteur se restreint donc à la bande étroite que représente le rôle d'« intermédiaire indispensable » ou de mordant » tenu par les deux. Est-ce assez pour faire des ferments, activés par une kinase, des « Antigene zweiter Ordnung » (2), constitués par l'association d'un ambocepteur et d'un complément? Oppenheimer y incline, quoique avec force réserves. Celles qu'il formule reposent surtout sur l'incompatibilité de l'assimilation kinase-ambocepteur avec l'opinion discutable encore, mais tout de même fortement motivée — de

(1) La théorie des sécrétines de Bayliss, vivement attaquée par Popielski (1908-1909), trouve une confirmation formelle dans le mémoire de E. Zunz. A propos du mode d'action de la sécrétine sur la sécrétion pancréatique. ARCHIV. INTERNAT. PHYSIOL., t. 8, 1909.

(2) Oppenheimer, Die Fermente, usw. I, p. 130.

Bayliss et Starling, qui, nous l'avons vu précédemment, envisagent l'action de l'entérokinase comme une catalyse véritable transformant le trypsinogène en trypsine active. Devant de pareilles divergences, notre conclusion à nous ne peut être qu'une expectative prudente. Les enzymes sont-elles donc, oui ou non, des antigènes ? Deux caractères semblent essentiels à la notion d'antigène : (1) faculté de liaison plus ou moins spécifique à une substance qui (2°) présente les propriétés des anticorps. A l'encontre de Oppenheimer, nous serions porté à attacher plus d'importance au second caractère qu'au premier, qui ressemble bien fort à une propriété banale de colloïdes adsorbés. Les enzymes seront donc des antigènes si réellement elles peuvent provoquer la formation d'anticorps, d'antienzymes. Et il paraît bien qu'il en est ainsi pour un certain nombre d'entre elles. On peut mesurer, par le détail des pages précédentes, la portée exacte de cette affirmation modeste.

Conclusion générale. Si nous avions prétendu tracer une esquisse d'ensemble des réactions qui se développent dans les liquides organiques, notre tâche ne pourrait se borner ici. Nous devrions creuser davantage l'analogie, si douteuse à la fois et si obsédante, entre les premières phases de l'activité zymotique et celles de la réaction d'immunité peut-être une analyse plus fine permettrait-elle, non pas d'établir ce parallélisme un peu fruste que nous avons presque écarté tantôt, mais d'harmoniser plus complètement les deux processus dans l'unité d'un point de vue d'ensemble. Nous ne pouvons songer à tenter ici cette aventure, si périlleuse pour le sens de stricte objectivité auquel nous nous efforçames de subordonner chaque développement de cet article. Nous devrions aussi ne pas omettre une analyse au moins sommaire

du mode d'action des sécrétines et des autres « hormones» de Bayliss, ces substances excitatrices dont l'activité, puissante à petite dose, fait songer à quelque chose d'intermédiaire entre les ferments et les toxines; mais notre point de vue restreint nous interdit ce terrain nouveau, puisque tout indique que l'action de la sécrétine et sans doute des autres hormones - est une combinaison chimique proprement dite (1). Nous ne pénètrerons donc pas plus avant dans l'enchevêtrement magnifique des réactions silencieuses qui s'entrecroisent à ce plan de l'être vivant, où l'on sent partout palpiter la vie sans parvenir cependant à isoler une seule de ses manifestations de la continuité nécessaire avec l'ambiance inorganique. Il nous suffira d'avoir entrevu le rôle qui revient, dans l'étude du métabolisme de l'être vivant, à la chimie des colloïdes. Notre précédent article eut pour but de faire saisir le principe même des singularités de l'état colloïdal, et de montrer les contre-coups généraux de celles-ci sur la biologie de la nutrition. Les problèmes biotrophiques les plus fondamentaux doivent, pour devenir pleinement intelligibles, subir une transposition dont la clef est dans les propriétés de l'état colloïdal. Notre second article dégagea les maîtresses lignes de deux des principaux aspects que présente aujourd'hui l'étude du métabolisme organique : le mode d'action des enzymes et le mécanisme de l'immunité; et ici, encore une fois, nous avons pu constater que le développement naturel de ces lignes directrices les faisait converger vers un problème de colloïdes.

Tout ce que nous avons dit nous paraissait nécessaire pour bien marquer la légitimité, le point précis d'in

(1) Dixon W. E. and Hamill P. The mode of action of specific substances, with special reference to secretin. JOURN. OF PHYSIOL. Vol. 38, 1909.

sertion, la portée générale et les limitations naturelles des théories colloïdales. Mais, nous tenons à le répéter, le contenu de ces articles ne dépasse pas le niveau de la très modeste vulgarisation : il peut orienter l'esprit et faciliter d'autres lectures: il ne saurait à aucun titre suggérer des solutions concrètes ou faire la base de déductions spéculatives. Notre intitulé général n'est pas superflu: il excusera, auprès d'un lecteur attentif, certaines lacunes, parfois volontaires, des pages qu'il introduit.

J. MARECHAL, S. J.

LES MONTS, LES BOIS ET LES EAUX

La REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES avait donné jadis une série d'études sur la torrentialité dans les montagnes, sur les travaux de défense entrepris pour en combattre l'action dévastatrice (1), et finalement sur les différents modes employés en France pour recouvrir de végétation soit forestière, soit herbacée, suivant les climats et les altitudes, les versants arides ou dénudés (2). Près de trente ans se sont écoulés, et le travail de restauration des montagnes est encore peu avancé. Plusieurs catastrophes ont sévi depuis lors inondations dans les bas pays, destructions d'habitations ou de groupes d'habitations par éboulements en montagne, parfois avec mort d'hommes. L'opinion s'est émue. D'autre part, la pénurie croissante des bois de construction et d'industrie l'a inquiétée, et la hausse des prix dans cette nature de marchandise a incité les grands propriétaires forestiers à abattre leurs futaies exploitables, souvent même celles, moins âgées, qui eussent pu et dù attendre. Nouvelle source de souci dans le public qui, poussant les choses à l'extrême, a envisagé avec angoisse la « déforestation » de la France.

L'influence bienfaisante des bois sur la conservation des sources, et sur la régularisation du régime des cours

(1) Montagnes et torrents, t. XI, janvier et avril 1882; t. XII, juillet 1882; t. XIV, octobre 1883.

(2) Reboisements et repeuplements, t. XVI, juillet et octobre 1884; t. XX, juillet 1886.

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