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avait trouvés prêts de renoncer à tout, plutôt qu'à leur foi, il les regarda comme ses plus fidèles serviteurs, leur conserva leurs charges, en composa ses gardes, et les honora toujours dans la suite de son affection et de sa confiance. Il disait qu'un prince devait plus estimer de tels serviteurs, et plus compter sur eux, que sur les plus grands trésors de son épargne. Tant de vertus morales qui sans la foi sont stériles pour le ciel, semblaient demander une récompense sur la terre. Dieu parut la donner à Constance, en établissant l'empire dans sa famille, comme nous allons voir (a).

Une chose semblait manquer à son bonheur. Son fils Constantin qu'il aimait avec tendresse et qui méritait son amour par ses excellentes qualités, se trouvait loin de lui à la cour de Galère. Il y était traité plutôt en prisonnier qu'en prince, plus d'une fois même ses jours furent en danger. Mais la crainte des soldats retenait le bras du tyran ainsi Dieu réservait à son Église un noble défenseur.

Cependant Constance avait déjà plusieurs fois demandé à son collègue, de lui envoyer son fils dans les Gaules. Se sentant dangereusement malade, il réitéra ses instances, l'an 306. Enfin Galère ne pouvant se refuser à une demande aussi juste, dit un soir à Constantin qu'il pouvait partir le lendemain; mais qu'il vint auparavant prendre les ordres qu'il avait à lui donner. Ce prince qui avait sujet de craindre de nouvelles embuches partit secrètement à l'instant même. Il prit la précaution sur sa route de prendre avec lui tous les chevaux de la poste, ou de les engager pour d'autres excursions.

Le lendemain Galère vit qu'il était joué. Il pleura de dépit, mais à défaut de chevaux de postes, il ne put faire poursuivre son captif. Constantin arriva près de son père, au moment où celui-ci, malgré ses infirmités, était prêt à partir pour une expédition dans la Bretagne. Ils ne gou(a) Hist. de l'Église gall., t. I.

tèrent pas longtemps la douce consolation de se revoir après une si longue absence. Constance mourut à York le 25 Juillet de la même année 306. Il recommanda en mourant Constantin à ses soldats, qui retrouvant dans le fils toutes les vertus du père, l'élûrent aussitôt empe

reur.

C'était un prince à la fleur de son âge, d'un cœur encore plus grand que sa fortune, d'un courage invincible, d'un esprit vif et droit, d'un naturel doux et bienfaisant. La nature avait réuni en lui les qualités capables de le faire aimer de ses sujets, et de le faire craindre de ses ennemis. Il ne lui restait de la jeunesse que les grâces qui les rendaient plus aimable, tandis qu'une taille haute et majestueuse, imprimait le respect, et annonçait l'empereur. S'il n'aimait pas encore la religion chrétienne, sa droiture et ses autres vertus morales l'empêchaient de la haïr. Élevé à la cour de Dioclétien et près de Galère, il avait vù avec horreur les cruautés que ces tyrans exerçaient contre les fidèles. Il avait souvent été témoin du courage et de la joie que les martyrs montraient dans les supplices. I estimait les chrétiens: l'exemple de son père le porta à les aimer. Aussi ne tarda-t-il pas à faire connaître, ce que l'Église devait se promettre de son règne. Car le premier usage qu'il fit de la puissance souveraine, fut de rendre aux chrétiens le libre exercice de la religion, mais sans qu'il parlât de l'embrasser, et sans qu'il y pensât peut-être encore (a). Il paraitrait done que les fidèles ne furent pas tout à fait exempts de vexations sous Constance-Chlore, sans doute à l'insu de ce prince et durant son absence.

La persécution continuait avec fureur dans les autres parties de l'empire; Dieu de son côté semblait vouloir se venger du sang innocent qu'on répandait. Aux tempêtes, aux tremblements de terre, à une peste horrible, vinrent se joindre les invasions des barbares. Ils pénétrèrent dans (a) Hist. de l'Église gall., t. I.

les contrées les plus fertiles de l'empire, et jusqu'au centre de la puissance romaine, ne laissant partout que des ruines. Plus de trois siècles après on ne trouvait que quelques misérables cabanes, là où s'étaient autrefois élevées de puissantes cités.

La guerre civile détruisit ce que les hordes barbares avaient laissé debout. On se disputait avec acharnement l'empire. Licinius dut le trône à la protection de Valère (307). Ils avaient été ensemble simples soldats. Élevés si fort au-dessus de la condition de leur naissance, ils n'usèrent du pouvoir que pour accabler les peuples. Maximin de son côté se déclara empereur. C'était un nouvel ennemi des chrétiens, d'autant plus à craindre, que ses mœurs étaient plus en opposition avec les lois de l'Évangile. Sa jalousie lui mit sans cesse les armes à la main contre Licinius, tandis qu'adonné à la boisson, il donnait contre ses sujets des ordres si honteux, si extravagants, qu'il en rougissait lui-même dans ses moments de lucidité.

A tous ces maux se joignit une sécheresse inouïe, et par suite de la sécheresse une horrible famine. On ne voyait que mourants, non-seulement dans les maisons, mais dans les rues et sur les places publiques, où leurs cadavres répandaient ensuite l'infection. Des maladies sans exemple jusques là sévirent sur toutes sortes de personnes. Une quantité d'hommes, de femmes, d'enfants, de vieillards perdirent les uns un œil, les autres deux. On eut dit que le ciel voulait punir les persécuteurs des peines qu'ils avaient fait subir à leurs victimes.

Pas un des farouches tyrans, ennemis du christianisme, n'échappa à la vengeance divine. Dioclétien après avoir trainé les dernières années de sa vie dans l'inquiétude, la honte et l'ennui, dans un accès de désespoir, se laissa mourir de faim.

Maximien que l'âge et l'humiliation avaient rendu plus ambitieux et plus méchant, après avoir quitté et

repris plusieurs fois la pourpre, après s'être fait chasser de l'Italie par Maxence, son fils, vint se réfugier dans les Gaules auprès de Constantin son gendre, qui le reçut avec amitié. C'était un serpent qu'il recevait dans son sein. Maximien forma le dessein de le perdre; et pour y réussir, il commença par s'emparer de Marseille. Constantin lui pardonna cette première trahison; et après avoir repris la ville, il le garda avec bonté dans son palais. Mais on ne peut apprivoiser une bète féroce, ni se l'attacher par les bienfaits. Le perfide prit des mesures pour entrer de nuit dans la chambre de Constantin, et pour le poignarder de sa main. Pour cela il pria sa fille Fauste, femme de ce prince, de laisser la porte ouverte. Elle le promit, et en avertit son époux. Constantin, qui ne pouvait croire à une si noire perfidie, voulut s'en convaincre par ses yeux. Il fit coucher un eunuque dans son lit, et il se tint caché dans la chambre. Maximien vint en effet pendant la nuit, et ayant dit aux gardes : « J'ai fait un songe, que je veux >> conter à mon fils,» il entre dans la chambre, et poignarde l'infortuné eunuque. Constantin parait dans le moment, environné de ses gardes, et pour punition d'un si atroce attentat, il ne laissa à l'assassin que le choix du genre de mort. Ce malheureux vieillard en choisit un tout-à-fait digne de lui, et se pendit lui-même à Marseille; Dieu ayant voulu qu'il reçut la juste punition de ses crimes dans une ville, où il avait fait couler tant de sang innocent (a).

L'impie Galère fut frappé à son tour d'une plaie honteuse et incurable. Ses entrailles étaient rongées par les vers, avec une puanteur si affreuse qu'elle n'infectait pas seulement le palais, mais encore les rues environnantes. Cette maladie, malgré son intensité, dura plus d'un an. Aucun remède ne la soulageait. L'insensé s'en prit à ses médecins et les fit mettre à mort. Personne n'osait plus l'approcher. Enfin un médecin plus courageux que les (a) Hist. de l'Église gall., t. I.

autres ne craignit point de lui dire que son mal venait de plus haut, qu'il eut à se souvenir de ce qu'il avait fait contre les serviteurs de Dieu. Ce nouvel Antiochus s'écriait au milieu de ses douleurs, qu'il rétablirait les temples du Seigneur, qu'il ferait pénitence. En effet, il publia une ordonnance pour faire cesser la persécution et pour engager les fidèles à prier pour sa guérison. Cet édit parut à Nicomédie, le dernier jour d'Avril de l'an 311; il était encore marqué au coin de l'impiété; car le tyran y accusait les chrétiens d'aveuglement, et annonçait qu'il ne retirait ses poursuites que parce qu'au lieu de faire des idolatres on ne faisait que des athées. Aussi le ciel ne se montrat-il guère touché d'un tel repentir, et l'abandonna-t-il à son désespoir comme le persécuteur des Machabées.

Le repos que Galère avait accordé à l'Église ne dura pas longtemps. Maximin s'étant emparé des provinces de l'Orient, ne respecta point les ordres tardifs de son prédécesseur. On excita sous main les idolâtres à demander l'exil et la poursuite des fidèles. On fit paraitre une foule d'écrits et de libelles contre le Christ et son Évangile. On les répandit dans les écoles, pour imprégner de leur haine l'esprit et le cœur de la jeunesse. En un mot on ne négligea rien afin de faire passer les chrétiens pour les ennemis du genre humain.

Tel était l'état de l'empire romain. Les tyrans succédaient aux tyrans, les crimes aux crimes. Quant à l'Église, en vain toutes les puissances de l'enfer s'étaient liguées contre elle. Sa constance avait lassé les bourreaux, et elle se présentait à la nouvelle ère qui allait s'ouvrir, au seuil du iv siècle, le front rayonnant de l'auréole glorieuse d'une foule de martyrs.

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