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SUR LA

RÉVOLUTION FRANÇAISE

DE 1789

PAR UN ÉTRANGER.

Ce n'est pas d'un fait lointain qu'il s'agit, c'est
de nous-mêmes, c'est de notre situation présente
et de notre avenir.

(Revue des Deux-Mondes, 1880, t. IV.)

TOME PREMIER.

PARIS,

LIBRAIRIE DE FIRMIN DIDOT FRÈRES, FILS ET CIE

IMPRIMEURS DE L'INSTITUT IMPERIAL DE FRANCE,

RUE JACOB, 56.

1857.

Les droits de traduction et de reproduction sont réservés.

234. A. 123.

MOTIFS

QUI ONT PORTÉ L'AUTEUR DE CES ÉTUDES

A CE NOUVEAU TRAVAIL SUR

L'HISTOIRE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

DE 1789.

Après que tant d'histoires, d'écrits de tout genre ont été publiés, depuis un demi-siècle, touchant la révolution de 1789, nous avons cru devoir rendre raison à notre lecteur des motifs qui nous ont déterminé, nous étranger, à nous occuper d'une époque tant de fois exploitée et par des écrivains de premier ordre.

Depuis la formation des sociétés, les annales des peuples nous offrent-elles une crise sociale comparable à cette révolution, vu surtout ses gigantesques proportions? Elle crut avoir pour mission, non-seulement de changer de fond en comble l'édifice politique de la France, la forme de son gouvernement, mais encore d'étendre son niveau démocratique sur tout ce qui constitue l'état social d'une grande nation propriété, famille, religion même.

Aussi, n'existe-t-il pas une question touchant le droit naturel, social, politique, international, canonique même,

qui n'ait été débattue, considérée sous toutes ses faces par les assemblées nationales qui se sont succédé dans le court. intervalle de 1789 à 1800, et qui, convertie en loi de l'État, en institution fixe, n'ait donné lieu d'en apprécier toutes ses conséquences, bonnes ou mauvaises. Considérons, en outre, la puissante influence que cet ébranlement social, ou si l'on veut antisocial, dut exercer sur les générations qui s'avançaient; dès lors son histoire, présentée dans tout son jour, ne serait-elle pas une des plus instructives pour l'humanité? C'est précisément l'importance de cette époque et son influence sur l'avenir des sociétés qui nous avait d'abord porté à choisir, parmi le grand nombre d'histoires de la révolution publiées en France, celle qui nous paraîtrait la présenter sous le jour le plus vrai et à en offrir une traduction à nos compatriotes. Mais c'était là précisément pour nous la pierre d'achoppement.

On entend répéter à satiété qu'il n'existe point d'histoire mieux connue que celle de la révolution de 89. Cette assertion ne nous a jamais paru parfaitement juste. M. le vicomte de Conny semble partager notre doute à cet égard lorsqu'il dit : « Il est peu d'événements plus imparfaite«ment connus que la révolution française; jamais la scène, politique n'a changé aussi fréquemment; jamais l'action « n'a été représentée sous tant de formes variées, ni jugée « d'une manière aussi contradictoire (1). » A quelle cause devons-nous l'attribuer spécialement? Quel est l'historien

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(1) Histoire de la révolution, t. 1. p. 46.

de cette grande crise politique et sociale qui ne l'a pas considérée du point de vue qui lui était particulier? Quel est celui, parmi ces historiens, qui ne s'est pas vu partie intéressée dans ce grand procès entre le régime ancien et le nouveau, ou par lui-même ou par ses liens de famille? Est-il alors dans l'ordre possible des choses que l'impression qu'il en a ressentie, que cette disposition enfin de son âme, de son esprit, n'aient pas réagi, sans qu'il s'en doutât peut-être, sur son travail, sur les couleurs qu'il a prêtées à ses tableaux, sur la peinture des principaux personnages du drame, sur la liaison qu'il a établie entre les événements, sur leur résultat définitif. C'est précisément ce qui nous a fait renoncer à notre idée première d'entreprendre une simple traduction d'une des nombreuses histoires de la révolution, qui avaient paru jusqu'à l'année 1840, année où nous avons entrepris ce travail (1).

Cependant cet événement grandiose, cette suite de tableaux saisissants, aux proportions colossales (2), n'a pas

(1) L'Histoire de la révolution de M. Poujoulat n'avait pas été encore publiée. Nous sommes loin de contester le grand mérite de cet historien, mais il parait qu'il n'a écrit cette histoire que pour des Français qu'il supposait parfaitement instruits des moindres particularités de cette grande période; dès lors son livre ne saurait satisfaire un étranger qui désirerait connaître ce drame prodigieux dans ses origines et ses développements successifs. Le lecteur même le plus attentif, après avoir lu seulement l'ouvrage de Montesquieu sur les Romains, pourrait-il se flatter d'avoir acquis une connaissance parfaitement exacte de l'histoire du peuple-roi? (2) Nous avons signalé maintes fois dans ces études la révolution comme un événement aux proportions colossales: serait-ce à dire qu'il eût fallu des hommes doués de facultés extraordinaires pour accomplir cette grande démolition et faire crouler une monarchie qui complait des siecles d'existence? Rien moins que tout cela : à l'exception de Mirabeau,

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