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phénomènes à une antipathie subjective, un intérêt de secte ou de parti.

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Et ce sera le sort assurément étrange de ce livre qu'il ne détruira pas le préjugé qu'il combat - les préjugés ont la vie dure mais qu'il continuera à vivre en face de lui, à durer non moins que lui, car il est de ces livres auxquels on revient, qu'on consulte pour y trouver des armes, des arguments qui réduisent un bavard « ad metam silentii ». Le P. Eymieu ne sera pas seulement lu; il sera « utilisé ». Je ne sais rien de plus flatteur, ni qui soit probablement plus conforme à ses intentions.

Je m'imagine que l'auteur, excédé à la longue d'entendre éternellement répéter une « sottise », se décida à lui opposer le bon sens, appuyé sur le témoignage incorruptible des faits. Les faits ont ceci de bon ou de gênant, qu'ils ne se laissent pas faire. >> Facts are stubborn things », disent les Anglais. Vous prétendez qu'on ne peut être un savant et un croyant à la fois voici M. Untel qui est l'un et l'autre, voici encore M. Untel ... Ainsi et non autrement, Diogène jadis, à ce qu'on rapporte, démontrait la possibilité du mouvement, en marchant. Et peu à peu, sous la plume du P. Eymieu, la liste des croyants savants et savants illustres s'allongea. Ses recherches s'élargirent en véritable enquête; elle donna des résultats surprenants, acca'blants, faut-il le dire, pour une thèse qui n'est et ne fut jamais qu'une pure assertion en l'air. Disons tout de suite que cette enquête fut menée avec une rigueur toute scientifique et qu'au point de vue du sérieux, elle satisfera les plus exigeants. L'auteur en offre aujourd'hui les conclusions au public sous la forme de ces deux intéressants volumes.

Dans une introduction qui, avec la conclusion générale à la fin de la seconde partie, représente peut-être le morceau le plus original de l'ouvrage, l'auteur commence par définir exactement les termes mêmes du problème; il en circonscrit les limites précises, celles dans lesquelles il prétend le résoudre. Cette introduction m'a paru une belle leçon de probité scientifique, en même temps qu'un modèle dans l'art peu commun de ramener une question à ses termes essentiels, en les dégageant de toute ambiguïté. L'ordre général, adopté dans cette sorte de revue des plus grands noms scientifiques, s'inspire de la mème rigueur logique. Des sciences les plus dignes de ce nom, celles qui s'approchent le plus du type idéal de la science, des sciences dites « exactes» qui nous mettent en face de véritables lois : Mathé

matique, Astronomie, Physique, Chimie, l'auteur passe aux sciences naturelles, « celles qui possèdent au moindre degré la notion de loi », ou qui, d'origine relativement récente, n'ont pas dépassé la période des tâtonnements: Géologie, Paléontologie, Cytologie, Embryologie, etc., et il se trouve que «les savants les plus savants et les sciences les plus scientifiques sont les plus sympathiques à la religion » (T. II, p. 287). Le langage des faits donne raison au mot souvent cité de Cauchy, résumant une pensée de Bacon de Verulam : « Un peu de science éloigne de Dieu; beaucoup y ramène ».

Je ne puis songer à analyser le corps même de l'ouvrage; c'est une table de noms propres, signalant pour chacun d'eux, à côté des mérites scientifiques, les opinions ou les attitudes religieuses. Celles-ci ont été relevées avec une fidélité scrupuleuse, au prix d'un labeur et de recherches, dont ceux-là seulement soupçonneront l'importance qui suivront l'auteur jusqu'au chapitre final. Chose singulière, cet essai de statistique religieuse du monde savant se lit avec un intérêt qui ne languit pas un seul instant; il instruit, sans jamais ennuyer. L'auteur, d'après le précepte classique, possède et pratique à merveille l'art de joindre l'agréable à l'utile. Dans le second volume, on jugera sans doute plus particulièrement captivant le chapitre concernant la Médecine. Le vieux proverbe «Tres medici, duo Athei» sort de cette lecture, fortement discrédité.

Un peu partout du reste, en cours de route, on rencontre des réflexions suggestives, celle-ci par exemple qui explique l'affinité du génie mathématique et du sentiment religieux, leur mutuelle sympathie « De tous les savants, ce sont les mathématiciens qui >> acceptent le plus facilement le dogme catholique : Renan avait >> remarqué ce fait déjà, mais il ne l'a pas expliqué. Peut-être >> serait-il possible de l'expliquer en notant que les mathémati» ciens et les astronomes sont, de tous les savants, ceux qui font >> au raisonnement la plus large place et qui sont le mieux habi» tués à la confiance envers la raison» (T. II, p. 90). Ajoutons, pour donner une idée plus nette d'une œuvre, originale par tant de côtés, que l'enquête, le plus habituellement, y dépose ses conclusions sous forme de chiffres; ils sont ici particulièrement éloquents. Comme spécimen, relatons ceux qui concernent les Chimistes : « Nous avons passé en revue, dit le P. Eymieu, » en dehors de Lavoisier, de Scheele et de Pasteur et en >> dehors d'Ampère, déjà compté parmi les physiciens » 51 chimistes parmi les plus grands. Sur ce nombre, il y en a 8

» (Petit, Berthollet, Laurent, Mitscherlich, Kékulé, Hofmann, >> Frankland, Roscoë) dont l'attitude religieuse nous est inconnue. >> Il en reste donc 43 à classer, qui se répartissent ainsi : 1 athée » (Berthelot), 3 agnostiques (Bunsen, Van 't Hoff et Moissan); » 39 croyants et ce sont les Dalton et les Dumas, les Davy et les » Priestley, les Chevreul et les Thénard, les Berzélius et les » Liebig, les Deville et les Gibbs, les génies les plus hauts, les » créateurs les plus féconds » (T. I, p. 255).

En résumé, ce travail vise à extirper, un préjugé propre au XIXe siècle : La science, principe du progrès matériel, celle dont les triomphes modifient les conditions de la vie humaine, serait incompatible avec la foi. Au fond, l'incompatibilité n'est invoquée que contre les Catholiques. Et cela est logique. Leur foi est la seule complète : elle est d'ordinaire intense et profonde; elle devient piété et pratique de dévotion. C'est donc elle qui créerait l'obstacle le plus insurmontable à l'état d'esprit scientifique. Les faits démontrent que la prétendue opposition est inexistante. Un savant n'est nécessairement, ni un athée, ni un matérialiste; il peut croire en Dieu et en l'immortalité de l'âme. C'est ce qu'établit brillamment l'enquête qui a donné naissance au nouvel ouvrage du P. Eymieu. Cette enquête devait forcément rester incomplète. L'auteur l'avoue sans détour. Telle qu'elle est, elle est une contribution des plus précieuses à l'apologétique contemporaine et vient augmenter très honorablement la série déjà longue des travaux si méritoires de l'auteur. Celuici, nous l'espérons, arrivera à transformer son œuvre, par des mises au point successives, en un répertoire à peu près complet des illustrations de la science du XIXe siècle au point de vue des convictions et des opinions religieuses. Si le P. Eymieu nous donne quelque jour le « Dictionnaire religieux des savants », ce sera, n'en doutons pas, au bénéfice égal de la science et de la foi. FRANÇOIS JANSEN, S. J.

LISTE DES OUVRAGES

DONT LA REVUE PUBLIERA L'ANALYSE DANS UNE PROCHAINE LIVRAISON

Paris, 1920.

Paris, 1920.

GÉOMÉTRIE SYNTHÉTIQUE DES UNICURSALES, par E. BALLY.
PRÉCIS DE CALCUL GÉOMÉTRIQUE, par R. Leveugle.
SPACE, TIME AND GRAVITATION, an outline of the general Relativity theory,
par A. S. EDDINGTON. Cambridge, 1920.
UTILISATION DES VAPEURS D'ÉCHAPPEMENT DANS LES HOUILLÈRES, par
ADRIEN BARJOU. Paris, 1920.

-

LA THÉORIE ÉLECTRIQUE MODERNE, par NORMAN ROBERT.

Paris, 1920.

Paris, 1914.

LES PROGRES DE LA PHYSIQUE MOLÉCULAIRE, par Mine S. CURIE.
PROBLEMS OF COSMOGONY, par J. H. JEANS. Cambridge, 1919.
La philosophie GÉOMÉTRIQUE DE HENRI POINCARÉ, par LOUIs Rougier.
Paris, 1920.

LES PARALOGISMES DU RATIONALISME, par LOUIS ROUGIER.

Paris, 1920.

SYCHOLOGIE DU RAISONNEMENT, par EUGENIO RIGNANO. - Paris, 1920.

REVUE

DES RECUEILS PÉRIODIQUES

BULLETIN DE PATHOLOGIE

De l'encéphalite léthargique.

Au moment même où paraissent ces lignes, une maladie étrange qui se montra peu après la fin de la grande guerre, et ne fut pas sans provoquer un étonnement mêlé d'inquiétude, semble faire un retour offensif dans notre pays; les pouvoirs publics, avisés par l'Inspecteur d'Hygiène du gouvernement, viennent d'appeler sur cette menace l'attention du corps médical (1). Il ne sera pas sans intérêt de retracer à grands traits l'histoire de cette maladie, ses manifestations, ce qu'on sait de sa nature, des conditions de son développement et des moyens de préservation et de traitement à lui opposer.

La dernière épidémie à laquelle nous ayons assisté, celle qui frappa surtout les esprits en Belgique, a été observée en 1919 et au début de la présente année, mais elle parait remonter, en réalité, aux premiers mois de 1918, rayonnant sur d'autres régions d'Europe, la France notamment où 41 cas furent décrits en 1919; l'année suivante, une recrudescence s'y produisit ; à l'Académie de médecine, Netter y renseignait 22 cas personnels. et déclarait avoir connaissance de 100 autres cas (1). En Autriche (Vienne), elle fut décrite dès 1916-17 par Von Economo.

Ce n'était pas, pourtant, un mal absolument nouveau ; des manifestations morbides de même nature, jusqu'à cette somnolence léthargique qui a donné, un peu abusivement ce semble, son nom à cette forme d'encéphalite, avaient été observées en 1912 par J. Camerarius (à Tubingue) et dénommées par lui << Schlafenkrankheit », en 1919. En Belgique, à Bruges, des cas

(1) BULL. DE L'ACAD. DE MÉDECINE, 20 janvier 1920.

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