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CHAPITRE IV.

MINISTÈRE DE VERGENNES ET DE CALONNE.
PREMIÈRE ASSEMBLÉE DES NOTABLES.

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Mort de Maurepas. Affaiblissement du système social par la faiblesse du roi et la légèreté de la haute société. Ordonnance qui statue qu'il faudra prouver quatre degrés de noblesse pour être reçu officier. — Voyage de La Pérouse autour du monde. Ses instructions sont rédigées par Louis XVI. -L'esprit d'investigation et d'analyse favorable aux sciences exactes. Les martinistes. Joly de Fleury est appelé au contrôle général, il établit un troisième vingtième sur les impôts indirects. Le contrôleur général se fait une querelle avec le parlement de Besançon et les états de Bretagne.-Vergennes est nommé président du comité des finances. - Démission de Joly de Fleury. — D'Ormesson lui succède. — Incapacité de ce ministre. Élévation de Calonne. - Emprunt de quatre-vingts millions enregistré dans un lit de justice.L'administration du contrôleur général est brillante, mais dilapidatrice. Les ennemis de la reine s'efforcent de lui nuire. Ses immenses charités pendant une année de disette. Achat du château de Saint-Cloud. Le roi le donne à Marie-Antoinette. - Entreprise de l'empereur Joseph contre la Hollande. La France le menace d'une médiation armée. - L'empereur cède. La France contribue à indemniser les Hollandais, ce qui fait accuser la reine de disposer des trésors de l'État au profit de son frère. Le cardinal de Rohan, Cagliostro, Mme de La Motte. Affaire du collier. Éclat qu'on lui donne. Le cardinal, et tous les personnages qui avaient figuré dans cette affaire sont arrêtés. Le parlement est appelé à les juger. — Arrêt qui acquitte le cardinal

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et condamne Me de La Motte à être fouettée et marquée. -Douleur du roi et de la reine.

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Progrès des opinions

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mettre ensuite. Abus dans la législation criminelle attaqués énergiquement par Dupaty. - État déplorable des finances. Convocation d'une assemblée des notables. - Traité de commerce avec l'Angleterre.-— Plan proposé par Calonne d'un impôt territorial, et d'un impôt du timbre mal accueilli par les notables. Cette assemblée se prononce contre le contrôleur général. — Disgrâce du garde des sceaux. · Miroménil, ennemi de Calonne. Celui-ci renvoyé le lendemain.

La paix glorieuse de 1783 semblait devoir raffermir le principe monarchique. L'orgueil national se trouvait satisfait; Louis XVI aimait son peuple; le peuple était content de son roi.

Maurepas meurt le 24 novembre 1781. Le roi avait déclaré qu'il gouvernerait par lui-même et qu'il n'aurait jamais de premier ministre. Débarrassé des entraves que lui imposait l'égoïsme de Maurepas, le gouvernement allait sans doute avoir une marche plus ferme et plus homogène.

Cependant, à peine arrive le repos qui suit l'agitation des batailles que le système social existant s'affaiblit de plus en plus. La royauté perd chaque jour de son prestige; sa décadence s'aperçoit d'an

née en année.

Plusieurs causes préparaient depuis longtemps cet étonnant résultat; une des premières est le caractère du chef de l'État. Nous avons déjà eu l'oc

casion de remarquer combien l'inconstance de ses résolutions affectait péniblement ses sujets; il fait mal par la crainte excessive qu'il éprouve de mal faire. La faiblesse dans une monarchie amène les révolutions, chacun se croyant autorisé à discuter la chose publique; de là sort la confusion des idées, puis l'anarchie.

On doit en outre reconnaître une cause plus éloignée et toujours agissante. Pendant plusieurs siècles la nation avait été consultée sur ses intérêts les plus graves; elle supportait avec impatience la suspension de ce droit. Cette impression fut vivement développée par les écrits des philosophes et par les ouvrages de plusieurs publicistes célèbres. A l'époque où nous sommes, les désirs du peuple se formulèrent sous le nom d'amour de la liberté; cette liberté brillait dans le nouveau monde et se réflétait dans les âmes.

Il y avait alors au premier rang de la nation une société dont les idées sans profondeur subissaient l'empire de la mode et ne pénétraient pas l'avenir. Dans un précédent ouvrage nous avons vu que la mode s'établit d'admirer tout ce qui se faisait en Angleterre et de l'autre côté de l'Océan. Elle exigeait qu'on parût au-dessus de tous les préjugés de religion et de caste. L'orgueil changea de face; on voulut être les premiers dans la liberté, comme si on était lassé d'avoir été si longtemps les premiers

dans la monarchie'. Cet empire des idées nouvelles, cet apparent désir d'abnégation de soi-même au profit de la liberté, subjugua la magistrature ellemême; du haut de leur siége, les parlements qui s'intitulaient états généraux au petit pied, firent le sacrifice de cette magnifique prérogative et en vinrent à réclamer dans toutes leurs remontrances, la convocation des anciennes assemblées nationales.

Cette impulsion, ces appels à l'intervention du pays, ne pouvaient manquer d'exercer une action prompte et décisive sur une bourgeoisie riche et éclairée. Celle-ci désirait un régime plus libre qui lui donnerait infailliblement une position plus importante; mais à l'amour de la liberté se joignait une autre passion, celle de l'égalité. Les rapports sociaux entre la noblesse et la bourgeoisie étaient

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« Quoique jeune encore et par conséquent entraîné par l'esprit de mon temps, ce tourbillon ne fermait pas totalement mes yeux sur les bizarreries de nos inconséquences; je me souviens toujours de l'étonnement avec lequel j'entendis toute la cour, dans la salle de spectacle du château de Versailles, applaudir avec enthousiasme Brutus, tragédie de Voltaire, et particulièrement ces deux vers:

Je suis fils de Brutus, et je porte en mon cœur
La liberté gravée et les rois en horreur.

Quand les premières classes d'une monarchie se fanatisent à ce point pour les maximes les plus outrées des républicains, une révolution ne doit être ni éloignée ni imprévue.» (Souvenirs de Ségur.)

tels sous Louis XVI qu'on les avait établis pendant la dernière moitié du règne de son prédécesseur. La richesse, la science, la littérature, ne cessaient pas d'être admises dans les salons. Mais sous les apparences d'une politesse parfaite, se découvraient des formes protectrices qui maintenaient la distance. D'ailleurs la classe moyenne était blessée de voir toutes les grandes places réservées à la noblesse, même celles du clergé. On mit le comble à son mécontentement par une ordonnance publiée en 1781, qui statua que tout jeune homme aspirant au grade d'officier aurait à justifier de quatre degrés de noblesse. Il n'y avait d'exception que pour les soldats leur mérite de grade en grade, et qu'on désignait sous le nom d'officier de fortune. Ce que le Français supporte le moins est l'humiliation, et cette faute du pouvoir contribua à dépopulariser le roi.

élevés par

Indépendamment de ces dispositions fâcheuses, l'esprit d'investigation allait toujours croissant. On soumettait à l'analyse dogmes, gouvernement, sciences et arts. En cherchant à en déduire des connaissances nouvelles, on s'avançait hardiment dans le domaine de l'inconnu; l'expérience des temps passés était dédaignée. C'est en vain que les siècles avaient montré qu'une logique absolue est souvent inapplicable aux affaires humaines. Éclairée ou obscure, la raison de l'homme prétendit

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