sanguin et reste fixé dans un capillaire du foie, où il se développe; la réaction des tissus voisins forme un kyste (kyste à cysticerques) dans la paroi duquel pourra naître le sarcome. En faisant ingérer à 1165 rats des œufs de ce Cestode, Bullock et Curtis réussirent 210 fois à provoquer le développement d'un sarcome primitif du foie; les tumeurs étaient greffables dans un important pourcentage de cas.

Comment interpréter l'action de ces parasites ? Borrel les considère comme vecteurs d'un virus cancéreux inconnu. Fibiger et beaucoup de chercheurs sont actuellement de son avis attribue au contraire l'action cancrogène des parasites animaux à des toxines sécrétées par les parasites eux-mêmes tous ses essais de reproduction du cancer spiroptérien à l'aide de filtrats de substance cancéreuse sont en effet restés infructueux.

20 Cancer du goudron.

C'est à deux savants japonais, Yamagiwa et Itchikawa (1) que nous devons l'acquisition de la plus simple des méthodes de production expérimentale du cancer. Partisans de la théorie de Virchow sur le rôle de l'irritation chronique répétée dans la production du cancer; s'appuyant d'autre part sur le fait, cliniquement établi depuis plus d'un siècle, de la fréquence anormale du cancer cutané chez les ouvriers du goudron, ces auteurs se sont dit qu'en badigeonnant au goudron pendant un temps suffisamment long la peau d'un animal, ils arriveraient peut-être à y déterminer l'apparition d'une tumeur maligne. Ils obtinrent, de fait, 12 cas de carcinome (dont trois avec métastases ganglionnaires) par application répétée de goudron de houille à la surface interne de l'oreille du lapin. L'expérience fut répétée sur la souris par Tsutsui sur 67 animaux traités au goudron et qui survécurent plus de 100 jours au début du traitement, seize montrèrent des carcinomes, dont deux avec métastases pulmonaires.

Fibiger et Bang (1920) ont repris ces recherches sur une plus grande échelle. Appliquant le goudron tous les deux

(1) K. Itchikawa, Sur la production expérimentale du cancer du goudron. Rapport présenté au Congrès du Cancer, Strasbourg, juillet 1923.

ou trois jours dans la région sous-occipitale, ils constatèrent qu'il faut en général, chez la souris, de 3 à 5 mois pour que le cancer apparaisse ; les 23 souris qui résistèrent plus de six mois donnèrent toutes un résultat positif. L'âge des animaux ne joue aucun rôle dans le pourcentage des résultats. En outre, si on cesse le badigeonnage après le 200e jour, les tumeurs se développent quand même. Le goudron employé par les auteurs ne contenant que des traces infimes d'arsenic, il semble bien qu'une action cancérigène de cette substance ne puisse être invoquée ici; ceci est en désaccord avec la théorie de Bayet et Slosse, pour qui le cancer du goudron, chez l'homme, serait provoqué par l'arsenic.

De nombreux chercheurs ont poursuivi l'étude du cancer du goudron: tels sont Murray et Woglom en Angleterre ; Roussy, Ménétrier, Champy et leurs collaborateurs en France; Bierich en Allemagne; Deelman en Hollande; Bloch et Dreyfus à Zurich. L'exposé de leurs résultats nous entraînerait trop loin; nous nous contenterons derenvoyer le lecteur que la question intéresse au BULLETIN DE L'ASSOCIATION FRANÇAISE POUR L'ÉTUDE DU CANCER, et au ZEITSCHRIFT FÜR KREBSFORSCHUNG, où la plupart de ces travaux ont paru.

P. LAMBIN.

BIBLIOGRAPHIE

PAUL TANNERY. MÉMOIRES SCIENTIFIQUES publiés par J. L. HEIBERG. Tome V. Sciences exactes au Moyen Age (1887-1921). Toulouse, Édouard Privat; Paris, GauthierVillars, 1922. Un volume petit in-4° de xXVII-383 pages et 4 planches hors texte.

Madame Paul Tannery nous donne aujourd'hui le cinquième volume des Mémoires scientifiques de son mari, dont l'éminent helléniste J. L. Heiberg a bien voulu diriger la publication. M. Émile Picard, secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences, qualifie « d'œuvre magistrale »> l'entreprise du Professeur de Copenhague. Une appréciation aussi élogieuse sous la plume d'un pareil maître me dispense d'y rien ajouter.

Le présent volume renferme les travaux de Tannery relatifs aux Sciences exactes pendant le Moyen Age. Leur simple énumération en indique suffisamment l'importance. J'ai cru utile d'y ajouter le titre du recueil où ils parurent pour la première fois. La diversité de ceux-ci fera apprécier l'avantage de les trouver réunis dans un même volume.

1o L'extraction des racines carrées d'après Nicolas Chuquet. BIBLIOTHECA MATHEMATICA, 1887, 2o série, t. I, pp. 17-21. 2o Les prétendues notations pythagoriciennes sur l'origine de nos chiffres. REVUE ARCHÉOLOGIQUE, 1892, 3o sér., t. XX, pp. 54-65. — 3o Sur l'étymologie du mot « chiffre ». ID., 1894, 3e sér., t. XXIII, pp. 48-53. 4o Un nouveau texte des Traités d'arpentage et de géométrie d'Epaphroditus et de Vitruvius Rufus. NOTICES ET EXTRAITS DES MANUSCRITS DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE ET D'AUTRES BIBLIOTHÈQUES, 1896, t. XXXV, 2o part., pp. 511-550. Cet article est accompagné de deux fac-similés hors texte tirés du Ms. lat. 13084 de la Bibliothèque de Munich.

5o La géométrie au XIe siècle. REVUE GÉNÉRALE INTERNA TIONALE, SCIENTIFIQUE, LITTÉRAIRE ET ARTISTIQUE, 2o année, 1897, no 15, pp. 343-357. — 60 Une correspondance d'Ecolâtres du XIe siècle. COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES, 1897, t. XXV, pp. 214221. 10° Même titre. NOTICES ET EXTRAITS, etc., 1901, t. XXXVI, 2o part., pp. 487-543. Ces écolâtres sont Rodolphe de Liége et Ragimbold de Cologne. On devine dès lors que les deux articles de Tannery ont de l'importance pour l'histoire littéraire du xre siècle dans la principauté de Liége. Le second des deux articles nous donne le texte de la correspondance. (Voir le no 5). J'ai rendu compte ici même de la première édition, dans mon Bulletin d'Histoire des Mathématiques du mois d'avril 1902 (t. LI, pp. 669-673).

7° Magister Robertus Anglicus in Montepesulano. BIBL. MAT., 1897, 2o sér., t. XI, pp. 3-6.—8o Le Traité du Quadrant de maître Robert Anglès (Montpellier XIIIe siècle). Texte latin et ancienne traduction grecque. NOTICES ET EXTRAITS, etc., 1897, t. XXXV, 2o part., pp. 561-640. 8bis Le Traité du Quadrant de maître Robert Anglès. BULLETIN DES SCIENCES MATHÉMATIQUES, 1899, 2o sér., t. XXIII, pp. 145-150. -Ster Practica geometriae (de Hugo Physicus), ID., PP. 140-145. J'ai fait connaître jadis avec quelques détails le Traité du Quadrant de maître Robert Anglès de Montpellier au § vi de la notice que j'ai publiée en 1905, dans la REVUE, à la mémoire de Paul Tannery (t. LVII, pp. 569-570). Je rappellerai ici en deux mots que le Traité du Quadrant est un document très important à consulter par tous ceux qui désirent connaître l'état de la géométrie pratique au XIe siècle. Il nous offre en outre un exemple rarissime d'un ouvrage de mathématiques du XIIe siècle écrit en latin dans l'Europe oocidentale et traduit en grec, à l'usage des Orientaux, par les contemporains.

9o Notes sur la pseudo-géométrie de Boèce. BIBL. MAT., 1900, 3e série, t. I, pp. 39-50. L'article est précédé d'une chromogravure tirée du Ms. lat. 6041 de la Bibliothèque Nationale de Paris, donnant le portrait de Boèce. — 11° Sur le « Liber augmenti et diminutionis » composé par Abraham. BIBL. MAT., 1901, 3o sér., t. II, pp. 45-47. 12° Sur la «< Practica geometriae » Hugonis. ID., pp. 41-44. — 13° Préface à l'His

--

toire de l'Abbaye Royale et de l'ordre des chanoines réguliers de Saint Victor de Paris. Par M. Fourier-Bonnard. Paris, Savaète, 1903, t. I, pp. v-XI. — 14° Maximilien Curtze historien des mathématiques. JOURNAL DES SAVANTS, 1904, août, pp. 457-470. L'érudit professeur de Thorn, qui réédita l'immortel ouvrage De revolutionibus orbium coelestium de Copernic, se proposait, vers la fin de sa vie, d'écrire une histoire de la géométrie pratique au Moyen Age. Une mort prématurée l'empêcha de réaliser ce projet. Mais, il en avait préparé l'exécution par la publication d'un nombre considérable de textes inédits et pour la plupart inconnus avant lui.. Tannery analyse les principaux d'entre eux,

15o Réponse à la question 119 sur l'auteur d'un texte algorithmique du XIIe siècle publié par Curtze. BIB. MAT., 3o série, t. V, 1904, pp. 416. — 16o Sur la division du temps en instants au Moyen âge. ID., 1905, t. VI, p. III. Article posthume. 17° Articles de la Grande Encyclopédie. a) Les écrits mathématiques de Boèce au Moyen Age. b) Ragimbold de Cologne. -180 L'Intermédiaire des Mathématiciens.. Réponses à deux questions posées dans ce recueil, l'une par G. Eneström, l'autre par A. P. Ericson.

ADDITION. Sur un opuscule latin écrit à Montpellier au XIIIe siècle. COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS, etc., 1896, t. XXIV, p. 180; etc.

APPENDICE. Practica geometriae. Cet article, édité ici pour la première fois, complète le texte de la Practica geometriae publié jadis par Curtze.

L'Addition de Tannery est précédée par un diagramme astronomique avec miniature hors texte, tiré du Ms. 413 du Collège Gourville et Caius de Cambridge.

Le volume se termine par une table des noms propres. Il débute par trois pièces dédiées à la mémoire de H. G. Zeuthen, qui collabora avec M. Heiberg à la publication des quatre premiers volumes. Nous signalons plus spécialement la notice biographique du savant danois signée par M. Émile Picard.

H. BOSMANS.

LEZIONI DI GEOMETRIA ANALITICA, par ETTORE BORTO-LOTTI. Volume primo. Un volume in-8° de XXXIX et 382 pages. Bologna, Nicola Zanichelli, 1923.