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époque (1)! Esneh et Denderah nous livraient deux très vieux feuillets de l'histoire du ciel !

La bonne nouvelle ne se contint pas en Égypte. Elle passa en France avec le retour de Bonaparte (9 octobre 1799). Ripault, bibliothécaire du premier Consul, écrivait (22 juillet 1800) à ses camarades encore en Égypte, que son maître paraissait « extrêmement satisfait » sur le travail de la Commission au sujet des zodiaques. Et le Moniteur (18 août 1800 et jours suivants) donnait la consécration officielle à l'idée que les « zodiaques portaient dans l'ordre de leurs signes une date de cinq à six mille ans, et que les temples qui recélaient ces tableaux étaient les plus modernes parmi ceux de l'Égypte » (2).

Ce fut le signal d'une controverse qui allait durer vingt ans. Elle mettait en émoi le monde savant et le monde religieux, la France et l'Europe. Car, d'un côté, il s'agissait le plus souvent, et à tout prix, de vieillir le monde, avec l'espoir de donner un démenti aux Livres Saints, ou, suivant l'expression de Burckhardt (3), de reculer «< les limites que les préjugés avaient fixées à l'âge du globe terrestre ». De l'autre, il fallait défendre ce qu'on appelait alors en termes imprécis les fondements de la croyance commune de toutes les sociétés chrétiennes, les titres primitifs de la Révélation, la chronologie sacrée. Entendons par là la chronologie du texte hébreu de la Bible, qui, sous l'influence du protestant Joseph Scaliger, avait prévalu depuis le xvie siècle.

Jamais controverse ne fut plus mal engagée. On disserta

(1) Cf. deux lettres significatives, l'une de Corabœuf (12 août 1800), l'autre de Burckhardt (septembre de la même année), dans Grobert, Description des pyramides de Ghizé, Paris, 1800, pp. 111-120. (2) Cf. Champollion-Figeac, Fourier et Napoléon, in-8°, Paris, 1844, pp. 50-51.

(3) Burckhardt (Jean-Charles), né à Leipzig en 1773, mort en 1825, vint à Paris en 1797, où il fut nommé astronome adjoint au Bureau des Longitudes, puis astronome à l'Observatoire de l'École militaire.

à perte de vue. Un flux de mémoires et de livres, savants, confus, maintes fois misérables et dépourvus d'urbanité, inonda la librairie, et ce débordement d'un genre nouveau s'appela la zodiacomanie. Elle envahit jusqu'à la Description de l'Égypte (1). Non pas que là ne fût la vraie place d'une étude sur les zodiaques, mais d'une étude sans parti pris et fondée sur des bases vérifiées. Ce qui n'était pas. Car les auteurs de la Description travaillaient sous l'empire de l'opinion, regardée alors comme certaine, que la domination persane avait porté un coup mortel aux institutions civiles et religieuses de l'Égypte : l'art, la religion, la langue même qui les exprimait, avaient péri par la rude étreinte de l'étranger. En conséquence, on attribuait aux temps antérieurs à Cambyse tous les mɔnuments qui, comme celui de Denderah, s'annonçaient égyptiens par leur architecture, leur décor et leurs inscriptions hieroglyphiques. D'autant mieux que plusieurs de ces édifices contenaient des zodiaques où, sous le charme de Dupuis, l'on voulait reconnaître les indices certains d'une haute antiquité.

Somme toute, on posait en fait ce qui précisément devait être en question, et dont on aurait dû étudier a préalable les éléments archéologiques. On ne se demanda même pas si les zodiaques étaient astronomiques ou astrologiques. On s'arrêta sans examen à la première alternative. Et là encore on ne parvint pas à s'entendre sur la fixation des points solsticiaux ni sur le sens des différents emblèmes. Autant dire qu'on disputait en l'air.

Diverses donc furent les explications des zodiaques, plus diverses encore les conclusions, les mêmes présup

(1) Cf. Remi Raige, Mémoire sur le zodiaque nominal et primitif des anciens Égyptiens, t. XI, de la deuxième édition, pp. 391 sq.; Jomard, Essai d'explication d'un tableau astronomique, t. VIII, pp. 1 sq.; Jollois et Devilliers, Recherches sur les bas-reliefs astronomiques égyptiens, ib., pp. 357 seq.; Fourier, Recherches sur les sciences et le gouvernement de l'Égypte, t. IX, pp. 1 sq., surtout les paragr. I et XXVII.

posés ne donnant pas toujours les mêmes résultats. Si Remi Raige et Jomard prêtaient la main à Burckhardt et, par lui, au Dupuis des quinze mille ans, Fourier se contentait de vingt-cinq siècles, Jollois et Devilliers abordaient vers les mêmes parages que Fourier.

Simultanément, dans le camp opposé, nous voyons l'abbé Testa (1), secrétaire de la Chancellerie romaine, ramener la date des zodiaques d'Égypte au troisième siècle avant notre ère, tandis que Visconti (2) la fixait avec hésitation au début de l'empire romain, et l'athée Lalande (3) se rangeait à son avis.

On pourrait s'étonner que les défenseurs de la « bonnecause» soient partis en lutte du même pied que leurs adversaires. Écoutons l'abbé Greppo, vicaire général de Belley (4), et pesons ses mots : « Ces savants combattirent sur le terrain où s'étaient placés leurs adversaires, c'està-dire que, selon l'opinion généralement adoptée, ils regardèrent les zodiaques comme des monuments astronomiques. Mais si, par cette raison, ils manquèrent le vrai point de vue de la question que les connaissances de l'époque ne permettaient peut-être pas d'atteindre, du moins ils répondirent, par des calculs tout aussi concluants, à ceux qu'on leur objectait, et réduisirent de beaucoup l'antiquité exagérée qu'on avait prêtée à ces monuments. »

Succès relatif, si l'on veut, mais de mince valeur, puisqu'ils ne se tiraient pas du pays des incertitudes et

(1) Dissertation sur les deux zodiaques nouvellement découverts en Égypte, Rome, 1802. Cette dissertation, traduite en français per le Dr Gauthier de Claubry (Charles-Emmanuel-Simon), fut publiée à Paris en 1807.

(2) Notice sur les zodiaques de Denderah, dans l'Hérodote de Larcher, seconde édit., 1802, t. II, p. 567. - Visconti (Ennio-Quirino) né à Rome en 1751, mort à Paris en 1818. Réfugié en France en 1799, conservateur des Antiques au Louvre, professeur d'archéologie, membre de l'Institut (1803), on lui doit un grand recueil d'Iconographie ancienne.

(3) Bibliographie astronomique, 1803, p. 178.

(4) Essai sur le système hiéroglyphique, 1829, p. 257.

de la confusion. Une autre cause encore viciait leurs efforts et s'opposait à toute décision victorieuse : ils étaient les prisonniers irréfléchis du préjugé qui voulait alors que la chronologie du texte hébreu de la Bible fût quelque chose de sacré, relevant de Moïse et de l'inspiration divine. En vain l'évêque Le Coz leur donnait l'exemple du dégagement et du redressement. On ne l'entendit pas (1). Le Coz disait, en effet, dès 1802, dans sa Lettre à M. de l'Isle de Salles : « La question de l'âge du monde n'est que de curiosité; aucun de nos systèmes de chronologie ne tient à la foi. Selon le texte hébreu, depuis la création du monde jusqu'à nous, il ne s'est écoulé qu'environ six mille ans. Cette durée du monde est augmentée d'environ mille huit cent soixante ans, suivant M. Bergier, par la version des Septante. Le calcul des Samaritains diffère encore de celui des Hébreux et de celui des Septante. L'Église n'a jamais condamné ni l'un ni l'autre de ces deux systèmes, dont chacun est appuyé de raisons qu'il est libre aux savants de discuter.... Que le monde ait deux mille ans d'existence de plus ou deux mille ans de moins, cela ne change rien au fond de l'histoire sainte, ni à la tradition des dogmes révélés, ni à la certitude des preuves de la Révélation. »

Nous pouvons négliger les autres écrits des premières années du dix-neuvième siècle sur les zodiaques. Aussi bien avons-nous l'essentiel, et l'on n'en finirait plus. Qu'il nous suffise de redire après Letronne (2): « Tous les

(1) Il est vrai de dire que l'auteur de la Lettre était à ce moment un assermenté opiniâtre et, comme tel, tenu en suspicion. Le Coz (Claude), né en 1740, prêtre, professeur, puis principal du collège de Quimper, donna avec ardeur dans les idées schismatiques de la Révolution. Cela lui valut en 1791 l'évêché d'Ille-et-Vilaine et une place à la Législative. La Terreur l'incarcéra. Au Concordat, il se démit de son évêché et fut nommé archevêque de Besançon où il porta son zèle apostolique et sa pureté de mœurs irréprochables, mais aussi ses principes de constitutionnel. En 1804, à Paris, il se soumit sincèrement à Pie VII, et mourut en 1815, après un Mandement pour le retour de Bonaparte.

(2) Origine des zodiaques, pp. 11-13.

savants qui prirent part à cette mémorable dispute, tant les défenseurs de la haute antiquité de ces monuments que les partisans d'une antiquité plus restreinte, trouvèrent, dans la combinaison des emblèmes qu'on y avait représentés, le moyen de prouver, avec un succès à peu près égal, la justesse de leurs opinions diverses. L'absence totale de points fixes et déterminés, sur lesquels tout le monde pût s'entendre, excluait la possibilité d'une discussion méthodique et régulière. Chacun allait devant soi, composant son hypothèse, ou combattant celle des autres, sans trop s'inquiéter des objections auxquelles la sienne était soumise à son tour... Après tant d'efforts infructueux il était facile de prévoir qu'on n'arriverait jamais à un résultat certain, en continuant de combiner des emblèmes dont rien ne pouvait déterminer le sens, et qui laissaient le champ libre à toutes les hypothèses.

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C'était la faillite générale. Letronne vient de nous le dire en termes académiques. Suivit une accalmie, chacun restant sur ses positions et se bornant à de rares escarmouches, car l'Église était appelée au secours de la société civile, et l'attitude du nouveau maître de la France imposait des réserves à l'incrédulité.

II

Mais sous la Restauration, autour de 1820, sévit une violente poussée antireligieuse. En même temps que les œuvres de Voltaire et de Rousseau, on réimprime les Ruines de Volney et l'abrégé de l'Origine de tous les cultes; il s'en tire, rien qu'à Paris, quinze à vingt mille exemplaires tous les ans, double bréviaire d'incroyance, distillée in-18 à l'usage du lecteur français. Comme il est naturel, la question des zodiaques eut son rebondissement dans l'absurde.

Sur ces entrefaites, au commencement de janvier 1822,

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