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savons des Arméniens, apparentés aux Thraco-Phrygiens qu'ils viennent d'Europe, tandis que pour les Tochares nous sommes dans l'ignorance la plus complète. L'Europe, et surtout l'Europe occidentale, d'une part, l'Asie centrale (Turkestan) d'autre part, ont donc été très tôt occupées par des Indo-Européens. Si, comme nous le croyons (voir ci-dessus, p. 240), contrairement à l'opinion de M. Schrader, la région intermédiaire de la Mer Noire se prête mal à la formation du peuple indo-européen, c'est à l'ouest avec M. Hirt ou bien à l'est avec M. Ed. Meyer qu'il faut chercher le point de départ de l'expansion de nos langues. L'étude plus complète du tocharique, que l'on prétend être une langue du groupe kentum et l'exploration du Turkestan nous diront si la deuxième hypothèse est défendable, En particulier si l'on démontre que le tocharique appartient au rameau occidental (avec le grec, le latin, le celtique et le germanique), le problème devient très complexe et la solution européenne de M. Hirt paraîtra peut-être trop simple et trop facile pour avoir chance d'être vraie. Du point de vue linguistique (si l'on fait abstraction du tocharique encore trop mal connu), l'hypothèse d'une expansion graduelle et non de migrations aventureuses semblables à celles des Visigots et des Vandales paraîtra la plus admissible. C'est entre le groupe kentum et le rameau irano-indien que les contrastes sont le plus marqués; les deux rameaux intermédiaires s'unissent à celui-ci pour former le groupe satem, du moins si l'on ne considère que les gutturales. Mais le vocalisme et le vocabulaire (termes d'agriculture; nom du sel; etc.) du balto-slave comme de l'arménien rapprochent ces rameaux linguistiques du groupe kentum. Le balto-slave a même dans la déclinaison un trait commun avec le germanique, l'instrumental et le datif pluriels à morphème en m. Ces particularités nous montrent qu'il n'y a pas eu de grandes perturbations dans les positions relatives des

divers peuples, tandis que, d'autre part, les séparations très nettes entre le grec et l'arménien, entre le germanique et le lithuanien, entre le slave et l'iranien, nous défendent d'admettre la chaîne continue des dialectes de M. Kretschmer. Nous sommes donc ramenés à cette conception d'une unité européenne, qui s'oppose clairement au groupe irano-indien, hypothèse souvent combattue depuis G. Curtius en 1864 et toujours renaissante. Sans doute les mots « groupe satem » ont un fondement dans les faits établis. Mais c'est une chose d'autant plus remarquable que, abstraction faite du traitement des gutturales, la division en deux moitiés du monde indo-européen cesse de répondre à la réalité. Nous en conclurons que l'unité indoeuropéenne connaissait une grande séparation dialectale, celle des groupes kentum et satem. Mais il se produisit ensuite une scission plus complète encore, celle qui isola le rameau arique, non pas du groupe satem, mais de toute l'unité indo-européenne. Où cette dernière continua-t-elle d'exister après cette première séparation? Était-ce en Europe? Sans doute, nous dira M. Hirt, car les langues d'Europe représentent la masse, le tronc, le groupe irano-indien n'en est qu'un rameau détaché. C'est l'hypothèse la plus simple; malheureusement, nous l'avons vu, on ne saurait la démontrer. M. Ed. Meyer nous fait voir l'ensemble des Indo-Européens en marche de l'Orient vers l'Europe ; ils laissent derrière eux, aux bords de la Mer Caspienne, un groupe de traînards, les Irano-Indiens. L'itinéraire est plus long, il suppose un concours de circonstances favorables plus difficiles à rencontrer réunies, mais on ne saurait prouver la fausseté de la thèse. Il appartiendra à l'archéologie occidentale et surtout orientale de découvrir les éléments nouveaux qui permettront de trancher entre les opinions oppo

sées.

JOSEPH MANSION.

VARIÉTÉS

LA REORGANISATION

DE L'ÉCOLE DE GUERRE EN BELGIQUE

Un arrêté royal du 10 mai 1910, réorganise l'École de guerre en Belgique. Depuis 1894, on n'avait pas cru devoir modifier, officiellement du moins, ni l'organisation, ni les programmes de notre premier établissement d'instruction militaire. L'expérience cependant avait appris que maintes prescriptions cadraient mal avec les exigences d'une éducation militaire d'ordre supérieur, et, par la force des choses, certaines réformes s'étaient introduites peu à peu dans la pratique. Il devenait nécessaire de régulariser une situation de plus en plus anormale. L'arrêté royal du 10 mai dernier remet le tout au point.

L'École de guerre, créée en vertu de l'art. 7 de la loi du 5 avril 1868 réglant l'organisation de l'armée, a pour but de pourvoir à l'instruction militaire supérieure et d'assurer le recrutement des officiers du corps d'Etat-major. En France, une institution analogue porte le même nom; en Allemagne, on la désigne sous le nom d'Académie de guerre, tandis que les Écoles de guerre correspondent à peu près à notre École

militaire.

En principe, le commandant de notre premier établissement d'instruction doit être un officier de grand mérite, car il a, dans ses attributions, la haute surveillance de l'enseignement. C'est à lui qu'incombe le soin de veiller à ce que les leçons soient toujours au niveau des progrès si rapides des multiples branches de l'art de la guerre, de maintenir l'unité de doctrine, et d'écarter les répétitions inutiles des mèmes matières dans les cours qui, plus que dans tout autre genre d'études, ont des objets voisins.

Les Élèves de l'École de guerre se recrutent, à la suite d'un concours, parmi les officiers des quatre armes qui satisfont à certaines conditions de grade, d'àge et de capacité. Pour être admissible, il faut, d'abord, être officier depuis 5 ans au moins, le 1er octobre de l'année de la présentation. Cette prescription crée une anomalie : les sous-lieutenants issus du cadre et nommés dans la promotion trimestrielle de septembre, peuvent entrer à l'École, après 5 ans de grade exactement. Ceux, au contraire, qui ont étudié à l'École militaire et qui reçoivent leur brevet, chaque année, vers le mois de novembre, ne peuvent entrer dans le même établissement avant 5 ans et 40 mois de grade. Comme on s'efforce de recruter un personnel du corps d'État-major jeune et vigoureux, et comme, habituellement, les anciens de La Cambre ont, sur leurs collègues issus du cadre, l'avantage d'être plus jeunes, à parité d'ancienneté, on s'explique difficilement le retard que cette condition de recrutement leur impose.

Les examens d'admission se font, en principe, par écrit. Ils portent sur les matières suivantes : l'histoire militaire, l'histoire générale, la géographie générale et politique de l'Europe, le recrutement et l'organisation de l'armée belge, la tactique, la fortification, l'artillerie, la topographie, la géométrie descriptive, le calcul des probabilités, l'équitation et, enfin, une langue moderne autre que le français.

Nous ne pouvons entrer dans le détail des matières renseignées au programme de cet examen; contentons-nous de quelques observations. L'étude de l'histoire militaire porte sur les faits des campagnes remarquables, depuis Turenne jusqu'en 1870. Cette addition au programme ancien est heureuse en soi; peut-être la surcharge est-elle un peu lourde. L'histoire générale néglige les périodes antérieures au Moyen àge et s'arrête à la grande révolution française; c'est très suffisant. En géographie, on a supprimé toutes les questions d'ordre militaire pur (organisation des armées, systèmes défensifs, etc.), pour l'étude desquelles les candidats ne savaient où puiser les renseignements, dès qu'il s'agissait de pays autres que la France, l'Allemagne et la Hollande. L'introduction, dans le programme, de l'étude du recrutement et de l'organisation de l'armée belge, comble une lacune manifeste jusqu'ici on n'étudiait ces matières, ni au cours de la préparation, ni pendant les trois années d'études à l'École de guerre ; elles étaient censées connues. Par contre, le recrutement et l'organisation des Français et des Allemands

n'avaient aucun secret pour les officiers élèves. Le calcul des probabilités est, également, une innovation.

Pour ce qui concerne les langues vivantes, on a fait disparaître une condition préjudiciable à de nombreux jeunes gens. Jusqu'en 1910, le néerlandais et l'allemand étaient obligatoires; on ne faisait pas mention de l'anglais. Or, à l'École militaire, on a le choix entre l'allemand et l'anglais, tant au moment de l'entrée que pendant le séjour dans cet établissement. Le néerlandais y est obligatoire pendant les années scolaires. Les officiers-élèves qui, pour des raisons personnelles, avaient opté pour l'anglais et approfondi l'étude de cette langue, perdaient le bénéfice de leurs peines, au profit de ceux qui s'étaient adonnés à la culture de l'allemand. A l'avenir, on pourra se faire interroger dans l'une quelconque des trois langues précitées.

Un mot encore sur l'examen d'entrée. Autrefois, dans chaque branche, l'examinateur posait trois séries de questions parmi lesquelles chacun des candidats choisissait, au mieux de ses intérêts, celle qui lui convenait. A partir de 1911, il n'en sera plus ainsi, la question à résoudre sera la même pour tous. Il y a, sans doute, de bonnes raisons pour qu'il en soit ainsi, mais n'y en aurait-il pas d'excellentes pour qu'il en fût autrement ? La quantité de matières dont le programme du concours impose la connaissance est effrayante. Il en est ainsi, dira-t-on, de tout programme d'examen. Mais il n'en est pas moins vrai qu'en face de celui-ci, il faut admettre qu'il est impossible, à la grande majorité des candidats, de s'assimiler à fond, ne fût-ce que pour quelques jours, un tel amas de connaissances disparates. Il s'ensuit qu'on se présente à l'examen avec une notion très générale, très vague dès lors, de l'ensemble et des idées plus nettes, plus complètes sur les points auxquels, suivant sa mentalité, on a attribué la plus grande importance. Que va-t-il se présenter, avec la question unique imposée? La palme serat-elle toujours remportée par quelques sujets hors ligne? Ne le sera-t-elle pas, le plus souvent, par quelques candidats heureux qui, par hasard, auront approfondi l'étude du problème posé, ou même, par ceux qu'en langage d'écoliers, on appelle << perroquets >> ? La saine moyenne des candidats ne court-elle pas le risque d'être évincée, et la question unique ne créerat-elle pas la prime à la chance et à la mémoire, au détriment de l'intelligence et du travail consciencieux? Le système «ternaire >> que nous voudrions voir remis en honneur ici, et même appliqué en d'autres circonstances, réduit l'influence du hasard; et du

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