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méthodique de la thèse de l'Électricité-accident. Cette théorie n'avait donc pas pris la forme didactique qui lui aurait été nécessaire pour évincer de l'enseignement et y supplanter celle de l'Électricité-matière; par suite, les vues nouvelles ne se sont pas vulgarisées et répandues dans le public. En 1860, l'ancien édifice s'était écroulé, a écrit Chwolson (1), et l'on travaillait au nouveau; mais celui-ci n'avait pas encore été rendu habitable, en 1890, lorsqu'on a renoncé à pousser plus loin sa construction. Il est et restera inachevé.

C'est dans les écrits de Faraday et surtout dans le célèbre Traité d'Électricité de Maxwell (2) que l'on croirait devoir trouver un exposé complet de cette électricité nouvelle; mais, ici encore l'on ne découvre pas ce que l'on cherchait. Faraday n'a fait que préparer les voies et déblayer le terrain; son continuateur a surtout consacré ses efforts à « réduire l'électromagné» tisme à ne plus être qu'une science dynamique ». Il a développé les conceptions de Faraday, qui plaçait << l'origine des phénomènes dans des actions réelles » s'exerçant dans le milieu »; mais son vaste esprit s'empare aussitôt du sujet et l'élargit tellement qu'on a peine à le suivre. Le Traité est d'une étude ingrate : << la première fois, a dit H. Poincaré (3), qu'un lecteur >> français ouvre ce livre, un sentiment de malaise et » souvent même de défiance se mêle d'abord à son » admiration ». Et il ajoutait : « le savant anglais ne > cherche pas à construire un édifice unique, définitif » et bien ordonné; il semble plutôt qu'il élève un » grand nombre de constructions provisoires et indé

(1) Chwolson, op. cit. : Tome IV, page 12.

(2) La première édition de A treatise on Electricity and Magnetism a paru à Oxford en 1873. La traduction française de M. Seligmann a été faite d'après une deuxième édition, de 1881, publiée après la mort de l'auteur, et imprimée en 1885 (Paris. Gauthier-Villars, 1885); Cornu, Potier et Sarrau y ont ajouté des Notes et Éclaircissements.

(3) H. Poincaré, Électricité et optique, préface.

pendantes, entre lesquelles les communications sont >> difficiles et quelquefois impossibles ». Le grand maître français a pris son parti du système des constructions indépendantes, et il a cherché à faciliter les communications entre elles, autant que faire se pouvait, dans ses cours de la Sorbonne de 1888 et 1889. Ses admirables leçons, publiées en 1891, sont une des plus belles œuvres de physique de l'incomparable professeur (1). C'est dans ce livre qu'il faut suivre les idées de Maxwell, si on veut les comprendre, en pénétrer la profondeur, sous leur apparente incohérence, en découvrir les liaisons et se les assimiler. Pierre Duhem se consacrait à la même étude, en 1900 (2), et la poursuivait avec la pénétration qui lui était habituelle; mais il présentait l'oeuvre du savant anglais avec moins de bienveillance que Poincaré et en livrant carrière à son esprit critique; il y relevait << des disparitions de termes gênants », des « transfor»mations de sens d'une lettre », qui permettaient de franchir sans trop d'encombre des pas dangereux : s'il ne va pas jusqu'à accepter la qualification de « coup de pouce venia sit verbo! - il rappelle que Maxwell a reconnu lui-même, dans la préface de son Traité, qu'il avait fait souvent « l'office d'avocat, plutôt que de juge » (3) de ses explications. Mais n'avons-nous pas tous plaidė pro domo? La discussion prend quelquefois un ton acerbe et passionné dans Duhem; ses conclusions restent néanmoins toujours justes, nous

(1) Ces leçons forment la substance de l'ouvrage déjà cité ci-dessus, Électricité et optique, portant en sous-titre de la première partie : les théories de Maxwell, et de la troisième partie les théories de Hertz et de Lorentz. Je cite d'après la deuxième édition de 1901, en un volume (Paris, Carré et Naud). (2) Ce remarquable travail a paru en 1902, dans les tomes XXIV et XXV des ANNALES DE LA SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE, de Bruxelles, sous le titre : Les théories électriques, de J. Clerck Maxwell; pages 239, 17 et 293: il a été réimprimé plus tard en un volume séparé.

(3) Maxwell, Traité d'Électricité, traduction française, préface, page XV.

nous reprocherions de ne pas le reconnaître et de ne pas le dire hautement.

Hertz était privat docent à l'École Technique de Karlsruhe, lorsqu'il commença, en 1884, à développer les idées du génial maître de Cambridge, auquel il devait associer son nom, en complétant d'abord son œuvre théorique, puis en lui apportant une merveilleuse confirmation expérimentale.

En somme, c'est dans les écrits de Faraday, de Maxwell et de Hertz qu'il faut chercher les grandes lignes originales de la théorie fondée sur la thèse de l'Électricité considérée comme une manière d'être.

(A suivre)

A. WITZ
Correspondant de l'Institut.

COMMENT

ON ENTENDAIT LE CANON

On a été bien étonné, pendant la guerre, de l'énorme portée du son du canon. 20 ou 30 kilomètres paraissait autrefois une distance qui ne devait que bien rarement être dépassée. On citait comme extraordinaires celles de 50 km. observée en Italie par Bianconi en 1740, de 40 km., notée par La Condamine à Cayenne en 1744. En 1873, dans ses expériences de South Foreland, Tyndall, qui ne cherchait pas, il est vrai, à atteindre la limite de perceptibilité, ne dépassa jamais 20 km.

En revanche, des personnes dignes de foi affirment avoir entendu, le 1er septembre 1870, le canon de Sedan à Sclayn, Namur (87 km.); les salves de la revue navale de Spithead (ile de Wight), le 17 juillet 1867, semblent avoir été perçues dans le centre de l'Angleterre jusqu'à 180 km. ; enfin, la canonnade de quelques-unes des grandes batailles du XIXe siècle, par exemple, Essling, Leipzig, Sadowa et aussi le bombardement de la citadelle d'Anvers en 1832, auraient été entendus à 200 ou 300 km. (1). Ces derniers chiffres sont tout à fait exceptionnels. Leur rareté, le petit nombre de ceux qui les affirmaient et l'impossibilité pratique d'un contrôle sérieux, n'avaient pas permis d'attacher à ces observations une grande importance.

(1) METEOROLOGISCHE ZEITSCHRIFT. J. N. Dorr, mai 1915, p. 207.

Aujourd'hui, il y a des millions de personnes qui ont entendu le canon à 100 ou 200 km., des milliers à 300 km. et quelques-unes plus loin encore; et cela, non pas pendant quelques minutes, mais durant de longues heures, souvent pendant des semaines et des mois. entiers. En France, la courbe qui limite les régions d'audition à distance maximum, semble passer (1) par Chamonix, Annecy, Verdun-sur-Doubs, Beaune, Nevers, Bourges, Blois, Bagnoles-de-l'Orne, Mortain, Caen, (250 à 300 km.); pour se continuer, en Angleterre, par Brighton, Godalming, les environs de Londres, Norwich; en Hollande, par Groningue (300 km.); en Allemagne, par Gronau (Westphalie, 400 km.), Bamberg, Mülhausen (Thuringe, 430 km.). Sur le théâtre germano-russe, on prétend que la canonnade de Tannenberg fut perçue à Tribsow (Pomeranie), à 450 km.

Évidemment, ces distances extrêmes n'étaient pas atteintes tous les jours. Elles demandaient des conditions qu'on a pu préciser peu à peu en collationnant toutes les observations, et il en est résulté une théorie fort intéressante que nous allons essayer d'exposer. Dans d'autres cas, la distance d'audibilité se montrait extrêmement réduite, souvent à quelques kilomètres seulement. A certaines époques, il n'était pas rare pour les troupes de relève ou de ravitaillement qui se rendaient de nuit aux tranchées, de voir toute la ligne de feu illuminée par d'innombrables éclatements, sans rien percevoir du bruit des explosions.

Mais le plus curieux, c'était incontestablement l'existence d'une zone de silence comprise entre la zone d'audibilité normale ou rapprochée, dont la largeur pouvait aller de quelques km. à 100 km., et la zone

(1) COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, t. 163 (1916), p. 78, C. Bigourdan.

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