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Son travail renferme un grand nombre d'imperfections qu'il connaît, et, sans doute, un plus grand nombre encore qu'il ne connaît pas; mais il a un mérite qui ne peut lui être contesté : c'est d'être le produit d'une conviction profonde, acquise, si nous pouvons parler ainsi, au prix de nombreuses luttes et du labeur le plus obstiné. Pour ce qui est de ces imperfections de son œuvre, on ira au-devant de ses vœux en les signalant; et, quant à tout ce qui tient à son sentiment particulier, il lui est indifférent de le voir attaqué. Il n'a eu en vue que la vérité, et son plus vif désir a été de ne pas énoncer une seule proposition qui ne fût en accord parfait avec la doctrine de l'Église. C'est pourquoi, si, contre son intention, il lui était échappé un seul mot qui n'y fût pas conforme, il le rétracte d'avance.

Désireux de reproduire exactement la pensée de l'Église, l'auteur s'est attaché, sur chaque sujet, à faire parler les canons eux-mêmes. Afin de les faire pénétrer plus facilement dans la mémoire, il a, tout en employant le nouveau mode de citation, conservé l'ancien usage, qui, par la reproduction du mot initial du canon, met immédiatement sur la voie du sujet.

On remarquera deux passages (Can. Fidelior, 54, D. 50, et Can. Beati, 37, C. 2, Q. 7) rapportés sous le nom de saint Ambroise. Ce n'est pas que l'auteur ignore que quelques critiques les attribuent à Maxime de Turin, mais il en a fait la citation conformément au titre sous lequel ils figurent dans le Corpus juris.

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L'idée du droit ecclésiastique est déterminée par celle de l'Église, qui, elle-même, l'est par celle de la religion. Par ce dernier mot, le droit romain exprimait la crainte, le respect, l'effroi, tout l'ordre des sentiments qui éclosent dans le cœur de l'homme avec celui de sa dépendance vis-à-vis de la Divinité (1). On le fait dériver de relinquere. Cette étymologie est évidemment dénuée de toute base. Cicéron la voit dans religere. Pour lui, la religion, c'est, par opposition à la superstition, qui se renferme dans l'observance servile des prescriptions extérieures du culte, l'application du philosophe à rechercher et à scruter les monuments scripturaires relatifs aux choses divines (2).

L'étymologie adoptée par Lactance (3) est incomparablement préférable. Faisant dériver le mot religion de religare, elle fait jaillir l'idée d'un accord réciproque entre Dieu et l'homme, et, par là même, en met en lumière le vrai caractère, le seul qui conduise à une conception exacte de l'idée exprimée par le mot : celle du lien mystérieux qui unit l'homme avec la Divinité. Ainsi

(1) Vide Forcellini, Lexicon totius latinitatis, s. v. Religio. Ferraris, Promt. biblioth. ead. voc. — Klee, Lehrbuch der Dogmengeschichte. I, S. 30. (2) Cicero, de Natura deorum, II, 28.

(3) Inst. div., IV, 28. Vide Servius, ad Æneid., VIII, 349. Aquin, Summa, II, 2; Q. 81, art. 1.

Opusc., 19, c. 1.

S. Thom.

:

entendu, ce mot exprime bien la crainte, le respect, toutes les affections qui résultent du sentiment de la dépendance; mais l'homme n'est pas seul lié vis-à-vis de Dieu; Dieu a voulu se lier aussi vis-à-vis de l'homme il y a réciprocité d'engagement. De là la division de nos livres saints en livres de l'ancienne et de la nouvelle alliance. Au commencement des temps, Dieu avait contracté alliance avec les hommes; le nœud de ce contrat, c'était la volonté divine elle-même, à laquelle la volonté de l'homme se tenait unie. Or tout contrat stipule des conditions obligatoires pour les parties qui le souscrivent. Du côté de l'homme, ces conditions étaient l'accomplissement fidèle de la volonté divine, le consentement spontané et libre à la reconnaître comme la limite de la sienne. Mais bientôt la volonté des hommes se mit en opposition avec celle de Dieu, et l'alliance fut rompue par eux. Ils répudièrent celui qui était le seul vrai Dieu, et s'allièrent avec de fausses déités. Alors le Seigneur, se choisissant parmi tous les peuples de la terre, la race d'Abraham, et formant alliance avec elle, il y eut diversité de religion, une foule de faux cultes autour de celui qui seul était le véritable. Cependant les temps s'accomplissent; Dieu envoie d'en haut son propre Fils, qui contracte une nouvelle alliance avec les hommes et la scelle de son sang. Ses révélations, manifestation authentique de la volonté divine, sont les lois de cette nouvelle alliance; sa religion est, dans le sens propre du mot, la seule véritable que tous les hommes, sans distinction, sont tenus d'embrasser (1). Salut du genre humain, voie unique de la vérité, sa fin la désigne au monde comme la religion universelle; nul homme n'a le droit de rester dans les ténèbres de l'erreur, nul n'a le droit de se refuser à reconnaître Dieu et celui qu'il leur a envoyé, le Seigneur Jésus.

Les différentes religions du paganisme ayant conservé quelques vestiges des révélations primitives, on pourrait absolument, soit à raison de ces débris de la vérité originelle, soit à raison de diverses révélations, fausses, il est vrai, et étrangères à toute source divine, mais néanmoins réputées surhumaines, leur don

(1) Klee, ubi supra, p. 50.

ner le nom de religions révélées; les païens ont constamment décoré leurs cultes de cette qualification.

En face du christianisme et des cultes païens, ainsi caractérisés par cette dénomination, le langage usuel place en regard certains systèmes, sous le nom de religions naturelles. Mais le christianisme est non-seulement l'unique religion révélée marquée du sceau de la vérité, elle est encore, dans l'acception la plus élevée et la plus noble du mot, l'unique religion naturelle, la seule qui réponde à la nature de l'homme, donc aussi, et par l'essence même des choses, la seule qui constitue dans son intégrité le véritable droit naturel. Manifestation de la pensée de Dieu sur l'humanité, elle s'harmonise nécessairement avec sa nature, telle qu'elle doit être, telle qu'elle doit devenir par le développement du germe que la main divine a déposé dans son sein. Les droits positifs humains, au contraire, ainsi que les religions païennes qui leur ont donné naissance, répondent à la nature de l'homme telle qu'elle est, c'est-à-dire soumise au péché, aux passions et à l'erreur. Dans ce sens, ces systèmes peuvent bien prétendre au titre de religions naturelles; mais rien de moins naturel que ces religions, si l'on renferme le mot dans les limites de sa véritable signification. Pour justifier ce titre, il faudrait que, étrangères à toute révélation objective, elles se fondassent exclusivement sur les spéculations subjectives humaines. Or telle n'est pas la tâche de la raison. Ouïe intellectuelle de l'homme, elle a la faculté de percevoir et d'ordonner ce qu'elle a perçu ; mais créer, c'est ce qu'il ne lui est pas donné de faire, pas plus qu'il ne l'est à l'oreille de produire les tons. Elle peut bien reconnaître la vérité, elle peut bien pénétrer dans sa substance et en tirer l'aliment de l'esprit; mais dans le christianisme seul elle trouve la vérité, elle trouve la véritable alliance, qui, par l'acceptation de la révélation divine, associe, unit l'âme avec Dieu. § II.

2. De l'Église.

Il n'y a qu'une vraie religion; il n'y a aussi qu'une vraie Église, l'Église fondée par Jésus-Christ.

« Tu es Pierre (IIéτpcs), et sur cette pierre je bâtirai mon Église, dit le Fils de Dieu à l'apôtre Simon, et les portes de l'enter, continue-t-il, ne prévaudront point contre elle, et je te donnerai les clefs du royaume des cieux, et ce que tu auras lié sur la terre sera aussi lié dans le ciel, et ce que tu auras délié sur la terre sera aussi délié dans le ciel (1). » L'Écriture sainte ne nous montre que dans deux circonstances le Sauveur employant le mot Église dans le sens qu'il y attache ici. Dans la première, et c'est celle à laquelle se rapportent les paroles que nous venons de citer, il est question du pouvoir des clefs, promis à Pierre, comme prérogative du prince des apôtres; dans la seconde, il est question de ce même pouvoir, en tant qu'il doit s'étendre aux autres membres du collége apostolique (2). Dans l'une et dans l'autre, le mot Église (Ecclesia) désigne le royaume de Dieu sur la terre dans sa relation au royaume du ciel.

Pour ce qui est du mot lui-même, si nous voulons en examiner la physionomie, nous verrons que, dans le latin comme dans l'allemand, c'est le grec qui a fourni l'expression de l'idée. Le mot latin ecclesia signifie assemblée appelée. Le mot allemand kirche, dérivé de xúptos, seigneur, indique par là même l'assemblée de ceux qui reconnaissent véritablement le Seigneur comme leur maître, qui entendent l'appel de ce maître et marchent à sa suite. Le mot Église, dans un sens, est donc l'antinomie de celui de Synagogue, qui donne l'idée d'un troupeau isolément réuni, et montre la profonde ligne de démarcation qui séparait les Juifs du reste des peuples (3). L'Église, c'est la grande société visible, où l'humanité tout entière est appelée à entrer, la société fondée sur la nouvelle alliance, et qui a pour chef le Christ, le Seigneur (Kúpos); nulle autre société ne peut revendiquer ce titre. Ce n'est que dans son sein que sont en pleine vigueur l'alliance et les lois émanées de l'autorité de son fondateur céleste; et il n'y a que celui qui reconnaît le Seigneur comme tel, qui doive aussi

(1) Matth., xvi, 18.

(2) Id., xvm, 17.

(3) Tournely, Prælectiones theologica de Ecclesia, vol. I, p. 8 — Lupoli, Juris ecclesiastici prælectiones, I, p. 12 sqq.

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