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CHAPITRE III.

De l'an 244 à l'an 306.

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Le pape Fabien envoie sept évêques dans les Gaules. La foi s'étend à Tournai et dans ses environs. - St. Sixte, premier évêque de Rheims. Horribles persécutions. Martyrs de la Belgique. Misérable état des peuples. Châtiment des persécuteurs. - Constance-Chlore favorable aux Constantin-le-Grand, son fils.

chrétiens.

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Sous l'empereur Philippe, vers l'an 244, St. Fabien successeur de St. Pierre sur le siége de Rome, fit partir pour les Gaules sept hommes apostoliques qu'il avait consacré évêques de ses propres mains et qui tous méritèrent d'être placés sur nos autels. Ce furent les SS. Gatien, Trophime, Paul, Saturnin, Denis, Martial et Austrémoine.

St. Gatien fonda l'église de Tours. Cette ville était extrêmement attachée au culte de ses faux dieux aussi le St. Évêque après plus de cinquante ans de travaux. n'était-il parvenu qu'à réunir un tout petit nombre d'ouailles; encore était-il obligé de se cacher dans les cryptes avec son faible troupeau, pour ne pas allumer les fureurs des payens.

St. Paul au contraire vit son zèle couronné de prompts et d'abondants succès dans la ville de Béziers; il y plaça un évêque et partit pour Narbonne, où les habitants l'avaient appelé. Il occupa longtemps le siége épiscopal de cette ville. C'est encore à lui que l'église d'Avignon doit sa fondation.

St. Austrémoine fut le premier évêque de l'Auvergne, et St. Trophime le premier de la Provence.

St. Martial prècha la foi avec tant de fruit à Limoges, que presque tous les habitants se firent chrétiens.

St. Saturnin fut l'apôtre de Toulouse. C'était le foyer des superstitions gauloises. Le démon y avait un temple fameux, où il rendait des oracles par la bouche d'une idole. A l'arrivée du St. Évêque, l'idole devint muette. Ce qui irrita si fort les prêtres qui la desservaient qu'ils ameutèrent le peuple, et dans le tumulte firent cruellement mettre en pièces l'apôtre de l'Évangile.

Quant à St. Denis, il ne se contenta pas de répandre la bonne nouvelle du salut dans la ville de Paris; il envoya de zélés missionnaires dans toutes les cités environnantes; quelques uns d'entr'eux portèrent la foi jusques dans nos contrées.

A leur tête se trouve Piat, l'apôtre de Tournai et du Tournaisis. Pour se faire une idée de ses travaux, il suffira de rappeler qu'il convertit à la foi plus de trente mille hommes, sans compter les femmes et les enfants (a).

St. Fuscien et St. Victoric évangélisèrent les Morins. Le principal théâtre de leur zèle fut Térouane, ville alors fort grande et fort opulente. Leur parole n'y produisit cependant pas les fruits consolants qu'on avait droit d'en attendre, à cause des mœurs farouches et de l'inconstance des habitants. Une chapelle élevée hors de la cité dans un champ nommé depuis Heilig-Veld (Terre-Sainte) indiqua longtemps la place où ces Saints Apôtres avaient pour la première fois annoncé l'évangile à nos ancêtres (b).

Les deux saints frères Crépin et Crépinien, se fixèrent à Soissons. Le jour ils prêchaient l'Évangile, la nuit ils travaillaient pour gagner leur pain. On dit que malgré leur noble origine, ils ne dédaignaient pas l'humble métier de cordonniers. De grands succès couronnèrent tant de modestie jointe à tant de zèle. Nous parlerons encore plus bas de tous ces saints missionnaires de notre patrie.

(a) Acta SS. Belgii, t. I.

(b) Acta SS. Belgii.

Ils travaillaient avec ardeur à la vigne du divin maître, quand s'alluma, sous l'empereur Dèce, la neuvième persécution, la plus horrible qu'on eût vue jusque-là. St. Cyprien, évêque de Carthage, témoin oculaire de la fureur des gentils dit qu'elle était si inhumaine, et les tourments dont on usa si affreux, que l'enfer seul en a pu ètre l'auteur. Il croit que Dieu permit ce déchaînement des puissances de l'abîme pour punir le relâchement de mœurs qu'une trop longue paix avait introduit chez beaucoup de chrétiens. Ils oubliaient le ciel pour la terre; et malheureusement plus d'un de ces lâches déserta honteusement la cause du Christ à la première apparence du danger.

Cependant le plus grand nombre des fidèles déconcertérent les bourreaux par leur patience. Des flots de sang coulaient presque chaque jour. On ne voit pas pourtant que la Gaule ait eu beaucoup à souffrir de cette persécution. Dèce mourut après deux ans de règne, mais ses successeurs Gallus et Volusien ayant aussi hérité de sa haine contre les chrétiens, la persécution continua.

Vers l'an 257, le St. Pape Sixte II envoya un nouvel essaim d'hommes apostoliques vers les Gaules. On remarque dans leur nombre les SS. Pérégrin, Coscomède, Marse, Sinicius, Memmius, Genoul et Sixte. Ce dernier fut l'apôtre et le premier pasteur de Rheims. Là devait s'élever bientôt une église fameuse, la métropole de la deuxième Belgique, ayant sous elle les diocèses de Soissons, de Châlons sur Marne, de St. Quentin, de Beauvais, d'Arras, de Cambrai, de Tournai, d'Amiens, de Térouane et de Boulogne. Cette vaste hiérarchie ne reçut d'atteinte qu'en 1559, alors que le pape Paul IV érigea Cambrai en archevêché, en lui donnant pour succursales plusieurs nouveaux évêchés avec quelques uns des anciens.

L'église de Rheims ne tarda point à offrir au Seigneur les prémices de sa foi. En un seul jour cinquante fidèles

furent décapités pour Jésus-Christ; le lendemain St. Timothée, leur apôtre, subit aussi le martyre avec Apollinaire qui de bourreau était devenu compagnon de sa foi et de ses souffrances (a).

Il est probable que ces exécutions eurent lieu sous Valérien. Ce prince monté sur le trône en 252 se montra d'abord très-favorable aux chrétiens; il les avait même appelés aux plus hautes dignités de l'empire. Mais un de ses généraux parvint à lui souffler la haine qu'il portait lui-même à notre sainte Religion, et à en faire un des plus ardents persécuteurs du christianisme. Ses cruautés attirèrent sur lui les coups de la vengeance céleste. Prisonnier de Sapor, roi des Perses, il se vit obligé de servir de marchepied à ce tyran, lorsqu'il montait à cheval.

Un châtiment aussi épouvantable servit probablement de leçon à son fils Gallien. Il rendit la paix aux fidèles, leur fit restituer leurs biens et leurs églises, et leur permit d'exercer leur culte en toute liberté. Plein d'estime pour leurs vertus, il n'eut pas le courage de les imiter. Ses impures voluptés l'occupaient tellement qu'il n'avait nul souci des maux de l'empire assailli de tous côtés par de féroces ennemis. Quand il apprit que l'Égypte venait de se révolter contre lui, il se contenta de répondre : qu'on pouvait très-bien vivre sans les lins du Nil; un autre jour comme on lui annonçait la défection des Gaules: Hé bien! fit-il en riant, quel mal y a-t-il à cela? Ne peut on pas se passer des longues redingotes et des draps d'Arras? Il fut assassiné en 268.

Cette défection des Gaules, dont il se souciait si peu, méritait cependant quelqu'attention. Chrocus, roi des Allemands, venait de passer le Rhin et portait partout la dévastation et la mort. Mayence, Metz et une quantité d'autres villes avaient succombé à ses fureurs. C'était un barbare et un impie qui poursuivait d'une haine implacable tout ce qui portait le nom chrétien. Ainsi les persécutions suc(a) Hist. de l'Église gall., t. I.

cédaient aux persécutions. L'Église recevait partout le baptême du sang, et partout elle croissait, elle sortait des tourments rajeunie et fortifiée.

Je sais bien que certains auteurs croient donner un démenti à l'histoire en objectant, que si les persécutions avaient été réellement aussi nombreuses et aussi acharnées qu'on le rapporte, il n'y aurait plus eu de chrétiens. Admirable raisonnement en effet, qui tend précisément à la gloire du Christianisme. Car ses luttes sont un fait attesté par mille témoins, consignées dans d'innombrables monuments; et le prodige savez-vous quel il est? C'est, comme dit Tertullien, que le sang des martyrs devenait une semence de nouveaux chrétiens. Souvent les bourreaux eux-mêmes étaient les premiers à s'avouer vaincus.

Au reste pour étouffer le christianisme, il eut fallu dépeupler l'empire. Ecoutons le même auteur développer cet argument avec son énergie accoutumée : S'il nous était permis de rendre le mal pour le mal, si nous voulions réellement nous déclarer les ennemis de votre pouvoir, croyez-vous que la force ou le nombre nous manquerait? Nous remplissons vos cités, vos îles, vos citadelles, vos bourgs et vos champs; nous remplissons le palais, le sénat, le forum; nous sommes partout, hormis dans vos temples. Les Maures, les Marcomans, les Parthes, les autres barbares sont-ils aussi nombreux que nous ? Une nuit, quelques flambeaux suffiraient pour nous venger. Et cependant quelles cruautés n'exercez vous pas à notre égard, soit par passion, soit par un feint respect des lois ? Que de fois mème, sans attendre vos ordres, la plebe ne nous accable-t-elle pas de pierres, ne met-elle pas le feu à nos demeures! Est-ce qu'il vous semble peut-être que nous n'oserions pas combattre, quoiqu'en petit nombre, nous qui nous laissons tuer sans résistance? Mais notre loi nous dit qu'il vaut mieux recevoir la mort que la donner. Ah! pour vous punir il ne nous faudrait pas mėme user de violence nous n'aurions qu'à nous

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