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et l'autre à Rimini, ville d'Italie, sur la mer adriatique, pour les Occidentaux.

Le concile de Rimini fut indiqué le premier, et l'empereur envoya ses officiers pour y faire venir les évêques, et pour les défrayer sur la route. Ceux des Gaules et de la Bretagne, c'est-à-dire des iles Britanniques, ne voulurent pas avoir cette obligation à un prince, qu'ils savaient n'être pas favorable à la religion; et ils firent le voyage à leurs dépens. Il n'y eut que trois évêques de Bretagne, que leur pauvreté obligea de profiter de la libéralité de l'empereur; encore quelques-uns les blamèrent-ils de n'avoir pas plutôt accepté les secours, que leurs confrères leur offraient. Il se trouva à Rimini plus de quatre cents évêques, dont plus de trois cents étaient zélés défenseurs de la foi de Nicée. Les autres au nombre de quatre-vingt, étaient Ariens. Les plus illustres des évêques de la Gaule, étaient St. Phœbade d'Agen et St. Servais de Tongres. Taurus, préfet du Prétoire (a) en Italie, eut ordre de l'empereur d'assister au concile, et de ne point laisser les évêques se séparer, qu'ils ne fussent convenus d'une même profession de foi, avec promesse du consulat, s'il y réussissait. C'était moins la réunion des évêques, que leur prévarication qu'on mettait à ce prix.

Valens et Ursace se présentèrent au concile avec la troisième formule de Sirmich datée du vingt-deuxième de Mai, sous le consulat d'Eusèbe et d'Hypatius, c'est-àdire, cette même année 359. On y retranchait toute mention de substance, sous prétexte que ce terme causait du scandale. On reconnaissait cependant le Fils semblable au Père en toutes choses, selon les Saintes Écritures. Les pères du concile rejetèrent cette nouvelle formule,

(a) Depuis le règne de Constantin, il y avait quatre préfets du prétoire dans l'empire; un pour l'Orient, un pour l'Illyrie, le troisième pour l'Italie, et le quatrième pour la Gaule. Ces magistrats avaient la principale autorité après les empereurs dans le gouvernement civil. Constantin leur ôta le commandement des troupes,

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qui portait dans sa date, comme ils le remarquèrent, une preuve de la nouveauté de sa doctrine. Ils déclarèrent ensuite qu'ils s'en tenaient au symbole de Nicée. « Nous » croyons, dirent-ils, qu'il n'y faut rien ajouter, ni en rien >> retrancher. Nous ne voulons pas de nouvelles formules; >> et nous jugeons que le terme de substance, et la chose qui est signifiée par ce terme, étant établie par plu>> sieurs témoignages de l'Écriture, doit subsister dans » toute sa force. » Ils dressèrent ensuite un second acte daté du consulat d'Eusèbe et d'Hypatius le 2 Juillet de cette année 359, par lequel ils déclarèrent hérétiques et séparèrent de leur communion Ursace, Valens, Germinius et Caïus (a). Tous les évêques catholiques souscrivirent ces actes. Ainsi la foi de Nicée triompha à Rimini, et de la puissance de l'empereur, et des artifices des Ariens, tandis que le concile eut quelque liberté, c'est-àdire, tandis qu'il fut vrai concile. Mais de si beaux commencements furent ternis par une issue honteuse, sur laquelle je jetterais volontiers un voile, s'il n'était nécessaire de la faire connaitre pour l'intelligence de l'histoire que j'écris.

L'empereur qui se constituait juge de la foi par-dessus les évêques, avait ordonné que les deux conciles, avant que de se séparer, enverraient chacun des députés à sa cour, pour lui rendre compte de ce qu'ils auraient décidé; afin qu'il pût prononcer si leurs décisions étaient conformes aux Saintes Écritures. Les Ariens, condamnés à Rimini, dévancèrent les députés du concile, et prévinrent si bien contre eux l'esprit de Constance, qu'il leur refusa audience. Ce prince écrivit une lettre assez sèche aux pères du concile, pour leur mander qu'il n'avait pas encore eu le temps d'entendre leurs envoyés. Les pères de Rimini lui répondirent avec autant de fermeté qu'ils lui avaient déjà écrit. Ils avaient donné ordre à leurs

(a) St. Athanase ajoute Auxence, dont ne parle point St. Hilaire.

députés de ne point communiquer avec les Ariens, et de ne rien conclure, sans en avoir fait leur rapport au concile. Mais c'étaient de jeunes évêques sans capacité et sans expérience; et ils avaient à faire à de vieux Ariens, versés depuis longtemps dans l'art des chicanes et des fourberies, et à un prince aussi artificieux que violent.

Constance, après les avoir fatigués plusieurs mois par des délais affectés, vint à bout de les affaiblir à force de menaces et de promesses. Ils entrèrent en conférence avec les évêques Ariens : c'était déjà pour ceux-ci une demi victoire, elle fut bientôt complète. Les députés de Rimini après s'être fait donner quelques éclaircissements pour colorer leur défection, signèrent une confession de foi que Valens leur présenta, et qui était la même que le concile avait rejettée, avec cette différence, qu'on y disait seulement le Fils semblable au Père, sans ajouter en toutes choses. Ils firent plus ils dressèrent un acte, par lequel annulant ce qui s'était fait à Rimini, ils déclaraient avoir reconnu la catholicité de Valens, d'Ursace, de Germinius et de Caïus, en conférant avec eux. L'acte est daté de Nicée en Thrace le dixième d'Octobre, et signé de quatorze évêques qui y sont nommés. C'étaient apparemment les dix députés et quatre autres évêques, qui pouvaient avoir apporté la seconde lettre du concile à l'empereur. Nous ne connaissons que Restitut de Carthage, qui était à la tête de la députation.

L'empereur ne demeura pas en si beau chemin. Il renvoya les députés à Rimini, où les Ariens qui y avaient été excommuniés, retournèrent triomphants. Il écrivit en même temps au préfet Taurus, de faire signer la même formule de Nicée en Thrace, à tout le concile, et d'envoyer en exil ceux qui le refuseraient, pourvu qu'ils ne fussent pas plus de quinze. Les pères du concile ayant appris la prévarication de leurs députés refusèrent de communiquer avec eux, quoiqu'ils s'excusassent sur la violence que l'empereur leur avait faite. Mais quand on

süt les ordres que ce prince avait donnés, tout fut dans le trouble et la confusion.

Les évêques ne savaient à quoi se résoudre. La làcheté, la faiblesse, l'ennui d'être si longtemps comme en exil, le prétexte de l'amour de la paix, en détachaient tous les jours quelques-uns qui se rangeaient du côté des politiques, lesquels voulaient qu'on satisfit l'empereur. Enfin les esprits étant une fois ébranlés, on courut en foule à ce parti en sorte que le nombre de ceux qui demeurèrent fermes, fut réduit à vingt, lesquels avaient à leur tête St. Phœbade d'Agen, et St. Servais de Tongres.

Le préfet du prétoire qui savait que sa fortune dépendait du succès de sa négociation, n'omit rien pour gagner ces deux évêques. N'ayant pu les affaiblir par ses menaces, il les attaqua par ses prières et par ses larmes, en les conjurant avec la plus tendre affection de prendre un parti plus modéré. «Voilà, disait-il, le septième mois que » les évêques sont enfermés dans cette ville, pressés par » la rigueur de l'hiver et par la disette, sans espérance de » revoir sitôt leurs églises. Quand ceci finira-t-il? Que >> ne suivez-vous l'exemple de tant d'évêques, et que ne » vous rendez-vous du moins à l'autorité du plus grand » nombre?» Phœbade répondit d'abord qu'il était prèt de souffrir tous les tourments, plutôt que de recevoir une profession de foi dressée par les Ariens. Mais il se relàcha peu à peu, et se rendit à une proposition que Valens et Ursace lui firent d'ajouter à la formule de foi, ce que fui et les siens jugeraient nécessaire, l'assurant qu'on était prêt de consentir à toutes les additions qu'ils voudraient faire.

Les catholiques qui voulaient finir par quelque moyen que ce fut, reçurent avec joie cette proposition. Le formulaire qu'on proposait, n'avait rien d'hérétique en apparence. L'espérance de la réunion de l'Orient avec l'Occident, éblouissait les esprits. On crut qu'on pouvait sacrifier à la paix de l'Église le mot de consubstantiel, dont

on mettrait d'ailleurs le sens à couvert. Phoebade et Servais proposèrent pour cela divers articles qui devaient ètre joints à la formule des Ariens, et lui servir d'antidote. Ce sont apparemment les anathèmes que rapporte St. Jérôme. Mais Valens en récitant ces anathèmes pour prouver sa catholicité, y inséra celui-ci, comme pour appuyer les catholiques: Si quelqu'un dit que le Fils de › Dieu est créature, comme sont les autres créatures, qu'il soit anathème; et tout le concile répondit: qu'il soit anathème, sans appercevoir le venin de cette proposition. Car les catholiques entendaient que le Fils de Dieu n'était nullement créature, et les Ariens, qu'il était une créature plus parfaite que les autres. On envoya de nouveaux députés à l'empereur après quoi on se sépara, sans reconnaître le piége, qu'après s'y être laissé prendre.

Ainsi finit le concile de Rimini, où, dit Sulpice Sévère, nul des deux partis ne fut, ni tout-à-fait vaincu, ni tout-àfait vainqueur. Car la formule de foi était pour les Ariens, et les anathèmes qu'on y avait joints pour les catholiques, à l'exception de celui que Valens y avait malignement inséré. Mais on reconnut bientôt qu'une fausse paix est plus pernicieuse à l'Église, qu'une guerre ouverte de la part des hérétiques les plus accrédités; et que la paix avec des novateurs est toujours fausse quand elle n'est pas fondée sur une entière soumission de leur part (a).

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Ces derniers actes de Rimini faits à la hate, au milieu du trouble, des intrigues, de la violence, ont toujours été regardés comme non avenus par l'Église. Le pape Damase fait une autre remarque qui a plus de poids encore, c'est que jamais ils n'eurent l'approbation ni du siége apostolique, ni même de son légat. Le pape Libère avait envoyé avec ce titre Vincent, évêque de Capoue, qui ne se laissa, ni prendre aux ruses des Ariens, ni vaincre par leurs menaces. Ajoutez que les pères, à peine séparés, protestèrent contre la surprise dont ils avaient été victimes; (a) Hist. de l'Église gall., t. I.

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