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où l'Assemblée constituante a méconnu son auto

rité et s'est adjugé le pouvoir suprême. Ce récit était nécessaire pour l'appréciation complète des événements produits par le mouvement imprimé à l'opinion publique pendant la période qui les avait précédés.

Nous nous sommes efforcé de rester dans la limite de la plus stricte impartialité. Nous n'avons emprunté ni l'esprit ni le langage des partis. Tous ils ont eu des torts; tous ils ont commis des fautes: nous avons dû les signaler, nous bornant seulement à flétrir le crime. Nous désirons vivement que le lecteur en juge comme nous, et qu'il accorde à la conclusion de notre œuvre une bienveillance égale à celle avec laquelle il a accueilli notre premier ouvrage.

COUP D'OEIL

SUR

LE RÈGNE DE LOUIS XVI.

INTRODUCTION.

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Avénement de Louis XVI au trône. Caractère de ce prince. Son mariage avec une archiduchesse d'Autriche. Caractère de la reine Marie-Antoinette.-Son éloignement de l'étiquette. Sa liaison avec la princesse de Lamballe et la duchesse de Polignac. Soirées de cette dernière. Causes de la haine d'une partie de la cour pour Marie-Antoinette.-Caractère de Monsieur. Caractère du comte d'Artois. Progrès de l'opinion publique. - Mécontentement du duc de Chartres, depuis duc d'Orléans, entretenu et exploité par ses familiers. La franc-maçonnerie. Le duc de Chartres en devient le grand maître. Illuminisme fondé par l'Allemand Woishaupt. Passion de la popularité se développant dans une partie des dépositaires du pouvoir.

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Le 10 mai 1774, un nouveau règne succède à un règne de cinquante-neuf ans. Les hommes qui héritent du pouvoir sauront-ils mesurer l'étendue du grand mouvement qui s'est opéré dans les esprits

pendant la période qui les a précédés? pourrontils séparer les exigences raisonnables de l'opinion publique, des caprices que fait naître le goût d'innovation qui se développe chaque jour davantage? Le repos matériel existe; l'agitation morale est partout. L'opposition vient d'éclater dans la haute noblesse à l'occasion de la disgrâce du duc de Choiseul. Cette noblesse commence à fronder l'autorité royale. Les classes inférieures rêvent la liberté. Sous le masque de la tranquillité, les passions politiques fermentent. Le frein religieux n'existe plus; car la victoire du philosophisme est complète. Est-il besoin d'attaquer les croyances détruites? Victorieux de la religion, les écrivains vont tourner leurs investigations vers les systèmes politiques. L'orage révolutionnaire dont on a entrevu les premiers signes pendant le règne de Louis XV, s'étendra chaque jour si son successeur ne possède assez de lumières, assez de puissance, assez d'énergie pour en prévenir les éclats et préserver l'ordre social confié à ses soins.

Louis XVI monte sur le trône à l'âge de vingt ans. On lui a appris à se craindre lui-même plus qu'à connaître les hommes; son éducation avait été dirigée de manière à faire naître en lui une incu rable timidité et une profonde défiance de son propre jugement. Jamais le feu roi n'avait permis que son successeur fût initié aux affaires, et celui-ci

leur est étranger. Il a l'esprit juste. Il aperçoit et la difficulté et le remède; mais, comme ses lumières manquent d'étendue et son caractère de force, il ne saura pas persévérer dans les mesures que les plus sages de ses conseillers lui auront suggérées, et que sa raison avait adoptées. L'instabilité dans la marche du gouvernement fera succéder les murmures à la reconnaissance, l'agitation des désirs abusés à la confiance dans l'autorité. Cependant aucun roi ne semble plus digne de l'amour de son peuple; car aucun ne l'a aimé davantage. Louis XVI n'a qu'une passion, celle du bien public. «< Sous les rois qui précédèrent Louis XVI, le monarque était l'objet du culte des Français. Sous Louis XVI, les Français devinrent l'objet du culte du monarque'. » Le roi est religieux; ses mœurs sont irréprochables. L'exemple de toutes les vertus descend du haut du trône. Néanmoins l'opinion flotte incertaine, parce que le maître, manquant de persévérance dans ses volontés, ne commande pas le respect. Il est plus moral que le temps où il vit, et ses contemporains, sa cour à leur tête, s'emparent de ses défauts pour ridiculiser ses vertus et secouer le frein qu'elles semblent leur imposer. La tournure du roi est grosse et massive; l'élégance s'en rit. Sa bonté

' Mémoires historiques, par Soulavie.

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prend souvent la forme de la brusquerie, et on dit qu'il manque de grâce. Il aime la chasse, des ouvrages manuels le délassent des travaux du cabinet; on l'accuse de paresse et on lui impute des goûts peu en harmonie avec sa dignité de roi. Il règne sur la France, mais sans gouverner les opinions, sans modifier les mœurs, sans diriger les esprits : roi débonnaire qui, dans un autre siècle, eût passé pour un des meilleurs monarques dont l'histoire garde la mémoire. Arrivé à une époque dont les difficultés dépassaient son génie, il sera sans cesse ballotté par les vents, et enfin emporté par la tempête.

A côté de lui s'assied sur le trône une jeune princesse de dix-neuf ans que le duc de Choiseul a fait venir de Vienne pour cimenter l'union des maisons de France et d'Autriche. Tout semblait amour, admiration et prospérité pour elle. Marie-Antoinette, sans être d'une beauté régulière, avait dans toute sa personne une dignité imposante; son teint était éclatant de fraîcheur, sa taille bien prise et son maintien plein de noblesse. On citait d'elle une foule de mots heureux et des traits touchants d'humanité et de bonté. Lors de son avénement à la couronne, elle était l'idole des Français 1.

A une chasse de Louis XV, un paysan est gravement blessé par un cerf; Marie-Antoinette, alors dauphine, recueille dans sa voiture le blessé et sa femme éplorée, et ordonne qu'on en prenne

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