Face inférieure du crâne. 5°) Captorhinus (fig. 25) et Scylacosaurus (fig. 26) du Permien — n'ont pas de palais secondaire. Les Cynodontes triasiques ont un palais secondaire, mais peu développé en arrière (fig. 27). Les Mammifères, enfin, possèdent un palais secondaire bien développé (fig. 28). Ouvrons ici une parenthèse. Ce palais secondaire se rencontre encore, parmi les Reptiles, chez les Crocodiliens. D'abord imparfait chez les Crocodiliens jurassiques, il s'allonge graduellement dans les formes crétaciques et tertiaires. Comme l'a montré Dollo, on peut suivre le processus d'allongement, même chez les Crocodiliens habitant autrefois les fleuves quis illonnaient notre pays. Ce palais secondaire, reportant l'orifice postérieur des narines vers l'arrière de la bouche, est une disposition qui contribue puissamment à assurer une meilleure respiration chez les Mammifères. Peut-être, comme le suggérait mon vénéré maître, M. H. de Dorlodot, doit-on attribuer à cette circonstance avantageuse la rémanence dans la faune. actuelle des Crocodiliens, qui, nous l'avons vu, constituent un des rares groupes ayant persisté depuis le Jurassique jusqu'à nos jours. 6o) Chez les Thérocéphaliens - permiens (fig. 26), comme chez les Cotylosauriens (fig. 25), les dents garnissent encore le plafond de la cavité buccale. Chez les Cynodontes - triasiques-(fig. 27), comme chez les Mammifères, les dents sont limitées aux maxillaires et aux prémaxillaires. 7°) La différenciation des dents commence déjà chez les Thérocéphaliens (fig. 20); mais leurs molaires sont simples, tandis que les molaires des Cynodontes sont déjà spécialisées (fig. 21), se rapprochant ainsi du type mammalien (fig. 24). FIG. 32. Dasyurus ursinus Geoffroy. FIG. 31.-Cynognathus platyceps Seeley. 8°) Le condyle unique des Cotylosauriens est formé Chez les Cynodontes, le basioccipital intervient moins dans l'articulation, de sorte que le condyle a deux protubérances (fig. 31): c'est déjà un double condyle. Le basioccipital des Mammifères n'intervient plus dans l'articulation : les deux exoccipitaux forment les deux condyles caractéristiques. Remarquons que les Mammifères Monotrèmes pré III SÉRIE. T. XXVIII. 10 SC sentent encore aujourd'hui un pont cartilagineux qui relie les deux condyles. Épaule. 9) Le processus acromion n'existe pas chez les Cotylosauriens (fig. 33) et les Thérocéphaliens (fig. 34); mais on le rencontre chez les Cynodontes (fig. 35), comme chez les Mammifères (fig. 37). Peor Peor Cor Cependant il semble qu'ici notre série morphologique soit en défaut; car, pour former la fossette articulaire, trois os interviennent: scapula, coracoïde et procoracoide, tandis que chez les Mammifères n'existe qu'un seul os. Cette difficulté n'est qu'apparente en effet, les Mammifères Monotrèmes possèdent aussi trois os, dont un, déjà, ne prend plus part à l'articulation (fig. 36). D'ailleurs, le coracoide existe chez les Mammifères supérieurs, mais à l'état rudimentaire (processus coracoide de l'omoplate humaine) et cet os, unique chez l'adulte, est formé de deux ossicules dans l'embryon. LS Bassin. 10o) Chez les Cotylosauriens - permiens — l'ilion se projette vers l'arrière; il n'y a pas de foramen entre le pubis et l'ischion (fig. 38). Type cotylosaurien FIG. 39. FIG. 40. a encore une L'ition des Cynodontes - triasiques projection vers l'arrière, mais moins forte, et de plus il présente une projection vers l'avant; entre le pubis et l'ischion existe un foramen (fig. 39). L'ilion des Mammitères a une forte projection vers l'avant (fig. 40); il y a lieu de remarquer que l'ilion des Mammifères Monotrèmes a une portion postérieure faible, mais distincte. Le foramen obturateur entre le pubis et l'ischion est un caractère mammalien. CONCLUSION Si je ne craignais de paraître fastidieux, je pourrais allonger la liste et porter la comparaison sur d'autres os du crâne, sur les vertèbres, les côtes, les os du carpe et du tarse. Dans cette revue de caractères, je n'ai pas fait de théorie, ni hasardé d'hypothèse; j'ai simplement présenté des faits. Ces faits, me semble-t-il, permettent de répondre affirmativement à la question que nous nous sommes posée au début : peut-on trouver, entre les Mammifères et les Reptiles, des intermédiaires, constituant une série à la fois morphologique et chronologique ? — Le groupe des Cynodontes du Triasique nous fournit ces intermédiaires. Les découvertes qui se multiplient dans l'Afrique du Sud viendront, je l'espère, préciser les relations indiquées déjà par les sujets qui nous sont connus. Ceux-ci, en tout cas, permettent de se rendre compte du processus qui a conduit des Reptiles aux Mammifères. Une solution de continuité de plus disparaît ainsi de la lignée des êtres vivants. Ainsi se dégage, du concours presque inextricable des causes secondes, l'unité de plan qui est comme l'estampille mise à son euvre par le Créateur, pour que nous puissions reconnaître Sa main et adorer Sa sagesse. ACHILLE SALÉE Professeur de Paléontologie à l'Université de Louvain. |