Sayfadaki görseller
PDF
ePub

bientôt que jamais péché ne fut plus visiblement puni. Gonthaire de Cologne était à la suite de Lothaire. Il recut la communion des mains du pape parmi les laïques, après qu'il eut fait et donné par écrit la déclaration suivante. «Je Gonthaire, reconnais devant Dieu et ses saints, » devant vous Adrien, mon Seigneur, souverain pontife » et pape universel, en présence de tous vos évêques et >> de toute l'assemblée, que je me soumets humblement au jugement porté canoniquement contre moi par le Sei>> gneur Nicolas. C'est pourquoi je n'ose plus célébrer les » SS. Mystères, à moins que par votre miséricorde vous n'ayez pitié de moi. Je n'exciterai plus aucun scandale contre l'Église Romaine, et contre le pape. Au con» traire, je proteste que je serai toujours dévoué et obéis»sant à cette église et à son pontife. Signé Gonthaire, le premier Juillet, dans l'église de St. Sauveur du Mont>> Cassin, indiction seconde, c'est-à-dire, l'an 869. »

[ocr errors]
[ocr errors]

>>

[ocr errors]

Le pape obligea Gonthaire de lire cet écrit à haute voix. Après quoi il lui dit : « Et moi je vous accorde la >> communion laïque, à condition que tant que vous vi» vrez, vous observerez ce que vous avez promis. » C'est ce qui se passa au Mont-Cassin.

Le pape étant retourné à Rome, Lothaire l'y suivit, et alla d'abord faire sa prière dans l'église de S. Pierre. Il n'y trouva personne du clergé, pour l'y recevoir avec les honneurs qu'on a coutume de rendre aux têtes couronnées. Ensuite il se retira dans un appartement qu'il ne trouva pas même balayé c'était un Samedi. Il espérait que le pape viendrait le lendemain lui dire la messe : il ne put l'obtenir. Le Lundi ce prince entra dans Rome, et dina au palais de Latran avec le pape, à qui il fit de riches présents en vases d'or et d'argent.

Le pape de son côté lui donna un manteau, une palme et une férule ou un sceptre ce que Lothaire et les siens interprétérent favorablement, comme si le pape par le manteau avait voulu marquer qu'il le revêtirait de Wal

drade; par la palme, qu'il serait victorieux de ses ennemis, et viendrait à bout de ses desseins; et par la férule, qu'il soumettrait les évêques rebelles à sa volonté. Mais le pape était bien éloigné d'avoir ces sentiments. Il se contenta de nommer des Légats, pour examiner sur les lieux avec les évêques l'affaire du divorce, et lui en faire ensuite le rapport au concile, qu'il indiqua à Rome pour le commencement de Mars de l'année suivante 870.

Lothaire partit de Rome assez satisfait de sa négociation. Mais à peine fut-il arrivé à Lucques, que lui et presque tous ceux de sa suite, furent attaqués d'une fièvre maligne; il vit mourir la plupart des siens sous ses yeux; et se fit porter jusqu'à Plaisance, où il mourut lui-même, un Lundi, 8 d'Août de l'an 869, sans reconnaître la main qui le frappait. On remarqua que tous ceux de ses gens qui avaient commis avec lui le sacrilége d'une communion indigne, moururent en peu de jours; et que ceux qui s'étaient retirés de la sainte Table, furent les seuls qui échappèrent en sorte qu'on ne put méconnaitre la vengeance du ciel. C'est ainsi que Dieu, par un terrible jugement, mit fin à une affaire qui troublait l'Église depuis si long-temps. Funeste exemple, qui fait sentir combien il est dangereux de se livrer à une violente passion! Elle peut rendre le plus grand prince malheureux pendant sa vie, et souvent elle le rend plus malheureux encore après sa mort.

L'Empereur Louis, frère de Lothaire, était son héritier légitime. Mais ce prince occupé à combattre les Sarrasins en Italie, ne pouvait sitôt aller recueillir cette succession.

Le roi Charles ne perdit pas de temps à délibérer. Dès qu'il eut appris la mort de son neveu, il se rendit à Attigni, et de là à Verdun, où Hatton, évêque de cette ville, et Arnoulx, évêque de Toul, lui firent hommage. Il passa de là à Metz, où Adventius, évêque de Metz, et Francon, évêque de Tongres, avec plusieurs autres, le reconnu

rent pour leur roi. Il y arriva le cinquième Septembre, et le neuvième du même mois, il y fut couronné dans l'église de S. Etienne, roi de Lorraine ou de Lotharingie (a).

L'année suivante, il partagea l'héritage usurpé avec Louis de Bavière. L'acte de ce partage donna une juste idée de ce qui constituait alors le royaume de Lotharingie, comme on peut le voir dans Paquot. Tongres, Cambrai, le Brabant jusqu'à l'Escaut, le Hainaut, Namur et la partie de la Frise située entre le Rhin et l'Escaut furent dévolus à Charles; le reste passa au roi de Bavière. Les deux frères battirent les Normands, l'an 873; Louis en Frise, et Charles près d'Angers. Les barbares, qui n'avaient point encore embrassé le christianisme, convinrent de se retirer. On verra comment ils tinrent parole.

Louis de Bavière étant mort en 876, Charles le Chauve ne se montra guère plus scrupuleux à l'égard de sa succession qu'à l'égard de celle de Lothaire; il résolut de l'arracher de force aux enfants de son frère, et marcha contre eux à la tête d'une armée. Or, tandis qu'il s'avançait vers les bords du Rhin, où il ne devait recueillir que la honte d'une défaite, le plus redoutable des guerriers du Nord, Rollon, faisait son entrée dans la Seine, en semant la terreur devant lui. Il était jeune, vaillant, ambitieux, et il se proposait moins de ravager que de conquérir. Mais il fallait s'attacher ses troupes, il dut commencer par le pillage. On essayerait en vain de décrire tout ce qu'il fit souffrir à nos contrées, durant les trente-sept ans qu'il les parcourut, le glaive à la main.

Sur ces entrefaites, Charles, couronné empereur depuis deux ans, vint à mourir; il ne laissait qu'un fils, Louis surnommé le Bègue, qu'il avait déclaré son héritier. Il en donna l'acte à l'impératrice Richilde avec le sceptre, la la couronne et l'épée de S. Pierre, pour les lui remettre. (Cette épée était apparemment nommée de S. Pierre.

(a) Hist. de l'Église gall., t. VI.

parce qu'elle avait été bénite par le pape.) L'Impératrice et les seigneurs ne se pressèrent pas de reconnaitre Louis pour leur roi; et avant que de lui promettre la fidélité qu'ils lui devaient, ils voulurent s'assurer qu'il leur donnerait les comtés et les abbayes qui étaient à leur bienséance. Après quelques négociations, Louis fut sacré et couronné roi à Compiègne, le 8 Décembre l'an 877, par l'archevêque Hincmar.

Les évêques avant que de le couronner, lui firent promettre qu'il observerait le premier article du dernier capitulaire de Kiersi, par lequel l'empereur Charles avait ordonné que le clergé et les églises jouiraient des biens, droits et priviléges dont ils avaient joui sous le règne de Louis le Débonnaire. Louis le Bègue le promit. Après quoi chaque évêque lui fit hommage, en disant : « Je >> vous recommande ma personne et mon église ; afin que

[ocr errors]

vous la défendiez, et que vous y conserviez la loi et la justice, comme un roi doit faire. » Louis de son côté donna par écrit aux évêques la promesse suivante:

[ocr errors]

« Louis, établi roi par la miséricorde de Dieu et l'élec>>tion du peuple, promets, en face de l'Église, à tous les or» dres, tant des évêques que des prêtres, des chanoines, » des moines et des religieuses, que j'observerai tou» jours à leur égard les règles des pères confirmées par >> les traditions apostoliques. Je promets aussi que j'ob» serverai à l'égard de mon peuple les lois et les décrets » portés par les empereurs et les rois mes prédécesseurs. » Je Louis fais cette promesse de mon plein gré par >> amour de la justice, et je signe de ma main.

Ce prince ne survécut guère à son inauguration, car il mourut à Compiègne, l'an 879, et fut enterré dans l'église de Sainte Marie. Il laissait deux fils: Louis et Carloman, d'Ansgarde sa première femme, qu'on lui avait fait répudier. La reine Adélaïde était enceinte d'un fils qui fut nommé Charles, dans la suite surnommé le Simple. Louis le Bègue, en mourant, chargea Odon évêque de

Beauvais, et le comte Albuin de porter à son fils Louis la couronne et les autres marques de la dignité royale, et d'ordonner de sa part à ceux qui étaient auprès de ce jeune prince, de le faire incessamment sacrer et reconnaître roi. Mais les grands du royaume n'étaient plus accoutumés à cette obéissance dont ils doivent donner l'exemple aux peuples. Il y eut bien des cabales et bien des intrigues, qui aboutirent au partage de la couronne. Louis fut reconnu roi de Neustrie, Carloman, roi d'Aquitaine et de Bourgogne, et ils furent sacrés l'un et l'autre à Ferrières par Anségise de Sens. Ces deux princes demeurèrent assez unis: mais leur jeunesse, et encore plus la faiblesse de leurs états, donnèrent lieu à une nouvelle usurpation, qui en fit un démembrement considérable.

Le duc Boson, frère de l'impératrice Richilde, que Charles le Chauve avait rendu un des plus puissants seigneurs de France, crut devoir profiter de ces favorables conjonctures, pour se faire un royaume des duchés et comtés qu'il possédait en Provence, et dans une partie de la Bourgogne. En quoi cependant il chercha moins à satisfaire son ambition qu'à contenter celle de la duchesse sa femme. Il avait épousé en secondes noces Ermengarde, fille de l'empereur Louis II. Cette princesse, fière de sa haute naissance, lui dit un jour qu'étant née fille de l'empereur d'Occident, et ayant été fiancée à l'empereur d'Orient, elle ne pouvait plus vivre dans la condition de sujette, qu'elle voulait régner ou mourir. Boson pour plaire à une femme impérieuse qu'il aimait, oublia ce qu'il devait à la famille royale, et se servit des bienfaits qu'il en avait reçus, pour s'ériger un trône sur les débris de celui des deux jeunes rois. Pour exécuter ce projet, il travailla à gagner les évêques et les seigneurs de ses gouvernements, et il y réussit en leur donnant libéralement des terres et des abbayes. Quand on sait prendre les hommes par l'intérêt, il n'est pas fort difficile de se les attacher, même aux dépens du devoir.

« ÖncekiDevam »