Sayfadaki görseller
PDF
ePub

sent d'abord dans l'âme l'idée innée, ou du moins l'idée naturelle de Dieu, sorte de science anticipée ou plutôt de conscience de Dieu, que que Dieu grave dans les âmes naissantes, ou, si l'on veut, que Dieu toujours présent ne cesse de leur offrir en se montrant1.

Tous voient ce germe inné de connaissance de Dieu, dans le désir inné du souverain bien 2.

Ils voient encore cette connaissance implicite de Dieu dans cette lumière qui discerne le juste et l'injuste, loi naturelle inscrite dans tous les cœurs 3

Ils le voient dans la raison même, qui ne peut exister sans un rapport actuel de l'âme à Dieu; qui d'abord représente Dieu par ses formes nécessaires, les premiers principes, les axiomes, les idées d'infini, de perfection; et qui en outre voit Dieu luimême implicitement, en voyant ce qu'elle voit, et toutes les fois qu'elle juge. Il y a la nature même

'Notitia Dei innata, vel agnata... Anticipatam quamdam Dei scientiam, vel conscientiam inesse omnium hominum mentibus, vel Dei ipsius et naturæ manu nascentibus inscriptam..., vel jugi objecti præsentia semper occursantem,plerisque sæcularis Philosophiæ proceribus persuasum fuit. Dogm. theol., de Deo, lib. 1, cap. 1, § 1. 2 Ex innato appetitu summi Boni. Cap. v.

3 Cap. vi et VII.

de l'âme raisonnable qui porte, dans son essence, l'idée de Dieu (divinam lucem animæ inessentiatam 1), et il y a le rapport actuel et vivant de l'âme à Dieu qui lui montre immédiatement Dieu (immediatis cum Deo mentis congressibus 2).

Puis dans la connaissance que notre âme a d'ellemême, connaissance qui en implique d'autres que ne donne pas le monde visible, et qui d'ailleurs est plus claire pour nous 3, Thomassin montre un point d'appui plus ferme et plus certain pour s'élever à Dieu, que ne peut l'être la vue du monde entier 4.

Cependant cette connaissance rationnelle de Dieu, que nous trouvons naturellement en nous, nous apprend plutôt que Dieu est, qu'elle ne nous montre ce qu'il est 5 : c'est-à-dire qu'elle est plus indirecte que directe.

Du reste l'existence de Dieu se prouve aussi par toute la création. On la démontre par cette marche

1 Cap. vi, § 1. 2 lbid., cap. VIII.

3 Multa clarius a nobis de Deo et anima nostra sciri quam de rebus corporeis. (Titre du chap. xvI.)

4 Anima ex seipsa quam ex orbe toto, Deum clarius et certius intelligit. (Titre du chap. xvII.)

* Ita per se nobis notum est Deum esse; sed magis quod sit, quid sit. (Titre du chap. xvII.)

ascendante de l'esprit qui passe des choses visibles aux invisibles 1.

Les idées nécessaires, géométriques, prises en elles-mêmes, la démontrent aussi 2.

Et les pères et les Philosophes s'accordent à reconnaître ces trois voies pour démontrer l'existence de Dieu 1° la gradation des êtres (preuve cosmologique); 2° l'intelligence et le désir inné du beau et du bon (preuve psychologique); 3° les idées nécessaires prises en elles-mêmes (preuve métaphysique) 3.

Nous retrouvons donc encore ici, dans Thomassin et tous ceux qu'il consulte, les deux preuves à posteriori par la vue de notre âme et celle de la nature, et la preuve à priori par les idées prises en elles-mêmes.

Thomassin considère comme bonne la preuve métaphysique à priori; mais il ne la sépare nullement de la preuve à posteriori, et voici le fond de sa pensée :

C'est qu'en réalité le point de départ de toute connaissance de Dieu, de toute preuve efficace et

Existentia Dei demonstratur ex mentis progressu per sensibilia supra sensibilia. (Titre du chap. xxI.)

2 Cap. XXIII et XXIV. 3 Cap. xxv.

réelle de son existence, est ce fait que l'on désigne vulgairement sous le nom d'idée innée de Dieu, mais qu'il est nécessaire d'approfondir et de décrire plus philosophiquement.

[ocr errors]

IV.

Or, voici la théorie profondément originale, et selon nous fondamentale, de ce qu'on a nommé l'idée innée de Dieu. Elle est donnée par Thomassin dans le titre du XIXe chapitre, et développée dans le chapitre entier : « Plus haut, plus centralement «< que l'intelligence, il y a un sens mystérieux qui << touche Dieu, plutôt qu'il ne le voit et ne le con« çoit. » (Supra vim intelligendi est sensus quidem arcanus quo Deus tangitur, magis quam cernitur aut intelligitur.)

Thomassin pose et décrit dans ce chapitre le plus profond des faits psychologiques, qui éclaire toute la psychologie, qui donne à la Théodicée sa vraie base, et fait connaître le vrai ressort de l'intelligence et de la volonté. C'est ce qu'Aristote, sans le décrire, nommait l'attrait du désirable et de l'intelligible.

Nous ne craignons pas de dire que ce point, qui

est l'introduction, en Philosophie, du mysticisme vrai et nécessaire, est le point principal que poursuit la Philosophie depuis l'origine, sans lequel elle ne peut pas être achevée, sans lequel elle manque de racine, par lequel elle sera complétée, transformée et organisée. Cette vérité est peut-être celle qu'aperçoit le chef actuel de la Philosophie allemande, M. Schelling, lorsqu'il dit que Dieu ne sera plus seulement pour la Philosophie un être rationnel, mais encore un étre expérimental, et il voit dans cette donnée nouvelle une transformation de la Philosophie. « C'est en ce sens, dit-il, << que la Philosophie est à la veille de subir encore << une grande révolution, mais qui pour le fond « des choses sera la dernière 1. »

«

Nous croyons ces paroles fondées, et nous disons que Thomassin touche et décrit, mieux que personne, le fait auquel elles correspondent. Du reste les Chrétiens seuls accompliront cette prophétie.

Thomassin donc pose et affirme l'existence d'un sens divin dans l'âme, sens du contact divin, distinct des idées nécessaires qui sont aussi dans l'âme, et qui sont une sorte de vision de Dieu. Selon

Système de l'idéalisme transcendantal, appendice sur la philosophie de M. Cousin, p. 393.

« ÖncekiDevam »