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CHAPITRE III.

Suite et fin de la guerre d'AMÉRIQUE.

Campagne de 1780 honorable, mais nulle dans ses résultats.

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- Rodney ravitaille Gibraltar et vogue vers les Antilles. - M. de Guichen lui livre bataille. Position fâcheuse des Américains.-Défection d'Arnold.-Découragement des populations.Énergie des femmes. —Arrivée de Rochambeau aux États-Unis avec six mille hommes. Il se fortifie dans Rhode-Island. Mort de l'impératrice Marie-Thérèse. Émeute de lord Gordon à Londres. Campagne savante de La Fayette. Rochambeau reçoit un renfort de trois mille hommes. Il fait sa jonction avec Washington. - Ils marchent ensemble contre les généraux anglais Clinton et Cornwallis. Siége d'York-Town. Cornwallis et un corps de huit mille hommes qu'il commande se rendent prisonniers de - Joie des Américains. guerre. · Leur reconnaissance pour Louis XVI et la France. - Exploits du marquis de Bouillé dans les Antilles. - Naissance du dauphin. Bataille navale de Rodney contre l'amiral de Grasse. Celui-ci battu est obligé d'amener son pavillon. La Pérouse détruit les

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établissements anglais dans la baie d'Hudson. — Crillon s'em

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- Exploits de Suffren dans l'Inde. - Hyder-Ali, Tippoo-Saïb. · Les Anglais reconnaissent l'indépendance des Américains. - La paix est conclue entre la France et la Grande-Bretagne.

Revenons à la narration des faits de la guerre dont les considérations dans lesquelles nous avons

dû entrer sur le ministère de Necker, nous ont écarté.

La campagne de 1780 fut honorable, mais nulle dans ses résultats immédiats comme celles qui l'avaient précédée. Toutefois elle prépara la glorieuse campagne de 1781, qui assura la libération de l'Amérique et la paix avantageuse qui eut lieu deux ans après.

A Fontenoy, la loyauté chevaleresque des Français les avaient portés à crier : « Messieurs les Anglais, tirez les premiers. » En 1779, la même exaltation rendit à nos adversaires leur meilleur amiral, Rodney, retenu à Paris à cause des dettes qu'il y avait contractées. Celui-ci s'était exprimé avec mépris dans un dîner, chez le maréchal de Biron, sur les manœuvres exécutées par les flottes des deux puissances; il avait ajouté qu'il en serait autrement si le gouvernement anglais lui confiait le commandement. Le maréchal, piqué de cette jactance, lui prête la somme nécessaire pour payer ses dettes. Rodney, retourné en Angleterre, est mis sur-le-champ à la tête d'une escadre.

Sa première opération fut de ravitailler Gibraltar que les Espagnols tenaient bloqué dans l'espoir de le prendre par famine. Sorti des ports de la GrandeBretagne avec vingt et un vaisseaux de guerre et des bâtiments chargés de vivres, il rencontre près du cap Finisterre (janvier 1780), un convoi

espagnol et s'en empare. Jean de Langara gardait l'entrée du détroit avec neuf vaisseaux. Rodney les détruit ou les prend, arrive devant Gibraltar et y rétablit l'abondance.

L'amiral espagnol Gaston avait hiverné à Brest; il met à la voile le 18 janvier. Son escadre était de vingt-quatre vaisseaux. Il eût pu ramener la fortune et faire repentir Rodney de son entreprise. Mais une tempête disperse sa flotte. Il semblait que, dans cette guerre, la tempête devenait l'auxiliaire des Anglais; c'est que la supériorité de leurs mancuvres lutte avec avantage contre les ouragans, tanque leurs adversaires en sont accablés.

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Rodney, après avoir débarqué à Gibraltar les munitions apportées par sa flotte, se hâte de voguer vers les Antilles, où M. de Guichen, successeur du comte d'Estaing, était arrivé le 23 mars. Cet amiral avait sous ses ordres vingt-neuf vaisseaux. Les forces anglaises étaient à peu près égales. Rodney attaque avec la confiance d'un homme qui se croit sûr de la victoire. Mais bientôt il s'aperçoit que son ennemi manœuvre aussi savamment que lui. Trois batailles ont lieu à quelques jours d'intervalle, et l'Anglais se retire à la Barbade pour y réparer les avaries de sa flotte.

Avant l'arrivée de M. de Guichen, LamottePiquet combattit, avec trois vaisseaux, sept vaisseaux anglais de l'escadre de l'amiral Hyde-Parker,

qui cherchaient à s'emparer d'un convoi de vingtsept navires faisant voile vers la France. Cette action hardie en sauva dix-huit.

Guichen débarrassé de Rodney marche au-devant d'une flotte espagnole de dix vaisseaux qui escortait des bâtiments portant onze mille hommes de troupes. Les alliés réunissent ainsi une force suffisante pour accabler les colonies anglaises des Antilles. Mais les deux amiraux ne peuvent se mettre d'accord sur les premières expéditions à entreprendre. Pendant qu'ils perdent en délibération un temps précieux, une affreuse épidémie se développe, occasionnée par l'absence de tout soin de propreté sur l'escadre espagnole. Elle gagne la flotte française, où les règles de l'hygiène navale n'étaient ni observées ni même connues. Au commencement d'août, Guichen saisit le prétexte d'un convoi nombreux à escorter vers la France et ramène à Brest son escadre dont les équipages, décimés par la fièvre, succombaient à la fatigue sous l'ardeur du soleil des Antilles.

Pendant que ces choses se passaient, les affaires des insurgents de l'Amérique du Nord déclinaient avec rapidité. Le découragement, la pénurie d'argent et surtout le défaut d'ensemble entre treize États, unis seulement par un lien fédéral, amenaient sans cesse de nouveaux désastres. Ce défaut d'unité se faisait sentir dans les rapports du congrès

avec les États, l'un osant à peine commander, les autres n'obéissant que dans la mesure de leur intérêt et de leurs caprices; les corps armés étaient difficiles à former; et à peine réunis, les miliciens qui les composaient, rebutés par la misère, désertaient et retournaient chez eux.

Cette position fâcheuse fut encore aggravée par la trahison d'un de leurs généraux les plus remarqués par ses talents militaires et son courage. Arnold se vendit aux Anglais et déploya autant d'ardeur contre sa patrie qu'il avait montré de zèle pour la défendre. Toutefois les autres chefs de l'insurrection, et Washington à leur tête, ne désespérèrent jamais du triomphe de la liberté. Mais ils ne pouvaient prévenir les malheurs partiels. Le général anglais Clinton occupait New-York, et de ce poste menaçait toute la partie nord de la confédération. Cornwallis, après s'être emparé de la Géorgie et pris Charlestown, désolait les deux Carolines. Le courage des hommes était abattu; celui des femmes resta inébranlable. Les dames pressaient leurs maris et leurs enfants de s'armer et quelquefois combattaient elles-mêmes. On les voyait à la tête de toutes les souscriptions; elles confectionnaient et fournissaient le linge nécessaire aux soldats; poursuivies, obligées de se cacher, ou prisonnières des Anglais, elles ne cessaient d'écrire des lettres pour stimuler l'énergie et provoquer la vengeance. Cette

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