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UN des principaux objets de notre visite, mes Frères, a été l'administration de cet auguste sacrement qui nous confirme dans la foi, nous rend parfaits chrétiens, soldats de Jésus-Christ, et qui est comme le complément et la perfection de notre baptême. Nous ne doutons point que les enfans qui vont le recevoir n'aient été pleinement instruits et suffisamment préparés pour une action si importante, par les dignes pasteurs qui sont venus les conduire au pied de cet autel, de sorte qu'il est peut-être plus nécessaire encore de donner ici nos avis aux pères qu'aux enfans. Souffrez donc, pères et mères, que nous nous adressions à vous dans cette circonstance. Quelle consolation ne doit-ce pas être pour vous, de vous voir associés à ces bons frères qui vont faire de vos enfans leur famille adoptive; car vous aussi vous êtes leurs instituteurs et leurs premiers surveillans! Si vos enfans s'imposent aujourd'hui de grands devoirs,

vous contractez aussi de nouvelles obligations; s'ils promettent d'être plus sages et plus dociles, vous promettez aussi d'être plus vigilans. C'est à vous principalement que l'Église remet en ce jour le dépôt précieux de leur foi et de leur innocence; c'est à vous à continuer l'oeuvre sainte que ses ministres ont commencée; c'est à vous à la maintenir, en écartant loin d'eux tous les objets qui pourroient réveiller leurs passions et tenter leur foiblesse.

Nous ne vous répèterons pas ici ce que la raison et la foi vous ont déjà appris; nous ne vous dirons point que vous exercez dans vos maisons une espèce de sacerdoce, que vous êtes à cet égard les ministres de Dieu, ou, pour parler le langage de l'Écriture, les dieux de vos propres familles ; que vous devez les gouverner, ainsi que l'Éternel gouverne l'univers, par un mélange heureux de douceur et de force; qu'un compte redoutable vous en sera demandé; que vous rendrez ici, non-seulement œil pour œil et dent pour dent, mais ame pour ame; et que souverain juge vous imputera sans miséricorde, non-seulement les vices que votre négligence aura laissé germer, mais encore tous ceux qu'une constante vigilance auroit pu prévenir.

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Les voilà donc ces enfans, dont la destinée vous est confiée; les voilà saints, les voilà purs,

et dans un moment ils seront plus purs encore. Que vont-ils devenir entre vos mains? quelles instructions vont-ils recevoir de vous? quels exemples allez-vous leur donner? quelles ressources trouveront-ils dans leurs propres familles pour se garantir à la fois contre le monde et contre eux-mêmes? Hélas! faut-il ici vous confier nos alarmes? Et comment ne frémirions-nous pas, quand nous pensons que vos enfans auront bien moins besoin d'être fortifiés contre leurs propres passions que contre les vôtres, quand nous réfléchissons qu'ils trouveront peut-être auprès de vous le grand scandale de leur foi et de leur innocence; quand nous pensons que la maison paternelle, bien loin d'être l'asile de leur vertu, ne sera peut-être pour eux qu'une école de dépravation, et qu'au lieu de leur servir de conducteurs et d'anges tutélaires, vous n'en ferez que les témoins de vos désordres, nous n'osons dire les malheureux complices de vos égaremens?

Et d'où sont venus tous les malheurs qui ont désolé la génération actuelle, et tous les vices qui la corrompent, si ce n'est de l'éducation toute profane que vous donnez à vos enfans? Ah! si vous aviez soin de jeter dans leur ame encore tendre les semences de la vertu; si de bonne heure vous leur appreniez à être bons chrétiens pour

devenir bons citoyens; si vous vous appliquiez à leur montrer que leur grand intérêt et leur véritable bonheur est dans l'amour des saints devoirs, que tous les biens leur viendront avec la sagesse, et que toujours ils seront assez riches, ainsi que le disoit le saint homme Tobie, tant qu'il leur restera et la crainte de Dieu et le trésor d'une conscience pure, combien vous épargneriez d'écarts à leur jeunesse, de larmes à la religion, de scandales à l'Église, de maux à la société, et de repentirs à vous-mêmes!

En effet, nos très-chers Frères, verrions-nous alors ces jeunes gens licencieux, si communs de nos jours, qui n'ont plus de vertus à quinze ans, et qui ont tous les vices à trente? Verrionsnous ces filles chrétiennes, si.toutefois elles sont dignes de ce nom, renoncer au plus bel apanage de leur sexe, la modestie et la pudeur? Verrions-nous ce luxe scandaleux, qui corrompt à la fois le riche qui l'étale, et le pauvre qui le convoite; ces irrévérences multipliées dans le lieu saint, scandales inconnus aux nations infidèles, et la plus grande marque de la corruption d'un peuple? Verrions-nous cette déplorable infraction des saints préceptes de l'Église, cette profanation déhontée du saint jour du Seigneur, où la loi du repos n'est plus qu'une loi de licence; ce mépris affecté des saintes règles de l'absti

nence et du jeûne; ces livres impies dévorés avec avidité, circulant avec audace, et répandant avec impunité le poison mortel qu'ils renferment? Verrions-nous ces mariages mal assortis, qu'a formés l'intérêt et que l'intérêt divise; et peut-être, car nous ignorons s'il y en a dans cette paroisse, ces mariages que la religion ne connoît pas, que l'Eglise réprouve et qu'elle frappe de tous ses anathèmes? Verrions-nous enfin les solennités désertes, les sacremens abandonnés, le devoir pascal indignement foulé aux pieds, et sa transgression devenue une bienséance publique? car tels sont, Messieurs, les principaux désordres qui déshonorent cette pa roisse, jusqu'ici le modèle des autres paroisses? Et quelle est donc notre amertume, quand un triste pressentiment nous avertit, pour ainsi dire, que les maux que nous déplorons sont peut-être moins affligeans que ceux qui se préparent, et quand l'irréligion, commençant à gagner tous les états, et à perdre ainsi les mœurs jusque dans leur principe, ne nous fait entrevoir qu'une décadence sans retour, un dépérissement sans remède, et ne nous présage que de nouveaux malheurs plus déplorables encore peut-être que ceux dont nous sommes sortis!

Mais non, nous concevons de vous de meilleures espérances. Nous aimons à croire que

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