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donner à cette sainte fille pour l'engager à se souvenir de lui, il lui légua sa cuculle : gage également précieux et de sa tendre amitié pour elle, et de l'exacte pauvreté dont il faisait profession.

Boniface, après ces dispositions qui furent comme son testament, s'embarqua sur le Rhin pour se rendre dans la Frise avec Eoban, évêque ou chorévêque d'Utrecht, et une troupe nombreuse de prêtres et de diacres qui se consacrèrent à ces missions. Le zèle du saint archevêque sembla lui rendre les forces que l'âge et ses fatigues lui avaient enlevées. La moisson croissait sous ses pas; et comme il avait peu de temps pour la recueillir, Dieu versait ses plus abondantes bénédictions sur ses derniers travaux. Le saint apôtre eut en peu de temps la consolation de baptiser plusieurs milliers d'idolàtres; et afin de les affermir dans la foi, il leur marqua un jour auquel tous ces nouveaux fidèles devaient se rassembler pour recevoir la confirmation. Il se rendit en ce lieu, et y campa avec sa troupe de missionnaires sur les bords d'une petite rivière nommé alors Bordne.

Le jour marqué commençait à peine à luire, qu'on vit venir, au lieu des néophytes qu'on attendait, une troupe de payens armés, qui se jetèrent impétueusement sur le petit camp des missionnaires. Leurs serviteurs prirent les armes, et se mirent en devoir de défendre leurs maitres contre la fureur de ces barbares: mais St. Boniface survenant avec ses cleres, et tenant en main le livre des Évangiles et les reliques qu'il avait coutume de porter avec lui, dit à ses gens : << Cessez de combattre, mes en»fants, et ne rendez pas le mal pour le mal; mais plutôt » le bien pour le mal, ainsi que l'Écriture nous apprend

de le faire. Le jour tant désiré est enfin arrivé. Mettez » votre force et votre espérance en Dieu, et acceptez avec » reconnaissance ce qu'il permet pour notre salut. » Puis se tournant vers les clercs qui l'environnaient : « Cou» rage, mes frères, leur dit-il, ne vous laissez pas intimi

» der par ceux qui peuvent bien donner la mort au corps, » mais qui ne peuvent la donner à l'âme. Souffrez avec > constance une mort d'un instant pour régner éternelle>>ment avec Jésus-Christ. » Mais son exemple les fortifia mieux que ses discours. A peine Boniface avait-il prononcé ces paroles, qu'il vit les barbares qui venaient fondre sur lui l'épée à la main. Il ne pensa ni à fuir, ni à se défendre. Il mit seulement sur sa tête le livre des Évangiles, non pour parer les coups qu'on lui portait, mais pour faire voir qu'il mourait pour les vérités qui y sont contenues. Il fut à l'instant massacré par ces furieux avec toute la troupe des missionnaires qui l'accompagnaient, et qui furent égorgés avec leur pasteur, comme un troupeau de brebis qui est à la merci des loups ravissants. On compte jusqu'à cinquante-deux compagnons du martyre de saint Boniface, qui eurent la gloire de verser leur sang avec lui pour la foi. Les plus célèbres sont St. Eoban, évêque ou chorévêque d'Utrecht, et le prêtre Adélaire.

Après cette sanglante exécution, les idolâtres, encore plus avides de butin que du sang de ces SS. Martyrs, coururent piller leurs tentes et les bateaux qui portaient les provisions. Ils bûrent d'abord tout le vin qu'ils y trouvèrent, et enlevèrent avec joie les caisses qu'ils jugèrent être remplies d'or et d'argent. Mais comme ils avaient la tête échauffée de la liqueur qu'ils venaient de boire, avant que de les ouvrir, ils prirent querelle sur le partage de ces prétendus trésors, et tournèrent les uns contre les autres leurs armes encore teintes du sang des SS. Martyrs. II resta plusieurs de ces barbares sur la place. Les autres ayant enfin enfoncé les coffres, furent bien trompés de n'y trouver que des reliques et des livres, qu'ils dispersèrent de dépit par la campagne et dans des marais.

C'est ainsi que St. Boniface termina par une glorieuse mort une vie qui fut elle-même un continuel martyre, puisqu'elle fut un apostolat continuel. Ses immenses travaux et les fruits que l'Église en recueillit, font assez son

éloge. Saint religieux, grand archevêque, missionnaire infatigable, digne Légat du Saint Siége, il fut toujours également zélé pour la gloire et l'accroissement de l'Église, pour le rétablissement de la discipline dans le clergé et dans l'état monastique, pour l'extirpation du vice et de l'idolatrie. La France et l'Allemagne le pleurèrent comme leur apôtre. Respecté des princes de la terre, aimé et honoré des peuples, pour comble de gloire, il fut haï des hérétiques qui le calomnièrent et des idolâtres qui l'immolèrent enfin à leur fureur. Une si précieuse couronne était due, ce semble, à tant de combats. Son martyre arriva le 5 Juin, indiction VIII, l'an 755 (a), la quarantième année depuis sa première mission en Frise et après 31 ans six mois et six jours d'épiscopat (b).

Le bruit de la cruelle mort des saints missionnaires s'étant répandu dans le pays, les chrétiens de la province prirent aussitôt les armes pour la venger; et ne prenant conseil que de leur douleur, ils firent un grand carnage des payens. Le Seigneur le permit pour sa gloire. Car les idolâtres qui en échappèrent, embrassèrent volontairement

(a) D'anciens historiens rapportent la mort de St. Boniface à l'an 754. Nous croyons devoir leur préférer l'autorité de Willibaud, auteur contemporain, qui a écrit la vie de ce St. Archevêque. On croit communément que c'est St. Willihaud, évêque d'Aichtat. Ce qui pourrait en faire douter, c'est qu'il ne prend dans le titre que la qualité de prêtre mais dans une addition qu'on trouve à la fin de quelques exemplaires, il prend celle d'évêque. Il y marque qu'il écrivit d'abord la vie de St. Boniface sur des tablettes enduites de cire, pour la faire examiner par St. Lul et par Megingaud, et qu'après qu'ils l'eurent approuvée, il la transcrivit sur du parchemin.

:

(b) M. Fleuri place le commencement de l'episcopat de St. Boniface au 30 Novembre l'an 723, et il a en cela raison mais il avait oublié cette époque, lorsqu'il a dit ensuite que ce Saint mourut le 5 Juin l'an 755, après trente-six ans d'épiscopat. Il a copié une faute qui s'est glissée dans le texte de Willibaud, où on lit 36 ans six mois et six jours d'épiscopat, au lieu de 31 ans six mois et six jours. Quelques critiques pour justifier le texte de Willibaud, prétendent que par le terme d'épiscopat, il faut entendre l'apostolat ou la légation de St. Boniface. Mais nous ne savons pas que sa mission ait été autorisée le 30 Novembre: au contraire les lettres que le Pape expédia à ce sujet, sont datées du mois de Mai 719.

la foi, et demandèrent le baptême avec empressement : ce qui fut regardé comme un fruit précieux que le sang des martyrs, toujours plus éloquent que les discours les plus persuasifs, faisait porter à cette terre qui en était récemment arrosée (a).

C'est encore St. Boniface qui sacra roi de ses mains le premier monarque de la race Carlovingienne. L'an 752, Pépin le bref, fils de Charles-Martel, après avoir enfermé dans les monastères de Sithiu et de Fontenelle, Childéric et son fils Thierry, s'était fait reconnaitre Souverain des Francs, par les états du royaume réunis à Soissons. La chute des rois fainéants ne causa pas même une secousse. Leur pouvoir était usé. Il fallait à l'Europe en travail le bras vigoureux des Karl pour enfanter la civilisation moderne. La Belgique allait donner au monde Charlemagne.

(a) Hist. de l'Église gall., t. IV.

FIN DU TOME PREMIER.

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