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qu'imparfaitement remblayé s, elles avaient, en s'effondrant, provoqué les mouvements du terrain.

Un an plus tard M. Malaise publiait un petit mémoire sur les silex ouvrés de Spiennes, dans lequel il confirmait les intuitions de Toilliez et concluait à l'existence de puits d'extraction de silex, remblayés après usage (1). Il ajoutait qu'à son avis cette exploitation était ancienne, très ancienne, antérieure non seulement à l'époque historique, non seulement à l'âge du métal, mais précédant même l'âge de la pierre polie, le néolithique, et contemporaine donc de la formation des dépôts géologiques quaternaires.

On allait être bientôt fixé. Quelques mois plus tard, en 1867, les travaux de la nouvelle ligne de chemin de fer entre Mons et Chimay amenaient les équipes de terrassiers sur le territoire de Spiennes, à 2 km. de la station d'Harmignies. Sur la rive gauche de la Trouille, un banc assez épais de terrain crétacé devait être sectionné par une tranchée. La pioche des ouvriers mit à jour 25 puits verticaux et des galeries horizontales.

Un mot de géologie est ici nécessaire. Nous l'emprunterons à peine modifié au mémoire de F. L. Cornet

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et A. Briart (2).

Dans le bassin de Mons on rencontre sous les dépôts de surface et parfois en affleurement d'importantes assises crétacées. En allant de haut en bas, on dénombre, dans le système, un étage Maestrichtien représenté par le tuffeau de S. Symphorien, puis un étage Ciplyen, bien déterminé depuis les admirables travaux de J. Cornet et dans lequel il faut ranger la craie brune, phosphatée, de Ciply et la craie blanche de Spiennes. Cette dernière se présente

(1) M. C. Malaise, Sur les silex ouvrés de Spiennes. Bruxelles, 1866. (2) Sur l'âge de la pierre polie et les exploitations préhistoriques de silex dans la province de Hainaut. Congrès internat. d'Anthropologie et d'Archéologie préhistor., 6me session. Bruxelles, 1872, pp. 285 et suiv. du compte rendu publié en 1873.

en bancs massifs, ayant parfois plus de 0,50 m. de puissance et peuplés de gros rognons de silex, disposés en lits continus. Le Sénonien qu'on traverse ensuite est couronné par la craie de Nouvelles, dans laquelle on découvre de petits rognons de silex noir. En dessous la craie d'Obourg, celle de Trivières, celle de St Vaast avec des silex bigarrés. Enfin, en dessous du Sénonien, la craie turonienne fait son apparition. C'est à ce niveau qu'on rencontre des bancs massifs de craie jaunâtre renfermant des blocs parfois volumineux de gros silex blond ou gris, de forme irrégulière et que les ouvriers appellent des rabots. Plus bas on rencontre encore des marnes et des argiles grises ou verdâtres, des poudingues avec galets de grès ou de phtanite. Ces niveaux turɔniens ou cénomaniens ne nous intéressent plus. Revenons à la tranchée du chemin de fer. Examinons ce que nous découvre la pioche des terrassiers.

Les puits verticaux partent du sommet du plateau et traversent tous les dépôts quaternaires. Ils sont donc postérieurs à la formation de ces dépôts, c'est-à-dire qu'ils n'existaient pas encore à la période paléolithique. La conjecture de Malaise doit donc être écartée. Nos mineurs ne sont pas plus anciens que cette époque très vague

d'ailleurs

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qu'on appelle l'âge de la pierre polie.

Les puits sont parfaitement cylindriques. Leur diamètre varie entre 0,60 et 0,80 m. Ils sont rangés en ligne, et placés très près les uns des autres. Aucun n'a plus de 12 mètres de profondeur, mais ce chiffre n'est pas nécessairement un maximum, car les travaux du chemin de fer n'ont pas atteint partout la base même des puits.

Des galeries rayonnantes et irrégulières partent du fond des puits. La hauteur de ces couloirs varie entre cinquante centimètres et deux mètres. Leur largeur atteint parfois deux mètres mais se tient ordinairement aux environs d'un mètre.

Le Congrès International d'anthropologie préhisto

rique, tenu à Bruxelles en 1872, rendit célèbre la découverte des mines néolithiques de Spiennes. Toutefois aucune fouille d'ensemble ne fut entreprise. Les collectionneurs préféraient exploiter les gisements de surface. Petit à petit ceux-ci perdirent le plus grand nombre des pièces complètes qu'ils possédaient. On les retrouve aujourd'hui, par tas, dans les armoires vitrées de tous les musées d'Europe. Sur les champs de Spiennes i ne Ieste plus guère que des déchets de taille innombrables d'ailleurs.

En 1887 le baron Alfred de Loë et Émile de Munck déblayèrent un puits de 8 mètres de profondeur (1). Deux ans plus tard M. de Pauw fouilla des ateliers de silex et crut, ainsi que M. Van Overloop, y découvrir deux époques bien distinctes (2).

En 1913, M. Louis Cavens ayant fourni les fonds, le Musée Royal du Cinquantenaire fit exécuter avec beaucoup de méthode des fouilles complètes dans deux puits très profonds, communiquant entre eux par des galeries. M. de Loë et M. Rahir en ont rendu compte (3). Un de ces puits est encore accessible au public. Il a 16 mètres de profondeur; la section circulaire a 1 m. de diamètre ; les galeries qui rayonnent à la base sont bien horizontales. En haut, près de la surface, le puits s'élargit en une sorte d'entonnoir. Le second puits est un peu moins. profond, un peu plus étroit, mais du même type, et foré tout proche du premier.

Il y a d'ailleurs moyen de déceler, aujourd'hui encore,

(1) Cf. BULL. Soc. ANTHROP. BRUXELLES, t. VI, p. 239. Dans les déblais de ce puits on ne découvrit pas moins de douze cents pièces travaillées, mêlées à une quantité énorme d'éclats de silex et de gros blocs de craie.

(2) Cf. BULL. SOC. ANTHROP. BRUXELLES, t. VIII, pp. 28 et suiv. (3) Cf. Baron Alf. de Loë. Les Fouilles de M. Louis Cavens à Spiennes en 1912. Extrait du BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX DU CINQUANTENAIRE, 1913. E. Rahir, Mines néolithiques de Spiennes (Belgique). LA NATURE, no 2122, 24 janvier 1914, I p. 132 et suiv.

la présence de certains de ces puits néolithiques, rien qu'en observant, en été, les prairies ou les moissons qui couvrent le Camp à Cayaux. Là où se trouve un puits les eaux pluviales s'infiltrent avec rapidité à travers toute la masse des silex remblayés, la couche de terre végétale demeure aride, et une tache plus ou moins jaune se dessine dans l'herbe du pré, une place stérile apparaît dans le champ de seigle.

I' nous faut maintenant examiner les faits analogues découverts en d'autres régions, puis la technique même de l'exploitation.

En 1870 le Canon Greenwell explorait près de Brandon, dans le Norfolk, l'endroit appelé Grimes Graves (1). Il y découvrait 254 puits percés à travers les assises crayeuses. Plusieurs avaient 13 mètres de profondeur; tous d'une verticalité parfaite ou à peine inclinés. La publication des découvertes de Spiennes et de Grimes Graves fit réfléchir un archéologue anglais qui devait devenir célèbre, le colonel Lane Fox, connu plus tard sous le nom de Général Pitt Rivers (2). Il avait déjà fouillé dans le Sussex, entre Beachy Head et Seaford, en plein crétacique, un plateau riche en silex Cissbury Camp. Il y avait remarqué des entonnoirs, affaissements de terrain plus ou moins circulaires, d'un mètre et demi à deux mètres de profondeur et tout remplis de déchets de taille. Pour expliquer ces entonnoirs on avait eu recours aux

(1) Cf. JOURNAL OF THE ETHNOLOGICAL SOCIETY OF LONDON. New series, vol. III.

(2) Cet archéologue bien connu a été curieusement dédoublé par le Dr Th. Baudon, président de la Société préhistorique de France. Parlant des puits de silex de Cissbury, il nous dit qu'ils ont été fouillés par le colonel Lane Fox, puis par le général Pitt Rivers. (Cf. Quatrième Congrès préhistorique de France, Chambéry, 1908, p. 315). Ce dédoublement provient d'une traduction fautive de la phrase anglaise the result of excavations made by Lt. Col. Lane Fox (afterwards General Pitt Rivers) in 1867. (A guide to the antiquities of the stone age. British Museum, 2e édition, 1911, p. 87.)

hypothèses les plus bizarres. Citernes ? mais l'eau, loin d'y demeurer, fuyait dès qu'on la versait. Abreuvoirs de bestiaux ? mais pourquoi avoir systématiquement rempli ces abreuvoirs d'éclats de silex dangereusement affilés? Fonds de cabanes, restes d'anciennes habitations ? Lane Fox eut le mérite de ne pas s'arrêter à ces rêveries et de considérer que le problème attendait encore une solution. Lorsque les résultats des fouilles de Spiennes furent connus, il se dit que ces entonnoirs n'étaient peut-être que les orifices de puits profonds totalement remblayés et au lieu de conjecturer il saisit la pioche, l'ultima ratio des archéologues. Quelques, heures de travail lui prouvèrent que les cheminées des puits s'enfonçaient dans le sol, et les ayant vidées il aboutit, tout au fond, à des galeries rayonnantes. L'analogie avec les mines de Spiennes était complète (1).

En France, tout au Nord de l'Aveyron, se trouve une petite localité qui topographiquement se rattache plutôt au Cantal: Mur-de-Barrez, entre Arpajon et Pierrefort. Vers 1883 on y exploitait une carrière; on attaquait de front le versant d'un plateau, abattant les bancs de silex et de calcaire des terrains tongriens et aquitaniens. Sur le front d'abattage on vit bientôt apparaître les cheminées des puits, forés jadis à partir du plateau pour atteindre les assises de silex. Les premiers puits n'étaient pas très profonds : 4 mètres, sur un mètre de large; mais à mesure que la carrière dévorait le versant du plateau, la distance augmentait entre la surface de ce dernier et les bancs de silex horizontaux. Les cheminées des puits s'allongeaient en conséquence. On en découvrit plus de dix que MM. Boule et Cartailhac observèrent scientifiquement (2).

(1) Cf. JOURNAL OF ANTHROPOL. INSTITUTE, t. V, 1875, pp. 357 et suiv. Excavations in Cissbury Camp. Sussex, by Col. A. Lane Fox. MM. Tyndall, de Brighton et Ernest Willett ont aussi fouillé Cissbury Camp.

(2) Cf. MATÉRIAUX POUR L'HISTOIRE PRIMITIVE ET NATURELLE

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