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préparer les remaniements diplomatiques, qui', en 1648, pacifiant une grande partie de l'Europe, sanctionnèrent l'indépendance de notre patrie et mirent la République, glorieusement émancipée, au rang des Puissances les plus considérables de la Chrétienté.

I.

Il y a de Frédéric-Henri dix lettres ou minutes autographes, où l'on rencontre des passages curieux. Ainsi il témoigne, en 1639, ses regrets au Roi d'Angleterre de ne pouvoir lui envoyer des troupes pour réduire l'Ecosse: je voudrois qu'il m'eust cousté de mon sang que S. M. peust recevoir la satisfaction qu'elle désire". Et, en 1640, quand le même Roi songe à તે donner sa fille à l'héritier de la couronne d'Espagne, le Prince écrit à M. de Heenvliet, envoyé par lui à Londres:,,tout le monde s'estonne grandement qu'un Roy si prudent veuille mettre son royaume en péril d'un estrange changement, à l'instigation de ceux qu'il cognoist estre ses anciens ennemis; faites les un peu ressouvenir de ce qui est arrivé en Angleterre, par le mariage de la Reine Marie et du Roy Philippe".

Vingtcinq lettres ou minutes, pour la plupart relatives à une alliance de famille avec Charles I, sont écrites et apparemment rédigées par le secrétaire de Frédéric-Henri; distingué par son esprit, ses connoissances, ses talents, poète et litérateur, le célèbre Constantin Huygens, seigneur de Zuylichem. Il n'avoit que 29 ans, lorsque en 1625 le Prince, succédant

1 Pen d'années après sa mort en 1641.

2 p. 144.

3 p. 190.

au stadhoudérat, lui conféra cet honorable et laborieux emploi, et alors déjà Aerssens lui rend un témoignage flatteur: „Il n'y a nul de voz amis qui se resjouysse de meilleur coeur de vostre avancement et contentement que moy, qui ay une très-certaine connoissance, par des vrayes preuves, de vostre portée et mérite, et ay longuement désiré une pareille occasion pour les faire mettre en veue, m'asseurant que non seulement son Exc., mais tout l'Estat se trouvent bien servy de cette élection"' (').

Chacun sait que Frédéric-Henri fut un des plus illustres guerriers de son temps. De fameux généraux' vinrent se former à son école; la lisière méridionale du pays fut révêtue par lui d'une ceinture de places fortes arrachées à l'ennemi; la conquête de Bois-le-Duc et de Maestricht, malgré des obstacles en apparence insurmontables, chefs-d'oeuvre d'habileté et de persévérance, auroient déjà suffi à établir sa gloire, et d'Estrades écrit: „jamais capitaine n'a eu plus de fermeté et d'intrépidité que lui, ni une plus grande vigilance pour pourvoir à toutes choses". On comprendra donc combien je regrette de n'avoir ici presque rien à publier sur les affaires militaires.

Il est vrai, un exemplaire des Mémoires de FrédéricHenri, écrit d'une main inconnue, est conservé dans les Archives de la Maison d'Orange; mais il paroît conforme au manuscrit découvert dans la bibliothèque

(') Le ton des lettres que lui adressent Justin de Nassau, Mr. Boreel, et la Princesse d'Orange (L. 479, 480, 482, 492 et 609) montre la haute considération dont il jouissoit.

1 p. 1. 2 Bernard de Saxe-Weimar, le Grand-Électeur, Torstenson, Charles-Gustave, Turenne. 3 Lettres et Négoc. I, 55.

de la Princesse d'Anhalt, sa fille, et publié en 1733, les différences se réduisant à celles indiquées par l'éditeur M. Beausobre dans la préface. On y lit çà et là les louanges du chef, soigneusement effacées par Frédéric-Henri, dans les copies dont il fit cadeau à ses enfants (').

Il y a également aux Archives beaucoup de pièces appartenant à la correspondance officielle, soit du Prince et de ses officiers supérieurs, soit des autorités militaires subalternes. Soigneusement examinées, elles pourront répandre beaucoup de lumière sur le détail des préparatifs et des opérations de la guerre ; mais cet examen appartient aux hommes de l'art et une correspondance de ce genre seroit déplacée dans notre recueil (†).

Enfin M. de Zuylichem, accompagnant Frédéric-Henri à l'armée, informoit régulièrement la Princesse, avec une exactitude minutieuse, de tout ce qui sembloit de nature à pouvoir l'intéresser. De là une infinité de lettres et de billets; souvent (à cause du danger des communications et pour les soustraire plus facilement aux perquisitions de l'ennemi) écrits sur de petits brins de papier en caractères microscopiques. Mettant la main sur les volumes où Huygens les a rassemblés avec un soin extrême, je me flattois avoir fait une préci

() Par ex., quand Bois-le-Duc capitule, on lit:,,ainsi cette ville fut réduite en l'obéissance de l'État, par la vertu, valeur et diligence du chef;" tandis que le manuscrit imprimé y substitue modestement ces seuls mots: „par les devoirs du chef."

(*) J'ai été heureux de pouvoir communiquer ces pièces à Mr. De Bordes, lieutenant du génie, qui en a fait usage, avec profit, dans son exposition remarquable des événements de 1629. (De verdediging van Nederland in 1629. Utrecht, 1856.)

euse découverte; je n'en ai pu extraire que de rares fragments. Il se peut qu'en les confrontant avec d'autres sources historiques, on y remarque des particularités inconnues; mais, en général, c'est une chronique passablement aride de faits qu'on lit également partout ailleurs, rarement assaisonnée d'un mot vif ou piquant, qui témoigne de l'enjouement habituel de l'écrivain bel-esprit qui en est l'auteur. Même au milieu d'évènements graves et solennels, où l'on est en droit de s'attendre à une réflexion sérieuse ou à l'expression d'un sentiment généreux, on ne retrouve que cette légéreté insouciante qui dépare assez souvent ses écrits (').

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Il y a néanmoins, sur les actions mémorables de Frédéric-Henri, quelques passages, dans les lettres de M. de Sommelsdyck, qui méritent d'être cités. En 1637 il fait, par avance, un magnifique éloge de la prise de Breda. Le dessein que vous poussez est très-grand; la ville en ses fortifications est le chef-d'oeuvre de feu monseigneur le Prince d'Orange, qui estoit l'Archimède de nostre temps en cette science; le marquis Spinola ne l'osa attaquer que par la famine, et V. A. venant à la prendre, outre la grande gloire que ce

(1) J'ai été également désappointé, en parcourant les recueils formés par Huygens des lettres dont de grands personnages et des hommes illustres l'ont honoré. Ici encore je comptois sur une riche moisson, mais ces collections, curieuses sans contredit pour un amateur d'autographes, ont, pour l'histoire, fort peu de valeur. Ce sont les Lettres de Grands à moi et les quatre volumes de Brieven van luiden van Staat in de Vereenigde Nederlanden aan mij, dont il est fait mention par Mr. Bakhuizen van den Brink dans son Overzigt van het Ned. Rijks-Archief ('s Hage 1854, p. 40).

1 p. 75, 82.

luy sera de l'avoir arrachée de la puissante main du Roy d'Espagne, décidera encor cette ancienne question, sy la nature est plus ingénieuse à se conserver ou à se destruire, puisque vostre attaque se prend à une place fortifiée en perfection et soubstenue d'une puissance surpassant de beaucoup la vostre". En 1638 un lieutenant du Prince s'attira un rude échec; ,,ce grand désastre a faict avorter l'espérance que nous avions conceue de vos sages conceptions; mais vous sçavez par expérience que les armes sont journalières et qu'une terreur panique vient de la main de Dieu, auquel je rends grâces que cette retraite est avenue loin de vous et sans vostre sceu, qui aurez seul l'honneur du redrès de ce désordre"". Souvent les François, exigeants et ingrats, se plaignoient du Prince. On lui en vouloit, en 1637, de n'avoir pas investi Dunquerque; mais la France n'a point de subject de reprocher à V. A. d'avoir rien altéré au project de sa convention, car elle et tout le monde peut juger de vos intentions, par la contrarieté des vents”. En 1639,,on se plaint de la lentitude de V. A.', mais c'est assez qu'au moyen d'avoir porté vostre armée au rendévous en estat de faire peur et mal, les Françoys ayent eu depuis tant de temps leurs coudées franches, pour prendre leur avantage sur tant de villes ennemies".

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Richelieu écrivoit à d'Estrades:,,vous connoissez son humeur lente, et qui veut voir les choses assurées avant que d'agir, ce qui fait souvent perdre les occasions qu'on ne peut plus recouvrer." Lettres et négoc de d'Estrades, 1. 26). Et, dans ses Mémoires, se rendant compte du peu de succès de la campagne de 1635:,,il semble," dit-il, que la vraie raison est que le Prince d'Orange est aussi peu hasardeux et peu accoutumé à une guerre de campagne, comme il est excellent aux sièges, où il a été nourri toute sa vie."

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